Jeanne d’Arc, d’Olivier Hanne

Jeanne d’Arc : l’épopée tragique d’une très jeune fille d’une brûlante actualité dans un monde chahuté.

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Jeanne d’Arc, d’Olivier Hanne

Publié le 6 avril 2018
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Par René Le Honzec.

À l’occasion des Fêtes Johanniques d’Orléans une petite manip’ de com’ a permis d’utiliser l’extraordinaire figure historique de Jeanne d’Arc pour de basses manœuvres politiques. Raison de plus de s’intéresser à notre Héroïne nationale, traitée de « givrée » par Mélenchon, ce qui plaide en faveur de la Sainte de mon humble point de vue, récupérée fut un temps par Le Pen, saluée par Macron et surtout toujours aussi méconnue au-delà des clichés usés que l’on nous ressert pourtant à chaque manifestation.

Malgré les centaines d’ouvrages qui lui sont consacrés, j’ai pu constater dans les « dîners en ville » que l’ignorance persiste, comme d’ailleurs les avis tranchés des ignares. Alors, heureux hasard, le livre « Jeanne d’Arc Bibliographie historique « paru en 2007 chez les Éditions du Grenadier écrit par Olivier Hanne vient d’être réédité en poche aux Éditions Chronos.

L’oeuvre d’un historien confirmé

Pour un prix des plus modiques le lecteur de Contrepoints féru d’Histoire, de Culture et de désinformation (pléonasme) peut en 300 pages réviser (comme je l’ai fait…) ou apprendre avec un excellent historien et authentique écrivain à l’œuvre déjà abondante (je recommande tout aussi bien son Charlemagne Bernard Giovanelli Éditeur, 2006, remarquable par sa clarté, sa facilité de lecture pour une information dense, comme son Mahomet, Belin, 2016 une figure de Mahomet plus complexe et moins monolithique très bien documentée).

Hanne est aussi un islamologue confirmé (Les seuils du Moyen-Orient, 2016,  Histoires de frontières et des territoires ; pour comprendre l’incompétence de la diplomatie française) et anime le site d’information geoculture pour ceux qui voudraient (enfin) comprendre, eux, quelque chose à la guerre en Syrie.

Jeanne d’Arc est née vers 1412 et morte brûlée vive à 19 ans (19 ans !) après avoir fait vivre une épopée sans pareille à une France décrépite, ruinée, déchirée par des conflits qui s’emboîtaient à l’occasion puis reprenaient des existences propres (on parle parfois de Guerre de Cent Ans … !). Guerres entre Anglais et Anglais, Anglais et Français, et entre Français divisés, (Armagnacs, Bourguignons, Bretons…), entre factions à la Cour de France comme à la Cour de l’Angleterre.

Une méditation sur l’injustice et l’innocence

L’abondance d’information permet de bien suivre la Pucelle ; ses exploits militaires ainsi que son supplice, le mystère de sa vie intime, de sa personnalité et même de sa place dans l’Histoire de France sont toujours à débattre. Interroger la vie de Jeanne, même aujourd’hui, demeure une méditation sur l’injustice et l’innocence, la victoire et l’abandon et, peut-être plus encore, sur le surgissement de l’impossible dans les rouages du temps.

Hanne a soin de resituer le contexte, aussi bien historique, géographique que linguistique : la moitié de la France ne parle pas de langue commune, c’est une mosaïque de provinces, de traditions et de coutumes locales. Jeanne ne sait ni lire, ni écrire, compensant par une excellente mémoire et une fraîcheur d’âme qui m’interpelle personnellement : tout au long de son procès, elle évite les pièges intellectuels de l’évêque Cauchon et de ses acolytes avec le conseil de ses « voix ».

Est-elle assez présomptueuse pour se croire dans la Grâce de Dieu ? : « Si je n’y suis pas, que Dieu veuille m’y mettre et si j’y suis, que Dieu veuille m’y tenir ». (À lire aussi pour plus de détails sur le procès lui-même : Jeanne d’Arc Le procès de Rouen 21 février -30 mai 1431, lu et commenté par Jacques Trémolet de Villers, Les Belles Lettres, 2016).

Culture religieuse catholique

Il est tout aussi touchant d’apprendre qu’elle était brune et avait de jolis tétons, qu’elle pratiquait le patois de son enfance (« Rends-toi au nom de Dieu »« Rends-ti au nom Dé ») et affectionnait une robe rouge tout en étant capable d’en imposer aux plus grands capitaines de son temps et de monter à l’assaut devant les  soudards… Il est tout aussi passionnant  d’approcher  les mentalités de l’époque et la profondeur de la culture religieuse catholique : en généralisant la confession, l’église médiévale opérait une révolution mentale, puisqu’elle demandait à chacun de faire un retour sur soi et ainsi de prendre conscience de la valeur des pensées et des actes posés au quotidien.

Une des batailles ayant opposé Anglais et Français pro-Charles VII autour du fameux siège d’Orléans est nommée « journée des harengs ». Le 12 février 1429, Dunois, bâtard d’Orléans, attaque sans succès le convoi de ravitaillement anglais du capitaine Falstaff. 1500 hommes, trois cents chariots remplis d’armes et surtout de… harengs pour le carême !

C’est à l’âge de treize ans, vers 1425, que Jeanne aurait entendu ses premières « voix ». Aujourd’hui, l’historien laisse la question des réalités spirituelles à l’appréciation des consciences et s’abandonne aux mystères de l’esprit humain. La mémoire de Jeanne d’Arc est une longue suite de malentendus, suscités par le caractère exceptionnel de ses exploits et de sa mort. Après son exécution, Jeanne tombe pour longtemps dans l’oubli.

C’est Michelet écrivain mythique de la République qui la ressuscite en 1841, la gauche de l’époque la revendique en mettant de côté l’aspect religieux, tandis que Charles Péguy, socialiste convaincu et catholique converti souligne l’intimité et la gravité de sa foi.

Convoitée par l’Église après avoir été portée par les républicains, le visage de Jeanne prit peu à peu les traits d’une sainte, martyre pour la foi et pour la France. Son invocation pendant la Grande Guerre pousse Benoît XV à la canoniser en 1920 et à la fêter le 30 mai, jour de sa mort, tandis que l’Assemblée nationale fait de même le 8 mai, anniversaire de la délivrance d’Orléans.

Olivier Hanne conclut en écrivant :

Rarement dans l’histoire, l’image que l’on se fait de la France aura été aussi parfaitement incarnée que par cette jeune femme, par cette pucelle qui ressentit cet orgueil typiquement gaulois, cette confiance souvent naïve, qui pousse à croire qu’au cœur de la défaite et au fond de l’abîme, un espoir reste niché et que le renouveau est toujours possible.

Raison de plus pour un libéral de lire l’épopée tragique d’une très jeune fille d’une brûlante actualité dans un monde chahuté.

Olivier Hanne, Jeanne d’Arc : Biographie historique, Éditions Chronos 2018

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