L’ignorance économique des Français plombe la croissance

Il existe un lien fort entre la culture économique diffuse dans un pays et ses performances économiques.

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L’ignorance économique des Français plombe la croissance

Publié le 31 juillet 2018
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Par Damien Theillier.

Telle est la conviction de Pierre Robert, agrégé de sciences économiques et sociale et professeur en classes préparatoires, qui a consacré en mai 2018 une note à l’Institut Sapiens intitulée « Comment élever le niveau des Français en économie ? »

Selon lui, les Français dans leur ensemble n’ont pas une connaissance satisfaisante des mécanismes économiques de base de l’économie de marché. Et les enquêtes internationales montrent que cette ignorance est plus marquée chez nous que dans les autres pays européens.

Qu’il s’agisse de l’effet de l’inflation sur les rendements des actifs, des niveaux de risque des différents placements ou du mécanisme des intérêts composés, seuls 31% des Français fournissaient une réponse correcte sur ces trois points, contre 53% des Allemands et 50 % des Suisses (2010).

Lorsqu’on interroge les Français, dans deux cas sur trois les sondés ne connaissent ni l’ordre de grandeur du PIB, ni celui de la dette publique, deux indicateurs pourtant essentiels.

73 % soit trois Français sur quatre, ne savent pas évaluer ce qu’un employé au SMIC coûte à son entreprise. Et 38 % pensent que la situation de notre commerce extérieur est bonne, alors qu’elle est mauvaise !

Cette ignorance touche tous les milieux, selon Pierre Robert. Elle affecte également la classe politique, les fonctionnaires, les juges, la plupart des intellectuels et la majorité des journalistes. Selon l’auteur, une telle situation ne peut que nuire au dialogue social, freiner les réformes et empêcher notre pays de mettre pleinement en œuvre son potentiel d’innovation et de croissance.

On assiste également à des polémiques stériles dans les médias. Par exemple la polémique récurrente autour de la cagnotte fiscale. Dès lors que les déficits seraient moindres que prévus, beaucoup pensent qu’il y aurait une cagnotte à redistribuer. Pourtant le fait que les déficits passent sous la barre des 3 % n’est pas la garantie d’une bonne santé économique. Pour cela ne faudrait-il pas d’abord rétablir l’équilibre des finances et baisser la dépense publique ?

Quelles sont les causes de ce manque de culture économique ?

Elles sont d’abord historiques et culturelles.

L’économie a toujours eu un rôle secondaire dans notre pays, explique l’auteur de ce rapport. En 1944, le Conseil national de la Résistance a conçu un programme qui faisait de l’État le maître d’œuvre de la reconstruction.

Ce pilotage de l’économie par l’État a bien fonctionné pendant les Trente Glorieuses. À l’époque, l’économie française était en phase de rattrapage. Mais nous ne sommes plus dans le même régime de croissance. Aujourd’hui notre économie est tournée vers l’innovation et requiert une participation active.

Pour l’économiste américain Edmund Phelps, l’auteur de La Prospérité de masse (Odile Jacob, Paris, 2017), une économie moderne « pratique avant tout des activités visant l’innovation ».

Pour avancer :

Elle se nourrit d’une culture économique motivante aussi bien que de motivations financières. Une société à dynamisme fort requiert des individus qui ont grandi avec certains comportements, et certaines croyances, qui les poussent à saisir des occasions qui promettent de les enthousiasmer par leur nouveauté, de les intriguer par leur mystère, de les défier par leur difficultés et de les inspirer par les nouvelles perspectives qu’elles représentent.

En négatif, cela signifie que l’ignorance économique favorise le corporatisme, donc la défense étroite des intérêts en place, qui elle-même étouffe le dynamisme de l’économie.

Un rejet de l’économie de marché et de l’entreprise

Il y a une seconde série de causes qui touchent à l’enseignement de l’économie en France, explique Pierre Robert. Les manuels scolaires et les programmes dans le secondaire sont trop vastes et couvrent des champs trop variés dont aucun n’est au final maîtrisé : démographie, sociologie, sciences politiques…

Pire, ils ont une vision biaisée de l’économie, presque caricaturale. Ils présentent l’économie de marché avec un pessimisme excessif, en mettant l’accent presque exclusivement sur ce qui ne va pas. En réalité, il existe une véritable contre-culture économique très hostile à l’adaptation nécessaire de notre économie aux mutations du monde actuel.

Ajoutons que dans les grandes écoles ainsi qu’à l’École nationale de la magistrature, l’enseignement de l’économie est tout simplement absent.

Les conséquences de cette hostilité ont été mises en évidence par Edmund Phelps, qui estime qu’une telle attitude coûte un point de croissance par an, soit 23 milliards d’euros, la moitié de la dette de la SNCF.

En conclusion, Pierre Robert préconise d’adopter une approche disciplinaire plus large

qui ne soit pas aussi centrée sur les mathématiques et les techniques quantitatives mais fasse plus de place à l’histoire de la pensée économique, à l’épistémologie de la discipline et aux autres sciences sociales. Cela aurait d’autant plus de sens qu’auront été posées dans le secondaire les bases du raisonnement en économie.

Cela suppose que les professeurs aient été correctement formés à cette double tâche lorsqu’à l’université ils préparent le mastère de formation aux métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation.

Pour plus d’informations, c’est ici

Voir les commentaires (17)

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  • Leçon d’économie de comptoir chez mon tavernier préféré :
    Bonjour, un café allongé SVP
    Voilà !
    Merci
    Y’a pas de quoi c’est pour faire du fric !
    (Les socialos au comptoir sont effarés)
    Quelques temps plus tard je lui renvoie l’ascenseur.
    Je vous dois combien ?
    1,30 €
    Voilà, j’espère que vous faîtes du profit ?
    Un peu, pas assez à mon goût.
    Je suis bien content pour vous, en fait je suis hypocrite, je suis bien content pour moi parce que demain je vous retrouverai pour me servir ce que je désire grâce à votre profit.
    (Les socialos sortent affolés)

    • Quoi ? Horreur et damnation. Vous et votre Tavernier ne vous préoccupez uniquement que de vos intérêts particuliers et non pas de l’intérêt général !
      Bandes d égoïstes sincères. ?

      Plus sérieusement, la démystification de l’intérêt général est un très bon angle d’attaque pour provoquer une dissonance cognitive chez un socialiste. Je pratique beaucoup avec mes amis de gauche.

  • arrêter de prendre les Français pour des imbeciles…..en 2008 lors de la crise financières les Experts en Finance,traiter les gens d’imbéciles qu’il n’y avait pas de CRISE ..Ming et Compagnies…alors un peu de retenue SVP…jusqu’à preuve du contraire les Français gèrent leur Finance mieux que L’ÉTAT !!!! les spécialiste prof des finances a L’ENA qui forme et instruise c’est pas une réussite lorsque vous les metter à la tête d’une entreprise voir AIR FRANCE ..EDF..AREVA..SNCF …ECT… ECT jusqu’a preuve du contraire quels sont leur bilan financier…!!!désastreux…

  •  » 4 Français sur 3 ne savent pas compter…  »
    ;-D

    • Vous avez raison…Discussion où un retraité de l’E.N. prèchait le macronisme à tout crins….
      Question de ma part: alors t’es content de voir ta CSG augmenter de 25%?
      L’autre; Tu racontes n’importe quoi ce n’est que 1.7%….
      Le connard n’a pas réalisé que 6%+1.7% ça faisait plus que 25% d’augmentation…
      Après on s’étonne que les enfants ne savent pas compter…

  • Le citoyen bouc émissaire !
    Est-ce lui qui organise la dépense publique, décide des taxes pétrolières, du prix de l’électricité, du gaz, du timbre, des taux de TVA, CSG, etc. ?
    Est-ce qu’un smicard qui aurait de bonnes connaissances en économie dirait :
    « J’accepte d’être moins payé et de travailler plus pour que la France aille mieux. » ou qu’un fonctionnaire dise « J’accepte de renoncer à mes avantages. » ?
    Les efforts consentis seraient d’ailleurs vite dilapidés.
    La gestion de « la réforme » de la SNCF et ses dizaines de milliards de reprise de dette ou l’affaire Benalla et ses interminables commissions d’enquête en sont de tristes exemples.

  • Que faire dans un pays où une partie des citoyens préfèrent l’économie de Marchais à l’économie de marché ?

    Désolé, mais seul l’humour me rappelle que rien n’est jamais totalement perdu, même s’il faut bien admettre qu’il n’est pas facile tous les jours d’y croire.

    Un grand merci à l’institut Coppet qui diffuse un vent de savoir et de liberté.

  • « Ce pilotage de l’économie par l’État a bien fonctionné pendant les Trente Glorieuses.  »

    Même pas ! Il a fallu les milliards du plan Marshall (l’équivalent de centaines de milliards actuels) puis les réformes quasi miraculeuses au début des années 60 pour sauver l’Etat du défaut. Plusieurs défauts évités en quelques années, on est loin d’une réussite.

    Durant les prétendues glorieuses, pas moins de 7 dévaluations ont été nécessaires. Il faudra encore 3 dévaluations dans les années 80 pour en terminer avec toute cette gloire. 10 dévaluations en 4 décennies, en moyenne une dévaluation tous les 4 ans, c’est un constat d’échec patenté, l’exact contraire d’une réussite, à moins de croire que le Zimbabwe ou le Vénézuela sont des réussites. Mais ce n’est pas tout. Le cumul des dévaluations ne tient pas compte des interventions des Allemands (et d’autres Européens) qui nous ont sauvé la mise à plusieurs reprises, la dernière fois au milieu du mandat de Hollande.

    Aujourd’hui, rebelote et dix de der : seuls les centaines de milliards de la BCE retardent le défaut de l’Etat obèse. Pour combien de temps ? Alors que le « pilotage » étatique, éloge quotidien à l’incompétence, n’a jamais été aussi prégnant (57% du PIB sous contrôle direct et au moins 10% contrôlés indirectement), jamais le risque de défaut n’a été plus élevé.

  • Le vrai problème est que les professoriat d’une manière générale et encore pire, en sciences sociales et humaines sont de gauche et engagés politiquement à 95%.
    Les valeurs qui prônent l’individualisme, le capitalisme, l’autosuffisance et la moralité de la création de richesse sont mises à charge. Karl Marx est encore présenté comme un économiste extraordinaire et le collectivisme est un but présenté comme romantique et savoureux.

    • Bien d’accord. Le communisme est par essence la négation de la science économique. J’ai oublié le nom de la candidate de l’extrême gauche à l’élection présidentielle. Mais je suis tombé de ma chaise quand j’ai appris qu’elle était professeur d’économie ! Que peut-elle bien enseigner à ses élèves ? Sous Hollande, l’EN avait jugé bon de supprimer des programmes l’étude de la formation du prix, alors que c’est une des bases de l’économie…

  • Autant titrer « le socialisme plombe la croissance » ….

  • Bah ce n’est pas parce que quelque chose est enseignée à l’école que cela rentre dans les têtes. Dans un système centralisé les gens n’ont tout bonnement pas l’utilité de savoir.

  • le mythe des Trente G un canular à force de le répéter c’ est devenu une Sainte Vérité
    La droite@française la + stupide du monde c’ est bien pourça que les socialos sont si puissants.

    • A vous lire, on pourrait oublier à tort que même si on a la droite la plus bête du monde, la gauche ne l’est pas moins.

  • Les commentaires sont fermés.

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