Cuba : continuité électorale et cérémonie du foulard rouge

« Pionniers du communisme, nous serons comme le Che » répètent les écoliers cubains.

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Cuba : continuité électorale et cérémonie du foulard rouge

Publié le 5 juillet 2018
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Par Yoani Sánchez.

Avec le recul de trois décennies, la femme se retrouve face à une scène connue. Des enfants alignés et vêtus de l’uniforme de l’école primaire reçoivent le nouveau foulard de couleur rouge en remplacement du foulard bleu qu’ils portaient précédemment autour du cou.

Comme dans une impression de déjà vu, elle écoute sa fille réciter la consigne qu’elle-même avait clamée à tue-tête dans son enfance. La fillette, un genou à terre, promet de suivre l’exemple d’Ernesto Che Guevara, exactement comme sa mère l’avait fait des années avant elle.

Initiation mystique

L’école a commencé tôt en ce jeudi matin 14 juin, jour choisi pour l’initiation des élèves qui viennent d’achever leurs trois premières années d’école primaire. Maintenant, ils font partie de l’Organisation de Pionniers José Martí et ils ont mis le pied sur un chemin où les excès idéologiques et la manipulation politique les accompagneront pour toujours. La cérémonie comporte toutes les caractéristiques d’une initiation religieuse quasi-mystique, bien qu’elle concerne un guérillero athée qui aurait eu 90 ans justement ce jour-là.

Pour conclure le rite en beauté, les haut-parleurs diffusent à plein volume une chanson dédiée à Fidel Castro. « Plus fort ! Plus fort ! » crie le directeur de l’école aux élèves qui doivent reprendre l’assommante rengaine phrase par phrase. « Plus fort pour que ça s’entente là-haut ! » répète-t-il tout en montrant le ciel où, croit-il, son Commandant en Chef a dû arriver.

La musique s’arrête et les enfants crient la consigne qu’ils répéteront pendant les années suivantes : « Pionniers du communisme, nous serons comme le Che. » Ils sortent des rangs et retournent aux jeux remuants de tous les enfants de leur âge. L’opération « continuité électorale » est terminée.

Traduction Nathalie MP pour Contrepoints.

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  • Lorsque j’étais gamin, dans les années 70, tous les matins avant l’école (dans l’école elle-même) nous préparions les chants religieux pour le dimanche à l’église. Et le dimanche obligation d’aller à la messe et gare à celui qui ne chantait pas. Je ne suis pas devenu curé ou moine, ni pratiquant décérébré, ni aucun de mes camarades d’ailleurs. On faisait semblant !
    Toutes ces mises en scène à Cuba n’empêcheront pas les changements qui se préparent doucement mais sûrement.

    • Oui, mais vous vous aviez une presse largement anti-cléricale qui relayait une ambiance post soixante-huitarde fortement anti-chrétienne; bref un environnement qui faisait que la vrai prouesse était de vouloir rentrer dans les ordres.
      Aucun rapport avec cette dictature communiste où les parents peuvent aller en prison si leurs enfants les dénoncent.
      En ce qui concerne les « changements qui se préparent », si vous avez des infos à nous faire partager, n’hésitez pas, parce que nous, on ne voit absolument rien venir. Plutôt une consolidation du régime grâce à Obama.

      • Non la consolidation serait plutôt le fait de Trump (restriction de déplacement pour les américains par exemple). Je parlerai plutôt d’atermoiements que de consolidation. Le pays est exsangue financièrement et les cubains ne sont pas contre une ouverture douce et progressive. Les dirigeants n’ont pas vraiment le choix, le temps de se faire à l’idée, mais je ne suis pas extralucide.
        .

    • Quand j’étais gamin en primaire aux US, année scolaire 63-64, tous les matins on prêtait allégeance au drapeau, et dans les livres d’histoire-géo, on nous expliquait que les petits soviétiques avaient, eux, des livres mensongers où on disait du mal de l’Amérique. En tant que petit Français, et d’ailleurs réputé fourbe et déloyal puisque non-Américain, j’ai compris très vite où était la différence entre l’URSS et les USA : la plupart des Américains relativisaient ces démonstrations officielles, les Soviétiques n’auraient pas eu idée qu’une autre ligne de vie soit possible. Dans les années 70, vous pouviez décrire autant que vous le vouliez le mode de vie occidental à un Soviétique, il n’y croyait tout simplement pas. On peut faire semblant pour le serment au drapeau américain ou les chants religieux parce qu’on sait qu’il existe un monde qui se porte très bien sans mais que les coreligionnaires seraient choqués si on ne sauvait pas les apparences, on ne peut pas faire semblant quand on n’imagine pas qu’autre chose puisse exister.

      • En 65, j’étais avec une équipe sportive soviétique dans les rues: il y avait énormément de voitures, des embouteillages, des gens assis aux terrasses de café, bref, la vie de chez nous. Les Russes finissent par me dire: « mais montrez nous où sont les ouvriers! ». Je réponds que je ne connais pas l’identuté de tous les gens qui nous entourent. Ils me répondent: »oui, mais ce sont tous des bourgeois, montrez nous où sont les ouvriers! ».

        • En 76, une amie qui étudiait le russe a demandé à sa correspondante avant d’aller la voir en Russie quels livres français elle voulait qu’elle lui apporte. Réponse : ne fais pas de recherches chez les bouquinistes, prends juste ceux qui sont sortis en France ces derniers mois. Elle pensait que ça en ferait deux ou trois…

  • C’est dire à quel point on est con communiste!

  • Pour parvenir à des régimes socialistes, il faudra des fleuves de sang, et l’on doit continuer sur la route de la libération même au prix de millions de victimes atomiques.

    On pourrait donner la « Légion d’Honneur à l’homme qui a éliminé une « charogne » de ce genre.

  • SI il y a un truc qu »il faut bien reconnaître, c’est que les communistes savent avoir de bons chants. C’est à peu près tout ce qu’ils ont d’ailleurs car dès qu’on regarde d’un peu plus près les paroles, c’est rarement rassurant !

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