La transition énergétique en question

Les technologies vertes risquent fort de ruiner le développement durable qu’elles sont censées garantir.

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Eolienne Nordex by Frédéric BISSON (CC BY 2.0)

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La transition énergétique en question

Publié le 5 juillet 2018
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Par Thierry Godefridi.

À la suite de son interview dans le 7h50 sur Bel-RTL et d’un tweet de Palingenesie.com lui suggérant de lire le livre La guerre des métaux rares, La face cachée de la transition énergétique et numérique de Guillaume Pitron, un membre éminent du parti belge francophone Écolo se demandait sur Twitter en quoi ses propos (et les propositions de son parti) seraient dogmatiques.

Sur le site Internet d’Écolo, au rayon des « idées », onglet « énergie », relevons celles, par exemple, pour « mettre en oeuvre la transition énergétique », « gagner le combat climatique » et « sortir du nucléaire ».

L’objectif déclaré des écologistes est une « société autonome en énergie » qui utilise exclusivement les énergies renouvelables. « Respectant l’environnement et le climat, ajoutent-ils, elle comptera de très nombreux emplois durables », sans toutefois quantifier les apports d’énergie photovoltaïque, éolienne, géothermique, biomasse, hydroélectrique et de stockage qui interviendront dans le futur mix énergétique, ni le nombre d’emplois durables qui seront créés, ni, encore moins, le nombre de ceux qui seront détruits dans l’industrie et même les services. Ils évoquent aussi une décentralisation des installations de production d’énergie renouvelable et les « réseaux intelligents » destinés à gérer les dites installations.

Contre les énergies fossiles

Un autre objectif est de « gagner le combat climatique » et, pour ce faire, de réaliser l’ambition d’une « société zéro carbone », « ce qui implique dès aujourd’hui de désinvestir massivement des énergies fossiles, principal émetteur de CO2, et de tout miser sur la transition énergétique ».

Et, bien sûr, tant qu’à faire, de sortir du nucléaire, « la catastrophe de Fukushima ayant rappelé qu’en ce domaine, le risque zéro n’existe pas ». « Les États qui s’obstinent dans le nucléaire, assènent-ils, seront les dépendants énergétiques de demain. »

Guillaume Pitron, journaliste pour Géo, National Geographic, Le Monde Diplomatique, lauréat du Prix Erik Izraelewicz de l’enquête économique créé par Le Monde, dénonce dans son livre-enquête, le « paradoxe des énergies vertes », à savoir une exploitation intensifiée des ressources terrestres, et « l’erreur originelle » de la transition énergétique et numérique, celle d’avoir été pensée « hors sol ».

Prenons le cas des éoliennes. Selon Olivier Vidal, un chercheur au CNRS cité par Guillaume Pitron dans La guerre des métaux rares, « à capacité de production électrique équivalente, les infrastructures éoliennes nécessitent jusqu’à quinze fois davantage de béton, quatre-vingt-dix fois plus d’aluminium et cinquante fois plus de fer, de cuivre et de verre » que les unités de production électrique à partir de combustibles traditionnels. Selon une étude de la Banque mondiale de 2017, cela vaut aussi pour le solaire et l’hydrogène.

Le zéro carbone illusoire

Un autre aspect du problème est la nature intermittente des énergies renouvelables. L’acheminement de l’électricité produite par les centrales traditionnelles (à charbon, à gaz, nucléaires) est continu et modulable à tout moment en fonction des besoins précis. Rien de tel dans le cas de la transition énergétique : personne ne commande au vent ou au soleil. D’où l’idée, chère à Écolo et aux apôtres de l’ordre énergétique nouveau, de réseaux toujours plus intelligents afin de doser la fourniture de l’énergie électrique intermittente et d’éviter les coupures.

C’est certes sympathique mais le tout numérique « zéro carbone » est tout aussi illusoire. L’industrie électronique engloutit, selon les données citées par Guillaume Pitron, 320 tonnes d’or, 7 500 tonnes d’argent, 514 tonnes de mercure, soit 22% de la consommation mondiale, et jusqu’à 2% de celle de plomb.

Pour la fabrication des seuls ordinateurs et téléphones portables, les pourcentages s’élèvent à 19% de la production globale de métaux rares tels que la palladium et 23%, de cobalt, sans compter la quarantaine d’autres métaux contenus, par exemple, dans un smartphone. Les réseaux électriques intelligents ne manqueront pas d’augmenter l’activité numérique et, donc, la pollution, car les technologies vertes trouvent toutes nécessairement leur origine dans une excavation ou une extraction de ressources de la terre.

Une étude américaine (« The Cloud Begins with Coal », Mark. P Mills), citée par Guillaume Pitron, a d’ailleurs estimé que les technologies de l’information et de la communication consomment par an 1 500 TWh, soit 1 500 milliards de kWh, un dixième de l’électricité produite de par le monde, soit, encore, 50% plus d’énergie que le secteur aérien dans sa globalité !

Retour au nucléaire ?

Bref, les technologies vertes risquent fort de ruiner le développement durable qu’elles sont censées garantir. À un rythme d’accroissement de 3 à 5% par an, il est estimé que l’on extraira du sous-sol d’ici 2050 plus de minerais que l’humanité n’en a puisé depuis son origine ! En d’autres termes, la prochaine génération en puisera autant que les 2 500 générations qui l’ont précédée sur terre au cours des 70 000 dernières années, les 7,5 milliards de terriens contemporains plus que les 108 milliards qui ont peuplé la Terre jusqu’à ce jour…

L’énergie nucléaire ne serait-elle finalement pas moins néfaste que les sources alternatives d’énergie que les prophètes de la troisième révolution industrielle entendaient lui substituer et est-il possible de se passer du nucléaire dans le mix énergétique ? La question mérite, semble-t-il, d’être posée de même que celle de l’impact réel et durable d’une sortie du nucléaire sur l’emploi.

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  • et on peut rappeler que de bosser un max…en étant autonome on en vient.. Il y unaussi petit hic dans cette volonté de créer du « travail »sans parler de richesse, alors que le progrès a consister à travailler MOINS pour créer une richesse équivalente.
    Il y a des problèmes comme celui de fournir des ressources à des gens assez inaptes au « travail » parce qu’ils sont pas assez intelligents mal formés ou autre.

    • C’est clair que créer des emplois pour rendre l’énergie plus chère mais conforme à la doctrine de la foi est une perversion incroyable, dont on pensait le principe abandonné depuis au moins le siècle des lumières.

  • Curieux que les écolos occultent systématiquement le côté intermittent des énergies éoliennes et photovoltaïques. Pour eux elles fonctionnent 100% du temps?
    Si on sort des fossiles et du nucléaire comment fourniront-ils les foyers en énergie les jours où il n’y aura pas de vent et la nuit?
    Ce sont des escrocs et des charlatans!

    • Avec ce que les écolos brassent d’air, ils estiment que le temps des jours sans vent est révolu. Ou alors, ils croient que le progrès explosera pour stocker l’énergie facilement et sous faible volume.

      • On a déjà débattu de cela, mais le PV et l’éolien ne s’entendent , sur le long terme, que sur un plan totalement interconnecté international. Il ya toujours du soleil quelque part autour de notre sphère tournante, et c’est presque pareil avec le vent. Donc la transition consistant a remplacer tout ce qui se brule/désintègre par du renouvelable est parfaitement envisageable, mais pas tout seul dans son coin… A noter que c’est déjà le cas pour les fossiles et le nucléaire, parce qu’on manque quelque peu de ces deux sources d’énergies dans nos contrées (même si l’Espagne a l’air d’avoir trouvé un joli gisement d’U), et cela ne marche que parce qu’on va chercher des ressources ailleurs…

    • Dans les rêves les plus fous de nos politiciens, même ripolinés en vert, il n’a jamais été question de sortir totalement des fossiles et du nucléaire.

    • Le photovoltaïque, c’est bien, l’éolien c’est bien, et on peut le stocker, dans les batteries des voitures électriques par exemple…. Cependant, aujourd’hui, on a un problème majeur à traiter : notre déficit commercial constant et chronique… La transition qui est proposée vise a substituer le nucléaire (avec tous ses défauts et ses couts internes cachés) qui ne coute quasiment rien en importations (2Mds d’U par an…) par des importations de PV et de Ventilateurs made in Ailleurs… Pendant ce temps, on ne change strictement rien a nos consommations de fossiles, et donc strictement a notre déficit – égal aux importations de fossiles…
      Si on veut faire une transition qui soit cohérente avec le problème de la balance commerciale, alors il faut substituer les fossiles par autre chose… isolation, solaire thermique, biomasse (solide, liquide, gazeuse), géothermie… enfin tout ce qui composerait un bon mix énergétique non importé. Et sur ce sujet, je ne vois strictement RIEN ! … Donc le fan absolu de photovoltaïque que je suis pour la beauté scientifique de collecte d’électricité sans « mécanique » (en passant , c’est un rendement de 20% de transformation de fusion nucléaire – solaire – chose qu’on n’est pas près d’atteindre avec des tokamaks… ) dit qu’on fait tout en dépit du bon sens… la transition nuke vers autre chose (quoi ?) , pourquoi pas, mais pas à la cadence imposée, on n’en a pas les moyens… notre pays sera (est…) en banqueroute généralisée avant …

  • La situation réelle des énergies renouvelables apparaît à la lumière de quelques informations facilement accessibles pour tous ceux qui veulent aborder le sujet avec objectivité.

    En 2017 en France, les éoliennes et le PV représentaient une puissance installée de 21 GW, soit l’équivalent d’un tiers de la puissance installée du nucléaire (63 GW), pour une production intermittente de 33 TWh, à comparer aux 379 TWh fournis par le nucléaire de manière fiable et constante, soit moins de 10%.

    Pour installer une puissance de 1 GW avec des éoliennes, il faut compter entre 2,5 et 3 milliards d’investissement initial, contre un peu moins d’un milliard en moyenne pour une tranche nucléaire classique de même puissance. 1 GW installé en PV nécessite un investissement initial encore plus important.

    3 fois plus cher à installer, 10 fois moins productif et surtout fatal par nature, rarement disponible quand il y en aurait besoin : le renouvelable a déjà coûté au pays au moins 30 fois plus d’argent que son équivalent nucléaire. La différence économisée, si la raison l’avait emportée sur l’idéologie, aurait été infiniment plus utile en étant investie dans des activités réellement productives. Le renouvelable, c’est un immense gâchis de ressources précieuses, notre argent jeté dans un puits sans fond creusé à la gloire de sa propre stupidité par l’Etat obèse français.

    • Petite correction : il faut pondérer le ratio de production en fonction des puissances installées. La différence n’est pas de 10 mais seulement de 4. Mais étant donné qu’on a déjà exploité les sites les plus favorables et qu’il faut compter sur des installations de puissance équivalente pour pallier l’intermittence des renouvelables, totalement inutiles dans le cas du nucléaire, on aboutit finalement à un résultat assez proche.

      A ce jour, la France a déjà déboursé plus d’argent dans son parc de renouvelables que dans la totalité de son parc nucléaire. Au vu du potentiel de production absolument médiocre que plus personne ne peut ignorer, le temps est venu de mettre un terme définitif à l’expérience désastreuse du renouvelable. Cet investissement lamentable est l’un des plus grands égarements de l’intelligence française, du même ordre que la ligne Maginot.

      • @Cavaignac: « le temps est venu de mettre un terme… »
        Hé bien justement, vous avez dans le site suivant, l’occasion unique de vous faire entendre par des débatteurs on ne peut plus … obtus ? 😉

        https://ppe.debatpublic.fr/questions-reponses

      • « A ce jour, la France a déjà déboursé plus d’argent dans son parc de renouvelables que dans la totalité de son parc nucléaire »
        Même si je sais que sur le sujet de l’énergie, vous n’êtes plus à une ânerie près, c’est toujours une surprise pour moi de constater que vous êtes d’une imagination débordante pour en sortir de nouvelles à chaque fois.
        Les investissements dans la filière nucléaire française se sont élevées depuis l’origine à près de 200 milliards d’euros (dont la moitié pour la construction des réacteurs, dont un gros quart pour la recherche, dont un dixième pour la filière de retraitement, dont 12 milliards pour Superphénix, etc.). Ce sont les chiffres de la Cour des Comptes.
        Vous croyez vraiment qu’on a déjà installé en France pour 200 milliards de panneaux PV et de parcs éoliens ??

        • Je vous fais grâce aussi, des petits milliards annuels, destinés à la maintenance du parc et des dizaines de milliards de charges à venir concernant la gestion des déchets, les démantèlements de centrales etc.

          • On parle bien d’investissement initial, données reprises des rapports des instances publiques en charge du dossier que n’importe qui, s’il est de bonne foi, peut trouver sans effort. Les dépenses d’entretien ne sont pas comptées ici. Mais on peut aisément en faire la collation, à condition de le faire pour toutes les sources, sans rien oublier, oublis qui constituent la petite manipulation bas de gamme habituelle chez les écolos, comme leurs statistiques trafiquées pour faire croire que le renouvelable serait efficient, ce qu’il n’est pas à l’évidence comme démontré en quelques chiffres.

            « Vous croyez vraiment qu’on a déjà installé en France pour 200 milliards de panneaux PV et de parcs éoliens ?? » Non, plutôt de l’ordre de 100 milliards, en pure perte puisque ça ne produit quasiment rien. Là encore, les coûts d’installation sont assez bien connus, même si personne ne s’en glorifie tellement le résultat est abominable comparativement à la production réelle.

            Pas besoin de démanteler des centrales très fiables qui peuvent produire encore pendant de longues décennies, en toute fiabilité et efficience. Le moment venu, elles seront remplacées, non parce qu’elles ne pourront plus fonctionner à la satisfaction générale mais parce qu’on passera aux prochaines générations encore plus efficientes, pour des milliers d’années d’énergie quasi-gratuite, à l’opposé des délires dispendieux des écolos et leurs inutiles moulins à vent(s).

            • 200 milliards d’investissement initial pour le nucléaire, 100 milliards pour le renouvelable, d’après vos dires, alors pourquoi avoir affirmé « A ce jour, la France a déjà déboursé plus d’argent dans son parc de renouvelables que dans la totalité de son parc nucléaire » ?

              • Parce que l’investissement initial dans le nucléaire était de l’ordre de 95 milliards et non de 200 milliards. Si on ajoute les coûts d’entretien, les intérêts etc, pourquoi pas, mais il faut faire la démarche à l’identique pour tous les investissements, sans oubli opportun destiner à tromper les naïfs.

            • Et concernant vos soit disant 100 milliards, vous avez une source serieuse autres que votre doigt mouillé ?

              • Oui, et même la plus sérieuse qui soit : la facture d’électricité où chacun peut aisément constater qu’on lui vole largement plus de la moitié de son argent, dépensé en pure perte pour financer des moulins à vent(s) qui :
                – représentent un investissement inutile, le gâchis de votre argent
                – ne produisent pratiquement rien
                – polluent les paysages
                – fabriquent à chacune de leurs rotations toujours plus de précarité énergétique. Regardez les moulins tourner : vous observez la fabrique à pauvreté en direct.

                • Bref, vous n’en savez rien !
                  Vous balancez des affirmations sans queue ni tête piochees au hasard de vos lectures, auxquelles la plupart du temps vous devez probablement ne rien comprendre, faute d’un bagage technique suffisant et d’une reflexion honnête…

                • PS : Je vous invite à vous renseigner sur la CSPE (dont une partie finance les énergies renouvelables mais pas que). Si vous êtes capable de faire une division, vous devriez constater que son montant est loin de representer « plus de la moitié » de vos factures…

        • En 2012, la cour des comptes estimait l’investissement cumulé du nucléaire a 228 Mds…
          Et on avait encore planqué sous le tapis les futurs couts de démontage/remontage, et jamais pris en compte due budget de la défense en Afrique pour protéger nos approvisionnements…
          http://www.liberation.fr/terre/2012/01/31/au-total-le-nucleaire-francais-a-coute-228-milliards-d-euros_792570

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