Zwingli le réformateur suisse, d’Aimé Richardt

Un livre sur Ulrich Zwingli (1484-1531), qui reste l’une des principales sources de la pensée et des pratiques des Églises réformées avec Luther et Calvin.

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Zwingli le réformateur suisse, d’Aimé Richardt

Publié le 19 janvier 2018
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Par Francis Richard.

Ulrich Zwingli le réformateur suisse est né en 1484 dans une famille nombreuse, à Wildhaus, dans le canton de Saint-Gall. À leurs onze enfants ses parents donnèrent une solide éducation chrétienne : plus tard il évoquera les contes de sa grand-mère et la bonté de son père qui savait mêler l’amour et la sévérité.

Après avoir appris à lire et à écrire, acquis des rudiments de latin avec son parrain, le curé de Weesen, et l’instituteur du village, Ulrich passe deux années dans une école latine à Bâle, puis deux autres dans une école à Berne, où il découvre avec son pédagogue humaniste les classiques de l’Antiquité.

À l’automne 1498 il est envoyé à Vienne. Quatre ans plus tard il retourne à Bâle. Bachelier à vingt ans, il obtient le grade de Maître-es-arts en 1506. C’est à ce moment-là que l’étude de Thomas d’Aquin lui permit d’acquérir une théologie solidement charpentée dans laquelle la raison reçoit une place d’honneur.

Lecteur de Jean Huss et Guillaume d’Occam

La même année il est ordonné prêtre et nommé curé à Glaris. Il entreprend alors d’expliquer l’Évangile par lui-même, puis d’en connaître l’interprétation par les Pères de l’Église et par des auteurs chrétiens médiévaux qui ne sont  pas forcément approuvés par elle : il ne veut pas s’en rapporter à la décision des autres

La lecture de Jean Huss, de Guillaume d’Occam, et surtout de Wiclif, le trouble. Il se rend compte d’un éloignement des Écritures de la part de docteurs de l’Église : des cérémonies païennes ont été introduites dans le culte chrétien et la pureté de la morale chrétienne a été altérée. Il ne se prêtera pas à ces abus…

En 1516 il devient chapelain de l’abbaye d’Einsiedeln. Il ne se borne plus à des études livresques. Il convainc l’administrateur, Théobald de Geroldseck, d’entreprendre des réformes, et, en premier lieu, de renoncer aux cultes rendus aux reliques des saints et aux pratiques extérieures pour obtenir la rémission des péchés…

Contre la superstition et l’hypocrisie

En 1519 il devient prédicateur de la principale église de Zurich, le Grand-Münster. Dès le premier jour, il s’éleva avec force contre la superstition et l’hypocrisie, et insista sur la nécessité de la conversion. Il dénonça l’intempérance, les excès du luxe, la paresse et enjoignit aux magistrats de rendre une justice impartiale…

Cohérent, Ulrich Zwingli s’oppose aux indulgences quand le moine Bernardin Samson, envoyé par le pape Léon X,  en fait commerce. Et tout ce qui n’est pas expressément fondé sur les Écritures, il ne le considère pas comme obligatoire : l’observation du carême, le célibat des prêtres (il se mariera secrètement en 1522…).

Dans cette logique, il va obtenir la fermeture des cloîtres dont les revenus sont affectés à la création d’hospices et d’une école de théologie, l’abolition de la messe qui, pour lui, n’est pas un sacrifice mais une commémoration : dans l’expression ceci est mon corps , le est a le sens de signifie, donc pas de présence réelle…

Contre l’Église catholique

À partir de là Ulrich Swingli va remettre en cause : le pouvoir de l’Église (pour Zwingli, il faut comprendre : « Tu n’es pas Pierre en ta personne, mais à cause du message que tu apportes), les sacrements (ils n’ont aucun pouvoir…). On peut résumer ce que pense Zwingli  en disant que pour lui l’oeuvre essentielle est de croire.

Swingli est pour la séparation des deux pouvoirs, temporel (dont il ne souhaite pas l’abolition) et spirituel : ils ont certes des buts communs (travailler pour la communauté et éviter l’esprit partisan ) mais emploient des moyens différents : L’État usait de la contrainte. L’Église régnait par l’esprit. Tout en elle était volontaire.

Avec ses thèses, Zwingli va se faire beaucoup d’ennemis : les catholiques bien sûr, mais aussi les anabaptistes (hostiles à la propriété privée et favorables à l’abolition de l’État), Érasme (dont il a lu les écrits sur la guerre, mais qui a pris ses distances avec Luther), Luther (qui n’est pas d’accord avec lui sur le sens du est de la consécration).

Mort tragique

Aimé Richardt rappelle que seuls les fanatiques emploient la prison et les supplices pour convaincre leurs adversaires. Le lecteur ne se demande pas s’il n’existe pas des fanatiques dans tous les camps de l’époque… Dans la lutte contre les anabaptistes, Zwingli ne fait malheureusement pas exception, même s’il est pour la tolérance…

Quoi qu’il en soit, Zwingli mourut lors de la bataille de Kappel le 11 octobre 1531. On ne sait pas s’il prit part au combat. Tout ce qu’on sait, c’est que Ferdinand d’Autriche, Érasme et Luther se félicitèrent de sa mort quand ils l’apprirent. Le jour même, quand sa dépouille fut reconnue, le combat terminé, les insultes plurent sur le pauvre corps :

Dès le lendemain, le cadavre fut livré au bourreau pour qu’il fût écartelé, puis les restes sanglants furent brûlés, et les cendres jetées au vent...

Aimé Richardt, Zwingli le réformateur suisse 1484-1531, éditions Artège, 180 pages.

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