La neige est révélatrice d’une défaillance publique

Chutes de neige : si l’État n’a pas su anticiper ni réagir, cela ne signifie pas pour autant que c’était impossible

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La neige est révélatrice d’une défaillance publique

Publié le 14 février 2018
- A +

Par Erwan Le Noan.
Un article de Trop Libre

La semaine du 5 février, il a neigé en région parisienne, ce qui a fait la joie des enfants et des photographes amateurs. Pourtant, les chaines d’information ont diffusé jusqu’à l’épuisement des reportages sur les automobilistes bloqués et sur les usagers attendant en vain des transports en commun qui ne circulaient pas.

Accusé d’impréparation, le gouvernement s’est immédiatement défendu, en expliquant qu’il ignorait qu’il allait autant neiger. En 2018, les GAFA peuvent prévoir ce que des individus isolés vont acheter, mais l’État, qui prétend pourtant prédire de quoi demain sera fait (ne fait-il pas des « investissements d’avenir » ?) ne parvient pas à anticiper les intempéries à 24 heures. Croyons-le sur parole, pour saluer ce si rare moment de modestie.

Une argumentation un peu courte du gouvernement

Le porte-parole Benjamin Griveaux a également fait valoir qu’il serait extrêmement coûteux d’acquérir des moyens permettant de dégager rapidement les routes, alors que les épisodes neigeux sont exceptionnels. Certains ont même expliqué, à peu de choses près, qu’il fallait que les Français arrêtent de geindre comme des assistés et se prennent un peu en main. Sur ce dernier point, ils n’ont évidemment pas totalement tort, mais ils ne vont pas défaire en une nuit ce qu’ont fait soixante années d’État Providence.

Cette argumentation reste toutefois un peu courte.

Si l’État n’a pas su anticiper ni réagir, cela ne signifie pas pour autant que c’était impossible : dans certaines villes en bordure parisienne, la circulation était assez facile, les municipalités ayant effectivement dégagé les routes.

Ensuite, il est un peu facile d’accuser les citoyens, car la plupart du temps, ceux-ci ont assumé leurs responsabilités individuelles : ils ont nettoyé les trottoirs devant chez eux, sans attendre que les services de voirie ne le fassent ; ils ont partagé les informations sur les réseaux sociaux, alors que la RATP était aux abonnés absents et que son site internet était en panne.

Les commentateurs parisiens ont ricané avec condescendance à propos de ces « banlieusards » qui se plaignent de ne pas avoir de train à une fréquence habituelle : c’est oublier que, souvent, certains devaient marcher trente, quarante minutes ou plus avant d’arriver sur le quai de leur gare sans savoir si les transports fonctionnaient.

Des responsables politiques irresponsables

Il est par ailleurs assez ironique d’entendre les responsables politiques rejeter toute responsabilité, alors qu’ils sont généralement prompts à tomber à bras raccourcis sur la moindre entreprise qui rencontre un dysfonctionnement, même exceptionnel, qui affecte le public.

On ne compte plus les « mises en garde » et appels à la « vigilance » de leur part, qui alimentent autant de régulations préventives. Imagine-t-on ce que serait leur réaction si un acteur privé (compagnie aérienne, transporteur, ou autre), confronté à une difficulté du même ordre, avait répliqué qu’il n’allait tout de même dépenser son argent pour prévenir des circonstances rares ?

Enfin, les partisans d’un État interventionniste ne cessent d’expliquer que la raison d’être de la puissance publique réside dans sa capacité, prétendument unique, à financer des « biens publics » (comme les routes !) et des services à la collectivité.

C’est précisément pour cela qu’en France, la puissance publique collecte 53% du PIB (taux de recettes publiques en 2016). Les voici pris en échec : car avec autant d’argent prélevés sur l’économie, comment comprendre que cette mission fondamentale de l’État ne soit même pas remplie ?

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  • Voila ce qui se produit lorsque l’on paie d’avance pour un service non rendu. La bureaucratie des diverses strates a tué notre pays au point de ne plus accepter qu’l neige en hiver. Aucun responsable mais tous coupables au pays du navire ou les capitaines ont remplacé les rameurs et qui s’étonnent qu’ordres et contre ordres ne font pas avancer !!

  • La neige en hiver n’a rien d’imprévisible, et celle de ces derniers jours était annoncée avec une belle unanimité par divers services météo.
    Si les automobilistes s’étaient équipés en conséquence, ils auraient pu circuler tout de même, et n’auraient pas entravé la circulation des engins de déneigement ou de salage.
    Mais non, il faut absolument qu’on compte sur L’État pour être la solution à tous les problèmes.
    Les mêmes qui râlent aujourd’hui sont les mêmes que ceux qui râleraient si nous étions équipés comme le Canada.
    Qui entend parler de problèmes de neige dans nos communes de montagne ? Plutôt le manque dans les stations de ski. Ou l’événement exceptionnel tel que route bloquée par une avalanche. Aucun vrai problème car chacun y met du sien.

    • L’équipement numéro un des automobilistes, c’est un cerveau et ils en manquent moins que ceux qui prétendent les réglementer. Donc a) l’automobiliste correctement informé n’aurait pas pris sa voiture le matin si les informations détaillées pour lesquelles Météo-France reçoit plus de 200 millions par an du contribuable lui avaient été correctement retransmises, et b) il se serait replié sur les transports en commun, lesquels étaient bloqués de manière incompréhensible, prouvant qu’avant d’accuser les automobilistes de pas être correctement équipés, on ferait mieux de s’interroger sur les têtes pensantes de nos transports publics, lesquelles le sont manifestement encore moins.

      • Oui, mais totalement lobotomisé par la propagande verdâtre il a acheté une poubelle qui se met à patiner au moindre flocon et qui part en toupie au moindre devers…
        Mon classe G qui a 15ans et 400000km a démarré sans problème et m’a amené à bon port après 160km de routes ou pas un employé de DDE ne s’était risqué, et ce, sans jamais tortiller du cul, idem pour ceux de mes salariés qui ont pigé qu’un vieux 4×4 bien entretenu leur rendra bien plus de services par tous les temps qu’une qu’une poubelle soit disant écoresponsable concue pour durer le temps d’un leasing.

    • Comprenez que dans de nombreuses régions de France, dont la région parisienne, les chutes de neiges conséquentes sont rares (1 à 2 fois par décennie) et que ça ne justifie donc pas d’investir obligatoirement dans des pneus-neige (probabilité non négligeable de les avoir usés avant qu’ils ne s’avèrent réellement utiles). De même, on comprend que les services de l’Etat ne disposent pas de moyens de salage et de déneigement pléthoriques.
      Par contre ils devraient investir dans des dispositifs de salage automatique (http://www.viabilite-hivernale.developpement-durable.gouv.fr/les-systemes-automatiques-d-aspersion-a4528.html) dans les zones sensibles (pentes supérieures à 5%) des grands axes routiers (typiquement RN118 à proximité du pont de Sèvres). On pourrait aussi sûrement associer à ces dispositifs un chauffage de la chaussée (résistances électriques au moyen de simples fils noyés dans le revêtement de chaussée) pour améliorer son efficacité.
      En ce qui concerne les problèmes de manque de neige en montagne, on a plutôt tendance à entendre trop parler avec toute cette propagande au réchauffement climatique qu’on subit continuellement. Mais quand au contraire il y a beaucoup de neige, on en entend parler, ça fait même souvent la une des media. Il y a un petit coté schizophrène amusant d’ailleurs chez eux.

  • les responsables politiques c’est comme l’administration ; quand bien même ils font conneries sur conneries ils ne sont jamais ni responsables ni coupables ;

  • En quoi l’État est-il en cause si c’est la M. en région parisienne lors d’un épisode neigeux ?
    Il y a des communes, des départements et une région les personnels de ces organismes semblent ne pas servir à grand chose ! À quoi servent toutes ces couches si c’est un ministre qui doit autoriser le balayeur 4735 de Trouduc City d’aller pisser à 14h17 (et pas plus de 3’14 »).
    Le problème vient peut-être du fait que tout en France est concentré et étouffé dans la région parisienne ! Ne faut-il pas relancer une vrai décentralisation et faire dégager les activités des boîtes qui ne sont pas impérative en RP ? Et essayer de re distribuer l’industrie dans les autres régions, aujourd’hui les moyens de communications n’obligent plus les concentrations !
    Moins de bordel en RP, moins de pollution plus d’embouteillages… Mais comme cela fait moins de taxes sur le carburant gaspillé ça restera du domaine du rêve !
    Bouygues à Gueret,
    Bureau d’études Peugeot/Citroën à Mendes…
    Banques SG/BNP à Lens
    HEC à Daoulas, etc.

    • @Jean-M64

      « Le problème vient peut-être du fait que… »

      Le problème est que tout ceci n’est qu’une illusion qui arrange les parasites étatiques. Un pays où chacun serait responsable de lui-même (pas d’état nounou), non endoctriné par la facilité (pas d’assistanat étatique), ne s’en remettrait pas à l’état pour décider de ce qu’il doit faire à chaque événement météorologique et climatique.

      Mais nous sommes dans un pays socialiste, un pays où l’état a la propension de prendre la place de ce pays. Les épisodes neigeux, par exemple, deviennent donc des problèmes où la responsabilité est double. D’un côté, l’état qui veut s’occuper de tout, n’y parvient pas malgré le pognon qu’il ingurgite. De l’autre, la population qui vient se plaindre que l’état a failli alors qu’elle cautionne, un peu plus chaque jour, l’omniprésence de ce dernier dans tous les aspects de leur vie. Nous sommes bien dans l’ère Orwellien du « en même temps » contradictoire et absurde.

  • Au niveau Région/Département/Communes ne serait-il pas plus intelligent d’interdire les véhicules perso et de renforcer tous les transports en communs (équipés pneus hiver/chaînes, nettoyeur de voies pour le rail) plutôt que de faire rentrer les bus dès qu’il y a trois flocons ?
    Ce n’est pas du ressort de gouvernement ! A-t-on besoin de consulter un ministre quand il neige à Grenoble ou qu’il y a du Mistral à Marseille ? Si oui, je crois qu’il faut virer une bonne partie des incapables qui sont dans les couches administratives (pas très utiles). Sont-ce les 120 000 annoncés par notre présidents ?
    Faut-il inscrire dans la Constitution le bannissement de la Neige sur Paris et alentours ????

    • « Interdire les véhicules perso et renforcer tous les transports en commun (NB. publics) »
      Ben je crois qu’au contraire, la solution serait d’interdire que les transports en commun soient gérés par le secteur public.

    • Et pour quoi pas obliger les poids lourds à circuler en convois avec une racleuse saleuse tous les 50 camions…? C’est ce qui se fait dans les pays du nord…

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