Droit de grève : décidement la droite n’a rien compris

La droite s’attaque au droit de grève par pur calcul politique et ne prend pas la peine de répondre au vrai problème qui tue le pays à petits feux.

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Droit de grève : décidement la droite n’a rien compris

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 17 avril 2018
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Par Olivier Maurice.

Jean-Charles Taugourdeau, député LR du Maine et Loire, lieutenant de Laurent Wauquiez et candidat malheureux au perchoir de l’assemblée nationale a déposé mercredi 11 avril 2018 un projet de loi visant à encadrer le droit de grève.

Non seulement on peut s’interroger sur la pertinence de déposer un projet de loi qui, s’il est adopté, ne manquera pas de jeter une bonne partie de la population dans la rue, mais surtout on peut se poser la question du but recherché par la droite en déposant une proposition qui n’a absolument aucune chance d’être adoptée alors que le gouvernement fait face à sa première contestation sociale et s’apprête à passer en apnée le mois de mai qui marquera le 50ème anniversaire des galipettes estudiantines de 68 et qu’il ne prendra aucun risque d’envenimer la situation alors que le chef de l’État vient de mouiller la chemise pour essayer de calmer la contestation grandissante.

Quelques perles de totalitarisme

En y regardant plus en détail, il s’avère que non content d’être un épouvantail dont le titre est destiné à embraser les réseaux sociaux (ce que la gauchosphère n’a d’ores et déjà pas attendu de faire) et à faire le buzz, le texte renferme quelques perles de totalitarisme en herbe qui ne méritent même pas d’être relevées (la gauche, la gauche de la gauche et la gauche de la gauche de la gauche ne rateront pas de le faire pour s’ériger en héros défenseurs des libertés et des droits acquis) tant elles sont à la fois ridicules légalement, et ouvertement provocatrices.

Le texte prévoit par exemple que « toute participation à une grève politique est constitutive d’une faute lourde justifiant le licenciement » semblant oublier que les grèves politiques sont interdites en France et ne risquent donc pas de se produire en dehors de circonstances exceptionnelles (grève générale, coup d’État …), les syndicats ayant acquis un savoir-faire exceptionnel dans l’art de noyer le poisson et de faire passer des mouvements sociaux à des milliards de lieues des revendications professionnelles légitimes pour des révoltes d’esclaves surexploités.

Jeter de l’huile sur le feu et provoquer des empoignades générales pour contester la fraîcheur de la marée semble bien être un sport national : cela évite sans doute de s’attaquer aux vrais problèmes.

La grève : un droit libéral

Avant d’aller plus loin, je vais en profiter pour casser un des nombreux mythes gauchistes qui encombrent les manuels scolaires et les discussions de bistrots : le droit de grève n’est absolument pas un « acquis social obtenu de haute lutte par le peuple » pour lequel « il ne faut pas oublier que nos ancêtres se sont battus et sont morts : dans les maquis, en 36, dans les fosses de Germinal … » etc…

Ce sont les libéraux qui ont rétabli le droit de grève après que les socialistes l’aient interdit : le droit de grève a été instauré en France par les rares gouvernements libéraux français (loi Ollivier de 1864, suivie de la loi Waldeck-Rousseau de 1884) et l’initiative peut en être attribuée à Frédéric Bastiat.

Si le droit de grève découle logiquement du « droit naturel de s’opposer à l’oppression », il contredit surtout la vision totalitaire de la démocratie populaire que défendait Issac le Chapelier, député du Tiers État qui en 1791 interdit toute organisation ouvrière au nom de cette même démocratie : « Il n’y a de pouvoirs que ceux constitués par la volonté du peuple exprimée par les représentants ; il n’y a d’autorités que celles déléguées par lui ; il ne peut y avoir d’action que celle de ses mandataires revêtus de fonctions publiques. »

Pour les socialistes, la grève n’a donc aucune raison d’être : il ne peut y avoir que la loi, l’ordre et la dictature du parti au pouvoir. C’est d’ailleurs ce que redit en substance Monsieur Taugourdeau dans son projet de loi.

Des syndicats qui ne représentent rien, mais qui contrôlent tout

Comme souvent en France, le système ne fonctionne pas grâce aux multiples lois que les politiques s’évertuent à empiler les unes sur les autres, mais tire son essence du réseau inextricable d’arrosage d’argent public et de compromissions.

La France est le pays le moins syndicalisé d’Europe : avec 8% de syndicalisation, on est très loin des 25% anglais et encore plus des 68% suédois.

Mais si les syndicats français regroupent 3 fois moins de salariés qu’en Angleterre et recueillent 5 fois mois de cotisations que leurs homologues d’outre-manche, ils sont devenus champions dans l’art du financement et du réseautage.

On estime à 30 Md€ l’argent public qui atterrit dans les poches des organisations syndicales. Ce qui les fait se situer entre le budget de la défense et celui de la recherche et de l’enseignement supérieur.

Quasiment l’ensemble des rouages de la vie économique et sociale française est contrôlé par des organismes paritaires : La sécu (CNAM-CPAM), la retraite (CNAV-CRAM), les allocations familiales (CNAF-CAF), la caisse de recouvrement (URSSAF), l’assurance chômage (Pôle Emploi), les caisses complémentaires de retraite (AGIRC-ARRCO), les instituts de prévoyance, la formation professionnelle, les prud’hommes … sans compter les comités d’entreprises et pas mal de comités Théodule aux missions des plus obscures.

Postures et Yaka Fokon

De qui se moque-t-on en présentant un projet de loi d’une page visant à encadrer le droit de grève et en prétendant s’attaquer au mammouth au moment même où celui-ci bombe le torse ?

Qui a jamais pu croire que la dépolitisation d’un système qui fait vivre le 1% de privilégiés qui se gavent goulument depuis 70 ans en occupant tous les postes-clé des organismes paritaires pourrait se faire sans aucune casse ?

Il suffit de voir ce qui s’est passé en Angleterre dans les années 80, où le système était somme toute moins délétère qu’en France pour se douter que tout cela ne va pas forcément très bien se passer.

Qu’est-ce que cela signifie de s’attaquer frontalement à une liberté par pur jeu de postures et de calculs politiciens, de manipuler une partie de l’opinion énervée (à juste titre) par le bazar généré par les grèves des transports pour faire le coq et jouer les dictateurs d’opérette ?

Ce n’est pas du tout ce que l’on attend des responsables politiques, ce pour quoi on les paye.

Ce type de manœuvre électoraliste ridicule est tout ce que les gens détestent de la politique dans ce pays : des coups de menton et une absence totale de vision, de plan, d’honnêteté, de détermination et bien évidemment de résultats.

Est-ce qu’un jour les « gens d’en haut » vont l’entendre et le comprendre, avant de se décrédibiliser totalement par ces jeux tout juste dignes de la commedia dell’arte ?

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  • il y a plus d’adhérents dans les syndicats que les partis politiques…et ceux ci sont tous sudventionné par L’ÉTAT. .quand certains demande de le supprimer pour les syndicats et bien chiche, à supprimer. .une bonne fois pour toute..!!!

  • Quand « la droite la plus bête du monde » renait de ses cendres…

    • Vous dites ça parce que vous êtes de l’autre côté de l’échiquier politique ? C’est nier la réalité des faits que de dire que les grèves que nous subissons actuellement ne bloquent pas ce pays, amplifient la dette et font perdre au minimum du temps à ceux qui travaillent. Et c’est assez court d’argumenter par une « punchline » qui finalement, lorsqu’elle vient de la bouche d’un « défenseur des grèves » en est réduit à sa portion congrue. Parce que c’est bien ça le problème : le #etenmemetemps que le monde entier aimerait épouser ne fonctionne pas forcément dans la réalité : lors d’un blocage d’une université par exemple, on ne peut pas être pour les étudiants – qui veulent étudier – #etenmemetemps dans celle des bloqueurs, jusque boutistes (aidés d’ailleurs par de « vieux » grévistes de la cgt notamment) qui empêchent les étudiants d’étudier. Et là aussi, je suis certain que Bastiat partagerait cet avis !

  • Il faudrait se renseigner sérieusement sur ce qui se fait dans les pays socialement développés : pays nordiques, Suisse, Allemagne. Ensuite, on pourra disserter du bien-fondé de cette proposition de loi.

    En tout cas, au moins deux pratiques de grève posent problème :
    – la grève intermittente pratiquée par les cheminots qui entraîne en permanence de lourdes perturbations puisque la circulation est encore imparfaite au terme des 2 jours de grève : il y a une sorte de détournement ou d’abus de la loi ;
    – la grève dans des entités ou services en position de monopole.

    Plus généralement, c’est une question de proportionnalité : le principe de la grève est de cesser le travail pour faire pression sur la direction de l’entreprise ; au passage, c’est en soi un échec de la concertation et de la négociation qui sont la norme dans les pays socialement avancés que j’ai cités plus haut. Là où la grève pose problème, c’est quand elle consiste à prendre des tiers en otage, à perturber la vie économique et sociale pour régler un conflit concernant un groupe de personnes dont l’intérêt particulier ne justifie pas une telle disproportionnalité.

    Enfin, les soi-disant grèves dans les universités et autres établissement d’enseignement sont un abus de langage : il n’y a pas de travail salarié et les étudiants sont leurs propres patrons car ils étudient pour se former et trouver un emploi. Le blocage d’universités, souvent par une minorité (parfois renforcée par des éléments extérieurs) est inacceptable et devrait être systématiquement réprimé et sanctionné : imagine-t-on ce que signifie le bousillage d’une année d’études pour des étudiants de milieux modestes qui n’ont pas les moyens de redoubler ni de consacrer plus de temps que le minimum nécessaire pour obtenir le diplôme qu’ils ont choisi ?

  • Yves81
    Les arguments développés sont partiellement recevables.
    Le droit de grève dans les services publics méritent d’être mieux encadrés, l’usage de la grève avec certitude (pendant des décennies, les grévistes fonctionnaires (ou para-fonctionnaires) ne supportaient pas la conséquence de leur grève, à savoir l’amputation correspondante du salaire. Bonjour le respect du principe libéral (de responsabilité). Je fais 3 jours de grève, je neutralise 5 jours d’activité. etc.).
    Ce qui n’empêche évidemment pas de s’attaquer aux autres problèmes dénoncés, à commencer par celui, colossal, du financement et de la représentativité des syndicats.

    En l’occurrence, la droite agit uniquement par tactique et n’espère bien sûr rien du tout de son initiative, sauf, indirectement, à son profit, focaliser le ressentiment des non-grévistes contre Macron.

    • Le droit de grève des fonctionnaires n’est un problème que parce que l’Etat Français s’occupe de tout. Quand il y un shutdown aux US, cela n’empêche pas le pays de tourner.

  • Pas d’accord !
    Il eut été mieux de faire un peu plus de recherche. L’idée n’est pas d’interdire les grèves. Mais d’interdire les grèves politiques. Alors, vous me direz que c’est compliqué. Je vous réponds que c’est une question de volonté.
    Le pays est sclérosé par des grèves politiques, des revendications corporatistes. Il faut dès lors donné un cadre. Bastiat lui même le revendique !
    Oui à la liberté. Mais lorsqu’elle devient un instrument du n’importe quoi, quand elle est un instrument de déstabilisation de tout un pays par une caste de privilégiés, bien sur qu’il faut légiférer. Ce député a entièrement raison !
    Je soutiens totalement cette proposition et les français de bon sens, plutôt que de se plaindre les jours de grèves devraient y réfléchir.
    Ça a du bon, parfois, de réfléchir.
    Se dire libéral, ce n’est pas tout faire pour laisser un pays se saborder !

    • Si j’ai bien compris l’article, le problème c’est que pour interdire en pratique les grèves politiques ou illégitimes, il faut être un peu plus malin que d’annoncer benoitement « nous voulons interdire les grèves politiques ». Ne serait-ce que parce que les grévistes, eux, sont suffisamment malins pour que leur grève apparaisse comme légale et relevant d’un [abus de] droit qui n’est pas politique.

      • Les grèves politiques sont déjà interdites : il faut un motif professionnel pour qu’elles soient légales. Le cadre existe.

      • Beau morceau d’ironie cinglante. Mais, d’un autre côté, il n’est pas interdit à un politique d’être malin, voire roublard. C’est assurément cette carence que fustige l’expression « droite la plus bête du monde ».

  • Une façon de modérer les grèves c’est de tenir compte des pertes financières imposées aux entreprises et aux particuliers et de faire condamner les organisateurs de ces grèves à des dommages et intérêts..
    C’est le principe des class actions.
    Ce ne serait que justice. Les pertes économiques sont incommensurables pour tous y compris pour les contribuables.
    La SNCF perd 3 milliards par an. Elle prend en otage les usagers et rackette les contribuables.
    Se défendre est un droit et pas seulement pour les grévistes. Les class actions, une solution.

    • Je recherche justement un moyen de se defendre contre les syndicats tout puissants en leur faisant porter la responsabilité des jours de congés, de salaires, de chiffres d’affaires… perdus.
      Un tel moyen juridique existe-t-il ? Les syndicats pourraient-ils être tenus juridiquement responsables ou sont-ils totalement intouchables ?

      • Déjà, ne reconnaître que les syndicats qui ont publié des comptes certifiés, et interdire aux syndicats de percevoir d’autres recettes que les cotisations et dons nominatifs. Et, évidemment, permettre que la SNCF fasse faillite en en séparant à nouveau l’infrastructure réseau et en retirant la garantie de l’Etat à ce qui reste.

  • La seule réforme valide et efficace sera celle du financement des syndicats. Financement qui devra être effectué uniquement par les adhérents. Cela obligera les syndicats à apporter de réels services (aide au choix d’assurances santé, d’assurances chômage, de compléments de retraite, conseil pour gestion de carrière, formation continue …) pour engager le maximum d’adhérents.

  • La droite la plus bête du monde ! C’est de plus en plus vrai ! Non, pire, c’est une posture politique qui ne fait que des calculs électoraux sans penser au bien du pays ! Et en plus, la droite, depuis Chirac et Juppé, se trompe sur les souhaits des français, qui ne veulent pas des démagogues mais des hommes d’état !
    Le seul moyen pour la droite de reprendre le pouvoir est d’endosser les lois justes de Macron en proposant plus de régionalisme et de libéralisme (car Macron semble être un étatiste centralisateur pur et dur ?).
    Quand aux grèves, dès que la concurrence sera établie dans tous les services actuellement monopolisés par l’état, elles disparaîtront !

  • Le droit de grève ne peut être discuté. Sauf, dans les entreprises en situation de monopole. Je pense à la SNCF, à la Ratp, aux aiguilleurs du ciel. En un mot à ceux qui détiennent par leur pouvoir de nuisance à la possibilité de bloquer un pays une région. Les avantages acquis par ces professions ne l’a pas été grâce à leur super compétence, mais à leur capacité de nuisance. la lâcheté des politiques faisant le reste. Je me souviens il y a quelques années de la grève des transports à New York. Une plainte a été déposée, le tribunal 48 h plus tard demandait la reprise du travail sous 24h faute de quoi les syndicats se verraient taxer d’une amende de plusieurs millions de $ pour chaque jour de grève. Le lendemain , le trafic reprenait. Je pense que la droite Française pourrait déposer une proposition de loi dans ce sens. En ce qui concerne les universités, il n’y a pas débat, interdiction totale de tout blocage et facture des dégâts faits par les casseurs aux syndicats qui soutiennent ces mouvements. J’ai les boules d’avoir vu ma CSG augmenter et de constater que les dégâts causés par ces pseudos étudiants soutenus par des profs, vont coûter plusieurs dizaine de millions d’€.

    • Profs dont je ne doute pas qu’ils continuent à percevoir l’intégralité de leur traitement…
      Ce serait un minimum que de mettre en chômage technique, avec perte de toutes les primes, les fonctionnaires qui se retrouvent « empêchés » de faire leur travail par les blocages de leurs collègues et amis ou élèves.

      • Dans les facs je ne sais pas mais dans les lycées je vous assure que ce n’est plus le cas; les proviseurs font le décompte et les retenues sur salaires sont implacables quoique modérées. Je crois me souvenir que c’est 1/30ème par jour de grève (mais je ne suis pas un gréviste chevronné). Ce qui donne lieu à des calculs dignes de boutiquiers auvergnats : « aujourd’hui je ne fais pas grève car je n’ai que 2 heures de cours ».
        Le fait est que si la SNCF était une société privée, elle ferait faillite suite à ces grèves. Là est la différence entre une grève dans le privé et une grève dans le public. Dans le public ça fait mal mais ce n’est pas mortel.

  • Monsieur Olivier Maurice,

    A la lecture de votre article, il est clair que vos critiques traduisent une lecture rapide, biaisée et peu approfondie.

    Pour un journal d’inspiration libérale, le sens de ce mot vous est relativement peu familier. Dans le dictionnaire Larousse, le libéralisme se définit comme « une doctrine économique qui privilégie l’individu et sa liberté ainsi que le libre jeu des actions individuelles conduisant à l’intérêt général ».
    La liberté d’aller et de venir et la liberté de travailler sont, je crois, des libertés individuelles. Et je pense qu’à l’instar de l’exercice du droit de grève, elles nécessitent également une protection.
    Au-delà de cela, ma proposition de loi s’inscrit dans l’objectif pur et simple de garantir la liberté d’expression et l’indépendance des salariés à travers l’utilisation du vote à bulletin secret. Il s’agit d’une mesure pour renforcer la démocratie au sein de l’entreprise… Est-ce à ce point scandaleux ?

    Aujourd’hui, très clairement, la grève a des conséquences économiques importantes pour les entreprises (je ne suis d’ailleurs pas le seul à le dire… Bruno Le Maire l’a redit ce matin…) . C’est pourquoi, j’ai proposé de favoriser le dialogue entre les partenaires sociaux tant côté salariés que côté patronat… en instaurant une obligation de préavis avant le déclenchement de la grève. Et sur ce point, ma proposition de loi n’invente rien puisque cette phase préalable de négociation existe dans l’ensemble des pays européens… et notamment en Allemagne et en Angleterre.
    Enfin, en ce qui concerne l’interdiction des grèves politiques. Vous notez à juste titre que les grèves politiques sont interdites dans le droit français. Toutefois, vous omettez de mentionner que les grèves politiques ne sont pas expressément condamnées par la loi.

    En effet, comme je l’indique dans mon exposé des motifs, seule la jurisprudence apprécie le caractère irrégulier ou abusif d’une forme de grève qui ne reposerait pas sur des revendications professionnelles, mais sur des protestations politiques (Cass. soc. 12 octobre 1960, Bul.civ.n°852 ; Cass. soc. 30 janvier 2008, n°06-21781).
    Or, il n’est pas facile de qualifier une grève comme étant purement politique en raison de l’émergence de la notion de « grève mixte » dont les mobiles sont à la fois professionnels et politiques. Sur ce sujet la jurisprudence est totalement incohérente, c’est pourquoi il est nécessaire que le législateur se saisisse de la question. Pour cette raison, je propose de prévoir dans la loi une disposition claire et précise limitant les motifs du droit de grève aux motifs purement professionnels.

    Pour conclure, je vous livre une citation d’inspiration totalement libérale « être libéral, c’est non seulement accepter les opinions divergentes, mais admettre que ce sont peut-être nos adversaires qui ont raison ! » [Ivring Berlin]

    Bien à vous,

    Jean-Charles Taugoudeau

    • Monsieur le député,

      Je ne voudrais, en plus des vôtres, m’attirer les foudres des éditions Larousse ; mais je ne pourrais résumer le libéralisme à une doctrine économique. Il serait plus juste de le définir comme un ensemble de pensées politiques visant à faire reconnaître la primauté des principes de liberté et de responsabilité individuelle sur l’autorité du souverain (que ce souverain soit un monarque ou le peuple).

      Ce qui ne donne nullement au pouvoir un quelconque quitus pour protéger les libertés individuelles, mais le devoir de les respecter dans sa conduite : dans les lois qu’il érige et dans les actions qu’il entreprend.

      Les nuisances que les grèves engendrent sont indéniables et elles sont inadmissibles.

      Et ce n’est pas la première fois que ces situations de blocage se présentent, je vous ferais gré de la longue litanie de grèves, d’actions, de mouvements sociaux qui émaillent l’histoire de notre pays.

      La SNCF est un service public, c’est donc à l’Etat (en pas uniquement l’exécutif) de régler ses problèmes avec ses services.

      Même si votre volonté de protéger les usagers et plus généralement les acteurs économiques est très louable, je ne pense pas que cela pourra se faire en répétant dans une loi supplémentaire des choses qui existent déjà : le préavis que vous réclamez est obligatoire dans la fonction publique (art. L2512-2 du code du travail), les grèves politiques sont déjà interdites, la grève est déjà une action collective …

      Ne serait-il pas plus judicieux d’attaquer le mal à la racine, à savoir recadrer le rôle des syndicats qui depuis la libération a très largement dépassé celui de « coaliser des ouvriers et des patrons » comme l’indique la loi Ollivier (rôle qu’ils ont quasiment abandonné au vu de leur nombre ridicule d’adhérents) pour devenir les détenteurs non élus du pouvoir sur quasiment tous les rouages sociaux-économiques du pays, dans un complet déni de démocratie et une totale opacité, bafouant ouvertement quand cela leur chante les libertés individuelles ?

      Si vous ne faîtes pas, qui le fera ?

  • Pourquoi pas limiter le droit de grève comme on le fait dans d’autres pays européens ?

    Par ex. la CGT RATP va faire une grève de solidarité. La moindre des choses serait de les sanctionner.

    Mais une telle réforme doit venir du gouvernement. Au passage, précisons qu’un projet de loi émane du gouvernement alors qu’une proposition de loi émane d’un parlementaire.

    Quant au caractère libéral du droit de grève, des libéraux ont défendu le droit de coalition au XIXe s. c’est-à-dire un droit d’association. De là à la grève telle qu’on la connaît aujourd’hui… La grève constituait une rupture du contrat de travail en France jusqu’en 1950…

  • La thèse principale de cet article (si tant est qu’on puisse trouver un fil conducteur dans ce fouillis ou les idées vraies côtoient les fausses) semble être que « pour ne pas irriter d’avantage la gauchosphère, il ne faut surtout pas remettre en question le droit de grève », autant dire céder à la loi du plus fort, ou du moins, à celle du plus bruyant. Comme si la « gauchosphère » attendait vraiment les « provocations » pour s’exprimer bruyamment ! Ensuite, il est reproché à la « droite » politique d’agir pour des raisons « électoralistes », comme si ce n’était pas justement le propre des politiques, du moins de deux qui se disent « démocrates », de rechercher l’adhésion d’un maximum d’électeurs. On remarquera au passage que si une démarche peut être qualifiée d' »électoraliste » c’est bien parce qu’elle plaît à certains électeurs.
    La première question à se poser est de savoir si le « droit de grève » est vraiment un droit ? En tant que rupture, même temporaire, d’un contrat de travail de la part d’un groupe de salarié, ce droit, s’il existe, exige un droit symétrique pour l’employeur : celui de licencier les grévistes, car il ne saurait y avoir de droit asymétrique (j’ai le « droit » de te frapper mais tu n’as pas le « droit » d’en faire autant). Autant dire que c’est la fin du contrat de travail. Le « droit » de grève ne peut se justifier que selon une rhétorique marxiste, pour compenser une soi-disant asymétrie de pouvoir entre employeur et salarié. Dans une société libérale, le pouvoir de l’employeur est limité par la concurrence, comme celui des salariés. Plus une société est libre, plus il y a d’employeurs, d’opportunités de se faire engager ailleurs, d’opportunités de devenir soi-même entrepreneur et d’échapper au salariat. Le « droit » de grève se justifie donc uniquement là où il n’est jamais accordé : dans les sociétés à socialisme quasi total comme l’ex URSS, la Chine maoïste ou l’Allemagne hitlérienne, car il n’y a qu’un seul employeur « L’État ». Je reconnais à l’auteur d’avoir évoqué ce point.
    Dans une société à socialisme partiel, comme l’est la société française, les agents des monopoles d’État sont dans une situation toute différente à ce qu’elle serait dans une société à socialisme quasi total. Il y subsiste un secteur plus ou moins privé, productif, qui offre une alternative aux agents des monopoles d’État, qui se gardent d’y accéder dans leur très grande majorité, tant les conditions de travail et les salaires leurs sont favorables dans le « secteur public ». C’est qu’outre la possibilité d’offrir une alternative, ce secteur privé est pressé comme un citron grâce au monopole de la violence dont disposent les hommes de l’État, et qu’une partie du butin ainsi collecté par la force (via les impôts , les taxes, les charges, l’expansion monétaire) leur revient. La grève, dans les monopoles d’État des sociétés à socialisme partiel, est l’une des armes de l’extorsion de ce qui reste du secteur privé et l’une des armes utilisées dans la lutte pour le partage du butin. C’est un acte destructeur parce qu’immoral. On ne peut qu’approuver la « droite » de vouloir en limiter l’exercice, ce qui n’empêche ni la lucidité, ni la nécessité d’un combat anti politique. Le but commun de tous les libéraux est d’extraire tout ce qui peut l’être de la sphère politique, et la grève en fait partie.

    • @Guy
      Il convient de préciser que, dans une « société à socialisme partiel », le chômage a tendance à augmenter, ce qui crée un phénomène d' »armée de réserve » et dissuade les salariés du secteur privé de se plaindre et de faire grève. La grève est donc surtout une arme d’employés du secteur public dans le socialisme partiel. Surtout mais pas seulement. Mai 68 ? Peut-être des grèves de cycle d’expansion, en attendant la récession, conséquence partiellement de mai 68.
      Dans ce socialisme partiel, on peut néanmoins essayer de remettre un peu d’ordre. Des pays voisins le font. En France, d’une part, il y a des tentatives de « convergence de luttes », du banditisme (universités), des projets de sabotages (EDF), d’autre part, une opinion publique et même des salariés du public qui en ont assez du désordre.

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