La réduction des impôts implique une baisse de l’emploi public

Dans l’activité publique relevant des services, une bonne partie du coût de l’emploi public est due à la masse salariale, tout comme dans le secteur privé.

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La réduction des impôts implique une baisse de l’emploi public

Publié le 24 mai 2018
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Par Olivier Myard. 

Le coût salarial est d’autant plus élevé qu’il y a de très nombreux agents publics en France, l’un des taux d’emploi public les plus hauts de l’OCDE. Entrent dans cette catégorie les agents (fonctionnaires surtout, mais aussi contractuels) des trois fonctions publiques, d’État, hospitalière et territoriale, et les salariés des entreprises publiques.

Ces personnels sont protégés par des statuts aux avantages multiples, accordés à tous, même si certains se caractérisent par une productivité faible voire nulle.

Le nombre d’agents multiplié par les coûts des rémunérations et des avantages statutaires est une combinaison explosive.

Le choc de l’informatisation

Comme pour les entreprises, et ce depuis des décennies, l’informatisation et désormais la numérisation constituent des gisements importants de productivité, et donc de réduction d’effectifs. De très nombreuses tâches administratives peuvent être traitées de façon automatisées avec une rapidité et aussi une fiabilité bien meilleure, réduisant la nécessité de revenir en arrière, contrôler et refaire ce qui a déjà été fait.

Le nombre de démarches administratives qui peuvent s’effectuer en ligne se développe rapidement. Plus besoin de se déplacer, plus de perte de temps en attente. Les gains collectifs sont considérables, et montrent d’ailleurs que l’administration, pourtant facilement critiquée, est aussi capable de s’adapter et de se réformer.

Normalement, cela devrait se traduire par des besoins moindres d’agents publics même dans les pays riches et développés.

Les comparaisons internationales sont trompeuses. La lecture des statistiques peut donner l’impression que la France, somme toute, se situe dans une honnête moyenne européenne.

En pratique, notre pays est resté jusqu’à présent à l’écart des grandes tendances, réduction du nombre d’agents publics et recul – voire la disparition – des protections statutaires.

L’évolution des technologies permet de « faire plus avec moins », ainsi que tout un chacun peut le constater dans le secteur privé.

Il ne reste alors qu’une seule option aux politiques, confrontés à la nécessité impérieuse de réduire la dépense publique : dépendre des cohortes annuelles des départs en retraite des fonctionnaires, en n’en remplaçant qu’une partie.

Mais même ce choix politique, que l’on pourrait considérer comme neutre et indolore, pose problème.

L’opinion, lorsqu’elle entend parler de suppressions de postes d’agents publics, comprend licenciement de fonctionnaires, ce qui en France reste un gros mot.

Pour les fonctionnaires déjà en poste, donc non menacés, cela veut dire moins d’opportunités d’emplois publics pour leurs enfants et, à terme, en étant moins nombreux, moins de possibilités de nuisances par la grève, outil traditionnel de promotion d’intérêts catégoriels.

Au-delà de la masse salariale, une réduction du nombre des fonctionnaires entraîne d’autres économies. Moins de bureaucrates signifie moins de production de normes et de procédures administratives, et donc moins de complexité. Mais aussi moins d’invention de nouvelles taxes, cotisations, contributions, redevances, etc. et autres impôts. Et enfin, moins de contrôles tatillons.

Toutes ces activités et initiatives se traduisent mécaniquement par des surcoûts supportés par les créateurs de richesses.

Faire faire par des prestataires plutôt que faire par des fonctionnaires inamovibles

À terme, une réduction du nombre d’agents publics ne peut qu’être bénéfique pour l’économie (et donc ultérieurement pour les rentrées fiscales, mais cette fois-ci obtenues de façon vertueuse, du fait du dynamisme de l’économie et non de l’augmentation de la pression fiscale).

L’exercice serait facilité si l’État revoyait son rôle, en arrêtant de faire, tel un maître d’oeuvre, et en s’orientant vers le faire faire, comme un maître d’ouvrage, pour reprendre la terminologie de l’économiste Jean-Marc Daniel.

Réduire sensiblement le nombre des fonctionnaires permettrait de mieux rémunérer ceux qui resteraient, notamment les cadres supérieurs et dirigeants, notoirement sous-payés par rapport à leurs homologues du privé. Une amélioration sensible du traitement de ces catégories de hauts fonctionnaires limiterait les risques de corruption et les tentations de rejoindre le privé pour monnayer des carnets d’adresses.

Le risque en la matière est le potentiel conflit d’intérêt : se mettre au service d’une entreprise dont on régulait auparavant le secteur ou conseiller contre l’État, dont on connaît parfaitement les rouages, la culture, et le fonctionnement.

Aux régions de financer leur propre bureaucratie, si les électeurs y consentent

Les agents de la fonction publique territoriale sont recrutés de façon autonome par les mairies, les départements, les régions, etc. (le fameux millefeuilles territorial est un autre exemple de créativité bureaucratique ; les agents ayant des compétences à la fois superposées et croisées, seuls des experts peuvent s’y retrouver).

La Constitution prévoit que ces collectivités s’administrent librement. Sauf à réduire considérablement ses dotations, ce qu’il commence à faire d’ailleurs, l’État a peu de marge de manoeuvre pour forcer les communes et autres collectivités locales à réduire leurs effectifs. Ils sont souvent constitués en partie pour des motifs électoralistes : donner l’impression qu’on lutte localement contre le chômage, pour caser des battus du suffrage universel, pour récompenser des zélés serviteurs de campagnes électorales, etc.

Reste la fonction publique d’État, pour laquelle un plan de départ volontaire (horreur !) a été annoncé par le gouvernement en février. Cette annonce est complétée par la décision de recruter de plus en plus fréquemment de nouveaux collaborateurs sur contrats privés, hors statut historique, bien que celui-ci soit vénéré de façon quasi-religieuse par certains. Les Totems tomberont-ils ?

Une réduction des déficits publics sans hausse d’impôts ne peut se faire que si l’opinion réalise que les avantages d’une minorité de privilégiés sont financés par les sacrifices de la majorité. À défaut, c’est l’augmentation de la pression fiscale qui sera toujours à l’ordre du jour.

Pour plus d’informations, c’est ici

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  • Qu’il commence à appliquer ses préceptes à lui même, haut fonctionnaire international.
    Comme le montre le graphique, le poids des fonctionnaires n’est pas plus élevé qu’ailleurs. Et ce monsieur propose des choses qui sont appliqués depuis plus de 20 ans : baisse des dotations, non remplacement des agents, recours massif aux contractuels, informatisation (la dématérialisation est à un stade beaucoup plus avancé que dans les services privés, banque, assurances, mutuelles), gel des salaires (à tel point que le salaire d’un technicien en début de carrière est presque rattrapé par le smic et que certains concours peinent à recruter), la sous traitance quasi systématique.
    Si vous voulez réduire la dépense publique, commencez par réduire les strates politiques et les cabinets qu’ils entretiennent, mais aussi la redistribution via les niches fiscales et aides familiales, plutôt que de pointer des avantages qui n’en sont plus depuis longtemps. Tellement cliché.

    • Déni et ad hominem, ça paraît encore plus cliché !

    • Depuis 20 ans le pourcentage fonctionnaires/actifs a augmenté; 18.06% (2000) à 19.7%(2016) insee.
      En plus dans les actifs, on compte les chômeurs. Ainsi que les associations 1901 largement subventionnés.
      Tout va bien.

      • Oui, mais le nombre par habitant stagne. Or, le nombre de services à rendre, compte tenu du vieillissement de la population, augmente fortement. Et si vous voulez limiter le poids des administrations, les associations subventionnées (ou pas) devront prendre le relai, ce n’est donc pas un mal.

        • Pas de pot..
          Taux d’activite/pop 15-65 ans 62% (2000) 67.7%(2016) insee. surtout chez les 55-60 ans (+8.4%) par contre les jeunes travaillent moins. Et la population augmente (+10%).
          On note encore un énorme potentiel de réserve d’inactif, 1/3, auquel il faut ajouter les chômeurs 3M.
          J’aime votre argument des services aux personnes agées, vous êtes dans l’incapacité d’imaginer l’intervention de services privés marchands, vous savez, que vous payez avec vos sous que vous avez gagné honnêtement et non l’argent obtenu par la contrainte étatique (alias consentement à l’impot).

          Vous êtes définitivement incurable. La greffe du cerveau étatique a bien fonctionné chez vous.

          • Votre synapse fanatique anti etatique est puissant c’est sûre. Le secteur marchand fait son travail pour les vieux, mais il est des choses qu’il ne pourra pas prendre en charge. Pas rentable.

            • Si ce n’est pas rentable, c’est que l’allocation des ressources n’est pas optimal. À moins de vouloir jeter l’argent par les fenêtres, au détriment de l’intérêt général, il faut mieux ne pas ‘donner’ ces services.

    • ayant toujours travaillé dans le privé et actuellement travaillant dans une administration publique (en contractuel) je peux vous dire que les avantages sont légion….outre l’emploi à vie, des promotions tous les 2 ans, des avantages sur les mutuelles, les prêts, des réductions sur des produits de consommation ou des évenementiels, des congés bien plus importants…et le plus drôle des arrêts maladie à foison et plus d’agents en arrêt qu’actifs…excusez-moi le cliché est réel.

      • Si vous êtes contractuels, comme la plupart des recrutements actuellement, vous n’avez pas de promotion tous les 2 ans (d’ailleurs l’échelonnage est aussi valable pour un CDI dans le privé avec les conventions collectives).
        Vous avez 5 semaines de congès, et la mutuelle uniquement si vous êtes cadre A (comme dans le privé), le jour de carence a été rétabli. .
        Quand vous aurez passez le concours, vous gagnerez la sécurité de l’emploi. En contrepartie, vous perdrez la possibilité de négocier votre salaire, qui sera gelé, et serrez soumis aux astreintes engendrés par l’obligation de continuité de votre service.
        Et vous travaillerez jusqu’à la fin, car votre administration ne vous mettra pas en pré-retraite financé par pôle emploi à 58 ans…

        • quand on voit les avantages par rapport aux contraintes que vous citez franchement qui ne signerait pas? la retraite tardive quand on ne fout rien de ses journées franchement est ce une contrainte?…..personnellement j’y suis entré par hasard et j’ai pas vraiment envie de rester, quand on est habitué à travailler et qu’on arrive la dedans les journées sont longues et monotones…mais ça c’est mon avis, pas celui des fonctionnaires qui n’ont connu que ça. 😉

          • Et bien mois j’ai fait le chemin inverse, je gagne plus et j’ai la possibilité de m’arranger avec mes supérieurs pour mes vacances et mon emplois du temps plus souple. Je ne constate pas que ça bosse plus ou moins, votre cas est peut être différent. Le seul avantage dans la fp c’est la sécurité de l’emploi, mais franchement, quand on a un peu de qualif en France, il n’y a pas de problème pour trouver du travail.

      • Voyez vous j’ai travaillé dans des hôpitaux publics et cliniques privées toute ma vie, s’il a pu l’être un jour, je ne trouve plus le statut de fonctionnaire particulièrement envieux.

  • Quand on voit qu’il manque du personnel dans la police/gendarmerie, la justice (greffiers, magitrats, prisons), et dans les hopitaux…
    Est-ce qu’on ne peut tout simplement pas retirer les fonctionnaires des services inutiles, et les réaffecter dans les services régaliens importants ?

  • « Les comparaisons internationales sont trompeuses. La lecture des statistiques peut donner l’impression que la France, somme toute, se situe dans une honnête moyenne européenne. »
    En lisant cette affirmation, je salivais déjà. Chic, j’allais savoir pourquoi les apparences sont trompeuses !
    J’attends toujours la démonstration…
    Que d’la gueule !

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