Bernard Arnault sur France 3 : pièges à conviction ?

Mercredi 27 mars, France 3 diffusait une émission intitulée Pièces à conviction sur Bernard Arnault, qui témoigne à son niveau de la dégradation de certains médias dans le sensationnalisme et l’ignorance économique.

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Bernard Arnault sur France 3 : pièges à conviction ?

Publié le 31 mars 2018
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Par Benoît Roch1.

Au moment du débat parlementaire sur le secret des affaires, France 3 a diffusé mercredi soir 28 mars un numéro de « Pièces à convictions » intitulé : « Bernard Arnault : l’art de payer moins d’impôts ». Petit retour sur une émission sensationnaliste, témoignant d’une ignorance réelle du monde économique. Et donnant à Christian Eckert, ancien secrétaire d’État chargé du budget et des comptes publics dans le gouvernement de Manuel Valls, l’occasion d’écorner le secret fiscal.

Le secret des affaires

En France, il n’existe pas de définition juridique précise du secret des affaires. Une directive européenne de 2016, impliquant de nouvelles mesures, doit être transposée en droit national, avant le 9 juin prochain. D’un côté, les entreprises réclament plus de protection, invoquant l’espionnage économique, le pillage industriel, la concurrence déloyale et les rumeurs infondées. De l’autre, des journalistes, des lanceurs d’alertes, des syndicats ou des associations dénoncent une atteinte aux libertés de la presse.

Toute atteinte au secret des affaires engagera désormais la responsabilité civile de son auteur. On peut se demander pourquoi les entreprises demandent plus de protection. À quoi sert un secret ? Tout simplement à se protéger des rumeurs et des concurrents. Mais pas à se soustraire au pouvoir de la justice, qui garde la faculté, dans un état de droit, de faire lever ce secret, selon les cas autorisés par la loi.

Bernard Arnault contribuable

Mercredi soir, France 3 diffusait une émission ennuyeuse et sans intérêt sur les supposés déboires fiscaux de Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France. Le sujet s’annonçait palpitant et les extraits nous faisaient saliver. Mais dès le début du reportage, le ton était donné. Le milliardaire, présenté comme une sorte de prédateur fiscal, était voué aux gémonies par une journaliste militante, persuadée de mener une croisade, heureuse de jouer au détective sous le soleil de Malte, puis quelque part en Belgique.

Les témoignages d’avocats, de voisins, de badauds, dont certains visages étaient floutés – comme dans les enquêtes à sensation sur les prédateurs sexuels – nous apprenaient que Bernard Arnault, à la tête d’un empire industriel, possédait de nombreuses sociétés, articulées entre elles par de savants montages aux inspirations juridiques complexes. Une sorte d’avocat spécialisé dans les grandes fortunes tenta de nous démontrer que ces imbroglios cachaient des intentions peu louables, mais finit par avouer que la situation était parfaitement légale.

Christian Eckert briseur de secret

Il fallut solliciter le renfort de Christian Eckert, ancien secrétaire d’État chargé du budget et des comptes publics, dans le gouvernement de Manuel Valls, pour nous expliquer, avec des mines de conspirateur et un sens de la périphrase consommé, que Bernard Arnault avait fait l’objet d’un redressement fiscal, sans préciser d’ailleurs de quoi il s’agissait, de façon à jeter un trouble importun dans l’esprit du malheureux spectateur, bâillant devant son écran à une heure aussi tardive.

On peut se demander ce qu’un secrétaire d’État, dont la fonction signifie qu’il est tenu au secret d’État, vient chercher dans ce genre d’émission. Si Bernard Arnault a fait l’objet d’un redressement fiscal, c’est le signe qu’il est contrôlé, comme les autres contribuables, et qu’il n’échappe pas au pouvoir de l’administration.

Voilà une émission qui prétend nous dévoiler d’affreux secrets, pour nous expliquer en définitive que tout est légal, à grand renfort d’images floutées, et de témoignages politiques, donnés par des gens qui n’ont jamais mis un pied en entreprise. Qui s’étonnera qu’un grand capitaine d’industrie gère la fortune de son groupe, au mieux de ses intérêts, dans le cadre que lui donne la loi ?

« Je n’aime pas les riches »

On se souvient de la petite phrase idiote de François Hollande. Qu’on admire Bernard Arnault ou qu’on le déteste, il faut reconnaître que cet homme a construit l’un des plus beaux fleurons du luxe français, et qu’à cet égard, il est pathétique de le traiter comme un vulgaire prédateur fiscal, sans donner les chiffres colossaux des recettes publiques, générées par son empire industriel, notamment par la TVA, les cotisations sociales, les taxes immobilières, les impôts sur les sociétés, etc.

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Il est tout aussi stupide de lui chercher des poux dans la tête sur le dossier de sa fondation, dont le bâtiment, construit au milieu du bois de Boulogne, aurait permis de défiscaliser – légalement – 480 millions d’euros, sans calculer un seul instant les recettes fiscales générées par le succès de son attractivité et de son exploitation.
À voir le niveau de compréhension du monde économique par certains journalistes et certains politiques, on comprend mieux pourquoi les entreprises ont besoin de se protéger.

  1. Benoît Roch est président de l’Institut du travail en Europe.
Voir les commentaires (26)

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  • Télé de gauche, journalistes de gauche…
    Comment ce sous-ministre de gauche au bilan calamiteux peut-y-il transgresser son devoir de réserve ?
    Décidément, les cons ça ose tout !…

    • @ reskbell

      Il n’y a pas que la « gauche »!…

      En France, on hait l’argent … des autres.
      Et forcément encore plus les « riches », évidemment malhonnêtes et, bien sûr, voleurs d’argent à redistribuer en trichant avec le fisc ou la sécurité sociale, condamnés avant le procès!

      L’envie et la jalousie ne sont évidemment pas absentes de cette comédie!

      Oui, l’ingénierie fiscale existe, oui ça permet des manipulations légales entre plusieurs sociétés en relation, dans plusieurs pays (en compétition fiscale), quitte à avoir une cagnotte dans un dit »paradis » fiscal, pouvant servir rapidement de « poire pour la soif », en cas de coup dur!

      Si je le sais, c’est que c’est de « notoriété publique »!

      Avec 5 à 7 millions (?) de fonctionnaires, l’état français ne peut l’ignorer.

      Est-ce étonnant?

      • En France, on hait l’argent … des autres.

        C’est l’inverse, les socialistes ont une obsession pathologique pour le pognon des autres. Ils pourraient faire à Arnault ce que leurs prédécesseurs ont fait aux Juifs, ils ne se retiendraient pas.

  • Dire que certains médias se sont dégradés c’est certainement politiquement correct, car les médias et surtout la télé sont devenus des tas de boue immondes et qu’il faut obligatoirement et grassement payer. Cela va s’en dire que cette dégradation est encore plus grave quand on parle de la pub. Là cela devient carrément insupportable. Mais c’est l’image de la France.

    • Et en plus ces parasites malveillants se permettent de calomnier ceux qui travaillent et rapportent des milliards à la France avec les exportations de produits de luxe à la française!

  • Non, c’est impossible de se protéger.
    Les niches sont pour les chiens (ouaf). Les riches préfèrent se casser que de subir encore et encore cette humiliation du communisme. Ceux qui restent y trouvent un avantage en s’offrant les conseils d’ex de Bercy.
    La tendance est que la France s’assèche progressivement laissant la place à la misère.
    Les entreprises et les salariés sont les otages d’une caste de parasites.

  • je me souviens au contraire d’un Chirac avouant illégal mais « moral »..

  • Jamais le statut des 5 millions d’agents de l’Etat et assimilés n’a paru aussi déconnecté de la vie économique réelle. Dans ce Meccano complexe où tout le monde se tient par la barbichette. Le beurre et l’argent du beurre, disent les méchants. Cet avantage ne les incite en tout cas guère à promouvoir de grands changements, tout comme leur origine monolithique via la fameuse ENA, machine autocentrée destinée à fabriquer les élites administratives soucieuses de leur statut et prébendes. « On vit dans une république monarchique. Les hauts fonctionnaires constituent une noblesse d’Etat qui remplace celle du sang d’autrefois», dit Yvan Stefanovitch, auteur d’un édifiant Aux frais de la princesse (Jean-Claude Lattès, 2007). Pour notre pays et dans le cadre du monde où l’économie de marche a gagné, les choix qui vont déterminer l’avenir sont d’ordre économique. Ils ne sont pas et ne peuvent pas être populaires et imposés aux Français sans risque sur le plan politique pour la majorité en place. Cependant le salut de l’économie et de tout ce qui en découle pour le pays (niveau de vie, indépendance) est à ce prix. Les pays qui ont amélioré leur compétitivité économique et la solidarité ont pris les mêmes chemins : renforcement de leur base productive, allègement de l’Etat, recentrage des transferts sur les risques essentiels pour améliorer leur caractère social tout en réduisant leur part dans le PIB, environnement favorable au développement économique (législation, marché du travail, services publics, mécanismes de redistribution, éducation, recherche).Les slogans « il faut payer les riches » sont devenus ridicules. Les vrais riches sont en grande partie partis vers d’autres pays à cause d’ISF – « impôt pour sortir de France ». 5 % de contribuables français payent environ 60 % des sommes prélevées au titre impôts sur le revenu alors que 55 % en sont dispensés. Aucun pays au monde n’a ce genre de ratio, mais l’inculture économique toujours aussi forte dans notre pays empêche de mettre en cause cette situation ubuesque.

    Mais comment s’en sortir ? Il faut désoviétiser la France.

  • C’est surtout que les gauchistes de France Télévision ne savent qu’une chose: calomnier et diffamer!

  • Et si le secteur privé faisait la grève aussi ?
    J’en rêve. Cela serait tellement justifié. J’imagine déjà les bfmacron,tf1 et autres chaines communistes nous expliquer que c’est pas bien et profondément pas gentil. Ce pays est une blague. Ou un cauchemard. Mais franchement ça devient pitoyable et grotesque.

  • Et vous avez regardé cette émission? en tout cas excellent article et clair comme toujours sur contrepoints. Merci.

    • J’ai regardé cette émission traitant rapidement mais de façon assez objective …
      – l’évasion fiscale et, sur le plan fiscal, le manque de transparence qui permet de réduire sa contribution sans faire de vagues,
      – la porosité entre les milieux d’affaires et l’Etat, la « faiblesse » du mécanisme de décision utilisé au sein de l’assemblée nationale pour soutenir ce projet de musée,
      – la confusion entretenue entre patrimoine professionnel et patrimoine privé au profit de la personne privée,
      -la question de l’encouragement (financier) par l’Etat à la générosité des entreprises et des particuliers a été posée. Les journalistes avaient-ils une fibre « libérale » ?
      Le coût de la construction, difficile à obtenir, dépasserait 800 millions. Si on déduit les 480 millions de défiscalisation obtenue, le don s’éleverait quand même à 320 millions. Chapeau !
      Encore que…
      Déjà, on va quand même pouvoir amortir ces 800 millions …

  • Ce n’est pas possible d’être en même temps immensément riche et honnête. Il y a presque toujours un échange inéquitable qui explique la richesse.

    • C’est assez vrai pour la France : quelqu’un qui commence à émerger doit avoir de solides amis dans le monde politique pour pouvoir s’en sortir. Ça porte un nom d’ailleurs, ce système : capitalisme de copinage.

  • J’ai lu sur ce site un commentaire d’un intervenant plein d’humour :
    « Un socialiste, c’est quelqu’un qui gagne plus d’argent que toi, mais qui trouve que tu en gagnes de trop.. »

  • A quand pièges à conviction sur les 47 milliards d’euros de defficit de la SNCF?????????

  • En fait pour devenir riche c’est relativement simple. Il suffit de ne pas respecter les lois, normes, taxes. Souvent les gens avec peu d’éducation et du courage s’en sortent très bien. Le problème est qu’il faut être inconnu du fisc et autres services de flicage. C’est pour cela qu’un étranger qui arrive a plus de chance de s’en sortir.
    Le Français lui est victime de ses propres endocrtrinements. Il n’ose plus rien faire. Et si l’on respecte à la lettre la volonté de l’Etat le mieux est de rester à la maison. De regarder bfmacron en buvant des bieres toute la journée.
    Pour faire simple, qui avec un peu de QI donnerait 70% de son travail pour des escrocs qui se foutent de notre gueule.

  • ??? c’est pas un poisson

  • Dès l’école primaire on apprend aux enfants qu’il n’est pas bon d’être meilleur que son voisin. Aujourd’hui, nous pouvons mesurer les résultats de cette politique imbécile qui consiste à en faire le moins possible. Heureusement, une partie de la jeunesse réfute catégoriquement cette situation pour créer leur propre entreprise. Malheureusement, les plus doués partent à l’étranger. Travailler plus pour payer pour celles et ceux qui profitent à fond du système français de redistribution n’emballe pas cette jeunesse qui a envie de réussir mais pas d’être spoliée comme c’est le cas actuellement.
    Enfin, merci à Bernard Arnaud car sa réussite a permis à beaucoup de ses collaborateurs de s’enrichir, à l’état français de percevoir des milliards d’euros en taxes de toutes sortes et à réduire le déficit commercial de la France. Mais qui le sait en France. Ce n’est pas cette presse de gauche qui fera l’éloge de Bernard Arnaud ni des autres grands patrons français.

  • Si Bernard Arnault était le mafieux qu’ils se complaisent à décrire il y a longtemps qu’on les aurais retrouvé dans le caniveau une 22 dans la nuque….

    • Ils n’ont même pas de respect pour un homme qui non seulement améliore l’image de la France dans le monde entier avec le luxe à la française, mais ramène par ses exportations des milliards à la France, permet à des artistes artisans de travailler et maintenir un savoir faire unique, et qui en plus est un mécène. Cela en dit long sur la vilenie de la gauche, et son infinie bêtise!

  • Personne n’a traité Pierre Bergé de la même façon !

  • Les commentaires sont fermés.

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