SNCF : les grévistes piétinent leur outil de travail, la concurrence en profite

Alors que les grévistes SNCF font payer aux usagers le goût de prendre le train, Blablacar, Uber, et les autres compagnies de bus et de covoiturage se frottent les mains.

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SNCF : les grévistes piétinent leur outil de travail, la concurrence en profite

Publié le 10 avril 2018
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Par Frédéric Mas.

Les grèves de la SNCF se font sans doute au détriment des usagers et des contribuables, mais aussi des grévistes eux-mêmes, lesquels, par leur attitude, attisent la concurrence. Blablacar se frotte les mains : le numéro 1 du covoiturage profite du blocage des grévistes, qui est apparu comme la solution de rechange idéale pour tous les usagers en recherche de moyen de transport. Les attentes des clients sont telles que non seulement, comme l’écrit Le Monde, Blablacar est débordé, mais en plus, l’entreprise va mettre en place des services de bus. Bien entendu, cette initiative s’ajoute aux différents autres services de bus déjà en place pour pallier les défaillances du « service public » des transports proposé par la SNCF.

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Les transports publics ou privés évoluent, et la multiplication des moyens de locomotion sont pour les Français des manières de contourner le bras de fer des syndicats qui, traditionnellement, utilisent les usagers comme une monnaie d’échange pour faire plier le gouvernement et maintenir leurs avantages sociaux en l’état.

Les effets désastreux de réputation portés par les grèves, tout comme la dégradation du service depuis des années, ont incité les voyageurs SNCF à aller voir ailleurs. On se souvient du succès quasi immédiat des « bus Macron » qui, bien que créés avec de l’argent public, avaient fait carton plein dès leur mise en place : le prix comme la qualité des services ont fait des bus – par exemple Transdev – des concurrents directs à l’ancien quasi-monopole des transports publics longue distance en France.

Oui à l’ouverture à la concurrence

Cette multiplication de l’offre dans le domaine des transports pourrait expliquer pourquoi les Français, selon un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche en date d’avril 2018 sont en grande partie favorable à l’ouverture à la concurrence des TGV et des TER. Contrairement aux idées reçues, les nouvelles générations ont compris que cette dernière est avant tout orientée vers l’amélioration des produits sur le marché et se fera donc, si elle est menée correctement, pour leur plus grand bien.

Vous personnellement, êtes-vous favorable ou pas favorable à l’ouverture à la concurrence des TGV et TER ? Sondage Ifop-Le Journal du dimanche

Seulement, grévistes et syndicats freinent des quatre fers face à la diversification de l’offre proposée aux usagers par le marché, bien que certains aient bien compris en quoi elle érodait leur domination politique en France. C’est d’ailleurs pourquoi la grève pourrait prendre l’aspect d’une véritable entrave malveillante à la liberté de circuler et de travailler comme ça a été le cas à Lille ce lundi, où des cheminots rejoints par des étudiants ont bloqué plus de 60 bus au départ de la gare de Lille Europe.

Pour Guillaume Pepy, le mouvement de grève pourrait coûter près de 20 M€ par jour de grève. Il s’ajoute aux multiples couacs des dernières années portant sur la sécurité ou l’organisation du trafic qui, en fonction d’un paradoxe apparent, pénalisent en premier lieu les salariés de l’entreprise de chemin de fer et bénéficient à tous les transports concurrents.

Sans le savoir, les grévistes pourraient être en France cet accélérateur du changement par les consommateurs que les décideurs publics peinent à accompagner. Nous sommes encore loin de la privatisation, mais les réflexes corporatistes des syndicats ne sont plus des diktats que les usagers acceptent passivement.

Voir les commentaires (36)

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  • Quand on est mort on ne sait pas qu’on est mort. C’est pour les autres que c’est difficile.
    Quand on est con, c’est pareil !

  • er les dirigeants de la SNCF ont mis l’entreprise en faillite..ainsi que L’ÉTAT par leur incompétence. ..facile de mettre ça sur le dos des cheminots !!!!

    • la famille « en faillite » a le plaisir de vous annoncer la naissance de Melusine !!!

    • @ Lou17
      « … sur le dos des cheminots »

      Ben oui! Que défendent les cheminots:
      – le statut SNCF, favorable pour eux
      – le monopole anti-concurrence
      – la pérennité du « service public », de haut en bas.

      Chantage idéologique!

      • Une petite correction : ils défendent la pérénité de ce qu’ils appellent « service public ». À ne pas confondre avec le Service Public, qui devrait avoir à coeur en priorité le service du public, et n’avoir peu à faire avec des histoires de statuts.

        • @ Anagrys

          D’accord! Au temps pour moi!

          Même si la défense de leur « statut » les range déjà parmi les privilégiés payés par la dette d’état (vos enfants et les leurs!).

    • Le problème de fond c’est que le train ne sera jamais rentable par rapport a la voiture.
      Dans le train presque tout est payé par le contribuable avec une répartition entre l’Etat et la SNCF qui tient plus de l’artifice comptable qu’autre chose. Quand vous roulez en voiture l’usager paie tout sauf la route. En train tout est payé : les voies, les voitures, l’entretien et les chauffeurs ! Même le billet est grassement subventionné !
      Vices et vertus du service public…

      • OK pourquoi pas concernant SNCF réseau qui se charge comme son nom l’indique de l’entretien des voies (même si ça peut se discuter). Mais je ne vois pas pourquoi SNCF Mobilités (voyageurs et fret) ne devrait pas être rentable…

        • Un élément de réponse parmi d’autres : le prix du billet de train est subventionné à 70 % (minimum) par les pouvoirs publics. A partir de là, difficile de parler de rentabilité. Et même à cette condition, ça coutera moins cher pour un couple de prendre sa voiture.

      • Le train est organisé pour n’être rentable que pour les cheminots. Avec une comptabilité raisonnable et des conditions d’utilisation adaptées aux clients, il n’y a pas de raison que le train, techniquement plus performant, ne soit pas plus rentable que la route.

        • La dette de la SNCF s’élève à des dizaines de milliards d’euros. Et même les plus libéraux d’entre nous reconnaissent que les « privilèges » des cheminots n’y sont pas pour grand chose. Quand la dette d’une boîte est aussi élevée, la rentabilité devient une notion toute relative.
          Bien sûr, on pourra toujours isoler quelques poches de rentabilité (les grandes lignes, le TGV ?) mais l’entreprise, dans sa globalité (infrastructures, véhicules, entretien, conduite…) ne sera jamais rentable. Et à ma connaissance, c’est pareil dans tous les pays. Le train est toujours subventionné. Par construction, le chemin de fer ne peut pas être rentable par rapport à la voiture, où la plus grande partie des coûts est assurée par l’usager et non par le contribuable.

          • La SNCF est une caricature, et la rentabilité du train doit être considérée dans un contexte différent. Getlink (ex-Eurotunnel) aurait sans doute bien des leçons à donner sur la manière de passer du déficit abyssal à l’équilibre quand on gère une liaison ferroviaire. J’en aurais aussi. Le fret, notamment, devrait se compléter avec la route pour un transport multimodal rentable si on n’était pas en France. Quant à transporter en voiture les millions de Franciliens qui utilisent le rail quotidiennement, le problème est techniquement insoluble.

            • Dans les métropoles surpeuplées, la voiture est à remplacer par le 2RM pour les longues distances ou le vélo pour les plus courtes (surtout en cas d’autosolisme). C’est ce que font la plupart des pays d’Asie ou d’Afrique.
              On peut aussi se demander s’il est raisonnable et rentable de continuer à développer des villes déjà sursaturees…

              • Quand je suis allé à Pékin en 1991, il y avait dans chaque sens sur les grandes avenues 3 voies pour les deux-roues et 1 pour les voitures. Je n’ai pas vu à mes visites suivantes de développement des deux-roues au détriment des voitures, mais le contraire parfait. Les Suédois ou les Norvégiens sont d’accord pour le vélo sous la pluie et la neige, Ils n’ont guère de poussière, mais leurs villes sont petites, ce que ne seront jamais celles d’Orient ou d’Afrique.

      • Erreur : la route est payée par les impôts des contribuables même s’ils ne roulent pas.
        A l’inverse, ceux qui ne payent pas d’impôts roulent sur des routes qu’ils n’ont pas payé.

        • Tout le monde paie des impôts (parfois appelés taxes, comme la TVA ou la TIPP).

        • A l’argument de Gerald j’ajoute le suivant : dans le cas de la route, utilisée pour 90 % des déplacements, le contribuable se confond quasiment avec le citoyen. Ce n’est pas le cas du train, financé par tous mais ne servant que pour 10 % des déplacements.

  • Est-ce qu’on se rend compte qu’on parle là d’un moyen de transport qui est devenu au fil du temps accessoire ? 90 % des déplacements se font en voiture ! De plus cet outil de transport reste majoritairement concentré sur la région parisienne, soit pour y circuler soit pour y aller ou en revenir…
    Alors la question de l’avenir du train est un peu secondaire en dépit des efforts étatistes pour éviter le « tout voiture » et du suivisme du gouvernement vis a vis des directives bruxelloises…
    Le train a un avenir très réduit. Il coute cher au contribuable et a l’usager, par construction. Rogner sur la paie des cheminots ou leur retraite ou ouvrir le secteur à la concurrence ne changera rien à l’affaire. La seule manière de rentabiliser le train pour le contribuable est soit de tuer le train soit de reporter tous les coûts sur l’usager, ce qui revient aussi à tuer le train !
    Le train c’est un archaïsme de l’ancien monde.

    • « Les chiffres d’Eurostat indiquent de leur côté que le nombre de voyageurs transportés en France n’a progressé que de 37% depuis plus de 20 ans, alors que dans les autres grands pays d’Europe, avec des tailles de réseau ferroviaire importantes, le nombre de voyageurs transportés a connu une augmentation beaucoup plus forte : de 80% en Italie, de 100% au Royaume-Uni et en Espagne, et enfin de presque 150% en Allemagne. »

      • C’est bien les pourcentages d’augmentation… mais sans vouloir rabattre votre optimisme, la part modale du train dans les transports allemands (environ 8 %) est, sauf erreur de ma part, encore plus faible que pour la France…

        • C’est bien les % de déplacements… mais ça n’a ni queue ni tête de tels agrégats qui reviennent à comparer des choses incomparables : les déplacements en automobile pour aller faire ses courses et les transports de marchandises par voies ferrées par exemple.

    • JRDC, arrêtez de vous prendre pour l’arbitre suprême des choix des citoyens, ou vous allez avoir des ennuis avec votre concurrent apprenti-dictateur qui est pour le moment plus haut placé…

      • Tiens, pour le coup, ici, ça ne vous gêne pas que ce soit avec l’argent des contribuables, dont une grande partie ne prend jamais ou que très rarement le train, que le choix de ce mode de transport soit assuré.
        Tout d’un coup, les plus libéraux économiquement ne trouvent rien à redire à ce que le choix du transport ferroviaire soit financé par la solidarité nationale.
        Libéralisme à géométrie variable ?

        • Pour dire les choses autrement, avec un soupçon de caricature, mais c’est pour mieux faire ressentir la fracture sociale : le transport ferroviaire du riche parisien est financé par le pauvre hère qui, dans sa France profonde ne prend jamais le train…
          Espèce de Robin des bois à l’envers !

          • Ca n’était pas mon commentaire. Relisez ! Votre choix de l’automobile comme mode de transport du futur est parfaitement personnel et infondé.

            • Ni personnel quand on constate qu’il représente 90 % des déplacements ni infondé quand on se souvient de la part modale du train dans les années 50. Le train a perdu la bataille.
              Et dans l’avenir, il devrait continuer à perdre des parts de marché au profit du vehicule autonome. Du côté de la route nous avons un maillage très fin du territoire. Du côté du chemin de fer, le maillage s’etiole avec la suppression inéluctable des petites lignes.

  • « Le fait, en vue d’entraver ou de gêner la circulation, de placer ou de tenter de placer, sur une voie ouverte à la circulation publique, un objet faisant obstacle au passage des véhicules ou d’employer, ou de tenter d’employer un moyen quelconque pour y mettre obstacle, est puni de deux ans d’emprisonnement et de 4 500 euros d’amende. »
    https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074228&idArticle=LEGIARTI000006841233&dateTexte=&categorieLien=cid

    Les blocages des bus et autres ne devraient pas être tolérés.
    Arrestation immédiate des bloqueurs et application de la loi !

  • Je ne sais pas où l’auteur a vu que les les « bus Macron » ont été créés avec de l’argent public !

  • a mikylus ..je suis vôtre raisonnement supprimons les privilèges des cheminots en contre parti supprimons toutes les sudventions de là SNCF. ..et que le voyageur payé le vrai prix ex:PARIS -BORDEAUX…et puis les autres ? il restera les Bus !!!

  • La France largement sur le podium mondial des enfers fiscaux :
    Quand tous les riches sont partis, qu’est ce qu’y reste ?
    Des régimes spéciaux !

  • Et de moins en moins de contribuables réels (53 % des actifs ne paient pas l’impôt sur le revenu) pour entretenir des régimes spéciaux bien trop payés au vu des résultats désastreux depuis 30 ans à commencer par : les hauts fonctionnaires, les politiciens et les syndicalistes, journalistes, l’éducation nationale, la sécurité sociale, la sncf, ratp, Air France etc….

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Un article de Philbert Carbon.

La Fondation Valéry Giscard d’Estaing – dont le « but est de faire connaître la période de l’histoire politique, économique et sociale de la France et de l’Europe durant laquelle Valéry Giscard d’Estaing a joué un rôle déterminant et plus particulièrement la période de son septennat » – a organisé le 6 décembre 2023 un colloque intitulé : « 45 ans après les lois Scrivener, quelle protection du consommateur à l’heure des plateformes et de la data ? ».

 

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Bonne nouvelle pour les partisans du bipartisme : malgré le contexte politique hyperchargé, un nombre sans cesse croissant de personnes de part et d'autre du spectre politique s'accordent sur un point ! Malheureusement, il s'agit d'une notion qui, mal comprise, pourrait saper les politiques et les institutions qui constituent le fondement même du monde moderne.

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