Inégalités : le modèle social français ou l’égalité dans la pauvreté

L’INSEE a publié son édition 2018 Les revenus et le patrimoine des ménages. Cette édition montre clairement une chose : les inégalités ne sont pas le problème en France.

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Inégalités : le modèle social français ou l’égalité dans la pauvreté

Publié le 12 juin 2018
- A +

Par Vladimir Vodarevski.

Cocorico, les indicateurs d’inégalité sont stables ou en légère hausse en 2015, et stables depuis 2008. C’est l’INSEE qui le dit dans son édition 2018 Les revenus et le patrimoine des ménages. L’institut souligne que la France est le bon élève de l’Europe. Je cite :

En 2015, comme en 2014, les inégalités restent stables, à un niveau proche de celui de 2008

[…]

Grâce au repli observé entre 2001 et 2013, l’indice de gini a, selon SILC [référentiel harmonisé au niveau européen de mesures des revenus], un peu diminué en France entre 2008 et 2015 (-0,006 points) et a légèrement augmenté dans l’ensemble de l’µUnion Européenne (+0,002).

Satisfecit donc : les inégalités ont baissé en France, tandis qu’elles ont augmenté ailleurs en Europe. On admirera au passage la précision des statistiques, à trois chiffres après la virgule.

Chute du PIB par habitant

Sauf que l’essentiel est ailleurs. L’essentiel réside dans le début de l’étude, avec un graphique bien rare : un graphique qui montre non seulement l’évolution du revenu médian depuis 1996, mais aussi, et surtout, celui du PIB par unité de consommation.

Ce dernier graphique est rare. On ne trouve pas sur le site de l’INSEE le PIB par habitant. Je ne l’ai pas trouvé. Il y est peut-être, mais bien caché. On peut le retrouver sur Eurostat, mais en parité de pouvoir d’achat. Ce sont des chiffres trop travaillés quand on cherche à retrouver l’évolution. Ici, nous n’avons pas le PIB par habitant, mais par unité de consommation. Selon la définition de l’INSEE :

Les dépenses d’un ménage de plusieurs personnes ne sont pas strictement proportionnelles au nombre de personnes, grâce aux économies d’échelle issues de la mise en commun de certains biens. Aussi, pour comparer les niveaux de vie de personnes vivant dans des ménages de taille ou de composition différente, on utilise une mesure du revenu par unité de consommation, à l’aide d’une échelle d’équivalence. L’échelle la plus utilisée actuellement (dite de l’« OCDE modifiée ») consiste à décompter 1 unité de consommation (UC) pour le premier adulte du ménage, puis 0,5 UC pour les autres personnes de 14 ans ou plus, et 0,3 UC pour les enfants de moins de 14 ans.

On remarquera que le PIB par unité de consommation est supérieur au PIB par habitant. En effet, pour le calcul du PIB par habitant, chaque individu compte pour 1. Pour le PIB par unité de consommation, un individu peut compter pour moins que 1. Voici le graphique :

On remarque donc que le PIB par unité de consommation n’est pas revenu au niveau de 2008. Et que, compte tenu de la construction de cet indice, c’est encore pire pour le PIB par habitant. On remarque également que le revenu médian suit l’évolution du PIB par unité de consommation. Le revenu médian sépare la population en deux parties. Il y a 50 % de la population qui touche un revenu supérieur au revenu médian, et 50 % qui touche un revenu inférieur au revenu médian. On peut donc dire que la population française s’est appauvrie depuis 2008. Le cocorico peut donc paraître quelque peu déplacé.

On soulignera au passage à nouveau l’inanité du concept de pauvreté monétaire. Celle-ci est calculée en fonction du revenu médian. Elle correspond à 50 % ou 60 % du revenu médian selon les présentations. Ce qui signifie que si le revenu médian baisse, que la population s’appauvrit, la pauvreté monétaire peut diminuer ! On ne comprend pas que cet indicateur soit encore utilisé.

L’égalité dans la pauvreté

La France n’a pas un problème d’inégalité. Mais un problème de création de richesse. La politique de relance keynésienne par les déficits, et d’interventionnisme n’a pas permis de surmonter la crise. Mais la France veut-elle l’amélioration des conditions de vie ? Ne préférerait-elle pas l’égalité dans la pauvreté ?

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  • Oui l’Etat français et ses « clients » préfèrent la pauvreté pour tous mais une pauvreté toute relative pour ses grands commis qui aujourd’hui dirigent la pays sans intermédiaires politiques réels ou même fictifs.

  • J’adore les -0,006 et +0,002! en fait ça veut dire 0 ! et dire qu’on paye des gens pour pondre des chiffres bidons et qu’on en paye d’autres pour en tirer des conclusions tout aussi bidons…

  • Ces données sont à mettre en rapport avec l’évolution du smic depuis 1996.

    • @Je suis libérale
      Bonsoir,
      J’ai fait un petit calcul cet après-midi, mais à partir de 1997 et jusqu’à 2017 :
      – Le SMIC a augmenté d’environ 48,44% dans cette période (à 997€ en 1997 ; 1480€ en 2017) ;
      – Les ponctions sur le seul smic ont augmenté de 54,46% (213€ de prélèvements en 1997 ; 329€ en 2017) ;
      – un smicard qui n’aurait pas progressé autrement que par l’augmentation de son salaire, a « redistribué » 66.876€ à l’Etat de 1997 à 2017.
      (« http://france-inflation.com/smic.php » pour les données)

  • Mais la France veut-elle l’amélioration des conditions de vie ?

    Mais nos polytocards s’en moquent. Ils préfèrent rester au pouvoir, là ou le niveau de vie est excellent, et la retraite bien grassouillette sans efforts. Quitte à utiliser des indicateurs bidons pour convaincre qu’ils ont raison.

  • Et encore, ils ne nous ont pas gratifié d’une mesure de « bonheur national brut » ou autre foutaise du même genre 😉

    Nul doute que lorsque la chute du revenu réel par habitant deviendra trop visible, ils vont nous inventer de nouveaux indicateurs bidons pour nous expliquer, qu’en fait, si, tout va mieux !

    Je verrais bien par exemple un indice de « diversité », un autre « d’égalité homme-femme », et un troisième de « dynamisme migratoire »… nul doute que sur ces critères, le bonheur en France sera à son comble !

  • La situation est encore pire que le graphique ne le laisse apparaître. En effet, les taxes ont progressé plus rapidement que le niveau de vie depuis 1995, multiples prélèvements invisibles car retirés après coup des revenus utilisés dans le calcul. Au total, c’est bien une régression du niveau de vie réel des Français qu’il faut constater depuis le milieu des années 90, une fois la spoliation déduite. C’est à ce moment, après avoir fait illusion durant une cinquantaine d’années, que le système social(iste) français est passé du mauvais côté de la courbe de Laffer.

    Sans surprise, l’Etat obèse appauvrit les Français. Comment pourrait-il en être autrement puisque son action se résume à celle d’un parasite ? Aujourd’hui, l’Etat obèse n’a plus le choix et se trouve contraint pour survivre d’exclure de ses largesses artificielles de plus en plus de Français. Quand le nombre d’exclus dépassera significativement le nombre des derniers profiteurs cantonnés aux cercles les plus proches du pouvoir, l’histoire basculera.

    • oui, on s’en rend compte quand on sait comment est calculée la part des pouvoirs publics dans le PIB (avec les dépenses…)

    • D’accord avec votre conclusion à ceci près que la France est devenue une ineptocratie qui est suffisamment riche pour durer…
      Rappel : L’ineptocracie est un système de gouvernement où les moins capables de gouverner sont élus par les moins capables de produire et où les autres membres de la société les moins aptes à subvenir à eux-mêmes ou à réussir, sont récompensés par des biens et des services qui ont été payés par la confiscation de la richesse et du travail d’un nombre de producteurs en diminution continuelle. »
      « Les moins capables de produire » qui ont élu Pignouf 1er en 2012 et Macron en 2017 sont suffisamment nombreux pour assurer une réélection de la gauche en 2017: ce sont les fonctionnaires et assimilés, les immigrés, les assistés et les bobos. Le total tourne aujourd’hui autour de 50% des inscrits dans ce pays !!

      • Vous oubliez les retraités qui ont préféré la sodomie fiscale que l’ado attardé leur avait promis à celle de la grosse blonde de Neuilly.

    • Toute entrave à l’échange libre est un appauvrissement.

  • L’état sangsue aujourd’hui c’est 53% du PIB

    • Et non! L’État sangsue ou plutôt les dépenses publique c’est 57% du PIB et dites vous bien que ce chiffre est archi « travaillé » pour le minimiser…

  • arrêtez..avec ce genre de billet on va finir par croire que l’INSEE est un organe de propagande de l’Etat..^^

  • « Il est tout à fait insupportable de s’entendre ressasser depuis 50 ans par toute la bienpensance au pouvoir qu’il existe essentiellement des inégalités de revenus en France systématiquement mesurées et évaluées en euros ou en francs. Ça permet de masquer et d’évacuer la seule véritable inégalité qui sévit dans ce pays : celle entre le secteur public et le secteur privé.
    « Les fonctionnaires sont mieux payés, travaillent moins, sont plus souvent malades ou absents, bénéficient de plus d’avantages et de privilèges, partent à la retraite plus tôt avec de meilleures pensions et surtout détiennent durant toute leur vie un vrai trésor : la sécurité de l’emploi. Ce qui ne les empêche pas, bien entendu, de critiquer en permanence « les inégalités », alors qu’ils en sont les premiers bénéficiaires.
    La vraie inégalité sociale en France n’est pas entre les riches et les pauvres ou entre les hommes et les femmes, mais entre les fonctionnaires et les autres », source Le Point.

    • je croyais que les cadres du privé étaient mieux payés que dans le public..après ce sont tous es autres avantages qu’il faut mettre en avant.

  • @STF
    Ce n’est pas de ce sens là que j’ai posté mon message.

  • Les commentaires sont fermés.

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