Un gouvernement français pro-entreprise ? La bonne blague…

Laxisme budgétaire dans ses propres affaires mais brillantes idées pour gérer celles du privé, voilà la marque de fabrique de ce gouvernement qui se revendique pro-entreprise.

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Un gouvernement français pro-entreprise ? La bonne blague…

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 24 juin 2018
- A +

Par Nicolas Perrin.

Lors de l’épisode de la « cagnotte fiscale », l’exécutif n’a pas succombé aux revendications dépensières d’une partie de sa majorité à l’Assemblée. Malheureusement, le laxisme budgétaire règne toujours dans la plupart des hauts lieux de la vie publique française.

Commençons au niveau local. Emmanuel Grégoire est adjoint aux finances de la ville de Paris. Début mars, il a expliqué au journal Le Parisien :

On s’en fiche de savoir si la dette de Paris est de cinq ou six milliards (…) La dette va sans doute continuer d’augmenter dans les années à venir… C’est sain.

Explications : « taux d’endettement extrêmement faible au regard des autres collectivités » + « faiblesse des taux d’emprunt » = « c’est sain et tout à fait soutenable de recourir à l’endettement, et même responsable », vu qu’il s’agit d’ « investir » dans les écoles, les crèches, le logement social, les équipements sportifs et culturels et que sais-je encore.

S’endetter à faible coût pour « investir » avant que les taux ne remontent, voilà la logique. C’est naturel lorsque l’on parle gestion de patrimoine. Mais en matière de dépense de l’État et des collectivités locales, j’ai tendance à considérer que cette logique sert surtout à financer de nombreuses dépenses dont la légitimité est pour le moins discutable.

Sachant que la dette de la ville de Paris est passée de 1 Md€ en 2001 à 6 Md€ fin 2018, au vu du budget prévisionnel (9,5 Md€ en 2018), sachant également que l’argent frais sert de plus en plus à financer des dépenses de fonctionnement, à partir de quel taux d’endettement Emmanuel Grégoire considérera-t-il qu’il deviendrait sage de voter un budget en équilibre, voire de rembourser une partie de la dette contractée, plutôt que de continuer à la creuser ?

Lorsque le politique refuse le débat budgétaire

Tablant sur une dette à 10 Md€ à horizon 2020, l’adjoint explique :

Il y aura une réflexion politique à mener sur le rythme des investissements. Mais ce sera un débat politique avant d’être un débat budgétaire.

En clair, il n’y a aucun risque de catastrophe budgétaire d’ici aux prochaines élections municipales donc, pour le moment, on s’en fout. Continuons à dépenser suffisamment pour satisfaire un maximum d’électeurs, on reparlera de tout ça après les élections si on est réélus. Et puis les risques afférents à une dette trop lourde, etc. c’est des fantasmes de noircisseurs de papier, au mieux des légendes urbaines.

À la lecture dans Libération d’un témoignage d’une personnalité de terrain, on pourrait croire que la France est en réalité sous-administrée. Je suis certain que si vous y mettez un peu du vôtre, vous pouvez vous aussi le constater chaque jour.

Vous aurez remarqué que ce n’est pas n’importe qui qui vous le dit, mais un « commissaire général adjoint » (interdit de rire).

En plus notre gouvernement fourmille de beaux projets pour les entreprises…

Cela pose tout de même un sacré problème, comme le relève Jean-Marc Daniel :

De la start-up nation à l’entreprise en tant que bien commun

Notre président aime les entreprises et il tient à le faire savoir. Il les aime même tellement que sa façon de s’exprimer est imprégnée de tournures de langage qui voudraient coller au plus près de « l’esprit start-up », mais qui sont en réalité aussi fraîches que l’arrivée de Windows 1995 sur les écrans 15 pouces.

Mais plutôt que de nous attarder sur le langage présidentiel, je vous propose de nous pencher sur les projets d’action gouvernementale. J’ai déjà évoqué que la loi PACTE portée par Bruno Le Maire pourrait modifier l’article 1 833 du Code civil qui dispose que « la société doit avoir un objet licite et est constituée dans l’intérêt commun des associés », pour y adjoindre la notion « d’intérêt général économique, social et environnemental ».

Depuis, Bruno Le Maire, a enfoncé le clou en déclarant que la loi qu’il présentera en Conseil des ministres vise à « récompenser les salariés pour leur travail avec plus d’intéressement, plus de participation, plus d’actionnariat salarié, pour que [les salariés puissent] devenir propriétaires en partie du capital de l’entreprise et participer au capital de l’entreprise, moi c’est tout ça que je veux… ».

La CFDT n’a pas manqué de dire tout le bien qu’elle pense de cette merveilleuse avancée sociale.

Guillaume Nicoulaud fait remarquer que ce n’est pas forcément l’intérêt du salarié de partager les risques de son entreprise. Son tweet a dû échapper à la CFDT qui n’a pas répondu à cette objection :

Idem pour cet autre tweet qui résume bien l’esprit des lois turbolibérales que concoctent nos décideurs.

entreprise

Les salariés sont rémunérés par leur salaire. La participation et l’intéressement existent déjà. Mais le gouvernement ultra-libéral du président Macron préfère ressusciter les vieilles lunes du CNR plutôt que laisser salariés et DRH gérer leurs relations contractuelles…

Pendant ce temps-là, dans le monde réel, quelqu’un qui n’est ni ministre, ni fonctionnaire, ni salarié a récemment été condamné à payer une amende de 3 000 €. Sa faute ? Avoir travaillé tous les jours de l’été passé, vu que le chiffre d’affaires qu’il peut réaliser sur les mois de juillet et août lui permet « de tenir ensuite toute l’année ».

Et encore, notre boulanger a de la chance car dans le monde rêvé par Bruno Le Maire et Emmanuel Macron, voici comment les choses auraient pu se terminer pour lui :

Si la loi PACTE est appliquée telle qu’on nous la présente, il sera alors confirmé que la politique économique menée en France a définitivement tourné au délire.

Pour plus d’informations, c’est ici.

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  • Merci pour ce florilège de… conneries

  • Il y a plus d’électeurs que de contribuables…..cette politique sera donc un succès quitte à faire payer toute la France pour sa réussite….après tout ,la France , c’est Paris et rien d’autre.

  • Il est malheureusement démontré que l’état gère très mal le « bien commun » .
    Il ignore la notion de responsabilité individuelle dans ses actes de gestion et surtout l’impunité et l’absence de sanction !…
    Toute cette caste de causeux serait bien inspirée de faire preuve d’humilité…

    • ‘Toute cette caste de causeux serait bien inspirée de faire preuve d’humilité…’
      Oui, mais ça, c’est impossible par nature !

  • B Le Maire un des fossoyeurs de la France donne des cours ! il ferait mieux d’éviter certaines erreurs que pour l’instant il cumule.
    mais en est il seulement capable ,

  • deux citations Chateaubriand et Weber
    “Le plus grand malheur des hommes, c’est d’avoir des lois et un gouvernement. Tout gouvernement est un mal, tout gouvernement est un joug” (citation de Chateaubriand)
    – Weber : “Par politique, nous entendons l’ensemble des efforts fait en vue d’arriver au pouvoir ou d’influencer la répartition du pouvoir, entre les divers groupes au sein d’un Etat” (l’esprit du capitalisme)
    nous y sommes !

  • En matière de nuisibilité, les politiques atteignent ou dépassent toujours leurs objectifs. En tous les cas sauve qui peut , on tourne vraiment coco

  • Non mais là c’est vraiment du délire pur et simple !! si une telle idiotie est mise en place, il faut s’attendre a une fuite bien plus massive des entrepreneurs, jeunes, des talents etc… que celle constatée actuellement ! mais ou on va franchement ?

  • Un gouvernement français pro-entreprise : pire qu’une mauvaise plaisanterie, un oxymore !
    L’équipe gouvernementale en place a peur de virer 1 à 2 millions de fonctionnaires inutiles pour dégager des ressources financières conséquentes permettant d’irriguer les PME manufacturières en priorité.

  • Avec des débiles aussi doués que notre bobo socialo de président on va vers une cata de première!

  • Merci pour cet article édifiant sur la débilité voire le crétinisme de nos automates, fabriqués par l’ENA, et recrachant bêtement ce qu’ils ont « appris », sans l’ombre d’une réflexion adéquate à une situation donnée. Mais intégrer dans ces cervelles les termes « réfléchir ou réflexion », c’est leurs demander l’impossible !
    Il est préférable de s’abstenir de commenter « La dette va sans doute continuer d’augmenter dans les années à venir… C’est sain. » Pour la commune de Paris, a-t-on fait un concours de recrutement sur le thème : les plus abrutis, imbéciles et idiots seront les heureux gagnants embauchés dans les instances dirigeantes de la ville ?
    Il faudrait préciser à nos demeurés élyséens que si une entreprise réussit, c’est en premier grâce à l’énergie et au travail de son créateur, qui finance son projet, coordonne tant les contrats que leurs finalisations, les employés étant payés pour le travail fourni. En aucun cas, cette réalisation est un bien commun, même s’il y a actionnariat ce qui est une bonne chose, mais non une nouveauté. Il faudrait expliquer à Bruno-la-lumière que les « travailleurs » auraient beau s’épuiser dans l’entreprise, s’il n’y avait pas de patron qui engrange des contrats… ils seraient au chômage ! Est-ce si difficile à comprendre ?
    Il y a une chose qui m’agace prodigieusement, c’est l’utilisation systématique du terme « travailleur » pour les employés. A croire que les chefs d’entreprise se tournent les pouces. Cette interprétation éclaire l’idéologie socialo-bobo pure et dure dont nos politiques sont imbibés.
    Quant à « micron-cerveau » qui se cloque des airs en parlant « franglais » il est plus que ridicule. Dommage qu’en France le ridicule ne tue pas, car nous serions définitivement débarrassé de cette clique élyséenne malfaisante.

  • chaque jour nous apprenons …tout le reste c’est du bla bla ….donc aux prochaines élections. .il faut les virer!!! qu’ils retournent bosser…ces incapables !!!

  • BLM est une grosse *****. Quand on n’a jamais servi un client de sa vie, il ferait bien de la fermer.

  • C’est du communisme à peine déguisé…

  • Deux directives européennes, la 92/49 et la 92/96, ont été transposées « sur le papier », sous astreinte de 242 650 € par jour de retard, le 1er janvier 2003, mais ne sont toujours pas appliquées; essayez d’en débattre devant un juge français, il vous accueillera avec un affût quadruple de 12,7.
    (https://www.youtube.com/watch?time_continue=86&v=8BTC1zhzMbk).
    Or, 95,35 % des entreprises françaises ont moins de 10 salariés, elles « passent en dessous des radars » et supportent 62,2 % de charges:
    Tableau 46, page 75 : https://www.pwc.com/gx/en/paying-taxes/pdf/pwc_paying_taxes_2018_full_report.pdf
    Rapport Notat – Senard :
    https://brunodondero.files.wordpress.com/2018/03/entreprise_objet_interet_collectif_4.pdf
    Au 31 décembre 2015, page 97 :
    (a) entreprises de 0 salariés : 3 199 674 (72,86 %) cumul : (72,86 %)
    (b) entreprises de 1 à 9 salariés : 987 458 (22,49 %) cumul : (95,35 %)
    (c) entreprises de 10 à 49 salariés : 169 001 (3,85 %) cumul : (99,20 %)
    (d) entreprises de 50 à 249 salariés : 29 011 (0,66 %) cumul : (99,86 %)
    (e) entreprises de 250 salariés et plus : 6 215 (0,14 %) cumul : (100,00 %)
    total : 4 391 359 (100,00 %) cumul : (100,00 %)
    En clair, les auteurs ont consulté les organisations représentatives de (100,00 – 95,35), soit 4,65 % des entreprises françaises (CPME, MEDEF).
    Autrement dit, 95,35 % des entreprises sont ignorées, sauf pour les taxer à 62,2 % ; d’expérience, dans une fourchette de 85 à 90 %.
    Dernière année publiée, le Forbes 2009 : https://www.forbes.com/global/2009/0413/034-tax-misery-reform-index.html#4ede10b743b3
    A comparer avec Doing business (Singapour, 2 ; France, 31 ; Somalie, 190) : http://francais.doingbusiness.org/rankings
    Mais qui a-t’ on consulté (page 97) au titre des  » autres personnalités qualifiées  » ? Jacques ATTALI, Président du mouvement pour une économie positive.
    Bref, le type qui déclenche un cataclysme, chaque fois qu’on lui confie une responsabilité : http://www.claudereichman.com/articles/martoiamareenoire.htm
    Le type secondé par Blythe Masters : http://le-blog-finance.com/decideurs/blythe-masters-ange-noir-finance/
    Le type auteur de la fameuse « proposition 213 », aujourd’hui opportunément Alzheimer : http://www.liberationdelacroissance.fr/
    Le même type qui a fait imploser la justice française.
    En clair, si les 95,35 % d’entreprises françaises de moins de 10 salariés avaient accès à ces deux directives, elles transformeraient radicalement leur productivité, et deviendraient vite des ETI (entreprises de 50 à 249 salariés).
    Dès lors, au nombre de vos électeurs, voulez-vous 95,35 % des entreprises françaises ? C’est à vous, et à vous seul, de décider.

  • Pardon, je suis complètement HS, mais je viens d’essayer d’argumenter contre des gauchos. Je me suis à peine présentée (de droite anti étatiste) que je me suis pris la misère du monde sur le dos. C’est de notre faute (à qui ?) si l’Afrique est ce qu’elle est, oui oui.

    J’ai eu beau leur dire qu’en tant qu’handicapée je préfère qu’on reconnaisse mes qualités et mon intelligence minimum plutôt qu’on me prenne pour une huitre…

    Mais non, c’est plus facile pour eux de se croire plus généreux tout en rabaissant les gens qui ne pensent pas comme eux.

    C’était mon coup de gueule, merci !

  • Sur un courrier daté du 19 juin 2018, notre bien-aimé RSI (qui tente de se cacher sous le pseudo URSSAF Sécurité sociale des indépendants) m’informe :
    blabla, blabla, vos cotisations définitives, blabla, ce document est le seul que vous recevrez en 2018.
    Donc 2 documents définitifs en 2018…

    le 5, Revenus professionnels non salariés = 22 374 € (salaud de patron) et donc cotisations (définitives) = 10 352 € (salaud de riche, tiens, prends tes 12k€ et casse-toi pov’con. Soit 862 € nets par mois soit… la moitié du salaire d’un gars que j’emploie. Et j’en ai 5)

    le 19, Revenus professionnels non salariés = 25 086 € (salaud de patron) et donc cotisations (définitives) = 10 763 € (salaud de riche, tiens, prends tes 14k€ et casse-toi pov’con. Soit 1200 € nets par mois soit désormais 75% du salaire d’un gars que j’emploie.
    Pour disons, 60 heures par semaine (moi, hein, pas les gars que j’emploie).
    C’est combien le salaire de Mr Grégoire ?
    Bon maintenant, faut que je vous laisse, je dois m’occuper du rôle sociétale de mon entreprise.
    Ah non, j’ai déjà le RGPD à faire.

  • Salaud de patron riche, maintenant tu vas en plus partager avec tes salariés quand tout va bien (quand tout ira mal tu te débrouilleras tout seul car tu auras mal géré)
    C’est de l’humour bien sûr !

  • Les commentaires sont fermés.

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