L’avenir des cryptomonnaies repose sur la concurrence

Les cryptomonnaies se multiplient et entrent en concurrence, ce qui est un gage de qualité et de supériorité sur les monnaies réglementées.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Bitcoin by Antana(CC BY-SA 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

L’avenir des cryptomonnaies repose sur la concurrence

Publié le 3 août 2018
- A +

Par Damien Theillier.

Actuellement, le réseau Bitcoin est limité techniquement à quelques centaines de milliers de transactions par jour.

C’est encore insuffisant pour prétendre devenir la devise électronique de référence de demain et un moyen de paiement qui puisse concurrencer à terme Visa et Mastercard, les deux plus grands réseaux de cartes de paiement du monde, qui font 1 971 transactions par seconde pour 1,7 milliard d’utilisateurs dans le monde.

Diverses solutions sont à l’étude pour résoudre ce problème, notamment une modification irréversible des règles du protocole Bitcoin, afin d’augmenter la puissance du réseau et le traitement des transactions.

Mais la volonté des États de réguler, de taxer, voire d’interdire le bitcoin pourrait amener à sa disparition. Alors, faut-il s’en inquiéter ? L’âge d’or des cryptomonnaies est-il déjà derrière nous ?

Un modèle financier mondial en déclin

Les crises bancaires et monétaires manifestent l’essoufflement de notre modèle politico-économique. Depuis 1971, la création monétaire est devenue un monopole des banques ou des autorités monétaires qui émettent de la monnaie ex nihilo selon des considérations souvent politiques et clientélistes.

Malgré l’explosion du nombre de gens employés à réglementer ou surveiller la finance, le résultat en termes de confiance suscitée est quasi-nul. Par ailleurs, les monnaies fiduciaires sont soumises aux aléas des politiques monétaires obscures des banques centrales, qui travaillent surtout à refinancer des États dépensiers et en perpétuel endettement.

Ces crises à répétition et l’incapacité des États à les résoudre autrement que par le renforcement du monopole bancaire et de la contrainte fiscale, démontrent l’urgence d’une mutation du système monétaire mondial.

Bitcoin est une monnaie sans État et sans intermédiaire

Au contraire, Bitcoin est actuellement le seul rempart crédible, testé en grandeur réelle et suffisamment robuste pour soutenir une crise monétaire majeure en se passant complètement d’une régulation étatique.

De plus, la blockchain, base de données distribuée sur laquelle repose Bitcoin, peut rendre caduque toutes les formes d’organisations et d’institutions qui se posent en tiers de confiance ou de certification de transactions (transferts de propriété, de bien, d’argent). En matière de monnaie, elle permet notamment de s’affranchir de l’intermédiaire que sont les banques en général et les banques centrales en particulier.

En s’affranchissant de ce modèle, sur lequel se basent les monnaies fiduciaires, le bitcoin se soumet à la libre concurrence et son prix obéit à la loi de l’offre et de la demande. Autrement dit, sa valeur fluctue en fonction de l’intérêt qu’il suscite et de la demande qui en résulte. Son cours est donc intimement lié aux services qu’il peut rendre (en tant que moyen de paiement), et à sa crédibilité (en tant que réserve de valeur).

Vive la concurrence entre les monnaies !

De plus, c’est lorsque l’État n’est plus en mesure d’assurer la continuité des opérations standards que les cryptomonnaies prennent tout leur sens.

Le cas du Venezuela de Chavez puis de Maduro est particulièrement éloquent. Là-bas, le bitcoin permet d’échapper au contrôle des prix encore très majoritairement en vigueur dans le pays, conduisant le Venezuela à la pénurie de denrées alimentaires notamment.

Paradoxalement, le bitcoin est devenu la seule monnaie stable dans ce pays. Il en va de même partout où s’installent sociétés de surveillance et dérives autoritaires. Ainsi, de plus en plus de gens s’intéressent au bitcoin.

En Chine, par exemple, avec le repli du yuan, les Chinois veulent placer leur argent en dehors du pays. C’est pourquoi les trois principales plateformes chinoises (BTC China, Okcoin et Huobi), représentent 98% des échanges mondiaux de bitcoins.

En Inde, la guerre au cash incite les habitants à acheter massivement des bitcoins.

Et le phénomène est mondial : 80% des détenteurs actuels thésaurisent le bitcoin comme de l’or numérique, pour se protéger des crises et des aléas des politiques monétaires.

Mais à supposer que Bitcoin disparaisse, d’autres cryptomonnaies ou supports du même type pourront toujours faire leur apparition et prendre la place occupée actuellement par le bitcoin. Aujourd’hui déjà Ether, Dash et Zcash profitent de la situation.

Les cryptomonnaies ont de beaux jours devant elles car elles permettent à chacun de faire librement concurrence aux monnaies réglementées et ainsi de contourner les blocages du système. Après tout, que le meilleur gagne et in fine nous serons tous gagnants !

Pour plus d’informations, c’est ici

Voir les commentaires (22)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (22)
  • « Mais à supposer que Bitcoin disparaisse (…) Aujourd’hui déjà Ether, Dash et Zcash profitent de la situation ».
    Le mouvement de panique à venir sur le Bitcoin n’est donc qu’une question de temps…
    Les crypto monnaies sont la réplique virtuelle de la planche à billets puisqu’elles sont créées artificiellement.

    • pourquoi zcash ?
      celui ci est très inflationniste :
      350 000 zec en janvier 2017,
      1 500 000 zec en juillet 2017,
      3 000 000 zec en janvier 2018,
      4 300 000 zec en juillet 2018,
      4 500 000 zec aujourd’hui…

      d’autres n’ont pas ces défauts.

    • @ Gérard 27
      Vous n’avez donc pas compris que vos € et, avant, vos FrF n’avaient en fait qu’une valeur virtuelle décidée pas par vous?

      J’ai connu le « nouveau Franc Français » valant 10 Fr belges/luxembourgeois. Au passage à le FrF ne valait plus que l’équivalent de 6 Fr Belge/luxembourgeois et des poussières. Donc la monnaie française a dévalué de 40% entre le nouveau franc et la conversion, pas en absolu mais avec la monnaie de 2 pays partenaires qui avaient sans doute perdu mais pas autant que la France. Je comprends donc très bien que les Français veuillent sortir de l’€, et pourquoi!

      Mais je ne suis pas sûr du tout que la BCE vous offrira des cadeaux!

      • @ mikylux
        La monnaie n’a pas la valeur que je lui donne mais la valeur que ceux qui me vendent des produits lui donne. Avant l’euro la France à connu des dévaluations à répétition. Eh alors ! Au bout du compte, est-ce que les voitures étrangères sont devenues inaccessibles pour le consommateur français ?

        • C’est déjà loin! Mais avant l’ouverture douanière des frontières, effectivement, les voitures étrangères étaient surtaxées (et plus rares), ce qui entrait dans une logique de protection de la production nationale, normale à l’époque.

    • Gérard27 vous vous trompez sur les crypto-monnaies. Le nombre d’unités en circulation est contrôlé par des algorithmes informatiques et la plupart d’entres-elles sont déflationnistes. Alors oui elles sont crées artificiellement mais le marché n’accorde pas la même valeur à un Bitcoin (BTC), l’original, qu’à un Bitcoin Private (BTCP), une copie récente. Qu’on puisse en créer autant qu’on veut ne change rien car c’est le marché le seul juge. C’est lui qui accorde de la valeur, ou non.

      • @Kroléon
        Les crypto monnaies ne sont pas déflationnistes. C’est leur rapport aux monnaies conventionnelles de référence qui change sans diminuer la valeur des biens matériels. Les banques centrales pourraient aussi limiter leurs émissions mais elles font le contraire pour stimuler l’économie car la déflation a des effets aussi indésirables que l’inflation. Les cultivateurs sont des banquiers centraux pour les plantes. Ils doivent optimiser l’irrigation de leurs cultures pour ne pas laisser s’installer la sécheresse sans les noyer par arrosage excessif.

  • « son prix obéit à la loi de l’offre et de la demande. Autrement dit, sa valeur fluctue »

    Voilà un point très discutable. Dans la loi de l’offre et de la demande, prix ET quantité fluctuent. Avec le bitcoin dont la quantité est artificiellement limitée sans raison, on doit plutôt considérer que cette loi ne peut pas s’appliquer pleinement. Une quantité artificiellement limitée n’est pas la même situation que la rareté, situation dans laquelle personne ne peut connaître à l’avance avec certitude les quantités finalement disponibles. Même dans le luxe, secteur qui joue souvent avec la rareté, il s’agit bien de rareté et non de restriction ferme et définitive, car les quantités peuvent toujours évoluer.

    Si jamais les cryptomonnaies survivent indépendamment des gouvernements, il y a fort à parier que celles qui survivront seront celles dont les quantités ne sont pas artificiellement limitées, celles dont on ne sait pas à l’avance quelles quantités seront finalement émises, celles dont on sait en revanche que les quantités répondront aux besoins d’échanges volontaires, seule et unique raison justifiant l’existence d’une monnaie et dont les autres caractéristiques accessoires dépendent entièrement.

    Quand on a un doute, toujours revenir à la théorie. Et la théorie nous dit que dans l’équation MV=PT, si M est contraint et puisque V est égal à 1, alors PT est contraint. Dans ces conditions, une crypto a une utilité économique limitée. D’une certaine manière, les cryptos sont confrontées aux mêmes limitations que l’ancien troc, limites que l’humanité a désespérément cherché à dépasser durant des millénaires, pour finalement inventer les monnaies fiduciaires. Pas sûr que les cryptos soient un réel progrès à cet égard.

    • le nombre de « m » est contraint, pas la valeur de « m »…

      • Prix et quantité sont sous-entendus dans M mais le prix est instantané en l’absence de paramètre de temps. Prix et quantité sont donc confondus. C’est pourquoi on parle seulement de variations de quantités de monnaie dans cette théorie. Les instants de ces variations n’ont pas pour but de décrire une évolution chronologique. Il s’agit juste de savoir ce qui change entre plusieurs états instantanés des différents paramètres de l’équation.

        Par ailleurs, si le prix relatif d’une crypto augmentait indéfiniment pour répondre à la croissance des transactions alors qu’elle est émise en quantité définie, il serait rapidement impossible de construire des échelles mentales de prix avec des millionièmes ou des milliardièmes de la valeur unitaire. Fatalement, le prix est contraint par les aspects pratiques de l’outil monétaire.

        On pourrait alors dire que le bitcoin par exemple ne sert qu’à stocker de la valeur, pas à échanger. Mais alors, ce serait démontrer qu’il ne s’agit pas d’une monnaie, seulement d’un actif financier d’épargne.

        • inutile de construire des échelles de prix en millionièmes de bitcoins, on peut le faire plus facilement et plus naturellement en satoshis…

          • Les micro-centimes du bitcoin ne sont que des subdivisions de l’unité. Ca ne change pas fondamentalement le problème de la quantité définitive d’unités monétaires. C’est juste une translation, à l’image des anciens qui persistaient à compter en anciens francs pour parvenir à se représenter la valeur des choses.

  • Wahou, il y a vraiment des champions !

  • Pour que Bitcoin devienne la monnaie électronique de référence, il faudrait que les quantités émises soient en rapport avec les besoins de l’économie, que les prix des biens et services exprimés en Btc soient à peu près stables.
    C’est impossible si la création de Btc est rationnée par le minage. C’est comme si tout l’or du monde était en circulation (impossibilité pour les autorités monétaires de jouer sur le niveau des stocks) et si ce métal était la seule monnaie légale et disponible.
    C’est impossible également si n’importe qui peut créer sa monnaie électronique. C’est comme si on pouvait fabriquer de l’or, le cours de ce métal ferait le plongeon.
    Il faut donc que Btc devienne une monnaie réglementée, gérée par une autorité monétaire mondiale. Pour ne pas contrarier nos habitudes, on pourrait le renommer « Dollar » ;-).

  • Apparemment certains ne connaissent pas le concept de satoshis. ah ah ah !

  • Ah Cavaignac allez sur google et enrichissez votre culture, c’est désolant.

  • L’avenir de toutes les monnaies dépend de la concurrence, cryptos ou pas.

    • Mais une concurrence efficace ne peut se passer de confiance, donc de tiers de confiance. Vouloir se passer de tiers de confiance est une impasse.

  • L’avenir des cryptomonnaies ne repose que sur ce qu’elles ont à proposer en matière d’innovation, sur leur utilité (cf internet) et leur potentiel est énorme ( Big data, IA, scalabilité, adaptabilité, rapidité, décentralisation etc…).

  • La confiance c’est la blockchain qui a démontré être inviolable !

    • Confiance : « croyance spontanée ou acquise en la valeur morale, affective, professionnelle d’une autre personne, qui fait que l’on est incapable d’imaginer de sa part tromperie, trahison ou incompétence. La confiance peut être absolue, admirable, aveugle, candide, filiale, fraternelle, ingénue, mutuelle, naïve, profonde, sereine, touchante, belle, inébranlable, merveilleuse, tendre… »

      La confiance implique un tiers. La confiance implique autrui. L’autre est forcément une personne. Sans tiers, sans autre personne, pas de confiance possible.

  • Le tiers c’est la technologie blockchain, retournez à la roue et au boulier.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Un article de Philbert Carbon.

La Fondation Valéry Giscard d’Estaing – dont le « but est de faire connaître la période de l’histoire politique, économique et sociale de la France et de l’Europe durant laquelle Valéry Giscard d’Estaing a joué un rôle déterminant et plus particulièrement la période de son septennat » – a organisé le 6 décembre 2023 un colloque intitulé : « 45 ans après les lois Scrivener, quelle protection du consommateur à l’heure des plateformes et de la data ? ».

 

Protection ou infantilisation du cons... Poursuivre la lecture
0
Sauvegarder cet article

Après le triomphe du libertarien Javier Milei à l'élection présidentielle en Argentine, le moment de vérité des premières réformes approche pour le nouveau président. Si le sujet vous intéresse, Pierre Schweitzer - responsable du podcast de Contrepoints - est invité à décrypter son programme économique le mardi 19 décembre à 19h00 au micro du "Rendez-vous des Stackers".

Ce n'est pas un hasard si la fintech StackinSat qui produit ce podcast a choisi l'Argentine comme thème pour sa première émission : le pays est pratiquement un ... Poursuivre la lecture

Les innovations technologiques représentent un moteur pour le marché financier. Ce n’est pas seulement le métier de la banque qui se trouve de nos jours bousculé sur le plan technologique. C'est aussi tout le système qui est construit et organisé autour de la monnaie légale conventionnelle et qui est ancré sur un monopole monétaire tout-puissant.

Depuis leur apparition, les monnaies électroniques telles que le bitcoin ne cessent de provoquer étonnement et intérêt. En forte progression, ces monnaies issues de la technologie de la blockc... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles