Par Chris Hattingh.
Un article de Libre Afrique
Quel comptable, digne de ce nom, préconiserait-il de dépenser de manière irresponsable l’argent que vous n’avez pas et, le jour venu de rendre des comptes, adopterait la politique de l’autruche ? C’est exactement la voie suivie par le président socialiste du Venezuela, Nicolas Maduro, tout au long de son mandat et dans laquelle il persiste avec sa décision d’augmenter de 40% le salaire minimum du pays à partir de début 2018.
Le chaos de l’inflation
Ainsi, les Vénézuéliens recevront maintenant environ 797 510 bolivars (la monnaie du Venezuela) par mois, ce qui équivaut à 7 $ selon le prix du marché noir des devises. Seul le socialisme peut produire un marché noir où une monnaie étrangère a plus de poids qu’une monnaie supposément soutenue par toutes les réserves de pétrole.
En mai 2016, le Los Angeles Times rapportait qu’il fallait débourser 150 $ pour acheter une douzaine d’œufs au Venezuela. De janvier à novembre 2016, les prix ont augmenté de 1 369%. On se demande ce qu’un seul œuf coûte «officiellement» en ce moment. Je dis «officiellement» parce que le gouvernement vénézuélien ne publie plus aucune donnée sur l’inflation depuis longtemps.
L’égalité dans la pauvreté
Quelle tactique un dictateur socialiste adopte-t-il lorsque son pays s’effondre progressivement en raison de sa politique ? Comme dans tous les autres pays socialistes, lorsque ça va mal, on a vite fait de mettre les problèmes sur le dos des forces extérieures maléfiques.
Petit raccourci facile qui permet d’endormir le peuple. Rappelons que l’utopie socialiste vise un noble objectif : l’égalité. Le problème vient du chemin choisi pour y arriver. Les socialistes veulent construire l’égalité par la coercition du gouvernement. D’évidence cela ne peut pas fonctionner et conduit toujours à des États puissants et prédateurs se muant en capitalisme de copinage.
L’égalité qui doit être recherchée est l’égalité devant la loi et l’égalité devant la faculté de faire des affaires et de les développer. Au lieu de favoriser la réussite, le socialisme préfère niveler la société vers le bas. C’est l’égalité dans la pauvreté ! Maduro a-t-il conscience de sa culpabilité ? Surement pas puisqu’il persiste en s’attaquant au salaire minimum.
Une idéologie déconnectée de la réalité
En imposant un salaire minimum, Maduro n’a pas réfléchi à l’impact d’une telle mesure dans un environnement déjà fragile. C’est certes populiste de penser aux pauvres. Sauf que l’impact de sa politique va encore aggraver leur situation, comme le montrent d’autres exemples dans le monde, dont l’Afrique du Sud. L’augmentation des salaires signifie pour une entreprise : des sacrifices, une hausse des prix, moins de dépense de marketing, et par conséquent moins d’emploi.
Ce n’est pas à l’État de gérer les relations entre un employé et son patron. Lorsque l’environnement est rigide et hyper réglementé, il freine l’emploi. Un employé sans qualification se retrouve forcément sur la touche.
Le salaire minimum est un exemple flagrant d’ingérence du gouvernement dans le fonctionnement du marché et, lorsqu’un gouvernement intervient de quelque façon que ce soit, c’est déconnecté de la réalité. Tout contrat de travail nécessite l’ingrédient vital du consensus mutuel.
La logique d’augmenter les salaires sans réfléchir à la capacité de l’entreprise de soutenir cette mesure s’ajoute aux augmentations incessantes des impôts sans réduction des dépenses publiques. C’est toujours le secteur privé qui est pressé alors qu’il est le seul capable de créer de la richesse. C’est bien le secteur privé qui trime pour nourrir le train de vie des dirigeants.
Le socialisme corrompt la réalité. Ceux qui défendent l’égalitarisme sont dans une utopie malsaine et jouent les bons samaritains tout en aspirant tout le monde vers le bas. Imposer un salaire minimum, puis l’augmenter à plusieurs reprises fausse le réel prix du travail.
La négociation d’un salaire entre un employeur et un employé est l’un des aspects les plus importants de l’économie qui devrait être libéré des ambitions malavisées du gouvernement. Tout salaire minimum déforme le prix du travail et, par effet d’entraînement, l’ensemble de l’économie. En réponse au salaire minimum, les entreprises favorisent l’automatisation. Les machines remplacent peu à peu les hommes.
Plutôt que d’imposer un salaire minimum pour se donner bonne conscience, Maduro devrait plutôt s’attaquer aux causes de l’hyperinflation et regarder ses responsabilités en face. Une petite augmentation de salaire n’améliorera d’ailleurs pas le pouvoir d’achat des Vénézuéliens dans ce contexte chaotique.
Ils ne pourront toujours pas se permettre trois repas par jour parce que le socialisme de Maduro a détruit l’économie. Augmenter le salaire minimum n’augmente pas le pouvoir d’achat. L’inflation ne peut pas être simplement masquée sous le tapis. L’effet des politiques socialistes sur la vie des gens est réel, durable et dévastateur.
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Le problème de l’utilisation de la législation pour que les salaires et les avantages sociaux soient élevés artificiellement, c’est que les entreprises peuvent se déplacer vers un autre endroit où les travailleurs sont moins coûteux. Cela fait partie de la raison pour laquelle aux USA, les économistes estiment une perte de millions d’emplois si le salaire minimum est porté à 15 $ / hr (comme le veut la gauche américaine). Et C’est aussi une partie de la raison pour laquelle les socialistes ont été partisans de frontières fermées. Ils ne veulent pas de main-D’œuvre bon marché dans le pays, et ils ne veulent pas que les entreprises partent et prennent des emplois avec eux. La mobilité est la mort du socialisme.
Sources : http://econweb.tamu.edu/jmeer/Meer_West_Minimum_Wage.pdf
https://www.cbo.gov/sites/default/files/44995-MinimumWage.pdf
http://www.nber.org/papers/w20724
http://americanactionforum.org/uploads/files/research/Counterproductive.pdf
Les pertes d’emplois ont été calculés par Ben Gitis and Douglas Holtz-Eakin en utilisant la méthodologie de CBO, Meer, and Clemens.
The Minimum Wage Raises Prices More Than It Raises Wages: https://beingclassicallyliberal.us/2017/03/06/the-minimum-wage-raises-prices-more-than-it-raises-wages/
A noter que l’un des effets pervers du salaire minimum c’est de fausser la concurrence car il avantage les grandes entreprises déjà établies par rapport aux PME et aux nouveaux acteurs. Cela a été montré que les multinationales résistaient bien mieux à une augmentation du salaire minimum que les PME; Le salaire minimum les avantage.
D’ailleurs, il arrive parfois que des grandes entreprises fassent du lobby pour avoir un salaire minimum plus grand parce qu’ils savent que cela va nuire à leur concurrence.
Par exemple, le patron de Deutsch Post (Zumwinkel) s’est arrangé avec les syndicats du secteur postal allemand, pour mettre en place un salaire minimum dans cette activité. Tout cela dans le but de créer une barrière contre la concurrence dans ce secteur, juste avant sa libéralisation. Les marchés ne s’y étaient pas trompés, en accueillant la nouvelle par une hausse du cours boursier de l’entreprise dirigée par Zumwinkel
https://www.telos-eu.com/en/job-market/minimum-wages-maximum-wages-and-the-level-of-econo.html
D’ailleurs, les travailleurs au salaire minimum se trouvent surtout dans les PME et non les multinationales. Parce qu’il y a une tendance aux partisans du salaire minimum de dire qu’ils combattent la cupidité des multinationales. Sauf que la réalité est tout autre. Ils combattent surtout les PME
Exemple du salaire minimum à Seattle: https://www.washingtonpost.com/news/wonk/wp/2017/06/26/new-study-casts-doubt-on-whether-a-15-minimum-wage-really-helps-workers/?utm_term=.ddf484d518ed
Un excellent article sur Seattle:
http://www.nationalreview.com/article/449025/seattle-minimum-wage-hike-hurts-low-wage-workers-study-obvious-economic-result-left
Cet article parle de la fameuse étude de Card et Krueger (qui est l’étude de référence utilisée par les gauchistes pour prouver qu’une hausse du salaire minimun n’a aucun effet néfaste sur l’emploi). Cette étude a une méthodologie plus que douteuse pour ne pas dire ridicule ( cette étude a été faite sur le seul secteur de la restauration rapide sur une très courte période par sondage téléphonique). D’ailleurs il est intéressant de regarder la méthodologie des études vantant les bienfaits du salaire minimum. Je constate que systématiquement ces études ont de sérieux problèmes méthodologiques. Il suffit de comparer la méthodologie des études critique du salaire minimum avec la méthodologie des études vantant le salaire minimum pour comprendre qu’il y a un sérieux problème de crédibilité pour les études pro salaire minimum.
Cette étude faite à Seattle a une bien meilleure méthodologie que les études précédentes (notamment celle de Berkeley).. Cette étude utilise des données beaucoup plus fines que ce qui était fait auparavant. https://evans.uw.edu/sites/default/files/two%20page%20overview.pdf
Grâce aux données individualisées auxquelles ils ont eu accès (salaires et nombre d’heures, le tout par trimestre) les chercheurs ont pu séparer les bas salaires des autres. Le seuil a été fixé à 19 $ par heure dans l’étude. Cela permet de tenir compte du fait que la hausse obligatoire de 11 $ à 13 $ a pu pousser certains patrons à accorder 14,50 $ à des salariés qui en gagnaient 14 etc …
Rappelons que cette étude a été faite à la demande du maire de Seattle (donc on peut difficilement l’accuser de partis pris)
Cette nouvelle étude est loin d’être anecdotique car elle montre que toutes les études prouvant que l’augmentation d’un salaire minimum n’a pas d’impact sur l’emploi des travailleurs peu qualifiés sont fausses. https://www.youtube.com/watch?v=Cfi8r0WnwoE
Le seul reproche que j’ai à faire à cette vidéo c’est qu’elle laisse entendre qu’avant cette étude, la littérature scientifique disait que le salaire minimum n’avait pas d’impact sur l’emploi des travailleurs peu qualifiés. C’est faux: il y avait avant cette étude pas mal d’études qui disaient que le salaire minimum avait un impact négatif sur l’emploi des travailleurs peu qualifiés. Et beaucoup d’économistes critiquaient déjà la méthodologie des études qui soi disant prouvaient l’impact nul de l’augmentation de salaire minimum sur l’emploi. Comme dit plus haut, l’étude de Card et Krueger a vu sa méthodologie être totalement démontée tant elle était ridicule.
Mais cette vidéo est intéressante car cela amène un élément en plus: le fait qu’utiliser le secteur de la restauration rapide ou les adolescents comme substituts aux travailleurs peu qualifiés pour tenter de vérifier l’impact de l’augmentation du salaire minimum sur l’emploi des travailleurs peu qualifiés fausse les résultats (en faveur de l’impact nul). Cette étude montre que ce sont de mauvais substituts aux travailleurs peu qualifiés. Cela remets en cause toutes les études prouvant l’impact nul de l’augmentation du salaire minimum sur l’emploi des travailleurs peu qualifiés (vu qu’ils ont utilisés de mauvais substituts leurs résultats sont biaisés et faux). (A noter qu’en général ce n’est pas le seuls problème méthodologique qui existe dans ces études prouvant l’impact nul, il y en existe bien d’autres. En général, les études prouvant que l’augmentation du salaire minimum n’a pas d’impact, elles ont une méthodologie plus que douteuse).
Autre étude(mais plus ancienne, elle date de 2015) sur les effets désastreux de l’augmentation du salaire minimum à Seattle (dans le domaine de la restauration). https://thelibertarianrepublic.com/why-did-seattle-restaurants-lose-1000-jobs-report-blames-the-minimum-wage/
Voici l’étude de l’Université de Washington: https://evans.uw.edu/policy-impact/minimum-wage-study
et: http://www.nber.org/papers/w23532
Même des économistes de gauche acquis à la cause du salaire minimum tels que Jared Bernstein commencent à se demander si les revendications « 15 Now » et autres ne vont pas trop loin. https://fivethirtyeight.com/features/seattles-minimum-wage-hike-may-have-gone-too-far/
Alors, il y a de quoi s’interroger si même des idéologues gauchistes commencent à remettre en cause ces revendications
Autre étude sur les conséquences néfastes du salaire minimum: http://www.zerohedge.com/news/2017-04-18/harvard-shock-study-each-1-minimum-wage-hike-causes-4-10-increase-restaurant-failure
Comment le salaire minimum augmente la pauvreté: https://mises.org/library/how-minimum-wage-laws-increase-poverty
Environ 85% des études «trouvent un effet négatif sur l’emploi des travailleurs peu qualifiés»
http://econfaculty.gmu.edu/wew/articles/13/HigherMinimumWages.htm
Sur le sujet du salaire minimum, deux articles forts intéressant de Jean Level:
https://mobile.agoravox.fr/actualites/societe/article/si-je-detestais-les-pauvres-j-167207
https://mobile.agoravox.fr/tribune-libre/article/rigidifier-le-monde-du-travail-est-161488
Article intéressant sur la suppression du SMIC (salaire minimum en France): http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1191066-un-smic-plus-bas-pour-les-jeunes-supprimons-le-salaire-minimum-cette-grossiere-arnaque.html
Le débat Krugman Hazlitt sur le salaire minimum: https://www.foreignpolicyjournal.com/2013/07/22/krugman-vs-hazlitt-on-minimum-wage-who-is-really-wrong-about-everything/
Gary Becker: Augmenter le salaire minimum, c’est augmenter le chômage https://www.catallaxia.org/wiki/Gary_Becker:Augmenter_le_salaire_minimum,_c%27est_augmenter_le_ch%C3%B4mage
Il est aussi bien de rappeler l’histoire. Aux USA, historiquement, les motivations pour avoir un salaire minimum étaient racistes: https://www.forbes.com/sites/carriesheffield/2014/04/29/on-the-historically-racist-motivations-behind-minimum-wage/#62d9872f11bb
Petit rappel: Wal-Mart à cause du mouvement pour l’augmentation de salaire minimum a licencié des employés: http://www.zerohedge.com/news/2015-07-31/economics-101-wal-mart-hikes-minimum-wages-prepares-fire-1000
Les effets négatifs du salaire minimum: https://www.downsizinggovernment.org/labor/negative-effects-minimum-wage-laws
Le salaire minimum a un effet négatif sur l’emploi des jeunes : http://www.econ.ku.dk/ctk/Papers/krs-minimumwage_v61.pdf
Quelques vidéos intéressantes de Thomas Sowell sur le salaire minimum: https://www.youtube.com/results?search_query=thmas+sowell+min+wage
Et par rapport au passé, il y a quelque chose qui a changé: la robotisation.
Avant, l’augmentation du salaire minimum conduisait les entreprises à licencier à réduire leur activité parce qu’elles étaient en situation difficile. Ce qui est toujours le cas aujourd’hui mais la différence avec le passé c’est qu’aujourd’hui, cela pousse les entreprises (pas spécialement en difficulté) à vouloir se passer d’employés en faisant appel à la technologie. C’est ce qui s’est passé aux USA avec le mouvement voulant instaurer un salaire minimum de 15 dollars. Ce mouvement est en grande partie centré sur les fast food. Les fast food se sont rendus que s’ils devaient payer un salaire de 15 dollars l’heure cela devenait plus rentable de se passer d’employés et de faire appel à la technologie.
Augmenter les salaires minimum conduit à accélérer la robotisation du marché du travail. Cela au détriment des travailleurs ayant peu de compétences
Le salaire minimum accélère la robotisation: https://acton.org/publications/transatlantic/2018/01/09/minimum-wage-speeding-robot-apocalypse
voilà un exemple: http://freebeacon.com/issues/fight-for-flippy/#
l’IDL s’était amusé à observer la corrélation entre salaire minimum et chômage des populations défavorisées aux US :
http://institutdeslibertes.org/salaire-minimum-et-chomage-des-plus-defavorises/
Un bon article sur l’augmentation du salaire minimum: http://nationalpost.com/news/the-inconvenient-truths-of-the-minimum-wage-increase
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