3 raisons pour lesquelles je ne suis pas convaincu par Macron

Bien sûr, Emmanuel Macron et son gouvernement ont pris des mesures positives. Mais leur ligne directrice est celle d’un État omnipotent, le problème majeur de la France.

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Emmanuel Macron by La Mutualité française(CC BY-NC-ND 2.0)

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3 raisons pour lesquelles je ne suis pas convaincu par Macron

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 7 mai 2018
- A +

Par Patrick Coquart.

Dans les dîners en ville, on me regarde avec stupéfaction quand je déclare ne pas être macroniste. En général, on comprend par là que je suis dubitatif face aux réformes en cours.

1. La réforme ne va pas au fond des choses

Mes interlocuteurs tentent alors de me convaincre avec des arguments qui ne sont pas tous à rejeter. Le principal est que le pays est désormais dirigé par une véritable équipe réformatrice. L’agenda du Conseil des ministres et du Parlement le prouve : les projets de loi sont nombreux et sont en train de transformer la France en profondeur. Le Président de la République et le gouvernement font ce que personne n’avait osé faire avant eux, y compris à droite.

Je réponds qu’il est vrai que la volonté réformatrice est bien affichée. Mais n’y a-t-il pas beaucoup de poudre aux yeux ? Car, quand on y regarde d’un peu plus près, on se rend compte qu’aucune réforme ne va véritablement au fond des choses. On avance par petits pas plutôt que de tenter une transformation en profondeur. Toutes les lois votées sont de cet acabit. Ce qui signifie qu’il faudra sans cesse revenir sur tous les sujets pour avancer. Il n’y aura donc jamais de répit dans la transformation, et les Français vont forcément se lasser.

2. Macron ne s’attaque pas au déficit public

Enfin, j’estime que le pouvoir ne s’est pas encore attaqué aux plus importants problèmes français : les déficits publics, la dette et la pression fiscale. Sur ces trois points, il n’y a pas le début d’un commencement d’actions.

On me rétorque alors que le Président de la République et les ministres ne peuvent pas tout faire à la fois, et qu’il faut être patient. Mes interlocuteurs embrayent ensuite sur leur deuxième argument : Macron sait y faire. Certes, la rue bronche un peu. Mais l’opposition des syndicats n’a pas empêché l’adoption des ordonnances. Et il est peu probable que la CGT réussisse à faire capoter la réforme de la SNCF. Bref, le Président est en train de réussir et les Français approuvent massivement son action.

Je reconnais que la « méthode » Macron semble être efficace. Il faut reconnaître que les ordonnances réformant le Code du travail, par exemple, ont été adoptées sans véritable opposition. De même, j’aurais préféré que l’ISF soit supprimé plutôt que d’être transformé en IFI, mais si c’est une étape avant la suppression complète de l’impôt sur la fortune, pourquoi pas ? Ce serait même très malin.

Mais est-ce dans l’intention du Président de la République ? Veut-il vraiment aller plus loin ? La « méthode » Macron n’est-elle pas avant tout de la communication ? Il annonce de grandes réformes, qui s’avèrent ne pas être si « révolutionnaires » que cela. On en revient au premier point.

3. Macron n’est pas libéral mais étatiste

Mes interlocuteurs me trouvent à ce moment là de très mauvaise foi. En effet, on ne peut, selon eux, reprocher à Macron de ne pas faire ce qu’il n’a pas promis. Car – c’est le dernier argument, et non le moindre – le Président de la République est en train de tenir les promesses du candidat Macron. C’est d’ailleurs par là qu’il rénove de fond en comble la politique française. Il prend l’exact contrepied de ses prédécesseurs qui n’ont été que de reculades en renoncements.

Cette fois, je suis entièrement d’accord avec mes contradicteurs. Ils ont raison : Macron essaie – je dis bien « essaie » car il n’y réussit pas toujours – de tenir ses promesses. D’ailleurs, j’étais persuadé de cela dès le début de la campagne électorale de 2017. Et c’est pour cette seule raison que je n’ai pas voté pour lui, ni au premier tour, ni au second tour. Même si je précise que je n’ai pas non plus donné mon vote à Marine Le Pen, mes interlocuteurs ont un mouvement de recul. Non seulement je deviens l’incarnation du diable, mais, en plus, je tiens des propos incohérents.

Leur capacité d’écoute est désormais très amoindrie, mais je tente tout de même de développer mon argumentation. Je leur explique que, contrairement à la plupart d’entre eux, j’ai lu les programmes et les écrits de tous les candidats à l’élection présidentielle, que j’ai écouté leurs discours et leurs interviews. Et s’agissant d’Emmanuel Macron, qu’ai-je découvert ? Qu’il était un étatiste pur jus, c’est-à-dire, en gros, un social-démocrate, et sûrement pas un libéral.

Qu’a-t-il dit ou écrit pendant la campagne électorale ? Que l’État, en France, a toujours « vocation à jouer un rôle central. Ce rôle devra même être renforcé car dans de nombreux domaines, il faut plus d’État ». Et davantage d’État pour quoi faire ? Pour protéger les Français. En clair, le programme est donc de renforcer l’État-providence.

Le candidat Macron faisait fi des corps intermédiaires et de la société civile, de la déconcentration et de la décentralisation. Le pouvoir – son pouvoir, forcément éclairé – ne peut être que jacobin pour ne pas dire « énarchique ».

Et les promesses électorales que le Président de la République tente de tenir le démontrent tous les jours :

  • le plan d’investissement étatique de 57 milliards d’euros ;
  • la suppression du RSI pour le fondre dans la Sécurité sociale qui est, comme chacun le sait, un modèle de gestion transparente et efficace ;
  • la suppression des organismes collecteurs de la formation (OPCA) et leur remplacement par l’Urssaf, un « machin » qui ne cause aucun tracas aux entreprises ;
  • la nationalisation de l’assurance-chômage ;
  • la construction de logements, forcément publics puisque, par ailleurs, on taxe à tout-va les propriétaires immobiliers ;
  • la suppression de 80 % de la taxe d’habitation qui va rendre les collectivités locales encore plus dépendantes du budget de l’État, etc.

Même l’interdiction des téléphones portables à l’école est une mesure imposée par le Président et le ministre de l’Éducation, et non pas décidée par les chefs d’établissements dont, par ailleurs, on prétend renforcer l’autonomie.

Bien sûr, Emmanuel Macron et son gouvernement ont pris des mesures positives, et nous espérons qu’ils pourront en faire adopter d’autres. Mais leur ligne directrice est celle d’un État omnipotent et omniscient dirigé par une classe de « sachants ». Et c’est précisément LE problème français depuis bien trop longtemps.

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  • Etat omnipotent, cela n’est pas nouveau en France mais hgélas l’excès de l’omnipotence à la sauce Macron devient plutôt une dictature.

    • Mouais l’investissement sent bon le capitalisme de connivence (qui n’est pas forcément mauvais, après tout pourquoi pas si c’est honnêtement distribué) mais en revanche vous parlez de dictature :

      Enfait vous me semblez faire une vue de l’esprit, la France des années avant était bien plus libre pourtant c’était une économie mixte. Aujourd’hui qu’elle va vers plus de libéralisme économique, parallèlement elle diminue les libertés (cf état d’urgence dans le droit commun, liberté de la presse menacé par le secret des affaires)

      Bref, un état libéral – c’est à dire au service des multinationales (en pratique) ou des multimilliardaires – est parfaitement compatible avec un état autoritaire.

      • Libéralisme économique est un non-sens; le libéralisme est une application totale de la liberté.
        Y ajouter un adjectif comme ‘économique’ est une perversion de l’esprit, comme l’est la justice ‘sociale’; il ne peut y avoir qu’une justice, un libéralisme !
        Ce libéralisme ‘économique’ en réalité capitalisme de connivence, permet à une élite adoubée par l’ogre étatique de disposer à sa guise d’un bétail humain standardisé, répertorié et parqué dans une illusoire liberté qui n’est autre qu’un décor peint.
        Et je ne parle pas du libéralisme ‘sauvage’, chiffon rouge agité par les collectivistes et les pillards tel un croquemitaine devant les yeux des citoyens infantilisés et affaiblis par la coercition…

  • que va t il nous laisser?
    une France a la traîne, nous sommes déjà la risée d’une grande partie de la planète et ses voyages ininterrompus n’y changeront rien.notre industrie lourde est a l’agonie, les reformes de structures obligatoires dans les tiroirs.aucune decision drastique de prises, les sociétés nationalisées en déficit constant a la charge du contribuable, pour lesquelles rien n’est decidé; la parole est une chose l’action une autre ; la voila la république en marche ……arrière !

  • Le plus surprenant et remarquable chez Macron est d’avoir deviné l’existence de tous ces interlocuteurs de vos dîners en ville et qu’un tel soutien pouvait lui donner le pouvoir. Pourtant, comment peut-on se laisser berner par la com à ce point ?

  • Quand je le compare à ses prédécesseurs, je suis enchanté de Macron : il fait ce qu’il a dit et il tient bon (pour le moment). Quand je le considère, je constate moi aussi qu’il est étatiste et jacobin et que ce n’est pas lui qui régionalisera la France afin de nous donner la politique « à la Suisse » de mes rêves !
    Néanmoins, je crois que lorsque la SNCF aura des concurrents, une réforme énorme et primordiale aura été accomplie ?

    • cela fait plusieurs années (pour ne pas dire décennies) que la réglementation européenne impose la concurrence dans le ferroviaire… Et ce n’est toujours pas le cas en pratique (à peine pour le fret)… donc wait and see ! Je ne suis pas sûr que les choses changent rapidement.

    • Lorsque la SNCF aura des concurrents, c’est un futur trop lointain pour que quelque chose ne foire pas d’ici là.

      • Que la SNCF ait ou non des concurrents cela ne changera rien au prix du rail. Je rappel que le prix du rail en France (état pas bien) et outre manche (privé bien) est du même ordre de grandeur (à savoir 50 milliards). Il est rappelé que ce prix est négligeable devant le prix des routes.

        Cela relève plus de l’idéologie que d’un réel bénéfice attendu.

        Par ailleurs, je rappel que la SNCF via sa filiale kéolis, exploite bcp de ligne outre-manche (privé bien) ou même en Allemagne donc elle est pas si nul que cela j’imagine…

        • Le prix du rail est excessif parce que la SNCF décourage en pratique les Français de prendre le train et conduit donc à amortir ce coût sur un faible nombre de passagers-km. La SNCF et sa politique commerciale et sa gréviculture et sa retardiphilie sont mauvaises. Pas la peine de comparer avec les routes. Et ça n’est pas très subtil de pointer le rôle des cheminots français en parlant des succès de la SNCF à l’étranger…

          • Les succès de la SNCF à l’étranger se font via des entreprises filles de statut entièrement privé avec des salariés classiques (càd non fonctionnaires) et un mode de gestion d’entreprise privées soumis à concurrence. Tout ce que n’est pas la SNCF sur le territoire français justement.
            C’est l’exemple même qu’une gestion entièrement privé du rail peut réussir et être efficace. Et cet exemple vient de la SNCF elle-même!
            Vous remarquerez que nos médias « aux ordres » ont très peu fait de publicité à ces contre-exemples fragrants au discours syndical habituel de « casse du service publique ». Cela ne collerait pas au discours victimaire de nos syndicats.

    • « je crois que lorsque la SNCF aura des concurrents »

      Elle fera faillite instantanément. Après Air France 🙁

      Là, on sera soulagés …

  • La classe des « sachants », soit des experts certes instruits mais dans un moule unique réutilisé dans tous les domaines (économie, sécurité routière, réforme Sncf etc). Intelligents certes mais tellement formatés qu’ils ne peuvent prendre le temps d’auto-contester leurs visions ancrées par le système des grandes écoles.

    • Le système des grandes écoles n’ancre pas de visions, il construit des copinages et enseigne des méthodes, lesquelles marchent bien mieux pour prendre et conserver le pouvoir que des visions. Aux électeurs de s’intéresser aux visions, ce serait peut-être le chemin du progrès !

    • Quand on est incapable d’analyser une situation et de prendre les mesures nécessaires, on n’est PAS intelligent, car c’est ce qui distingue cette qualité!

  • Des mesures oui, mais pas les vitales pour le pays, des mesurettes qui ne changent pas grand chose pour l’économie, et donc pour réduire le chômage et la pauvreté!

    • c’est clair..Macron est plus enclin à lustrer son image et faire croire qu’il réforme en profondeur 7 jours sur 7…il ne fait rien du tout pour minimiser le rôle de l’Etat dans la société et baisser les impôts.

  • Ce n’est que lorsque les taux d’intérêt remonteront que nos dirigeants découvriront la nocivité des déficits et de la dette. Le plus tôt sera le mieux.

    • La gauche française est la plus débile de l’univers. Elle a créé Pol Pot et Ho Chi Min, encensé Mao et vénéré Staline comme un dieu. Il n’y aura aucun sursaut.

  • * Macron est 1 étatiste mais surtout 1 étatiste européen qui nous pousse vers 1 gouvernance UE qu’il appelle de ses voeux ! « Comme l’indique La Tribune : « E.Macron souhaite la finalisation dès que possible de l’Union bancaire ( banques too big to fail ce qui ne veut pas dire assurance tout risque ) , un projet de gestion commune des faillites des banques, afin de tirer les enseignements de la crise de la dette en zone euro. ». tous les comptes seraient impactés en cas de grave crise bancaire, même les plus modestes, comme nous l’avons montré à propos de la directive BRRD, qui légalise et organise la ponction des comptes des épargnants. Quant à l’assurance-vie, elle peut être bloquée en vertu de la loi Sapin 2…
    Un hypothétique fonds de garantie étendu ( caisse de péréquation financé par l’Allemagne que le FMI souhaite ) à l’échelle de l’Europe sera toujours trop petit face à une crise financière, et ce procédé collectiviste déresponsabilise les états-majors bancaires et les dirigeants politiques… https://olivierdemeulenaere.wordpress.com/2018/05/03/union-bancaire-avance-garantie-des-depots-chacun-pour-soi-ph-herlin/#comment-51762
    * On sent bien qu’il joue aux apprentis sorciers et la situation des banques UE doivent être pires que ce qu’on l’on pressent ?! Les déséquilibres atteignent maintenant 900 milliards d’euros en faveur de l’Allemagne ne consent pas à éponger les Dettes des autres Pays : http://la-chronique-agora.com/zone-euro-union-bancaire/

  • fermer Air France
    fermer la SNCF
    Ça fera des sous pour tenir quelques années de plus avant la chute.
    47 milliards en pension de retraite ça fait quoi en plus?

    • vous oubliez ENEDIS (anciennement EDF) qui tient le réseau électrique et Orange qui tient le réseau filaire et téléphonique

  • à cyde, vous dites entreprise privé qui réussissent et sans sudventions?? j’en doute ..quand vous dites filiale SNCF..elles dépende de la SNCF dans le bilan global..?? c’est-à-dire un jeu d’écriture !!!

  • Macron, bientôt M le Maudit, applique la vielle recette étatique bien connue : tout changer en apparence pour que surtout rien ne change au fond.

    • Il n’y a pas plus réactionnaire qu’un communiste. C’est également valable pour l’ado attardé socialiste qui se prend pour un chef.

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