Pass Culture : les jeunes mis sous tutelle idéologique par l’État

Pass Culture : a-t-on déjà oublié que, malgré des milliards et des milliards dépensés au service des jeunes, ceux-ci ont majoritairement voté pour les extrêmes lors des dernières élections ?

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Pass Culture : les jeunes mis sous tutelle idéologique par l’État

Publié le 21 mars 2018
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Par Nicolas Lecaussin.
Un article de l’Iref-Europe

Le Pass culture n’est pas simplement du gaspillage d’argent public, il propose une forme subtile de tutelle idéologique de l’État. Dans L’État culturel. Essai sur une religion moderne (1991), Marc Fumaroli souligne les origines vichystes d’une politique qui se dit au service de la culture mais qui, en réalité, (re)distribue des « produits culturels » comme s’il s’agissait de tickets de rationnement.

Cette volonté des politiques à vouloir instiller de la culture chez les Français – jeunes ou vieux – à travers des institutions, organisations et autres manifestations, s’est perpétuée depuis les années noires et les liens ne semblent pas faiblir. Il faut néanmoins se mettre au diapason de la technologie et la nouvelle trouvaille du ministère de la Culture n’y manque pas.

Le Pass Culture présenté le 6 mars dernier prendra la forme d’une application mobile. Le dispositif, qui prévoit d’offrir aux jeunes de 18 ans un budget de 500 euros pour leurs divertissements, sera lancé en septembre 2018, et il a été dévoilé à l’occasion de la première réunion du comité d’orientation du Pass Culture.

 

Le service public de la culture

Selon le gouvernement, le Pass Culture sera un « service public universel et [un] nouveau réseau social. » L’application permettra de « recenser l’offre culturelle disponible sur son territoire ».

Il sera possible d’y réserver des sorties culturelles, d’acheter des « biens culturels » tels que des livres, des disques ou encore des films. Il sera également possible de s’inscrire à un cours de musique, de danse ou encore de dessin. Le ministère de la Culture prévoit aussi de développer l’application, en consultant « des jeunes » à travers des « ateliers de travail ».

Avec ce système, l’État distribue l’argent des contribuables pour l’achat de produits culturels qui plaisent aux jeunes. D’ailleurs, ce dispositif avait été lancé en Italie, en 2017, par Matteo Renzi, et le bilan un an après est mitigé et de nombreuses fraudes constatées. Si 600 000 jeunes en ont déjà profité, près de 40% des bénéficiaires potentiels ne l’ont pas réclamé ou l’ont « vendu » à d’autres. Le gouvernement a donc hésité à reconduire leur pass culture pour l’année 2018 et, de toute façon, cette mesure ne l’a pas aidé à gagner les élections…

 

La culture sans l’autonomie

Au-delà du gaspillage de l’argent public, cette politique grégaire atrophie chez l’individu sa capacité d’agir et de choisir. La culture est une question d’autonomie, d’envie, et non de prise en charge institutionnelle.

Dans d’autres pays, il n’y a même pas de ministère de la Culture et pourtant, la vie culturelle y est très riche grâce aux fondations privées et aux initiatives individuelles. À force de vouloir « éduquer » les jeunes, on les rend dépendants, et l’on provoque l’effet inverse de celui recherché.

A-t-on déjà oublié que, malgré des milliards et des milliards dépensés au service des jeunes, ceux-ci ont majoritairement voté pour les extrêmes lors des dernières élections ?

Le Pass Culture pourrait avoir sa logique, à la condition que toutes les subventions aux associations culturelles ou soi-disant telles soient supprimées ; si elles vivaient de l’argent de leurs « clients », le Pass Culture aurait alors pour mérite d’aider à payer le vrai prix de la culture. Mais hélas le système proposé ne fait qu’ajouter aux financements existants d’une culture qui trop souvent en usurpe le nom.

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  • Le pass culture est essentiellement une somme d’argent qui ne peut être dépensée que pour un certain nombre de produits dans une liste fixée à l’avance. On pourrait le comparer à des tickets restaurants. Cela va bien évidemment introduire un biais pour l’achat des « biens » dans la liste fixée, ce qui permettra un bonus de bénéfices aux entreprises de la liste. Et donc essentiellement nous sommes en face d’une subvention indirecte à ces entreprises culturelles (en plus des subventions directes qui existent déjà). Vient le problème de la « vente du pass ». C’est essentiellement de l’argent avec restriction d’achat, qui va donc subir une décote par rapport aux 500€. En autoriser la revente permettrait d’en connaitre le cours, et ainsi de connaitre la valeur de la culture (de la liste). Mais je sens que l’objectif du pass est non dit: il s’agit d’inciter les jeunes défavorisés à se cultiver (avec un sous entendu que les jeunes sont incultes…), une sorte de manipulation des masses avec de l’argent frais. On reconnait bien là l’état.

  • « les jeunes, on les rend dépendants et l’on provoque l’effet inverse de celui que l’on recherche. »
    A voir ! Faudrait-il d’abord définir avec précisions et réalisme, ce que l’Etat attend de ces mesures. Quand ces jeunes rejoignent les votes des extrêmes, c’est d’abord à mon avis, un manque d’informations de leur part. Qu’ils souhaitent d’abord faire table rase des politiciens qui depuis des décennies, ne leur apporte rien si ce n’est toujours plus de contraintes, soit. Mais qu’ils ne sachent pas choisir la liberté et l’indépendance, c’est qu’ils ne savent pas ce que c’est dans notre monde. Voilà ce à quoi il importe de s’attacher.

  • c’est pas cher , c’est l’état qui paie….

  • Dès l’obtention de leur précieux sésame, je recommande à tout jeune digne de ce nom de commencer par acheter :
    – l’insurrection qui vient
    – histoire de la dissidence
    – la vertu d’égoïsme
    – le maitre et Marguerite
    -…

  • C’est l’aliment principal des électeurs de Mélenchon.

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