Télétravail : travailler en vivant mieux

D’ici 2025, le télétravail deviendra le mode de travail du plus grand nombre, favorisant les voies du nomadisme, du modèle pendulaire, ou de l’alternance entre le lieu de travail et le domicile.

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Télétravail : travailler en vivant mieux

Publié le 26 janvier 2018
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Par Farid Gueham.
Un article de Trop Libre

Nous vivons une nouvelle révolution du travail, où le fait de pouvoir travailler à distance grâce aux technologies de l’information, modifie en profondeur notre façon d’appréhender nos conditions de vie. Pourtant, le télétravail reste encore mal connu en France. Quels sont les métiers concernés, quel est le cadre juridique actuel ? Est-on couvert en cas d’accident ? Comment gérer l’isolement par rapport à l’entreprise ?

Sociologue et spécialiste du télétravail, Philippe Planterose est le témoin privilégié d’un changement, d’une révolution, d’un nouveau paysage du travail en France et dans le monde. Si depuis toujours, les hommes devaient se rendre dans un lieu déterminé pour exercer leurs activités professionnelles, un « détachement » est en cours.

Les nouvelles technologies dans le travail

Les agriculteurs étaient sur leurs terres, les ouvriers dans leurs usines et les commerçants dans leurs boutiques et commerces, les agents administratifs dans leurs bureaux…

C’était sans compter sur le développement d’internet et des nouvelles technologies de l’information. « Se rendre tous les jours dans un lieu déterminé pour exercer une activité professionnelle n’est plus une obligation en tant que telle. Désormais, 50% des actifs pourraient télé-travailler en partie, comme l’a expliqué le rapport du Centre d’analyse stratégique auprès du premier ministre en 2009 » rappelle Philippe Planterose.

Cependant, le télétravail reste peu développé en France. D’après des sondages réalisés en 2013 auprès de plusieurs entreprises, 15 à 17% des actifs télétravailleraient plusieurs heures par semaine en utilisant des terminaux d’entreprise ou leur propre équipement numérique.

C’est la pratique du « BYOD », pour « bring your own device ». Mais nombreux sont ceux qui ignorent encore que le télétravail est encadré par la loi.  Il existe par ailleurs une multitude de formes de télétravail : travailler depuis chez soi, un télétravail « pendulaire » qui alterne les séquences de travail au bureau et au domicile, dans des « télécentres » qui proposent les outils et les connexions nécessaires, dans des espaces de coworking où les travailleurs exercent parfois des activités relevant du même secteur, etc…

Les smart work centers poussent plus loin la fourniture de moyens et d’outils, avec des espaces de travail, des salles de réunions. Enfin le télétravail peut être entièrement « nomade », réalisé depuis n’importe quel lieu offrant une connexion internet suffisante. Une ultime variante, le « télétravail occasionnel » est prévu par des textes officiels en cas d’épidémies ou de pandémies graves.

Quels sont les avantages du télétravail ?

Pour l’employé, les avantages sont multiples. Ils impactent tout d’abord sa qualité de vie : moins de déplacements du domicile au lieu de travail, moins de stress, plus de temps consacré à la vie familiale et professionnelle, la capacité de concilier une activité professionnelle avec une affection ou maladie de longue durée etc.

Travailler depuis son domicile, c’est aussi gagner en pouvoir d’achat, en réduisant les frais liés aux trajets, aux repas. Cette option permet également de conserver le même employeur après un déménagement.

Pour le demandeur d’emploi, le télétravail est une aubaine : il permet de renforcer l’employabilité d’un profil, en travaillant pour de multiples employeurs, ou même d’être actif depuis des zones géographiquement isolées. Le télétravail représente, dans ce cas de figure, un complément de revenu.

Des avantages considérables pour l’employeur

Du côté de l’employeur, les avantages sont également considérables : le télétravail permet d’augmenter la productivité des salariés, de simplifier le management humain, d’accroître la productivité individuelle et collective des collaborateurs, de réduire les charges fixes, de résoudre des problèmes liés à l’espace et aux locaux.

Le télétravail permet également de conserver des talents au sein d’une entreprise, en permettant aux seniors de continuer à exercer à distance.

D’un point de vue pratique, le télétravail permet également de maintenir l’activité d’une entreprise en cas d’intempéries, de cas de force majeure. Il peut s’avérer être un atout de taille pour une entreprise soucieuse de se conformer aux obligations légales vis à vis de l’emploi de travailleurs handicapés.

Comment faire du télétravail un succès ?

Pour Philippe Planterose, les conditions pour faire de la démarche de télétravail un succès, sont simples à réunir : le choix de l’espace de travail, la qualité de l’équipement et du matériel et la nécessité de la dédier à la seule activité professionnelle.

Il est important, même en travaillant depuis son domicile de conserver une frontière spatiale et temporelle tangible entre sphère publique et privée.  Un des risques du travail « hors-cadre » est la procrastination : l’autodiscipline est donc fondamentale pour le télétravailleur.

Évaluer sa charge de travail, s’imposer des calendriers et des délais réalistes est partie prenante de cette discipline quotidienne. Autre risque, celui de basculer dans une dépendance aux écrans et de devenir « accro » à cette connexion jusqu’au temps de loisir.

Le télétravail peut donc être un gage de succès et de réussite, autant pour le demandeur d’emploi, auquel il permettra d’évaluer les compétences, que pour le travailleur indépendant, qui gagnera en liberté dans la définition de son modèle économique,

Quelles sont les conditions juridiques pour pouvoir télétravailler ?

« Avec la loi Warsmann n°2012-387 du 22 mars 2012, le télétravail est définitivement entré dans le code du travail.  Nous pourrions dire, enfin ! Car il aura fallu plus de douze ans pour cela. En effet, dès le début des années 2000, la Commission européenne avait invité les partenaires sociaux à engager des négociations sur le télétravail ». 

Le 19 juillet 2005, le MEDEF, la CGPME, l’UPA pour le patronat et la CFDT, la CFE-CGC, la CFDC, la CGT et la CGT-FO pour les salariés, signaient un accord unanime pour mettre en place le télétravail dans les entreprises françaises. Une première définition juridique en découlera :

« Le télétravail est une forme d’organisation et/ou réalisation du travail, utilisant les technologies de l’information dans le cadre d’un contrat de travail, et dans laquelle un travail qui aurait également pu être réalisé dans les locaux de l’employeur, est effectué hors de ces locaux, de façon régulière ».

Les nouvelles exigences du travail à distance

Le télétravailleur et l’entreprise ne peuvent ignorer ce cadre nouveau, induisant un certain nombre d’obligations pour les entreprises de moins de 50 salariés, comme la signature d’un avenant au contrat de travail.

Un accord d’entreprise est nécessaire pour les entreprises de plus de 50 salariés, qui auront la possibilité de réserver le télétravail à une catégorie d’employés, la fourniture de matériel et la participation aux frais d’équipement etc.

Le travail à distance, ce sont aussi de nouvelles exigences en termes de sécurité : sécurité technique, des données, du travailleur en cas d’accident du travail, de contrôle des données, d’assurances.

Déroutant pour certains, libérateur pour d’autres, le télétravail s’impose comme un changement inéluctable : dans son numéro de septembre 2003 le magazine Management titrait « Comment bosserez-vous dans dix ans ? », autrement dit en 2023.

Le journal projetait la généralisation du télétravail dans les entreprises françaises, tout en évoquant la nouvelle organisation, liée aux nouveaux usages qui impactent les rapports entre employeurs et salariés.

D’ici 2025, le télétravail deviendra le mode de travail du plus grand nombre, favorisant les voies du nomadisme, du modèle pendulaire, ou de l’alternance entre le lieu de travail et le domicile. Le cadre juridique est en place et les outils sont performants. Le challenge sera celui de la sécurité des données et des télétravailleurs, entre responsabilité et confiance.

Pour aller plus loin :

–       « Le télétravail ou le bonheur au travail… à la maison. Oui mais à quelles conditions ? », Les Échos.fr

–       « BYOD : quelles sont les bonnes pratiques ? », CNIL.fr

–       « Les aspects juridiques du télétravail », Murielle Cahen, Legavox

Sur le web

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  • C’est bien de pouvoir organiser son travail entre télétravail et travail chez l’employeur, mais de là à imaginer que la majorité des travaux peut se faire sans intégration à une équipe ni frontière marquée entre travail et vie privée, je ne franchirais pas le pas.

  • Et ainsi naquit l’esclavage….pas facile de séparer vie professionnelle et vie privée lorsque l’on travail de chez soi…et si on y arrive ,le rendement est faible très faible par manque de contrainte s ..et oui travailler n’est pas naturel ,il faut se forcer ,il faut l’émulation de collègues ,le télétravail est avant tout de la solitude !

  • Comme d’habitude, la France est à la traine. Et pas que dans le télétravail. Alors que les nomades digitaux sont de plus en plus courants dans le monde ; j’en suis un.

    Pourquoi s’entasser dans l’hideuse banlieue parisienne et perdre son temps dans le RER ou les bouchons, alors qu’avec Internet, on sait travailler depuis l’Alsace ?

    Pourquoi supporter de grincheux collègues – à l’hygiène parfois douteuse ! – et d’hautains petits chefs qui ne vous apportent rien, alors qu’avec Internet, on sait travailler dans un café autour d’une bonne bière belge et de bretzels avec des gens qui partagent les mêmes valeurs ?

    Pourquoi s’ennuyer dans une région où il pleut 364 jours sur 365, alors qu’avec Internet, on sait vivre dans de magnifiques endroits comme le Portugal où le rapport météo / prix est imbattable ?

    Pourquoi s’enfermer en costume-cravate par grande chaleur estivale dans un bureau climatisé à fond, alors qu’avec Internet, on sait produire le même travail en sarong sur une plage d’Asie du Sud-Est ?

    Alors évidemment, je ne parle pas de ceux qui exercent des métiers manuels dont la présence physique est nécessaire. Mais la plupart des métiers intellectuels peuvent être exercés depuis la maison ou le café du quartier ; avec cela, vous résolvez tous les problèmes de circulation, pollution automobile et pouvoir d’achat pour pas un rond !

  • chez vous avez un ordinateur …vous êtes une entreprise sans personnels…suivant Ce que vous proposer et vous employer dés sous traitants pour réaliser vos travaux…et cela fonctionne….très bien…

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