Le principe de précaution est plus dangereux que vous ne le croyez

Principe de précaution : La gestion des risques ne doit pas céder à l’émotion mais s’en tenir à la mesure des faits.

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Le principe de précaution est plus dangereux que vous ne le croyez

Publié le 17 mars 2018
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Par Michel Gay et Jean-Pierre Riou.

S’il devait s’appliquer à lui-même, le principe de précaution s’interdirait tout seul tant il est dangereux. Les marchands de peur font courir des risques plus grands encore aux moutons qu’ils affolent en agitant leurs épouvantails. La gestion des risques ne doit pas céder à l’émotion mais s’en tenir à la mesure des faits.

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Une certaine presse privilégie les titres racoleurs et les articles à sensation à l’objectivité du contenu. Elle préfère se faire l’écho des rapports officiels quand ils sont alarmants plutôt que lorsqu’ils sont rassurants.

Les leçons de Fukushima

L’analyse du tsunami qui a submergé Fukushima  en mars 2011 est riche d’enseignements :

La première leçon est que parmi les 20 000 morts, aucun des décès n’est imputable à l’accident dans la centrale de Fukushima Daiichi, ni à ses émissions radioactives.

De nombreux décès ont aussi été provoqués par le déplacement des populations et le stress occasionné.

Depuis, de nombreuses études ont mis en évidence les pathologies entraînées par le déplacement des populations et considèrent désormais que cette évacuation a été excessive.

Une campagne d’un suivi sanitaire de 30 ans a été aussitôt entreprise.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié un rapport en 2013.

Le Comité scientifique de l’ONU sur les conséquences des émissions radioactives (UNSCEAR) a publié le sien en 2014.

En France, l’IRSN publie régulièrement les résultats de ce suivi.

Toutes leurs conclusions s’accordent à considérer que les doses reçues ont été faibles, même sur les travailleurs de la centrale. À ce jour, aucune pathologie n’a été décelée, et aucun élément ne permet de conclure que des effets ultérieurs se manifesteront.

Les effets pervers de l’information partisane

Au prétexte de dénoncer un risque, l’information partisane masque la réalité et véhicule des effets pervers.

En effet, s’il est légitime de s’inquiéter des conséquences à long terme de l’exposition aux émissions radioactives, celles de l’exposition au charbon sont en revanche avérées et quasiment ignorées. Elles provoquent pourtant 1850 décès chaque année en Allemagne … et 2490 hors de ses frontières.

En incitant les populations à fuir, les marchands de peur les exposent à des dangers plus grands encore.

De même, en dissuadant les populations déplacées de respecter les consignes de retour, ils augmentent les conséquences d’un déracinement prolongé et du stress.

Pour Philip Thomas, professeur en Risk Management à l’Université de Bristol, l’évacuation des populations à la suite d’une catastrophe nucléaire représenterait même une grave erreur en raison des dégâts pires encore qu’elle entraîne.

La part des choses

Une mission française s’est rendue à Fukushima en 2017. Les débits de dose journaliers moyens qu’elle a mesurés dans les principales villes impactées se sont révélés inférieurs à ceux enregistrés à Cherbourg la même semaine. Les mesures correspondant aux 15 minutes à 40 mètres du réacteur accidenté étaient même inférieures à celles des 11 heures du vol Tokyo-Paris.

Malgré l’accident de la centrale de Fukushima Daiichi, la filière nucléaire reste la moins dangereuse par unité d’électricité produite.

Les ruptures de barrages hydrauliques ont déjà entrainé la mort de plus de 100 000 personnes à Banqiao, en Chine.

Les nombreux accidents dans les mines de charbon viennent grossir le lourd bilan des 300 000 morts provoqués chaque année en Chine par sa combustion, ou des plus des 20 000 décès uniquement en Europe.

Et bien que la biomasse soit renouvelable, ses émissions n’en sont pas moins nocives.

Trente ans après les milliers de morts de la catastrophe chimique de Bhopal en Inde, il n’y a pas de slogans demandant la sortie du chimique, ni celui de la sortie de l’aviation à chaque crash aérien qui menace pourtant aussi les grandes villes.

Politique de l’énergie et principe de précaution

La politique de l’énergie sous tend toutes les autres. Les choix qu’elle implique modifient en profondeur une société. Mais le militant antinucléaire est convaincu qu’il faut arrêter le nucléaire par tous les moyens, quelles qu’en soient les conséquences, y compris les plus dramatiques.

En démocratie, une information militante des médias peut se révéler redoutable en induisant un comportement autodestructeur d’une majorité de citoyens appliquant de manière excessive le principe de précaution qui peut tuer par panique ou… paralysie !

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  • ça ne parle pas vraiment du principe de précaution..qui n’est pas dangereux en lui même mais dangereux parce qu’il introduit des éléments de jugement qui restent subjectifs.
    Pa

    nous appliquons tous nos propres mesures de précaution

    • mais la France est coutumières des affirmations de grands principes tempérés par la « sagesse », la « mesure » l’évaluation du risque de nos dirigeants tant aimés.

  • Encore un très bon article, limpide, clair et concis. Merci.

  • Doit-on appliquer le principe de précaution au principe de précaution ?
    Doit-on douter du doute ?

    En terre libre, n’y a-t-il pas qu’un seul principe, à savoir le principe de responsabilité ? Car être déplacé de ses terres par après un accident industriel, n’est-ce pas quand même la conséquence d’une « erreur » d’appréciation humaine ?

    • Vous avez raison de mettre « erreur » entre guillemets. Car il s’agit bien plus que d’une erreur. La part de mensonges inhérents à certaines de ces technologies (dieselgate, amiante, glyphosate, nucléaire…) comptent pour beaucoup dans l’hostilité de l’opinion publique. Quand la pollution atmosphérique s’arrête à la frontière française, quand les ravages de l’amiante sont niés par ses lobbys, quand les constructeurs fraudent les essais d’homologation… tout ceci alimente le rejet : « si tout était réellement sans danger, ou peu dangereux, pourquoi alors nous cacher toutes ces informations ? ».
      Les plus fervents promoteurs du principe de précaution, ce sont les industriels menteurs et truqueurs et leurs lobbies.
      Tant que ces gens et les Etats n’auront pas un discours honnête, ou ne procèderont pas par referendum pour mettre les citoyens devant leurs responsabilités, il n’y a aucune raison que ça s’arrange.

      • Quand nos médias ne parlent que de l’accident nucléaire de Fukushima à la date anniversaire alors que le reste du monde et de la presse internationale commémore la mémoire des vingt-mille morts et disparus suite au tremblement de terre et au tsunami qui a suivi.
        C’est de ce genre d’honnêteté dont vous voulez parler ?

  • Le principe de précaution peut se concevoir lorsque l’avenir de l’humanité est en jeu mais certainement pas pour se prémunir contre des accidents qui ne sont que des piqures d’épingles à l’échelle de l’humanité. C’est le cas des accidents nucléaires , il ne se chiffrent que par peu de morts (par exemple en comparaison avec une guerre) et des surfaces de territoire devant être temporairement gérées de façon rigoureuse. Pas de quoi mettre la planète en péril.
    Par ailleurs il est bien évident que ce principe doit aussi bien être appliqué à l’action qu’à la non-action (ou à l’ensemble des choix possibles quand il y en a plus de 2). Refuser un danger pour en courir un plus grand encore est particulièrement stupide.

    • JCB, oui, ça s’appelle la politique de Gribouille,qui se jetait à l’eau pour éviter la pluie
      Plutôt que de moutons, pourquoi ne pas parler de lemmings, ces petits rongeurs qui périodiquement se jettent du haut des falaises, en suivant ceux qui les précèdent. Il y a aussi les grenouilles vertes, qui se font écraser en traversant en troupe les routes à la période des amours.
      De tout temps il y a eu des catastrophes industrielles. Dans chaque domaine leur impact a été diminué progressivement par l’apprentissage. Actuellement, l’aviation est citée comme étant le moyen de transport le plus sûr du monde. Ce n’était certes pas le cas à ses débuts !
      La combustion des combustibles fossiles est actuellement une des grandes sources de mortalité prématurée dans le monde et même en Europe. Il y a de grandes marges possibles de diminution. Mais il faudra beaucoup d’efforts pour que son impact se réduise au niveau infiniment plus faible de celui du nucléaire actuel. Et quant à son « empreinte carbone », cela sera probablement jamais possible de la réduire au niveau de celui du nucléaire , car il faudrait passer par un enfouissement généralisé de ses émissions.

      • La mortalité prématurée n’a aucun sens scientifique, c’est un concept de propagande auquel on peut faire dire ce qu’on veut. Donc sortons du principe de précaution, arrêtons de dépenser des milliards pour le cas où nos décédés auraient pu survivre 12 heures de plus, et attachons-nous à réduire les dangers avérés, genre remplaçons les foyers ouverts par des foyers fermés en Afrique sans chercher à leur faire changer de combustible.

        • Si, si, elle a un sens scientifique, ou plutôt statistique. Le souci, c’est qu’on lui fait dire n’importe quoi, puisqu’on finit, à l’échelle d’un pays, en convertir quelques mois perdus par les plus faibles, en morts à temps plein, si j’ose dire…
          L’autre souci, c’est la relation de cause à effet. Un gros fumeur finira forcément par décéder de son vice, même si c’est le plus costaud des hommes. Les morts prématurées liés à causes diffuses et de degré incertain (canicule, pollution…) concernent avant tout des gens dont la santé est déjà chancelante.
          Aucun homme dans la force de l’âge ne mourra de la canicule ou de la pollution. Un fumeur, si.
          Les 70000 morts à cause du tabac ne sont pas comparables aux 40000 morts dus à la pollution. On peut mettre un nom et une cause sur les premiers. Pas sur les seconds.

          • Non, ça n’a pas de sens de faire des statistiques sur ce qui se serait passé si les personnes n’étaient pas mortes. Quand une cause de décès est « majeure », comme fumer ou respirer l’air de Pékin, il est légitime de chercher à la réduire. Quand elle est accessoire, ça n’a pas de sens d’essayer d’en faire malgré tout une cause majeure en disant : « ok, ça n’est pas de ça que la personne est morte, mais elle aurait néanmoins vécu plus longtemps si elle n’avait pas été exposée ». Personne ne peut prétendre savoir ce qui se serait passé si la personne n’était pas morte !

            • Votre commentaire est surprenant. Vous établissez comme majeure une cause de décès liée à l’air de Pékin. Non seulement vous établissez une relation de cause à effet pour les deux, en l’assimilant au tabac, mais en plus vous la qualifiez de majeure. A quel seuil de particules fines, jugez-vous que la pollution passe de anecdotique et dénué de sens scientifique, à majeure et causale ?

              • Il se trouve que je sais qu’il y a des fumeurs et des Pékinois malades, de toute évidence de fumer et de respirer l’air de la capitale chinoise, j’en connais même personnellement dans les deux catégories, mais pour les malades des particules fines, j’attends toujours les études épidémiologiques sérieuses.

    • On ne peut demander à l’homme, et particulièrement à l’écolo, de ne pas l’être. C’est peut être ce qui le distingue le plus du singe!

    • @ Jean-François Dupont
      « Deux médecins cancérologues réputés se prononcent contre le principe de précaution »

      D’accord, mais, la France mise à part, quel pays a introduit le « principe de précaution » dans sa constitution: je n’en connais aucun et je ne sache pas que ces pays s’en portent plus mal, ni plus mal que la France!

  • C’est bizarre! Alors que le charbon tue tous les ans des milliers de personnes, par accident ou maladie, les media occultent complètement ces faits, mais par contre sont vent debout contre le nucléaire qui n’a tué que très peu de gens. Leur dépendance idéologique est manifeste!

    • Ce n’est plus vrai depuis quelques années. On mesure les particules fines dans l’air en France depuis environ 15 ans. Et le rapport de l’OMS sur le diesel plus une étude européenne sur les dangers des particules fines pour la santé ont pris beaucoup d’ampleur dans les medias.

    • on meurt dans les mines de charbon on abrège l’espérance de vie en respirant des particules…soit….MAIS…parler des morts du charbon reste un non sens… parce que sinon il suffit demain matin d’arrêter les centrales à charbon et les mines de charbon et paf pouf zoum la longévité humaine augmente de vachement… vraiment?

      donc dans utopia, si on pouvait rendre les services que rend le charbon qui allonge la durée de vie par un autre truc qui n’a AUCUN effet néfaste alors…oui…on pourrait dire que le charbon tue..en attendant il sauve des vies selon la même métrique!!!! pourquoi devoir toujours rappeler cette évidence.
      Le charbon tue par rapport au gaz…sans doute ;mais pas par rapport à rien..

  • Principe de précaution et nucléaire…
    Principe de précaution et glyphosate…
    Principe de précaution et exploitation pétrolière…

    Seulement voilà, les anti-nucléaires, les anti-bagnoles, les anti-pesticides n’ont pas attendu après le PP pour réclamer la fin de ces technologies.
    Et ce n’est pas sur le principe de précaution que les gouvernements s’appuient pour réduire la place de ces technologies.
    En réalité, le principe de précaution est une belle décoration constitutionnelle, mais il n’a jamais servi.
    Il est seulement un symptôme parmi d’autres de la peur de nos contemporains et de leurs exigences de sécurité. C’est une conséquence, nullement une cause de quoi que ce soit.
    Ca tourne à l’obsession !

    • euh inscrire un machin avec des potentialités de légitimation d’interdire presque tout progrès dans la constitution n’est pas rien. ça n’a rien à voir avec des décisions politiques sur lesquelles on peut revenir.

      • Vu la rédaction de l’article sur le principe de précaution, on peut à peu près lui faire dire tout et n’importe quoi. Et en l’occurrence, pour l’instant, il n’a jamais servi en pratique. Chaque fois que des technologies ou des substances ont fait l’objet de restriction ou d’interdiction, on était loin du seul doute raisonnable. Vu les enjeux en question, rien n’a jamais été fait sans l’appui de rapports des autorités sanitaires.
        Je crois qu’ici on aime bien se faire peur à peu de frais.
        Quant au nucléaire, les oppositions sont bien plus anciennes que le principe de précaution et la volonté de réduire le nucléaire dans le mix énergétique n’a pas grand chose à voir avec le principe de précaution. Par ailleurs, Fukushima et Tchernobyl ne sont pas des vues de l’esprit ou des peurs sans fondement.

        • Fukushima : vous avez lu l’article ? Parce qu’entre lui et vous, je fais confiance à un tel article détaillé et argumenté plutôt qu’à un pseudo anonyme de polémiste systématique.

        • mais pouvoir faire dire n’importe quoi à un bidule inscrit dans la constitutionnel vous fait pas peur?
          notre constitution est déjà truffée de petites additions qui conduise à ce qu’en pratique peu de liberté soit garanties.

  • En soi, le principe de précaution est paradoxal… Par principe de précaution, on devrait en interdire son utilisation tant qu’on n’a pas prouvé qu’il n’est pas dangereux pour la société, des personnes, la vie, le progrès, l’économie, la nature, la terre, etc…

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