L’échec, la clé du succès dont l’État nous prive

Le principal argument en faveur de la privatisation n’est pas la réussite du privé, mais son échec.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Pas de perdant by Frédéric BISSON (CC BY 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

L’échec, la clé du succès dont l’État nous prive

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 30 avril 2018
- A +

Les entreprises privées peuvent être de grandes réussites. Il y a les succès fulgurants et les réussites durables ; les success-stories au coin de la rue et les leaders mondiaux ; les réputations auxquelles on ne faillit pas et les transformations réussies.

Mais le principal avantage des entreprises privées, c’est qu’elles échouent. Les entreprises privées peuvent devenir obsolètes ou inefficientes, ne pas s’adapter aux mutations et innovations, avoir un mauvais service client, recruter les mauvaises personnes ou laisser partir des compétences indispensables. Elles peuvent avoir une croissance trop rapide ou trop lente. Elles peuvent laisser filer leurs coûts ou chercher à trop les réduire. Elles peuvent mal allouer leurs ressources, sous-investir ou surinvestir.

Non seulement elles peuvent échouer, mais elles peuvent échouer lamentablement. Au terme d’une longue agonie ou à la surprise générale, les entreprises privées peuvent disparaître – laissant la place à des concurrents qui, pour réussir, devront faire mieux.

C’est de cela qu’est fait le progrès. La concurrence nous permet de choisir et bénéficier du meilleur produit, du meilleur service, de la meilleure gestion, de la meilleure organisation… C’est vrai sur le long terme, mais c’est un phénomène observable à l’oeil nu : les pionniers de la téléphonie ont été remplacés en quelques années à peine, des start-ups prometteuses ont fermé boutique quelques mois après leur lancement

Le problème de l’État, c’est qu’il échoue rarement. Ça ne veut pas dire qu’il fait mieux que le privé, loin de là ; ça veut simplement dire que quand il sous-performe, il peut continuer à vivre comme un zombie aussi longtemps qu’il pourra se nourrir de l’argent du contribuable, de sa sueur et de son sang. Il peut se planter aussi longtemps qu’il veut ; il n’a pas de concurrents, ses ressources ne sont limitées que par sa capacité à pomper celles des autres.

Pire : l’État peut aussi maintenir en activité des entreprises privées qui auraient dû échouer. Il peut maintenir sous perfusion des industries entières qui n’auront alors aucune incitation à s’améliorer, financer et subventionner des projets voués à l’échec, acheter des produits qui sont loin d’être les meilleurs disponibles sur leur marché, les acheter bien trop cher…

La médiocrité adossée à la puissance publique peut durer indéfiniment et handicaper durablement l’économie, qui traîne comme un boulet le poids de l’inefficience non corrigée. Sans la possibilité d’échouer, sans crainte de la concurrence, il y a peu d’incitation à s’améliorer.

Il y a aussi peu d’incitation à améliorer la qualité de service globale, au-delà des activités principales de l’entreprise. La RATP refuse encore de partager ses données de trafic en temps réel avec les applications de transport tierces, empêchant les meilleures applications d’offrir la meilleure information aux usagers.

Outre leur manque d’incitation à s’améliorer, les entreprises publiques ont tendance à user et abuser de leur situation. L’État français est un actionnaire très gourmand, mais il fait porter « sa » générosité avec les salariés des entreprises publiques par les contribuables. Il va par exemple renflouer EDF – 3 milliards d’euros tout de même – et c’est donc le contribuable qui va supporter le coût de la mauvaise gestion, en plus des coûts exorbitants et des avantages colossaux des salariés.

L’échec est un assainissement. Le renflouement des banques en 2009 a sans doute évité des turbulences à court terme, mais il n’a résolu aucun problème ; il les a repoussés, et sans doute amplifiés. On peut s’exciter sur des chiffres après la virgule, mais il faut se rendre à l’évidence : la croissance n’est pas là, les marchés financiers sont dans une situation qui n’a pas grand chose de sain ; la crise, brutale ou insupportablement durable, aura bien lieu.

L’échec permet aux individus d’apprendre et à la société de progresser. Éviter l’échec, c’est en réalité empêcher la réussite, et freiner le progrès.

A lire aussi, les vertus de l’échec, par Charles Pépin

Article initialement publié en avril 2016.

À lire aussi :

Voir les commentaires (36)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (36)
  • en fait , non .. l’état échoue souvent ( tout le temps ? ) , mais le problème c’est qu’il n’en meurt jamais et ne peut donc pas apprendre et s’améliorer.

  • Bel article, concis, rien à ajouter.

  • Oui, bel article, merci et bravo !

  • On appelait ce genre d’économie le communisme. On privilégiait le planisme, les quotas. Les seuls trucs qui marchaient bien étaient l’aérospatiale et tout ce qui touchait à l’armement car le Kamarad y était plus égal que les autres.

    • L’URSS a été la première a envoyé un truc en orbite. #fautlsavoirhein

      • je rappel la méthode pour calculer la vitesse de libération de la terre :
        Em = 0

        1/2mv^2 = GMaMb/d

        Mav^2 = 2GMaMt/d
        v = sqrt(2GMaMt/Mad)
        v= sqrt(2GMt/d).

        Car n’oublions pas que seul la science, en permettant de transformer de l’énergie déjà présente sur terre, a permis de faire cela plus qu’aucune idéologie économique.

        Démonstration : lorsqu’on ne transformait pas l’énergie, la croissance était nulle. C’est la capacité à transformer l’énergie qui compte.

        Problématique : si le facteur limitant est la quantité d’énergie alors peu importe notre capacité à la transformer, il y aurait des problèmes pour augmenter les richesses.

  • En plus de bloquer la « sélection naturelle », dans les entreprises administrées par l’état, on ne reconnait jamais d’erreur : on parle juste de dysfonctionnements – qui ont tendance à devenir le lot commun de tous les projets. Façon de dire qu’il n’y a pas de responsable, encore moins de coupable, qu’il est hors de question de revenir en arrière ou d’arrêter les gabegies. Comme on n’apprend que de ses erreurs, ce n’est pas demain que l’état mettra au point le fil à couper le beurre. (Et ils veulent faire du « numérique » – LOL).

  • Excellent article. Le seul mode de « régulation » du capitalisme, c’est la faillite.

  • La « destruction créatrice », LE truc qu’il manque à l’état.
    Excellent article.

  • Bel hommage à Joseph Schumpeter! Merci

  • Darwin n’aurait pas dit mieux. La sélection naturelle force l’amélioration des espèces. L’État y échappe grâce au parasitisme, toutefois un parasite meure avec l’organisme aux dépens duquel il vit.

  • Rien de tel que la «pédagogie de l’échec» pour forger le caractère.
    Cent fois sur le métier, ton ouvrage tu replaceras.

  • Quel plaisir de lire des vérités qui appellent au bons sens. Bravo à l’auteur.

  • Bonsoir à toutes et à tous,
    Bravo !
    Et pour maintenir en vie des structures et des organisations totalement inefficaces, l’Etat a même inventé la « valeur-travail » : un fonctionnaire est réputé produire le PIB correspondant à son traitement, quoi qu’il produise réellement. C’est désagréable pour les fonctionnaires (leur valeur ajoutée personnelle est reconnue égale à zéro …) et désastreux pour le contribuable : toute tentative de supprimer un job qui ne sert à rien se traduit immédiatement par une baisse du PIB …
    Amitiés,
    Pierre T.

    • aux libéraux de théoriser l’idée de pib virtuel dans lequel on mettrait les jobs qui ne servent à rien, ceux des fonctionnaires dont vous parlez.
      on aurait ainsi le pib total, qui serait l’addition du pib réel et du pib virtuel, il faudrait alors expliquer que seul le pib réel est important et que pour revenir à une vérité et une sincérité des statistiques, il faut réduire le plus possible le pib virtuel et qu’une baisse du pib virtuel n’est pas une perte puisqu’il n’est que virtuel.

  • Malheureusement, les Français ont manqué le coche, le seul qui sortait du lot et qui avait un peu plus de bon sens était Fillon. Disparu de la scène politique il ne reste que les escrocs, opportunistes et incompétents et ce pour de longues années encore. A regarder de près l’image des politiques il n’y a personne qui sort du lot et les prochaines Présidentielles dont les échéances sont trop courtes ne seront pas différentes des 3 dernières et ce sera encore un Président élu par défaut et par une petite minorité de Français. Un élu national ou local mis en place par 20 à 25 % des électeurs inscrits parfois moins n’est pas représentatif et n’est pas digne d’une démocratie. Ce sera une fois de plus le sort des prochaines Présidentielles. Pauvre pays France avec ces guignols prétentieux au point de vouloir nettoyer le monde et se croyant au-dessus du lot !

  • Cet article comporte une certaine part de vérités. Mais il relève d’une classique rhétorique de l’Etat-bashing qui fleure à plein nez des intérêts partisans de groupes de pression. Ces groupes financiers oublient de mentionner qu’ils s’enrichissent grâce aux services (infrastructures, éducation, sécurité, justice, etc.) et aux marchés publics mis en place par l’Etat. On s’indigne des prétendus avantages des agents de la SNCF ou d’EDF sans mentionner des salaires exorbitants dans les banques, par exemple. Ils oublient de souligner que 40% de nos impôts, servent à payer les intérêts de la dette contractée par l’Etat auprès des banques privées. Et en plus ils cherchent à ne pas payer d’impôts.

    • Le bashing de l’état sur un site libéral , ca me semble plutôt normal..
      « Ces groupes financiers oublient de mentionner qu’ils s’enrichissent grâce aux services (infrastructures, éducation, sécurité, justice, etc.) et aux marchés publics mis en place par l’Etat. »
      Oui ca tombe bien de dénoncer ca, car c’est trop souvent du capitalisme de connivence, chose contre laquelle les libéraux se battent.
      Et les salaires des banquiers regardent les banques, pas nous, ne mélangez pas ce que font le banques avec leur argent, et le fait qu’elles touchent les intérêts de la dette.

      Enfin rappelez vous que certain d’entre nous (comme moi) sont pour la disparition complete de l’état, ce qui réglerait de facto ce genre de problème.

      • +1
        « Ne demandez pas ce que l’État peut faire pour vous. Demandez ce que les hommes de l’État sont en train de vous faire. »
        D. Friedman

      • Et vive les maffias !

      • « Le bashing de l’état sur un site libéral ». Quand l’Etat réprime, le site libérale trouve l’Etat très attractif. J’ai l’impression que comme tout le monde, vous aimez que ce qui vous arrange (dans l’Etat mais ca marche pour tout d’ailleurs).

        En soi, rien de neuf sous le soleil.

        • La plupart des libéraux sont pour le renforcement de l’état dans ses missions régaliennes (police, justice, sécurité), et son éjection immédiate de tout le reste.

    • Les cheminots qui sont jaloux des salaires dans les banques peuvent s’y faire embaucher. Ils verront ce qui se passe quand on met son employeur en faillite…

    • L’Etat mets en place des services qui devraient épargner les impôts que paient les contribuables (notamment régalien et pour le reste, il serait bien venu qu’il fasse au mieux de l’inventivité – le peut-il? ). Car nous rappellerons que l’Etat n’a pas d’argent, il n’y a que les contributions qu’il prélève sur le peuple. Celui-ci en a t’il pour son argent?

    • Si vous trouvez les salaires des banquiers exorbitants, laissez les faire faillite avec le plus grand plaisir. Si ces TDC de l’état vous privent de ce petit plaisir, protestez ❗

  • Le socialisme est un dysgénisme, merci de le rappeler !

  •  » La RATP refuse encore de partager ses données »

    1) des entreprises privées qui refusent de partager leur données, il n’y en a pas une c’est souvent la majorité.
    2) Ce qu’elle refuse c’est qu’on utiliser gratuitement ses serveurs pour prendre les données.
    3) Les données de transports sont diffusées, sinon vos applications ne marcheraient pas.

  • melenchon a déclaré qu’il voulait des trains partout, à l’heure et pas cher…
    les usa

    • les usagers et leurs opinions?
      La sncf ne peut pas « échouer »..au sens de melenchon d’autant plus que la cherté n’est pas vraiment un truc objectif…
      et d’ailleurs si c’est melenchon qui « veut » il est normal que melenchon doit payer …

      bon article évidemment reste que pour crever la baudruche du service public il suffit normalement de rappeler que personne ne sait plus quelle est exactement les missions de services publics dont il s’agit.

      • « Mélenchon a déclaré qu’il voulait des trains partout, à l’heure et pas cher… »
        Ca c’est facile. Mais si on ajoute que ces trains doivent en plus rouler, c’est plus improbable…

        • oui mais les journalistes laissent passer de telle phrases sans poser de question..à l’instar de la fameuse phrase de comment peut on critiquer un gouvernement qui a mis en place une politique pour lutter contre la pauvreté? au sujet du vénézuela…
          or le vénézuela a mis en place une poltique qui n’a pas fait ses preuves pour lutter contre le pauvreté , seul melenchon l’affirme…
          autrement dit , melenchon dit, comment peut on mettre en doute mélenchon?

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Un article de Philbert Carbon.

La Fondation Valéry Giscard d’Estaing – dont le « but est de faire connaître la période de l’histoire politique, économique et sociale de la France et de l’Europe durant laquelle Valéry Giscard d’Estaing a joué un rôle déterminant et plus particulièrement la période de son septennat » – a organisé le 6 décembre 2023 un colloque intitulé : « 45 ans après les lois Scrivener, quelle protection du consommateur à l’heure des plateformes et de la data ? ».

 

Protection ou infantilisation du cons... Poursuivre la lecture

Maintenant que le déploiement du compteur électrique Linky présenté comme « intelligent » est quasiment terminé, le rationnement imposé de l’électricité va pouvoir débuter… après plus de 20 ans d’impéritie.

 

C’est « intelligent »

Un projet de décret prévoit d’effectuer, dès cet hiver, un premier test en condition réelle au cours duquel la consommation d’électricité de 200 000 Français notifiés « par voie postale », et équipés d’un compteur Linky, sera plafonnée à 3 kilowatts (kW) au lieu de 6 kW (l’abonnement des particuli... Poursuivre la lecture

Six cents, soit presque deux par jour : c’est le nombre d’agriculteurs qui se suicident chaque année en France. Ce nombre en augmentation illustre tristement une condition agricole faite d’isolement, un isolement qui n’a d’égal que la dépendance des exploitants aux subventions publiques en tous genres. À titre d’exemple, en 2019, ces aides représentaient en moyenne 74 % des revenus des agriculteurs, et jusqu’à 250 % pour les producteurs de viande bovine.

Isolés socialement mais fonctionnaires de fait, les agriculteurs ont tout récemmen... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles