L’industrie n’a pas besoin de l’État

Sauver l’industrie. C’est une nécessité largement admise, mais pour quoi le faire ? L’étude de l’Iref à contre-courant de la pensée dominante.

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L’industrie n’a pas besoin de l’État

Publié le 14 février 2018
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Par Jean-Baptiste Boone.
Un article de l’Iref-Europe

Il ne se trouve personne en France qui n’appelle de tous ses vœux à sauver le secteur industriel : les journaux en font leurs titres régulièrement, les hommes politiques le revendiquent dès qu’ils le peuvent, les syndicats et associations subventionnés le réclament.

L’enjeu, selon eux, c’est la puissance économique de la France et le développement de l’emploi. On comprend donc qu’il s’agit d’une préoccupation majeure quand la France a vu son PIB par tête reculer du 15e rang du classement OCDE en 1970, au 20e en 2016 ; quand la France est passée sous la moyenne OCDE pour la première fois en 2015 ; quand, de 1975 à 2016, le taux de chômage a grimpé de 2,9 % à 9,6 %.

Or, la part industrielle dans le PIB représentait 21,7 % en 1970 et 12,56 % en 2016. Ainsi, richesse, chômage et industrie ont été involontairement liés, puisque ces trois variables évoluent ensemble défavorablement. Pourtant est-ce réellement justifié ? Y-a-t-il donc un problème autour de l’industrie qu’il faudrait résoudre pour redonner de l’allant à l’économie française ?

Sauver l’industrie. C’est une nécessité largement admise, mais pour quoi le faire ?

Nous verrons dans une première partie qu’il n’y a pas de lien entre chômage et niveau d’emploi dans l’industrie.

Puis nous comparerons la production industrielle relativement à la production totale pour voir encore qu’il n’existe pas de corrélation entre ces deux variables.

Cependant, on s’escrime en France à vouloir stopper la désindustrialisation, par l’État ou la loi. Après 50 ans de politique industrielle, le bilan est médiocre. L’État ou la loi n’ont pas le pouvoir de sauver l’industrie (ni aucune autre branche) mais ils ont celui de la détruire, et ils ne s’en privent pas. Nous le verrons au travers d’une recension des aides diverses mises en place et par leurs effets sur l’économie, au prisme du CAC 40, reflet théorique de l’économie française.

 

Industrie et chômage, il n’existe pas de lien évident

Généralement, les politiques d’aide publique au secteur industriel sont justifiées par la sauvegarde de l’emploi ou la baisse du chômage. L’argument paraît logique : si la part de l’industrie recule et que les emplois liés à celle-ci disparaissent, alors le chômage va augmenter. Ce serait le cas dans un monde figé et c’est le cas à court terme. Mais la destruction d’une activité peut s’accompagner d’une nouvelle production ailleurs, dans le même secteur ou dans un autre.

Les comparaisons récentes montrent qu’il n’existe pas de corrélation entre emploi dans les secteurs industriels et manufacturiers, et chômage. La plupart des pays développés ont vu ce type d’emploi diminuer sans pour autant connaître une recrudescence du chômage.

Évolution de 2007 à 2016Source : Eurostat et OCDE

Ainsi, alors qu’en Allemagne, en France et au Royaume-Uni, le nombre d’emplois industriels a largement diminué, le chômage n’a pas connu d’évolution identique dans chacun de ces pays.

En Allemagne, il a diminué de moitié sur la période considérée, de 8,54 % à 4,13 % alors que 496 000 emplois industriels étaient perdus. La situation en France et au Royaume-Uni est comparable en termes de perte d’emplois industriels. Pourtant, le taux de chômage n’a pas varié de la même manière.

Ces pertes ont été plus que compensées outre-Manche, le taux de chômage ayant varié de 5,28 % à 4,83 % après un pic de 8,06 % en 2011. En France, il a constamment augmenté, passant de 7,99 % à 10,07 %. Cela représente 848 800 chômeurs en plus. Mais même ici, le nombre de chômeurs supplémentaires n’équivaut pas au nombre d’emplois industriels détruits (1 270 300).

L’exemple des anciennes régions industrielles est éloquent. Dès le milieu du XXe siècle, les régions minières et industrielles d’Europe ont commencé à décliner, entraînant de nombreuses difficultés économiques, et donc du chômage. Ce fut particulièrement le cas des régions Nord en France, North West en Angleterre et Westphalie en Allemagne. Le North West est la région de Manchester et Liverpool. La Westphalie regroupe une partie de la Ruhr.

La situation de ces trois régions autrefois proches économiquement est aujourd’hui très contrastée. On constate un taux de chômage de 4,5 % dans la région de Liverpool et Manchester (Nord-Ouest), équivalent à la moyenne nationale, tandis que la région Hauts-de-France enregistre le pire taux de chômage métropolitain avec 12,1 %. En Westphalie, le taux de chômage est de 7 %.

C’est supérieur à la moyenne nationale (5,3 %) mais six länder sont dans la même tranche, et quatre autres pâtissent d’un taux plus élevé. Ces trois régions marquées par la révolution industrielle ont souffert du ralentissement observé dans ce secteur. Pourtant, certaines ont manifestement su s’y adapter.

Le sujet n’est donc pas d’empêcher la perte des emplois – comme le souhaitaient certains jusqu’à demander l’interdiction des licenciements – mais de permettre à ceux qui le perdent d’en trouver un autre rapidement et facilement, à la mesure de leurs capacités. Cela implique de simplifier le Code du travail, d’abaisser les taxes assises sur la masse salariale et de supprimer un gros surplus de réglementations excessives. Aujourd’hui, « la machinerie para-gouvernementale a créé une impasse en empêchant la société d’effectuer des adaptations ».

Mais si la diminution du nombre d’emplois industriels n’a pas entraîné une hausse symétrique du chômage, quel genre de travail les individus ont-ils retrouvé ? Leur situation s’est-elle dégradée ? Autrement dit, le PIB total a-t-il diminué ?

 

Création de richesse issue de l’industrie et PIB total

Observons donc la richesse produite par l’industrie relativement à la richesse nationale. À cet égard, les pays de l’étude ont connu des évolutions très différentes. L’Allemagne a conservé un taux relativement stable et important de son PIB dû à la production industrielle, tandis qu’il baissait au Royaume-Uni et restait stable et faible en France.

Pourtant, on l’a vu précédemment, le nombre d’emplois dans l’industrie a largement baissé en Allemagne, quoique moins qu’en France.

Lier emploi dans l’industrie et puissance industrielle se révèle donc être une vision réductrice de la question. Il n’y a pas de corrélation évidente. Plusieurs facteurs comme la robotisation, l’augmentation de la valeur ajoutée du produit, l’amélioration de la qualité, peuvent apporter des explications.

Évolution de la part industrielle dans le PIBSource : OCDE – Prix constants et taux de change constants – exprimé en USD – Année de base 2010

De surcroît, la part de l’industrie dans l’économie ne préjuge pas non plus de la puissance économique générale. Comme la comparaison des deux graphiques le met en évidence, les pays ayant le plus augmenté leur PIB ne sont pas ceux qui ont su garder intacte leur production industrielle.

PIB (base 100 en 1990)Source : OCDE – prix constants, taux de change constants, année de base OCDE (2010)

La situation de la Nouvelle-Zélande est ajoutée à dessein afin d’illustrer l’absence de corrélation entre industrie et croissance du PIB. Ce pays a adopté de profondes réformes dans les années 1980, libérant son économie de nombreuses charges, réglementaires ou fiscales.

La décrue de la production industrielle n’a pas entraîné une baisse du PIB. Celui-ci a doublé sur la période observée. Il n’y a donc pas de rapport entre puissance industrielle et richesse générale. La situation anglaise, comparable, vient appuyer cet exemple. Enfin, l’Allemagne, puissance industrielle enviée en France, n’a pas profité d’une croissance plus importante qu’ailleurs, c’est même l’inverse.

Pourtant dans notre pays, il est inconcevable qu’un gouvernement n’ait pas sa politique industrielle. Le dernier ne fait pas exception, annonçant la création d’un fonds pour l’innovation et l’industrie qui sera doté de 10 milliards d’euros. Ces montants viennent s’ajouter à toutes les aides préexistantes sous diverses formes.

 

Aide à l’industrie, la gabegie

Les effets de toute politique industrielle visant à réduire le chômage ou créer de la richesse sont douteux voire nocifs. Les dirigeants politiques français, sûrs de leur fait et de leur supériorité stratégique, ont consciencieusement détruit de nombreuses entreprises industrielles.

Ils ont joué avec des capitaux qui ne leur appartenaient pas, nationalisé puis privatisé, fusionné, acheté, recapitalisé, dirigé, guidé, etc. avec une incohérence et une désinvolture incroyables. Bull et le plan calcul, parfait exemple des prétentions politiques en matière économique, ont coûté des milliards aux contribuables. Il n’en existe plus rien. Ils sont le symbole de l’échec du planisme et de l’incompatibilité totale entre entrepreneuriat et fonds publics.

Trois vagues de nationalisations ont concrétisé la pensée planiste :

  1. L’une avant la Seconde guerre mondiale à l’initiative du Front populaire, en 1936 et 1937
  2. L’autre en 1945, mise en place par le gouvernement provisoire postguerre
  3. La dernière en 1982 sous l’égide de François Mitterrand

 

L’État ne crée jamais, il nationalise.

La première vague de nationalisations concerne les « matériels de guerre », les entreprises ferroviaires et les industries aéronautiques. Ces trois secteurs sont toujours nationalisés, au moins partiellement.

Le deuxième vague, après-guerre, concerne les grandes banques (dont la Banque de France), les grands groupes d’assurances, les transports aériens. Concernant l’industrie, ont été alors nationalisés les charbonnages de France, le gaz et l’électricité (plus de 1400 sociétés) et Renault principalement. Par ailleurs, la mise en place de la Sécurité sociale a condamné à la faillite toutes les mutualités et assurances sociales existantes.

Enfin, en 1982, de nombreuses entreprises ont été renationalisées : les banques à nouveau et un grand nombre d’entreprises industrielles : Thomson, Saint-Gobain, Rhône-Poulenc, Pechiney-Ugine-Kuhlmann, Usinor et Sacilor, Suez, Compagnie générale d’électricité.

De ces nationalisations, il reste de nombreuses traces. Certaines sociétés sont toujours propriété de l’État : SNCF, EDF, Air France, EADS, Thales, Safran. Les deux premières sont lourdement endettées. L’industrie de l’armement est toujours soutenue par les commandes de l’État et les exportations. Les banques et assurances ont été revendues sans éviter certains scandales (Cf. Crédit Lyonnais) et ont servi pendant des années de passerelle aux politiques désirant changer d’air.

Des nationalisations industrielles de 1982, seules subsistent Saint-Gobain, et Suez sous une autre forme. Quelques branches de Thomson existent encore (Technicolor, STMicroelectronics, Alcatel). Le reste a été vendu, découpé, regroupé, détruit.

Face à ces échecs, la politique industrielle a pris un autre aspect, plus discret mais non moins nocif. C’est un interventionnisme législatif : aides à la réindustrialisation, aide aux entrepreneurs, CCI, plan pour l’industrie, ministère du Redressement productif. Partant du principe que la politique doit diriger l’économie, les gouvernements ont multiplié les plans pour favoriser l’industrie, sans voir que c’est de ce principe qu’elle meurt. Elle est étouffée par ces gestes étatiques maladroits, elle ne peut se transformer, engoncée dans ce carcan de réglementations, incapable de s’adapter.

Ce qui est vigoureux n’a pas besoin d’être protégé, ce que l’État protège ne devient que rarement vigoureux. Concrètement, l’État redonne d’une main ce qu’il a pris par ailleurs, pourvu que l’entreprise en fasse la demande, qu’elle entre dans les processus prévus (contrats de filière, pôle compétitivité).

Cela entraîne une double perte de valeur : une partie des ressources de l’entreprise est consacrée à calculer et payer les taxes et impôts, une autre à monter des dossiers administratifs pour récupérer des subventions. Ainsi l’État entend-il agir : il apporte les béquilles permettant de soulager le handicap qu’il a créé.

Voici une liste non exhaustive des instruments permettant à l’État de venir en aide à l’industrie :

CCI : 3,3 milliards d’euros de budget en 2015 répartis entre l’appui aux entreprises (64 %), la formation/emploi (28 %), l’appui aux territoires/gestion des équipements (5 %) et la représentation des entreprises auprès des pouvoirs publics (3 %). Les CCI emploient 22 000 personnes (ETP) déployées sur un réseau de 126 établissements publics. Les CCI gèrent les formations au travers des CFA et possèdent des écoles.

CNI : Conseil national de l’industrie, créé en 2010 par François Fillon, membre du réseau France Stratégie. Il est le fruit de la pensée étatique, son but étant d’éclairer et conseiller les pouvoirs publics sur la situation de l’industrie et des services à l’industrie. Le décret de création précise : « Il peut proposer des actions, de dimension nationale ou européenne, visant à soutenir la compétitivité et le développement de ces secteurs d’activité, des emplois et des compétences associés ». Il fait part de ces recommandations dans un rapport annuel comme demandé par l’article 3 du décret mais malheureusement omet de « retracer l’ensemble des contributions financières, fiscales et budgétaires de l’État et des collectivités publiques à l’industrie et leur efficacité ». On doit à ce Conseil l’élaboration du  Plan nouvelle France industrielle lancé par François Hollande en 2013. Comme son nom l’indique clairement, nous sommes là dans l’application des théories planistes concernant l’industrie. Les titres des cinq sections thématiques qu’il comprend illustrent bien ce présupposé : économie circulaire, emploi et compétences, Europe, réglementation & simplification, industrie du futur.

Contrats de filière : nés des états généraux de l’industrie, ils sont élaborés et pilotés par le CNI. Ils répondent à la même logique d’une économie étatisée, gérée par un organe planificateur. En l’occurrence, ces contrats doivent permettre à de grands groupes de travailler avec des PME. Ils ouvrent droit à un soutien financier contre l’engagement de créer des emplois et d’investir en France.

CNC : Centre national du cinéma et de l’image animée. Il propose des soutiens aux industries techniques du cinéma.

Pôles de compétitivité : créés en 2004 dans le cadre du lancement d’une nouvelle politique industrielle en France, définis par la loi de finance en 2005, ils permettent des groupements /d’entreprises publiques et privées / de laboratoires ou d’établissements autour de thématiques précises. Ainsi reconnus par l’État, ces groupements peuvent prétendre à des subventions publiques et à un régime fiscal particulier.

France Stratégie : l’ancien Commissariat général au plan a fait évoluer son action, mais reste marqué par cette vision dirigiste de l’économie. Plus de 120 personnes travaillent pour cette institution qui fonctionne comme un think tank public, payée par le contribuable. Aucune de ses études ne remet en cause le poids de l’État.

Aide à la réindustrialisation : « Le dispositif d’aide à la réindustrialisation – créé en 2010 et ouvert en 2014 aux PME et TPE – est prolongé en 2017. L’aide à la ré-industrialisation, gérée par le ministère de l’Économie et des Finances en partenariat avec le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET), est un dispositif de soutien aux investissements industriels créateurs d’emplois. »

CIRI : le Comité interministériel de restructuration industrielle a pour mission d’aider les entreprises en difficulté à élaborer et mettre en œuvre des solutions permettant d’assurer leur pérennité et leur développement. Le CIRI est compétent pour les entreprises de plus de 400 salariés.

Codefi : le comité départemental d’examen des difficultés de financement des entreprises est une instance administrative, locale, compétente pour examiner la situation des entreprises de moins de 400 salariés, tous secteurs confondus (les grandes entreprises sont traitées par le CIRI). Elle réunit l’ensemble des services de l’État dans le département placé sous l’autorité du préfet. Elle dispose d’une permanence située à la trésorerie générale. Son champ d’activité se situe en amont des difficultés de l’entreprise, elle permet le financement du diagnostic et d’un audit de l’entreprise et peut servir de médiateur entre celle-ci, les administrations fiscale et sociale et les établissements bancaires.

CRP : les commissaires au redressement productif travaillent avec le CODEFI et le CIRI. Ils sont sous l’autorité des préfets. Selon le rapport 2016, ils s’attachent à développer et à diffuser la culture et les outils d’anticipation des difficultés des entreprises, notamment par des actions de sensibilisation, la mise en place d’accords entre acteurs pour fluidifier les échanges. Ils sont de précieux relais pour l’État. Ils signalent les attentes et les besoins des entreprises en difficulté, et contribuent à l’amélioration des dispositifs publics permettant de les accompagner.

 

Certes, l’État a abandonné les nationalisations. Il lui reste à renoncer à ces outils coûteux et peu utiles. À quoi servent tous ces instituts et toutes ces mesures au regard des résultats ?

 

L’état des entreprises, reflet des choix politiques

L’État a considérablement et largement pesé sur les choix des entreprises françaises, industrielles particulièrement. Le résultat est visible dans la composition du CAC 40. En effet, si on la compare avec celle des autres indices phare des bourses mondiales, on peut voir que c’est en France que la part d’entreprises industrielles est la plus forte, devant même l’Allemagne.

On compte même une moitié d’entreprises industrielles sur les 40. C’est trompeur, puisque cela ne reflète pas la part réelle de l’industrie dans la production nationale (12,41 % en 2016). Le goût des politiques de cartellisation a incité à des regroupements toujours plus importants des entreprises du secteur, souvent pilotés par les services de l’État. Résultat, la France est réputée pour avoir un réseau de moyennes entreprises assez peu étoffé à l’inverse de l’Allemagne.

Composition des indices majeurs des bourses mondiales par secteurs industriel, informatique et des TICSource : Zone bourse, site des entreprises, Wikipédia, INSEE

À l’inverse, l’interventionnisme n’a pas favorisé l’émergence de nouvelles entreprises dans le paysage français. Le secteur des technologies de l’information et de la communication est faiblement représenté dans le CAC 40, avec seulement cinq entreprises, et l’on ne trouve qu’une seule entreprise du secteur informatique, à savoir ATOS. Comme on l’a vu précédemment, l’État a pourtant massivement investi dans ce domaine, à perte.

Par ailleurs, une analyse de l’âge moyen des entreprises du CAC 40 montre que la France vit en fait sur les créations entrepreneuriales plus que centenaires. Ces mastodontes, souvent choyés par l’État, font le vide autour d’eux. Plus gravement, cela montre surtout la difficulté à créer et faire grandir de nouveaux groupes en France.

Date de création des entreprises composant les indices majeurs des bourses mondiales

Le CAC 40 n’a pas la moyenne de création la moins élevée mais ne cède ce titre que de trois années au Footsie. Le développement économique précoce de ces pays explique en partie ce chiffre. En France, c’est sous Louis XIV que furent créées les manufactures de Saint-Gobain. Cependant, le CAC 40 est aussi dépourvu de valeurs dont la création est postérieure à 1975. Aucun autre indice n’est donc si ancien. Cela témoigne de l’immobilisme frappant l’économie française.

Comme pour les emplois, il serait plus important de laisser de nouvelles entreprises voir le jour que d’essayer de préserver ce qui existe déjà. L’État n’a pas de rôle à jouer ici. Aux États-Unis, les cinq plus grosses capitalisations boursières sont des entreprises récentes pour lesquelles l’État n’a rien fait : Apple, Alphabet (Google), Microsoft, Amazon, Facebook.

En réalité, personne n’aurait même pu imaginer il y a 20 ans un tel déploiement de l’activité de ces sociétés. C’est pourquoi toute politique industrielle est illusoire. En France, ce top cinq des capitalisations boursières sont LVMH, Total, L’Oréal, Sanofi et BNP, soit une moyenne d’année de création de 1974.

 

Libérer l’entreprise de la réglementation et des actions politiques

L’État ne peut appréhender la complexité des rapports économiques et ne doit donc pas essayer de les freiner ou de les encourager. Il doit rester dans une position neutre au risque de créer des déséquilibres successifs qu’un perpétuel et néfaste mouvement de réglementation ne saurait en aucun cas compenser.

Le niveau d’emploi ne dépend pas du secteur industriel, la richesse totale créée non plus. Les nationalisations n’ont pas donné de fruits, les réglementations, les aides diverses se montrent souvent contre-productives.

Peut-être les députés devraient-ils méditer cette pensée de leur illustre prédécesseur Benjamin Constant : « Pour l’industrie, la devise des gouvernements doit être : Laissez faire, laissez passer ». C’était en 1822.

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  • « Ils sont le symbole de l’échec du planisme et de l’incompatibilité totale entre entrepreneuriat et fonds publics. »

    Tout est dit.

  • Bref, l’Etat ne laisse pas vivre celles qui pourraient vivre et ne laisse pas mourir celles qui devraient mourir.
    Alors que reste-t-il? rien de viable.

  • Les commentaires sont fermés.

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