Affaire Benalla : pourquoi l’Élysée n’est pas à la hauteur

Aussi difficile que cela puisse paraître, Emmanuel Macron aurait absolument dû révéler toute la vérité dès le début de cette crise politique.

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Emmanuel Macron by EU2017EE Estonian Presidence (CC BY 2.0)

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Affaire Benalla : pourquoi l’Élysée n’est pas à la hauteur

Publié le 24 juillet 2018
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Par Florian Silnicki.

L’affaire Alexandre Benalla prouve une nouvelle fois qu’une crise politique en elle-même ne provoque pas nécessairement de dégâts. C’est sa gestion qui en en décide. Ici, la gestion calamiteuse de la crise et de sa communication ont fait dégénérer un simple fait divers en crise politique majeure du quinquennat Macron.

Certaines crises politiques ne durent pas alors que d’autres s’éternisent pendant des mois, font démissionner des hommes politiques, détruisent la valeur de leur réputation et réduisent à néant l’image autrefois respectée de ces personnalités de premier plan.

Les quatre étapes de la crise

Comme dans toutes les crises, l’affaire Alexandre Benalla s’est déroulée en 4 étapes.

  • Première étape : la crise émerge et fait l’actualité, le public se demande alors ce qu’il s’est passé. Il est à ce stade essentiel de faire preuve de transparence. L’Élysée choisit à ce stade un porte-parole maladroit qui va jeter de l’huile sur le feu. L’Élysée décide enfin de ne révéler qu’une partie des faits dont elle a connaissance.
  • Deuxième étape : étape cruciale où la réputation se forme, en bien ou en mal, où les médias se concentrent sur les victimes et la gestion de la crise. L’Élysée mise sur une position tactique de déni et une stratégie de minimisation des faits. Nouvelle erreur calamiteuse. Le public perçoit une inadéquation absolue entre la réaction du palais de la Présidence et la gravité des faits.
  • Troisième étape : qui est à blâmer ? En ayant tout fait dans les règles de l’art lors de la deuxième étape, l’homme politique peut grandement minimiser la durée et l’ampleur de cette étape. Là encore, la Présidence de la République rate le déploiement d’une gestion de crise appropriée. Aucune démission n’est annoncée. Aucune responsabilité n’est tirée. Aucun coupable n’est désigné. Aucun process amélioré. Aucune faille identifiée.
  • Quatrième étape : résolution. C’est la fin de la crise. Il y a une forme de résolution. Cela peut être une enquête judiciaire ou une audience parlementaire. Pour y arriver, il faut une prise de parole forte du Président de la République vers qui tous les regards se tournent. Par ailleurs, cette crise est d’autant plus grave qu’elle est la négation de l’ADN politique même d’Emmanuel Macron, qui a été élu contre la succession d’affaires qui a marqué la dernière élection présidentielle.

Comme c’est souvent le cas, Emmanuel Macron avait ici le pouvoir de contenir la crise et de l’empêcher de peser sur ses projets. En multipliant les erreurs de communication de crise, le Président de la République a accentué le scandale politique et paralysé son action publique et politique.

L’absence de réaction de Macron

L’absence de réaction du Président de la République a été légitimement perçue comme un signe de culpabilité alors que, aveuglés, ses communicants y ont vu une position jupitérienne stratégique de repli. Cela peut sembler injuste, mais nous avons tendance à croire les gens qui se montrent et s’expriment, et à avoir une piètre opinion de ceux qui refusent de quitter leur bureau. Communiquer tôt aurait donné du Président de la République une image d’ouverture et d’intention réelle de résoudre le problème. Se refermer sur lui-même a donné l’impression inverse.

Le porte-parole en dit long sur la mobilisation de l’Élysée. Cette crise politique est née d’une gestion calamiteuse de la communication politique. Les questions ne font pas le mal. Seules les réponses le font. Cette règle s’est vérifiée dans cette affaire avec l’intervention du porte-parole du président, Bruno Roger-Petit qui a jeté de l’huile sur le feu. Ce porte-parole qui se voit reprocher depuis des semaines d’être trop bavard par les communicants de l’Élysée est d’abord un journaliste qui, habitué des polémiques sur Twitter, ne semble maîtriser ni les principes élémentaires de la gestion de crise ni même ceux d’un porte-parolat. Il n’aura en l’espèce réussi qu’à déclencher une crise qui germait sans avoir réussi à servir de bouclier au Président de la République. Kamikaze ou pompier-pyromane… chacun tranchera.

Choisir ensuite Stéphane Travers, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, est particulièrement maladroit. Jouissant d’une très faible notoriété, le public a nécessairement pensé qu’Emmanuel Macron ne prenait pas la crise au sérieux. Incapable d’incarner la parole portée, le ministre fut inaudible. Quand vous devez prendre la décision d’un porte-parole en période de crise, il vaut toujours mieux viser trop haut plutôt que trop bas. Ici c’était trop bas.

Un scandale politique touchant aussi directement le Président de la République exigeait naturellement une prise de parole de sa part dès le début.

Sa présence aurait envoyé deux messages importants aux Français qui sont ses électeurs : “C’est important et je suis impliqué pour sa résolution.”

Au début de la crise Alexandre Benalla, comme souvent dans ce genre d’affaires, les journalistes ont rarement connaissance de tous les faits. Ils peuvent n’en avoir découvert que quelques aspects au début, ce qui a amené la Présidence de la République à conclure qu’ils ne devraient parler que de ce que les médias savent déjà, plutôt que de mentionner certains autres aspects, surtout les côtés peu glorieux.

Ils se sont dit « pourquoi empirer une situation déjà difficile ? ». Mais ce genre d’approche court-termiste a évidemment eu des répercussions néfastes : les médias ont eu l’impression de prendre l’Élysée en faute et ont durci le ton dans leur couverture de la crise. Par ailleurs, un feuilleton est né, offrant à cette affaire une couverture médiatique d’ampleur.

Les journalistes découvrant constamment de nouveaux éléments par eux-mêmes, chacun plus incriminant pour l’Élysée, ils ont prolongé la crise. Ces nouvelles révélations constantes ont diminué la crédibilité d’Emmanuel Macron.

Aussi difficile que cela puisse paraître, Emmanuel Macron aurait absolument dû révéler toute la vérité dès le début de cette crise politique. Comme un pansement qu’on enlève, il vaut mieux arracher d’un coup que décoller petit à petit.

Si la gravité des comportements fautifs suspectés semble difficilement contestable, ces fautes individuelles n’auraient pas dû amener toute la Présidence de la République à traverser une telle crise politique.

On le voit ici, ce Président qui a toujours semblé si attaché aux symboles, n’a pas mesuré ici l’importance symbolique de cette affaire. Henry Kissinger le rappelait : « Si ça va finir par sortir, mieux vaut le faire sortir immédiatement. »

Face aux crises en général et à la crise née de l’affaire Alexandre Benalla, trois attitudes s’offraient au Président de la République et à ses communicants : décider que tout cela n’est qu’un épiphénomène médiatique (ce qu’a théorisé dangereusement le premier ministre Édouard Philippe), que l’on en a vu d’autres, qu’il faut donc prendre le moins de risques possibles en se rigidifiant sur les méthodes qui marchaient jusqu’à présent (le Président Jupitérien au-dessus de la mêlée) ; se mettre en mode réactif et se montrer mobilisés.

L’Élysée a échoué depuis le début de la naissance de ce scandale. Par ailleurs, chacun remarquera que pour la première fois, les députés de la majorité se retrouvent dépourvus d’éléments de langage alors qu’ils en ont été jusque-là submergés. Pourtant, au cœur de la crise, le rôle des communicants est d’assurer la continuité de la diffusion des messages, s’assurer que ceux-ci sont davantage entendus que ceux de leurs adversaires politiques en mobilisant leurs équipes autour de messagers cohérents garantissant l’unité de leur équipe.

Alexandre Benalla, Affaire Benalla, BenallaGate, scandale Alexandre Benalla, quel que soit le nom qu’on lui donne, cette affaire révèle que la fonction communication est d’autant plus importante que toute crise accentue l’irrationnel et exacerbe l’émotivité. En temps de crise, la communication prend une dimension inégalée. Et chacun sait que ne pas communiquer, c’est tout de même communiquer…

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  • « Si la gravité des comportements fautifs suspectés semble difficilement contestable, ces fautes individuelles n’auraient pas dû amener toute la Présidence de la République à traverser une telle crise politique. »
    Ah oui vraiment? Quand le petit fait divers dont vous parlez en introduction témoigne de la connivence fascinée des politiques et des voyous de tout poil, bien au contraire il faut que le pouvoir soit copieusement arrosé.

  • l’express nous dit ,  » 180 000 euros était prévu pour agrandir l’appartement de bénalla  » , et tout de suite l’élysée à démenti ; comme quoi , quand ils le veulent , ils peuvent être rapides dans leur com ; l’opinion nous dit que bénalla avait les clés de la maison des macron au touquet , non encore démenti par l’élysée ….j’ai la nette impression que suite à l’affaire bénalla , macron et cie vont devoir passer les prochaines semaines à se justifier et communiquer que cela leur plaise ou non ; l’été va être long et pas de tout repos ;

    • A première vue, ce démenti n’est que la continuation de la stratégie utilisée depuis le début : tout ce qui n’est pas prouvé doit être nié. C’est probablement une erreur, l’Elysée aurait mieux fait de reconnaître les 180 000 €, voire plus, même si ce n’est pas vrai, en disant « voyez à quel point nous nous sommes fait avoir, et nous avons néanmoins su et nous saurons désormais en tirer les leçons, ça ne se reproduira pas ».

      • 180.000 € qui viennent s’ajouter aux 500.000 dépensés pour la vaisselle élyséenne, plus je ne sais combien pour la piscine de Brégançon. No more comment.
        Quand, avec une indulgence que je vous envie un peu, Michel (moi qui ait l’esprit mal tourné), vous faites dire à Macron : « Voyez à quel point nous nous sommes fait avoir… ». Hého ! Qui a obligé Macron à loger Benalla dans une luxueuse dépendance de l’Elysée ? A accepter un devis de 180.000 € pour agrandir l’appartement occupé par celui-ci ? Il n’y a pas de leçon à tirer de libéralités si gentiment offertes. Sauf pour les esprits crédules qui avaient cru voir en Macron ce que malgré lui, il démontre qu’il n’est pas.

        • Reconnaître qu’on s’est fait avoir est indispensable pour être crédible quand on affirme qu’on ne se fera pas reprendre de la même manière. Et donc ne pas le reconnaître, c’est admettre qu’on n’en a rien à cirer d’éviter que ça se reproduise…

          • En même temps, avouer obligerait Macron à expliquer pourquoi il avait offert à Benalla de loger quai Branly, à expliquer pourquoi ce jeune « lieutenant-colonel » (cependant ni flic ni gendarme) de 26 ans était pressenti pour un poste de sous-préfet, et ce qui justifiait de sa part tant de favoritisme…

            • Oui. Vous croyez que ça ne finira pas par se savoir, et dans les pires conditions ?

              • Je prendrai la question à l’envers, Michel, et la remarque vaut pour tout politicien qui se livre à des magouilles : comment des individus supposés intelligents, puisqu’ils le sont assez pour avoir su se faufiler où la vox populi les a mis, comment ces individus peuvent-ils une seule seconde imaginer que leurs errements pourront passer inaperçus ? Qu’il n’y aura pas à un moment ou à un autre un rival, un journaliste vigilant, un paparazzo pour découvrir le pot aux roses ?

                • Ca n’est certainement pas la même forme d’intelligence que celle que vous ou moi imaginons. Hier, j’ai suivi 2 heures d’auditions à la télé(*), et si certains parlementaires semblent fins stratèges, d’autres semblent être arrivés là sans connaître autre chose que le jeu de l’oie. Le pire est que certains ne se rendent manifestement pas compte du discrédit que leurs paroles peuvent apporter à eux-mêmes et à leur cause. Et s’ils ne s’en rendent pas compte, leurs électeurs sans doute non plus. Mais la diffusion des nouvelles ne se fait pas à la majorité à deux tours de scrutin…
                  (*) c’était de loin le meilleur programme, j’envisage de verser de bon coeur 1/365e de ma redevance cette année.

  • Au début de l’article vous qualifiez les actes d’Alexandre Bénallia de « faits divers ». Je ne suis pas d’accord : ce n’est pas un fait divers. C’est une accumulation de faits sérieux, et d’actes graves. Enlever une personne dans la rue, pour la garder contre un mur, et tenter de la mettre au sol, n’est pas anodin. S’approprier et usurper les signes et la fonction de policier n’est pas anodin non plus.
    Cette affaire montre le dégré de pourrissement qui dégouline dans ce que l’on nomme « le pouvoir ».
    Emmanuel Macron, en tant que Président de la « République inaltérable », Chef de l’Etat et de l’Administration, employeur et chargé de pouvoir, n’avait qu’une seule chose à faire, après avoir convoqué le gros bras, lui demander : « Qu’est-ce que c’est que ça !!??? C’est bien toi là ! T’es viré. » Le despote prend ses bagages, rend ses avantages et privilèges, son traitement prend fin illico-presto.
    Macron n’a rien dit, ne dit toujours rien, et n’a semble-t-il pas moufté quand son gorille est passé au travers du cordon de sécurité pour l’arrivée du car des Bleus. Macron s’est permis de toucher la Coupe du monde, avant les joueurs, qui eux l’ont gagnée. Poutine ne l’a pas fait.
    Bénalla montre par ses comportements de chien fou privilégié archi protégé que Macron n’a aucun sens du mot respect. Elle était belle sa leçon de respect au jeune qui l’a interpelé en l’appelant « Manu ». Il est comme beaucoup, il pense que le respect lui est dû et qu’il est à sens unique, vers lui.

    • Par là, il court à sa perte. Je pense que cette succession d’erreurs est irrattrapable. L’image, déjà peu brillante du président élu « par défaut », est irrémédiablement ternie. Les rangs vont s’agiter, dans les oppositions, pour réclamer son départ. La rentrée promet d’être chaude.

      • « Par là, il court à sa perte. »
        +1000
        Mais ce ne sont pas des erreurs, c’est la révélation publique de sa vraie nature et de son incapacité à la cacher et la maîtriser. Il est prévisible, il répétera ce type de réponse à chaque fois qu’il lui faudrait reconnaître qu’il s’est trompé et qu’il en a appris à être meilleur.
        Etrange analogie avec l’accident de voiture provoqué par Benalla avec Montebourg, et que Benalla — Macron aujourd’hui — voulait fuir plutôt qu’assumer…

        • Il répètera ce type de réponse… s’il en a le loisir. Je crains qu’il ne puisse plus bénéficier longtemps des soutiens qui ont contribué à le porter au pouvoir dans leurs seuls intérêts.

          • Effectivement, mais en France, s’il ne démissionne pas, il est inamovible. La Ve République est conçue pour des De Gaulle, pour qui on a au moins le sens de démissionner si on est pris fautif ou négligent…

            • Sauf à être poussé dehors en vertu d’intérêts qui nous échappent… et par une impopularité maximale qui amènerait une partie des députés LREM à prendre leurs distances histoire d’assurer leurs arrières.

              • Assurer leurs arrière sans Macron ?
                Sans Macron président, pas de LREM. Et pas de LREM, pas de mandat de député.
                Aucune chance qu’ils se mettent à le trahir comme l’avaient fait les frondeurs sous Hollande.

            • @MichelO
              Inamovible, indéboulonnable, indétrônable, etc… Et nous allons devoir le subir encore 4 ans. « Ah pu*@#n ! 4 ans ! »

      • Haha, Macron n’est pas mort pour autant.
        La prochaine élection pour lui est en 2022. Soit dans 4 ans.

        D’ici là, il nous aura pondu tout un tas de réformes et lois avec les débats houleux associés.
        D’ici là, l’opposition aura tôt fait de se ridiculiser à nouveau à grand coup d’affaires et autres, et il sera réélu.

        On se rappellera de l’affaire Benalla, mais dans 4 ans, je ne crois pas qu’elle pèsera aussi lourd que vous le pensez.

        • C’est sans nul doute son calcul, mais on commence à se rendre compte partout qu’il ne calcule pas si bien que ça.

          • Pour en être sûr, il faudrait monter un vrai parti libéral. Celui dont les propositions ferait plaisir aux lecteurs de Contrepoints.
            Avec comme programme moins d’Etat, de normes, de taxes, etc.

            Un positionnement centriste rassembleur, mais opposé à Macron.
            L’opposition qu’il lui manque aujourd’hui.

            Je ne vois aucun ténor politique actuel capable de ça…

            • trouver un libéral qui saurait expliquer aux gens les rouages de toute chose pour aboutir au fait que l ‘Etat est l’ennemi…bah bonne chance au gagnant il a du boulot..

              • Il y a déjà consensus sur le fisc comme ennemi, élargir à l’Etat n’est pas en soi insurmontable.

                • rien n’est insurmontable..le probleme avec un candidat libéral c’est ce qu’il y a en face..beaucoup de français sont des cons ,et bon nombre d’entre eux sont allaités par l’Etat……….

                • @MichelO
                  Le fisc c’est l’Etat. C’est une administration dont le chef de l’Etat est le chef en tant que chef de l’Administration. La boucle est bouclée.

                  • @dekkard
                    Bonjour,
                    « Je parle pas aux cons, ça les instruit. » M. Audiard.
                    J’ai plus souvent entendu la version avec « On » au lieu de « Je ».
                    Non seulement ils sont cons, dans le sens d’ignorants, mais en plus ils sont bornés. Les plus représentatifs manisfestent pour taxer, encore, plus les bénéfices. J’ai vu un panneau avec le slogan ; « Rendez-nous l’pognon ». Ils se trompent de cible et ne le voient même pas.

                    • le truc qui m’horripile le plus ce sont tous ces benêts qui vont serrer la pince à des politiques, je ne sais pas je coince, mon cerveau se met en mode attaque..j’arrive pas à comprendre ….^^

          • @MichelO
            « on commence à se rendre compte partout qu’il ne calcule pas si bien que ça. »
            HAHAHA ! C’est pas faux. Pour sa déclaration de patrimoine, il ne savait pas où étaient passés les 2,5 millions d’euros qu’il avait gagnés quand il travaillait chez Rothschild. Il ne les a pas comptés HAHAHAH !

  • Mais, « Pourquoi l’Élysée n’est pas à la hauteur ».
    Répondre à cette question nécessite de prendre de la hauteur. Cette affaire n’est que l’une des multiples facettes visibles d’un grand iceberg à la dérive qui menace le devenir de notre pays.
    Il s’agit en fait d’une crise institutionnelle qui nous montre l’incompatibilité de notre Vème République avec ce que devrait être une véritable démocratie dont la France ne fait pas partie au grand dam d’une partie grandissante de nos compatriotes.

    • Exactement. La France telle qu’elle (dys)fonctionne, c’est un peu comme si vous accoliez un brancard à l’avant d’une Porsche pour la faire tracter par un mulet. On a un système politique qui est un cocktail d’Ancien régime et de Soviet suprême. Son fonctionnement hyper-centralisé, le système de valeurs à quoi il se réfère sont obsolètes. Le coût de ce système est astronomique. Les privilèges qu’en retirent ses bénéficiaires, du locataire de l’Elysée au modeste conseiller municipal d’un bled de 150 habitants en passant par cet anachronisme que sont les préfets, leurs sous-préfets et leur valetaille, nous coûtent au-delà d' »un pognon de dingue ». Et nous n’avons droit à la parole qu’à l’occasion d’élections, dans les limites des angles tranchés de partis politiques qui comptent si peu d’adhérents, au regard de l’ensemble de l’électorat inscrit, que c’en est anecdotique. De plus, nous n’avons aucun droit de regard sur les mesures qui nous sont imposées par les technocrates hors-sol de Bruxelles. Nous sommes cantonnés au rôle de simples spectateurs d’un déclin dont les parties prenantes sont incompétentes, malhonnêtes, intouchables, ménagées par une justice complice dans les rares cas où il y a procès. Lesquelles ont toute latitude de se représenter à vie devant les électeurs, sans jamais à avoir faire la preuve de leurs compétences. On entretient ainsi à vie, dans un confort enviable, des figurants de la Cour élyséenne qui n’ont jamais travaillé de leur vie, qui n’ont d’autre compétence que leur éloquence à base de mots creux, des Jack Lang, des Bernadette Chirac, des Frédéric Mitterrand… Et ce qui m’étonnera toujours, voyez-vous, c’est qu’il se trouve encore une majorité de nos semblables pour continuer à voter, à alimenter ce système délétère.

      • Effectivement, le panorama politique de ce pays donne, de plus en plus, une impression de république bananière avec tout ce qui en découle: abus de pouvoir et de prérogatives, mensonges, mauvaise foi, imposture, impunité des manquements et la liste est encore longue!

        • On pourrait ajouter la quasi impunité dont bénéficient les gens qui au moindre rassemblement (manifs, célébration de la coupe du Monde), en profitent pour fracasser et piller ce qui se trouve sur leur passage ; ceux qui tiennent les zones de non-droit en coupe réglée (les cités, les dealers), les auteurs de caillassages relâchés après un simple contrôle d’identité lorsqu’ils sont interpellés, les plaintes non retenues par les procureurs pour cause de surcharge des chambres, même lorsqu’il s’agit d’atteintes aux biens et aux personnes. Tandis que la Justice va persécuter un père de famille qui a oublié de régler un mois de pension alimentaire, ou n’a pas pu le faire…

        • Rien que d’imaginer ce que Trump lui dira en lui tapant dans le dos à leur prochaine rencontre, il y a de quoi retrouver 48 heures au moins de bonne humeur !

    • Si cette crise nous permet de virer le « gouvernement profond » qui dicte les lois aux députés et ministres depuis des années, je suis preneur…

  • Les journalistes préfèrent fouiller la merde de l’Elysée que de chercher ce qui s’est réellement passer sur le terrain. Une brave jeune fille et un sérieux jeunes homme, propres sur eux, balancent des objets sur un cordon de police sans que ceux-ci ne bougent (c’est un nouveau jeu parisien) Un individu ne connaissant pas ces nouvelles règles du jeux va voir le commandant de l’escadron qui reste droit dans se bottes et décide d’intervenir. Et depuis ça part en couilles.
    Maintenant que cet individu ait profité de certains avantages, je m’en fous, en fouillant bien on en trouvera d’autres et alors, c’est pas ce cinéma qui réduira le nombre de chômeurs.
    Dans les égouts on peut trouver des trésors, mais on y trouve surtout de la merde, quand au respect de la loi, ça fait partie du passé et du rêve de certains démocrates.

    • En gros, parce que certains profitant des mêmes passes-droits illégaux ne se font pas prendre, il ne faut pas punir celui qui s’est fait prendre? C’est exactement le même raisonnement que ceux qui nous gouvernent. C’est ce type de raisonnement qui permet de tout excuser et de ne rien sanctionner… quand on est du bon coté du manche.

  • Des fois je me demande si tout ceci n’est pss orchestré… Car comme par hasard, la loi pacte sera du coup décalée en 2019… Et comme par hasard, c’est dedans qu’il devait y avoir le rééquilibrage par rapport à la csg… Malin 😉

  • Comment ce fait-il que cette histoire se soit passée au 1èr mai et qu’elle sorte deux mois et demi après.? D’autre part il me semble que la Sécurité et la Protection du Chef de l’État soit suffisamment bien assurées par les Forces de l’Ordre pour ne pas avoir besoin de faire appel à ce genre de Nervis.

  • « la vérité n’est jamais amusante, sinon tout le monde la dirait » (Michel Audiard).

    Il n’y a pas que la communication du palais qui a foiré, c’est le fonctionnement complet du palais qui est mauvais (absence complète du respect du droit).
    Cette affaire n’en est que le révélateur (mais on pouvait déjà s’en douter).

    ce qui est plus surprenant, c’est que ce soit Le Monde qui fut à l’offensive quand on sait la connivence entre le pouvoir et les médias.

    Qui est réellement à la manœuvre ? De quel(s) lobbies dépend le président ?

  • Ce n’est pas son genre d’admettre une erreur. Sa vanité le perdra!

  • Il se voulait le premier des nouveaux majestueux. Il prétendait incarner une nouvelle lignée empreinte de dignité, le retour à une certaine noblesse de la fonction. A la place, l’Ado Elyséen Immature se révèle le sixième et (provisoirement) dernier de la série des pourris qui abaissent constamment la fonction et le pays depuis 1974.

    Nous vivons une période de l’histoire de France qui trouve un miroir singulier avec celle des « rois fainéants ». Pour paraphraser un auteur ancien, ces présidents n’avaient plus de présidents que le nom.

    En attendant, celui dont la logorrhée pompeuse et stérile ne cessait de nous briser les oreilles (entre autres organes) se trouve soudainement bien muet. Le silence est d’or.

  • Jupiter qui a tout basé sur sa communication et son image se prend un retour de flamme..c’est cocasse. j’espère qu’il va morfler.

  • Ma foi, c’est plutôt bien que tout un chacun se focalise sur cette histoire. Parce que pendant ce temps, on oublie le cas Nyssen, ministre de la culture (subventions à Actes sud, travaux sans autorisation à Arles…), le cas Buzyn, ministre de la santé (renouvellement de son mari à l’INSERM), le cas Belloubet, ministre de la justice (il doit y avoir une faille pour qu’un dangereux détenu se fasse la belle), le cas Pénicaud (le CES de Las Vegas), l’enterrement de première classe du léger problème de conflit d’intérêt de Ferrand, etc…
    Et comme Collomb, ministre de l’intérieur, continue de ne s’intéresser qu’à Lyon, il fera un excellent fusible, vec quelques préfets en attente de retraite, ce qui lui permettra de préparer sereinement les prochaines municipales.
    Passez muscade…

  • Benallagate. Dans le scandale en cours d’explosion, ceux qui sont là pour semer le maximum de confusion par leur mensonges semblent se concerter pour brouiller les cartes en se contredisant mutuellement, soit pour se tirer des flûtes individuellement, soit pour sauver le Président en noyant l’exposé des faits sous une cacophonie de mensonges indémêlables, rendant tous les participants également non-crédibles et beaucoup trop nombreux pour ne faire qu’un seul bouc émissaire idéal ayant valeur expiatoire pour l’ensemble du scandale et , éviter ainsi la certitude de la déplorable conclusion logique:« tous pourris » . C’est assez curieux qu’à l’ENA ,on n’enseigne pas d’autres moyens d’éteindre une crise… que d’en lancer une pire affaire écrasant net toute l’indignation de la précédente. Dans cet ordre d’idée, je me souviens que Hollande s’est révélé un grand artiste indépassable par l’accumulation de ses réussites…

  • Si l’Elysée a été en dessous de tout, ce n’est pas tant au niveau de la communication de crise, qu’au niveau de l’élément déclencheur (les débordements physiques et illégaux du barbouze Benalla). Il aurait dû dès cet instant virer ce gugusse. Ne rien faire constituait le péché capital, celui par lequel tout le reste ne peut que foirer : croire que cette affaire pouvait rester secrète, croire qu’avec deux-trois mensonges, on ferait passer la pilule, s’imaginer qu’il valait mieux que le président se taise…
    Aucune bonne com ne rattrapera jamais une faute de l’Etat. La seule issue possible est un « sacrifice ». Reste à trouver la « vierge » qu’on immolera.

  • « Aussi difficile que cela puisse paraître, Emmanuel Macron aurait absolument dû révéler toute la vérité dès le début de cette crise politique. »

    L’auteur a dû manquer quelques pages d’informations ces jours ci….

    L’affaire BenAlla, c’est un peu comme un iceberg, avec la partie émergée qui sont les violences et port illégale d’uniforme, et une énorme partie immergée, qui se découvre petit à petit (voir la série d’article que consacre le blogueur Régis de Castelnau).

    Imaginons Silnicky, en 1912, sur un bateau à destination de NY…
    «  »Ah, cher Capitaine Smith, je vous vois un peu tendu. Que diable, soyez fin communiquant, et dites « toute la vérité » immédiatement à vos passagers. Ils vous en seront gré et ne vous reprocherons pas le retard occasionné. » »
    «  »Toute la vérité ? Vous croyez vraiment ??? »

  • Nul besoin d’explication, quand on est médiocre, couard, prétentieux profondément immature dans tous les aspects de ce qui constituent normalement un « Homme » et cerise sur le gâteau élevé chez les jésuites et violé par une instable a 15 ans, le terme de « Hauteur est inepte !

  • le début de l’incompétence,aucune mesure de réduire la Dépense publique encor e moins de réduire là dette du PIB….et en plus de nouvelles TAXES prévue….maintenant et c’est
    vers la faillite que nous allons ..comment peux t on les croire ces blaireaux !!!

  • En fait c’est un mauvais manager… Pourtant on a tant félicité sur la gestion à la mode entreprise de notre gouvernement par em… A moins que ça ne soit le fameux management à la française qui se fait dans nos diverses boîtes qui n’obtiennent que des contrats sérieux de la part de l’état ? (dassault, Thales, etc.)? Les autres pays nous demandant plein de contrepartie en cas de signature ? Ça devait être jolie chez rotchild ^^

  • Les commentaires sont fermés.

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Notre nouveau et brillant Premier ministre se trouve propulsé à la tête d’un gouvernement chargé de gérer un pays qui s’est habitué à vivre au-dessus de ses moyens. Depuis une quarantaine d’années notre économie est à la peine et elle ne produit pas suffisamment de richesses pour satisfaire les besoins de la population : le pays, en conséquence, vit à crédit. Aussi, notre dette extérieure ne cesse-t-elle de croître et elle atteint maintenant un niveau qui inquiète les agences de notation. La tâche de notre Premier ministre est donc loin d’êtr... Poursuivre la lecture

Le fait pour un gouvernement de solliciter et d’obtenir la confiance de l'Assemblée contribue à la prévisibilité, la stabilité et la sincérité de l’action publique, et cela devrait être reconnu comme indispensable.

Le 30 janvier dernier, Gabriel Attal a prononcé son discours de politique générale, sans solliciter la confiance de l’Assemblée, avant qu’une motion de censure soit soumise, puis rejetée le 5 février. Le gouvernement Attal, comme le gouvernement Borne avant lui, a donc le droit d’exister, mais sans soutien de la chambre.

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« Je déteste tous les Français »

Le 3 février dernier, un immigré malien de 32 ans, Sagou Gouno Kassogue, a attaqué au couteau et blessé grièvement des passagers de la Gare de Lyon. Finalement maîtrisé par l’action conjuguée des passants, des agents de sécurité et des membres de la police ferroviaire, l’homme en garde à vue a été mis en examen pour tentative d’assassinat aggravée et violence avec armes aggravée.

Les premiers éléments de l’enquête dévoilés par le préfet de police de Paris révèlent les discours conspirationnistes d’un in... Poursuivre la lecture

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