Une stratégie « bas carbone » bien mal engagée

Le ministère ne croyant pas lui même à l’efficacité de sa « stratégie bas carbone », aucune amélioration n’est attendue dans son rapport avant … 2028 !

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Une stratégie « bas carbone » bien mal engagée

Publié le 1 mars 2018
- A +

Par Michel Gay et Jean-Pierre Riou. 

Le ministère de la Transition écologique et solidaire vient de publier (janvier 2018) le suivi de la « Stratégie Nationale Bas Carbone » (SNBC) qui permet enfin d’évaluer les effets de l’effort financier considérable visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Les épithètes ne manquent pas : « Bas carbone, novateur, intelligent, responsable, durable, citoyen, participatif, solidaire » . Mais que masquent-ils ?

Les moyens mobilisés

La plus grosse partie du financement de cette politique (5,68 Md€ !), provient de la contribution au service public de l’électricité (CSPE), une taxe sur la facture d’électricité, payée par tous (à l’exception des tarifs spéciaux accordés aux plus précaires), contrairement à l’impôt qui est proportionnel aux revenus.

 Source Suivi des recommandations « transversales » de la « stratégie bas carbone »

La cible :

Selon le rapport du ministère, la cible « prioritaire » est la production d’électricité qui ne représente pourtant que… 11 % des émissions en équivalent CO2 (CO2eq), soit une trentaine de MtCOeq par an, selon RTE.

 

Une stratégie inefficace :

Pour couronner le tout, la stratégie employée pour décarboner ce secteur se révèle inefficace car « on ne tond pas un œuf ». Le parc électrique français n’émet quasiment pas de CO2, grâce à 75% de production nucléaire et plus de 10% d’hydraulique.

Le graphique ci-dessous de l’Observatoire de l’industrie électrique montre que la production nucléaire a progressé de plus de 30% entre 1990 et 2011 (+106 TWh), ce qui explique la réduction des émissions de GES depuis cette date de référence (1990).

Source Observatoire de l’Industrie électrique

De plus, la période 2011/2013 correspond à la « libération » pour la consommation nationale des trois réacteurs de l’usine d’enrichissement d’uranium Eurodif par l’usine Georges Besse 2, dont la consommation de 60 MW, est 50 fois inférieure à celle des 3000 MW d’Eurodif (à laquelle les 3 réacteurs du Tricastin étaient dédiés).

Même pas mal !

Le ministère ne croyant pas lui même à l’efficacité de sa « stratégie bas carbone », aucune amélioration n’est attendue dans son rapport avant … 2028 !

Les restructurations du système électrique vers des « smart grids » (ou réseaux « intelligents »), entraînent déjà, et entraîneront, des surcoûts démesurés.

Dans son communiqué de presse du 21 février 2018, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) rappelle que : « l’ambition européenne doit être en phase avec les réalités techniques du fonctionnement des réseaux ».

Et que : « les mesures harmonisées sur l’équilibrage pourraient avoir un coût prohibitif pour le gestionnaire de réseau de transport et de ce fait peser sur la facture du consommateur français sans bénéfice avéré ».

Le ministère de la Transition écologique et « solidaire » semble avoir une curieuse acception de cette épithète « solidaire », ainsi que de celles accolées au développement des énergies dites « renouvelables » et « durables » caractérisées précisément par leur incapacité à durer… lorsque le soir ou le vent tombe.

Ces épithètes autoproclamées haut et fort (« Bas carbone, novateur, intelligent, responsable, durable, citoyen, participatif, solidaire,… ») semblent afficher leur vacuité avec la même emphase maladroite que l’épithète « démocratique » accolée à « République »…

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  • encore une preuve de là débilité de nos dirigeants à part .. taxer ..taxer …du pipeau..faite ce que je dis maïs pas ce que je fais…l’écologie est un business. .au diable là moralité. ..je vous laisse deviner vous acheter une voiture en 2018 avec un malus de 10500 euros qu’elle sera votée vignette crit’air ???

  • Les épithètes en effet…et pas n’importe lesquels .. écoutez un discours de hulot..
    pour le reste , ce qui importe est de « signifier son intention au reste du monde de combattre le changement climatique »..

  • Le lobby du nucléaire est très présent sur ce site, ors quoi qu’en on pense et tout comme le pétrole, l’uranium, plutonium n’est pas inépuisable..tout comme les métaux rare nécessaire au photovoltaïque, la question générale n’est pas de savoir qui a la plus grosse ou qui pisse le plus propre, c’est la question de l’énergie de demain…parce que sans énergie rien n’est possible… Le vrai débat devrait porter sur l’affectation des moyens à la la découverte des énergies de demain (biotech par exemple les micro algues…)

    • les utopistes sont toujours là

    • L’énergie de demain ne pose aucun problème. Celle de dans quelques siècles est plus incertaine, mais pourquoi serait-ce un problème ? Notre génération est la première à imaginer que les suivantes vont dégénérer au point que nous devrions résoudre dès aujourd’hui et à leur place les éventuels problèmes qui pourraient se poser dans le futur si le progrès n’existait plus. Quel mépris pessimiste pour nos enfants !

      • J’ajoute que je suis effaré de voir avec quelle facilité nous endettons nos descendants au prétexte de leur trouver des sources d’énergie politiquement correcte.

      • La transition énergétique est une impossibilité physique qui se verra le jour où nous n’ aurons plus accès au pétrole. Donc sans transport pour acheminer les matières premières et les transformer et principalement l’ agriculture (100l/ha de diesel), la chaine du froid etc.. vous mangerez quoi ?

    • « ors quoi qu’en on pense  »
      Hmmmm, ce « ors » là est un collector pour fin gourmet. C’est un « or » qui brille de mille feux, rehaussé dans son éclat par le « qu’en on ». Merci pour ce moment de bravoure !

  • Cette transition « écologique et solidaire » est une escroquerie pure et dure. On se targue de vouloir lutter contre la (prétendue) baisse de biodiversité et l’artificialisation des sols, mais on plante des moulins à vent tueurs d’oiseaux et chauve-souris, on rase des surfaces boisées pour mettre des panneaux solaires, le tout en piochant de force le peu d’argent que les français ont dans leurs poches pour le donner aux industriels de ce business peint en vert pour paraitre vertueux. $*&@#

  • Et que dire de la « surprise » de voir une augmentation de la production française de CO2 sur 2017?
    Explication donnée: baisse du parc automobile diesel. Ben oui, le diesel consomme moins de carburant donc rejette moins de CO2. On le subodorait déjà, mais manifestement, nos clowns à roulettes n’y avaient pas pensé.

    • plutôt baisse de la production nucléaire (dû à des centrales en fin de vie) et développement de la consommation de gaz pour la production électrique (on a oublié de développer les renouvelables!)……..

  • En 2028, on sera entré dans une période froide type Maunder et le sacro-saint CO2 ne sera plus qu’un lointain souvenir.

  • Les escrocs qui nous gouvernent veulent refiler notre argent à leurs copains!

  • « Le graphique ci-dessous de l’Observatoire de l’industrie électrique montre……. ce qui explique la réduction des émissions de GES depuis cette date de référence (1990). »
    faux : en réalité « les émissions de l’industrie manufacturière et de l’énergie ont fortement baissé en France (respectivement -42% et -44%), mais celles des transports a augmenté (+11%) tout comme celles des déchets (+12%). »

    • la baisse des GES n’étant dû qu’en partie à la production de nucléaire, compte tenu des quasi impossibilités technique, sécurité et financière de développer de nouvelles centrales nucléaires, le développement des énergies renouvelables est donc indispensable à la réduction des GES

  • Les commentaires sont fermés.

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