Aurore Bergé et ses recettes navrantes pour réformer l’école

Un rapport « flash » remis par Aurore Bergé pour réformer l’École montre que l’idéologie et la naïveté ont guidé ce « travail parlementaire ».

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Aurore Bergé et ses recettes navrantes pour réformer l’école

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 5 février 2018
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Par Nathalie MP.

Mes amis, je ne voudrais pas vous donner de faux espoirs, mais il semblerait bien que cette fois, ça y est ! On a enfin trouvé le régime parfait pour que notre mammouth national, dans un formidable élan de félicité et de convivialité retrouvées entre parents, profs et élèves, se remette à gambader avec grâce et légèreté vers l’excellence éducative dont les classements internationaux de ces derniers temps ne témoignaient plus guère.

Les députés Aurore Bergé (porte-parole du groupe LREM à l’Assemblée) et Béatrice Descamps (UDI) viennent en effet de remettre au ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer les conclusions de leur mission « flash » – mais peut-être pas totalement éclairée – sur ce qu’il convient de faire dorénavant dans les établissements scolaires pour restaurer …

… la qualité des programmes et l’efficacité des méthodes d’apprentissage ? l’autorité professorale sur les élèves ? Non, pas du tout ; trivialité que tout cela ! Ce qui compte dans l’éducation, c’est la relation de confiance entre l’école et les parents, quitte à en faire tout un plat, pendant la « semaine du goût » par exemple.

Question éducation, si les résultats ne sont pas au rendez-vous, les rapports ne manquent pas, qui s’empilent au chevet du malade à un rythme soutenu depuis des années.

Alors que tous les ministres un tant soit peu sérieux se sont cassés les dents sur l’immobilisme intransigeant de notre monopole éducatif, Jean-Michel Blanquer semble décidé à donner un vrai coup de pied dans la fourmilière en réhabilitant les savoirs fondamentaux et les méthodes pédagogiques éprouvées – apprentissage syllabique pour la lecture ou retour des classes bilangues par exemple.

L’École ou la Fête des voisins ?

Mais au-delà de ces décisions ponctuelles, la question reste entière : par quel bout prendre cette Éducation nationale pachydermique1, baignée de pédagogisme et dominée par les syndicats d’enseignants, qui ne satisfait plus personne ? À lire le rapport d’Aurore Bergé, par le petit bout de la lorgnette du « vivre ensemble » le plus niais et le plus sirupeux.

Au menu, si j’ose dire, de l’inclusif et des caresses, de la charte en veux-tu en voilà sur « l’égale dignité des acteurs éducatifs », du jargon lénifiant et abscons qui conduit à proposer d’appeler « parents empêchés » les parents les plus éloignés de l’école. Hyper-important pour ne pas casser l’ambiance : éviter les remarques désobligeantes dans les bulletins scolaires ; elles risquent de stigmatiser l’élève sur le long terme et nuisent à la relation parents-profs. Bref, il faut passer d’une « logique de convocation à une habitude d’invitation ».

Ne se croirait-on pas à la Fête des Voisins plutôt qu’à l’école ? Chers élèves, chers parents, l’école des Amis pour la vie serait honorée de votre présence aux cours et aux réunions ; sans obligation naturellement ; apportez vos jeux et vos goûters préférés.

Aurore Bergé et le retour de la novlangue

Résultat, Aurore Bergé en est à proposer – dans le jargon type de la terminologie en vogue à l’Éducation nationale – des « prétextes inclusifs » et des « rituels positifs » comme la Semaine du goût qui permettrait à « chaque parent d’apporter une spécialité culinaire de son pays ».

LCP signale que cette dernière phrase a disparu du texte peu après sa première publication, mais le simple fait que les deux parlementaires aient jugé l’idée suffisamment significative pour la proposer en toutes lettres souligne tout le ridicule et la vacuité achevés de leur rapport. Aurore Bergé a d’ailleurs confirmé cette proposition sur RTL.

Indépendamment du cas de l’école, la réflexion qui vient immédiatement à l’esprit quand on lit un tel document – destiné au ministre de l’Éducation, rappelons-le – concerne la teneur hautement superficielle du travail parlementaire dont il témoigne en cette occasion. La mission est qualifiée de « flash », probablement pour faire comprendre qu’elle a été menée en très peu de temps, mais il ne s’agit en réalité que d’un terme de plus de cette novlangue prétentieuse qui maquille le médiocre en exploit et qui signifie ici : nul, bâclé, sans intérêt, inutile.

Qui est Aurore Bergé ?

On n’est pas vraiment surpris. Aurore Bergé, 31 ans et venue de la droite, fait partie de ces nouveaux visages printaniers qui ont rejoint Emmanuel Macron avec l’ambition de faire de la politique autrement. Très dynamique, pleine d’idées plus mignonnes les unes que les autres, elle s’est surtout fait connaître par une succession de bourdes assez remarquables qui nous rassurent sur la succession difficile de Ségolène Royal.

Dans son impatience à démontrer que les pistes cyclables installées par Hidalgo sur les voies sur berges ne fonctionnaient pas, elle a réalisé une vidéo qui les montrait complètement désertées et qui s’avéra ensuite avoir été tournée alors que la piste en question n’était pas encore ouverte au public. Ou comment redonner des arguments à son adversaire par sa propre bêtise ! Récemment, l’émotion suscitée par le décès de Johnny lui imposait irrésistiblement la comparaison avec les obsèques de Victor Hugo.

Les enseignants doivent éviter le « vocabulaire opaque »

Les enseignants, qu’elle juge déconnectés de la réalité dans certains quartiers difficiles parce qu’ils « sont, plus qu’auparavant, issus des classes les plus favorisées de la population française » doivent-ils laisser tomber Victor Hugo et passer à Johnny en classe ? En tout cas, ils sont priés d’éviter tout recours à un « vocabulaire opaque » pour se rapprocher le plus possible de la sociologie des élèves de leur établissement.

Inutile de dire qu’ils n’ont pas tellement apprécié d’être ainsi décrits et que nombre d’entre eux ont rivalisé d’ironie et de parodie pour manifester leur mécontentement :

Remarquons d’ailleurs que les événements festifs au sein de l’école auxquels les parents sont conviés comme spectateurs et parfois comme organisateurs existent déjà de longue date, à commencer par la traditionnelle et incontournable fête de fin d’année de l’école primaire. Si les profs sont déconnectés du réel, les auteurs du rapport ne le sont pas moins.
D’une manière générale, les enseignants n’aiment pas être critiqués et sont toujours très prompts à se défendre. Il est cependant exact de dire que leur métier ne suscite plus vraiment de grande vocation, que les places offertes aux concours ne trouvent plus preneurs et que bien des candidats accèdent à l’enseignement sans avoir le niveau requis, ce qui n’est pas sans conséquence sur le niveau général des élèves et des futurs professeurs.

Mais de tout cela, le rapport ne dit pas un mot, tout comme il ne dit rien de l’élément central de l’école : la transmission des savoirs. Tout est centré sur le « vivre ensemble » cher aux progressistes, quitte à baisser régulièrement les exigences scolaires pour faire vivre le mythe d’un système éducatif égalitaire et performant.

Et le rôle des parents ?

Non pas que la relation de confiance entre les parents et l’école soit un sujet mineur. Dans l’article consacré à l’école privée hors contrat La Cordée, qui est justement une école implantée dans un quartier difficile de Roubaix, j’avais cité l’exemple d’une maman qui disait que pour la première fois de sa vie, elle n’avait plus peur d’aller voir les professeurs ou le directeur de l’école de ses enfants. Dès lors que les parents, y compris les plus « empêchés », pensent que l’école est à même d’offrir un avenir à leur enfants, la confiance revient assez vite.

Rendre les parents sensibles aux enjeux de l’école et en faire des alliés dans l’instruction (et pas uniquement l’amusement) des élèves est bel et bien un sujet de la plus haute importance. Mais le coeur de la relation parents-école doit se focaliser sur le fait que les élèves vont à l’école pour apprendre et se cultiver afin  d’aboutir à une bonne insertion sociale et professionnelle ultérieure. La bienveillance est toujours excellente, à condition qu’elle se déploie à bon escient, dans un contexte qui peut imposer naturellement son autorité car sa crédibilité éducative est  reconnue.

Malgré toutes les bonnes intentions de Jean-Michel Blanquer, malgré plusieurs décisions pédagogiques très positives, l’Éducation nationale telle qu’on la connaît, c’est-à-dire énorme, uniforme, très idéologisée et pratiquement immobile peut-elle rester encore longtemps le lieu unique d’une autorité éducative crédible ?

On touche ici à la réforme cruciale de l’Instruction qui serait de mettre fin à un monopole dont on ne sait plus comment colmater les brèches, et laisser se déployer des initiatives variées, originales, inventives, proches des besoins et calibrées spécialement pour des publics d’élèves différents, afin d’aller chercher chez chacun d’eux les talents nécessaires à leur entrée dans la vie adulte et professionnelle. Il en existe déjà, qui ne demandent qu’à se déployer. L’école La Cordée, par exemple.

Sur le web

  1. Voir L’Éducation nationale en chiffres 2017 : 12,8 millions d’élèves, 63 000 établissements, 900 000 professeurs et 200 000 autres membres du personnel.
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  • Pourtant c’est simplie aux Parents l’éducation…l’Ecole le Savoir …
    il est loin le temps où l’instituteur était le Savoir. ..maintenant le prof des écoles fait tout et rien…il occupe l’espace …pas de vague..triste bilan…

    • « Pourtant c’est simplie aux Parents l’éducation…l’Ecole le Savoir « ????
      Merci pour la traduction

      • @Robert0551
        Bonsoir,
        Lou 17 écrit que les parents doivent s’occuper de l’éducation de leurs enfants, et que l’école doit s’occuper de la transmission du savoir. Il est vrai que de nos jours, les profs passent plus de temps à éduquer les élèves, dont plus de 50% n’a pas de discipline, qu’à instruire. (Je fais partie des 200.000 autres membres du personnel de l’Education Nationale.)

  • « ils doivent, comme nous, vivre avec les parents d’élèves dans les zones difficiles et les côtoyer au quotidien pour s’approprier leurs codes. On ne peut pas vivre dans les beaux quartiers et comprendre ses contemporains » c’est ce passage qui m’a le plus choque, personnellement. A croire que le ministre de la defense devrait vivre a Bagdad, le ministre de l’ecologie en haut d’une eolienne.

    • @Chris42
      Bonsoir,
      Comme si les deux députées qui ont pondu ce rapport vivaient dans les zones difficiles. « comme nous ». C’te blague. Et les policiers de la BAC doivent vivre en zone de non droit ?
      Je suis stupéfait de tant de bêtises. Comment demander aux élèves un niveau meilleur, quand nos élites sont autant à la ramasse ?

  • Suivez le lien sur Aurore Bergé et aller lire sa bio; tout s’éclaire.

  • Ou comment instaurer la novlangue comme première matière à enseigner à l’école.

  • A quoi vous attendiez vous ?? Aurore Bergé est le pur produit de cette éducation Nationale construite par 30 années de socialisme pur ou rampant. C’est également faire preuve de naïveté que de penser qu’elle allait scier la branche sur laquelle elle s’est assise.

    • Elle est le résultat de l’incurie de l’EN par son ignorance et sa bêtise. La parfaite illustration de ce que provoque notre système socialiste!

    • Aucune surprise étant donné que la justice sociale est aussi le fonds de commerce de la droite mongaullienne socialiste honteuse.

  • Chère Nathalie, je ne doute pas que vous soyez vous-même cultivée ; avez-vous lu « 1984 » ? Avez-vous compris que la création du mot « novlangue » a un sens autrement plus fort quand on le met au masculin ? Il s’agit bien du novlangue (j’insiste : le novlangue).

    • Je croyais que 1984 était un ouvrage de langue anglaise, donc sans genre.

      • Je viens de faire quelques vérifications dans mon bouquin :
        Dans 1984, novlangue caractérise une langue particulière avec son vocabulaire particulier, et donc effectivement, la traduction française retient LE novlangue comme on dit LE chinois, LE français, LE latin etc…
        Mais il existe aussi une acception dérivée plus large et péjorative, celle que j’utilise, qui fait référence à l’utilisation d’un langage abscons et prétentieux destiné à déformer la réalité. Dans ce cas, on dit LA novlangue !

        • Dailleurs dans 1984, les ouvriers, la masse prolétaire, ne comprennent pas vraiment le Novlangue. Ceux-ci sont sélectionnés par un test, et ceux ayant les moins bons résultats finissent ouvriers, sans cultures et peu d’instructions. Le langage novlangue est fait pour les tenir inférieurs à ceux qui ont mieux réussi le test pour que les prolétaires ne se soulèvent pas.
          Nous avons le même schéma. Les politiciens parlent un langage riche (des fois avec des fautes) et écrivent avec un français élitiste dont la plupart des habitants ne comprennent rien, (la novlangue comme vous le dites) particulièrement quand il est question de loi. Ainsi se crée un gouffre entre le Peuple et les nouveaux aristocrates.
          Quand je vois que même de bons élèves ont du mal à lire sans buter sur des mots pourtant simples (ils ne lisent pas, ils déchiffrent, en plus d’un manque cruel de vocabulaire), je me dis que le futur de la France est mal engagé.

  • « prétextes inclusifs » et des « rituels positifs » qèqcèqça?
    les « savoirs » c’est quoi : les connaissances?
    C’est pour se séparer du peuple que ceux qui se croient l’élite introduisent des termes compris d’eux seuls?

  • C’est pas beau d’extraire quelques paragraphes d’un rapport pour justifier de tout mettre à la poubelle….C’est pas beau de critiquer pendant trois pages et de ne proposer d’autres options qu’en trois lignes….soyez plus positive, vous aurez plus de retours ! mais, je rêve peut-être…..

    • J’avais prévu cette remarque. Elle est justifiée, d’ailleurs, mais on ne va pas réformer l’instruction en un article. Ici, je me suis centrée sur le petit cataplasme vanillé que nous proposent Mmes Bergé et Descamps (car en règle générale j’aborde les sujets de fond à partir des multiples angles que m’offre l’actu).
      C’est pourquoi à la fin de mon article tel qu’il fait référence sur mon blog, j’avais ajouté :
      « L’éducation est un vaste sujet qui ne saurait être traité en un seul article. J’ai développé certains points et abordés certains autres dans les articles suivants : »
      et j’ai donné 3 liens spécifiques sur le sujet (qui sont tous aussi attachés à l’article ci-dessus sous « Classements internationaux », « Jean-Michel Blanquer » et « La Cordée ».

    • Quand on ne l’a pas lu on évite d’en parler et de prétendre que tout n’est pas à mettre à la poubelle. C’est un rapport débile comme le prouve ses recommandations grotesques!

  • Le site de l’école indépendante citée à la fin de cet article => http://www.courslacordee.fr/cours-la-cordee/

    Pour ma part, la bonne approche se situe effectivement dans l’autonomie des établissements, et une pédagogie de type 2 (ni trop autoritaire, ni trop laxiste)

    • Je ne doute pas de la bonne volonté du personnel de l’établissement ni de ses réussites, mais 1) ce sont vraiment de tout petits effectifs 2) seuls des dons permettent à la structure d’être financièrement viable, les frais de scolarité payés par les parents étant très faibles ; certes, si l’enseignement était libéralisé en France, ils seraient plus importants, mais suffiraient-ils ?
      Les écoles hors contrat correspondent à mes idées, mais quand je vois des établissements religieux intégristes ou écolos radicaux, ça ne me tente pas plus que ça…
      Disons que tant que l’on n’apprend pas l’écriture inclusive à l’école publique, je lui laisse une chance !

  • Je ne sais pas si on a su instaurer une relation de confiance avec les familles des quartiers difficiles, mais ce qui est sur, c’est que l’on perd chaque année un peu plus la confiance des familles aisées, qui mettent leurs enfants dans le privé.
    Je voudrais apporter une précision : si les ministères et syndicats sont pleins d’idéologues, les enseignants que je côtoie quotidiennement ne le sont pas particulièrement. Ils se débattent avec des regles imbéciles qui leur sont imposées (bulletins de note sans avis négatif. Cette année, on nous a demandé de ne rien mentionner tel que « bavard » « pas assez concentré » ou autre. Ca ne doit pas être écrit pour ne pas « stigmatiser » !!)
    Mais les enseignants sont aussi fatigués. Quand ils manifestent, c’est toujours tourné en dérision par ceux qui ne connaissent pas le métier (ici même sur Contrepoint, c’est assez fréquent- « tous des flemmards », n’est ce pas ?). Alors ils arrêtent de manifester, et courbent le dos en regardant passer les réformes et consignes aberrantes…
    De temps en temps, l’un d’eux essaient de se faire entendre en écrivant un bouquin sur ce qui se passe à l’école, mais ca ne fait jamais rien changer…

    • « une relation de confiance avec les familles des quartiers difficiles »

      Voilà déjà un objectif de 2ème niveau. Il faudrait commencer par instaurer une relation … tout court … avec ces familles. Car entre allophones, familles explosées et drames sociaux, c’est compliqué de seulement trouver un interlocuteur.
      A la dernière réunion parents-profs : 1 parent est venu, pour une classe de 30 élèves de seconde. Ce brave homme était stupéfié. Et moi donc ! Alors certes on a touché le fond ce soir là mais je vous assure que voir la moitié des parents relève déjà de l’exploit.
      Sans doute qu’à Saint-Jean-Hulst, établissement d’enseignement catholique, situé à Versailles, les parents de Mme Aurore Bergé ont assisté à toutes les réunions … Sans doute …

    • Claire,
      Vous avez, pour moi, probablement le plus beau prénom du monde. Je vous en félicite.
      Il me semble cependant que vous vous trompez, et de loin, sur la responsabilité des enseignants dans la déconfiture de notre système éducatif.
      Il se trouve que plusieurs membres de ma famille travaillent dans cette institution. Je côtoie aussi ce milieu depuis plusieurs décennies en relation avec mon métier (dans les RH).
      Enfin, je m’y suis intéressé à titre privé avec l’intensité que peut avoir tout père soucieux de l’élévation de ses 3 enfants dans une société du savoir (que cette attitude me soit excusée !).
      Je peux vous affirmer que les enseignants (dont beaucoup ont fourni les rangs des syndicats, des experts et du ministère) ont été les premiers promoteurs de l’idéologie socialisante qui a gangrené toute notre école, jusqu’à l’enseignement supérieur (et pas uniquement l’université ; il n’y a qu’à observer Sces Po par exemple). Les preuves sont malheureusement légion.
      Certains d’entre-deux, très minoritaires, sont effectivement dans la position de l’arroseur arrosé qui finit (trop tard malheureusement) par comprendre une partie de la réalité ; la majorité attribue le désastre de notre système éducatif (qu’ils ne peuvent plus continuer à occulter) au manque de moyens, à une société inégalitaire, au libéralisme quoi…
      Cordialement,
      Yves

  • Pour vraiment pouvoir réformer l’école il faut que chaque parent d’un enfant en âge d’être scolarisé dispose d’un chèque enseignement qui lui permette de choisir et de rémunérer l’établissement et les méthodes d’enseignement de l’équipe pédagogique de son choix.

    • « Le plus pressé, ce n’est pas que l’État enseigne, mais qu’il laisse enseigner. Tous les monopoles sont détestables, mais le pire de tous, c’est le monopole de l’enseignement. »

      F. Bastiat

  • 50 ans pour couler une école performante, par paliers , doucement. Pendant toutes ces années « Le Monde  » nous disait « le niveau monte ». Ceux qui contestaient étaient traités de réactionnaires. Et puis enfin arrivent les classement internationaux. Enfin un thermomètre pour mesurer le niveau et la qualité de notre enseignement. Et là plus de doute possible : la France est mal classée. Nous sommes franchement mauvais. Et pourtant pendant des années on nous a bassiné avec ce slogan « il nous faut des moyens ». Il y a eu des moyens. Les syndicats toujours plus démagogues ne manifestaient que pour avoir plus de moyens et aujourd’hui on travaille 200h de moins que dans les années 50. Un autre monde. Des élèves qui ne maîtrisent pas les bases essentielles pour se débrouiller dans la vie. La qualité des enseignants est allée de pair, de plus en plus médiocre. Comme le pays en voire de tiers mondialisation.

    • Vous le dites vous-même : quand les enseignants étaient bons, on en a conclu qu’il fallait plutôt des moyens…
      Sérieusement, comment ne peut-on juger sans passer par des enquêtes internationales ? Comment les parents peuvent-ils faire passer la satisfaction immédiate des lubies de leurs enfants avant les bases qui les rendront aptes à se débrouiller dans la vie ? N’y a-t-il pas un étrange mouvement de balancier, apprendre c’était autrefois parfois dur et barbant, donc qu’il faudrait aujourd’hui offrir des activités douces et captivantes, quand bien même elles n’enseigneraient rien du tout ?

      • « il faudrait aujourd’hui offrir des activités douces et captivantes, quand bien même elles n’enseigneraient rien du tout ? »
        Excellent ! La grammaire latine, à apprendre par coeur sinon les résultats n’étaient pas au rendez-vous, n’était pas du tout ludique le Jeudi après-midi…

  • Aurore Bergé, soutien d’ Alain Juppé et de Nathalie Kosciusko-Morizet en 2017. Voilà qui résume la vacuité du personnage mieux qu’un long discours. Pas étonnant de lire sous sa plume les tics de langage socialistes les plus ridicules.

  • D’abord ce « rapport Flash » ne porte pas sur la réforme de l’école mais uniquement comme le précise la lettre de mission « sur les relations entre l’école et les parents ». Soyons précis. Ce rapport est issu de plus de 30 auditions de représentants de syndicats d’enseignants, de fédérations de parents d’élèves et d’associations. Ce « Flash » est plutôt le reflet du malaise dans la relation enseignants-parents. Certains constats « pointillistes » sont justes mais connus depuis des décennies : les décharges insuffisantes des directeurs d’école primaire, la présence plus fréquente des parents dont les enfants ne posent pas de problèmes etc.
    Mais le constat central : « L’éloignement sociologique constaté entre enseignants, le plus souvent issus des classes les plus favorisées de la population et les familles les plus modestes ne facilite pas la compréhension des uns et des autres et un traitement d’adulte à adulte. » (synthèse du rapport) donne le « la » de ce document.
    Ce qui est au cœur du rapport c’est en réalité la relation avec ces parents non pas « démissionnaires » mais « licenciés » (sic) par l’école du fait de conditions de vie précaires et « qui se sentent illégitimes à l’école n’ayant pas de diplôme à faire valoir ou d’emploi… » . Renversement linguistique digne de Bourdieu ! d’où la proposition n°7 : « Annexer au projet d’école ou d’établissement une charte sur « l’égale dignité » des acteurs éducatifs rédigée par l’ensemble des membres de la communauté éducative. » et la proposition n°23 : « sensibiliser les futurs enseignants à certaines réalités sociologiques (diversité des modèles éducatifs, caractère composite de l’échec scolaire, mythe de la « démission parentale », etc.) »
    Aussi les auteures recommandent de ne plus « convoquer » les parents « licenciés » ce qui les place en situation d’accusés mais « les impliquer en tant qu’éducateurs » et proposent (proposition n°16) « des rencontres organisées autour de prétextes inclusifs, de rituels positifs, comme la semaine du goût, la « rentrée en musique » ou le spectacle de fin d’année. » (proposition n°16) voire de « Nouer des liens avec les parents les plus « éloignés » de l’école en les rencontrant à leur domicile, selon des modalités adaptées. »….Tous les groupes politiques à l’unanimité ont souligné « l’excellence » de ce rapport qui aurait pu être produit (dixit les présidents de groupe) par chacun d’entre eux !

  • Une fois de plus, le problème du système éducatif (mais c’est vrai pour toutes les autres questions sociétales) est posé dans une dualité quasi marxiste (de classes). Tous nos malheurs résulteraient d’une inégalité entre les acteurs et la solution, révélation évidente, passe par un alignement qui, de fait, ne peut plus se concevoir que par le bas.
    Ce sophisme idéologique est très précisément à l’origine de tous les problèmes de ce pays et du désastre de notre système éducatif.
    Non seulement il y a inversion manifeste des causes et des conséquences, mais on occulte délibérément l’histoire en ne se plaçant que dans un temps circonscrit au présent.
    C’est ainsi que l’on arrive à faire passer une analyse pour clairvoyante, alors qu’elle n’est qu’un pis-aller minable, mais malheureusement inéluctable, produit d’une société moribonde qui a IRRÉMÉDIABLEMENT abandonné toute sa capacité à réfléchir et à agir librement. Aux échecs, on dirait « pat ».

  • Ce pays est décidément foutu…

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Les auteurs : Nathalie Sayac est Professeure des universités en didactique des mathématiques, directrice de l’Inspe de Normandie Rouen-Le Havre, Université de Rouen Normandie. Eric Mounier est Maitre de Conférences en didactique des mathématiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

 

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