Le coût exorbitant des énergies renouvelables

Avec les énergies renouvelables, l’électricité qui représente aujourd’hui moins de 5 % du budget des ménages français, pourrait représenter 30 % de celui-ci.

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Le coût exorbitant des énergies renouvelables

Publié le 16 décembre 2017
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Par Philbert Carbon.
Un article de l’Iref-Europe

L’IREF a tout récemment rappelé que l’énergie était deux fois plus chère en Allemagne qu’en France : 0,30 euro le kWh outre-Rhin contre 0,14 euro dans notre pays. Un coût élevé est dû au choix, fait par nos voisins, d’abandonner le nucléaire pour privilégier les énergies renouvelables (ENR), essentiellement l’éolien.

Le gouvernement français entend lui aussi s’engager dans cette voie. Certes, les objectifs de réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité ont été reculés dans le temps. C’est désormais en 2050 et non plus en 2025 que la part de notre électricité d’origine nucléaire devra être baissée à 50 % (contre 72 % aujourd’hui).

Cette annonce par Nicolas Hulot a déclenché des indignations nombreuses chez ses amis écologistes, tandis que d’autres commentateurs soulignaient le réalisme du ministre.

Ce dernier reconnaissait d’ailleurs que « Si on veut maintenir la date de 2025 pour ramener le nucléaire à 50 %, ça se fera au détriment de nos objectifs climatiques ».

 

Indispensables sources d’énergie non intermittentes

En effet, nous le savons, les ENR ne produisent que par intermittence. Il est donc indispensable d’avoir d’autres sources de production d’électricité, comme le charbon abondamment utilisé en Allemagne. Cela est difficilement compatible avec la chasse au CO2 dont on nous rebat les oreilles.

Mais, venons-en à la question du coût de ces énergies renouvelables.

Jean-Marc Jancovici, ingénieur et enseignant à Mines-Paris Tech a tenté d’estimer le coût qu’aurait une électricité 100 % ENR, rêve de tout écologiste qui se respecte et, nous dit-on, de tout citoyen soucieux de l’avenir de ses enfants, de l’humanité et de la planète.

 

Quel coût pour une énergie à 100 % renouvelable ?

En effet, écrit Jean-Marc Jancovici, « un avenir 100 % ENR, nous sommes tous pour, a priori. Ou plus exactement nous sommes tous pour si tout le reste est comme aujourd’hui : on s’est débarrassé des combustibles fossiles, du nucléaire et par ailleurs personne n’a froid l’hiver, ne manque de carburant pour se déplacer ou ne voit son usine, son train ou son bureau à l’arrêt faute d’électricité pour que les machines fonctionnent et tout cela ne coûte pas plus cher. Qui serait contre ? »

Il nous propose donc un exercice qui consiste à calculer combien d’argent aura été investi une fois arrivés à une électricité 100 % ENR. Le calcul a été fait en supposant la consommation d’électricité constante. Ce qui signifie que les investissements réalisés pourraient être inférieurs à ceux calculés si nous réduisons notre consommation électrique.

100 % d’ENR signifie qu’il n’y a plus ni gaz ni charbon pour combler les creux de production. Par conséquent la régulation ne peut se faire que par stockage-déstockage grâce à des barrages réversibles, appelés STEP, seule solution actuellement disponible.

L’auteur suppose également que la France subvient à ses besoins à tout moment sans importations. Une hypothèse qui tient compte de notre situation géographique et climatique au cœur de l’Europe.

En effet, nos voisins immédiats connaissent peu ou prou les mêmes conditions climatiques que nous et sont dans un créneau horaire proche du nôtre quand ce n’est pas le même. Bref, quand il fait nuit chez nous, il fait également nuit chez eux. Et quand nous connaissons une tempête, ils sont très souvent aussi touchés.

Nous n’allons pas détailler les calculs de Jean-Marc Jancovici qui se trouvent sur son blog, mais en donner les grandes lignes.

Le passage du nucléaire à l’éolien suppose d’avoir trois à quatre fois plus de puissance installée pour produire la même quantité d’électricité sur la même période et avec du solaire c’est six à sept fois plus. Avec de l’éolien, environ 50 % de la consommation doit être stockée à un moment ou à un autre et avec du solaire c’est environ 80 %. Il faut donc augmenter la production de 40 % environ pour tenir compte des pertes liées à ce stockage. Avec de l’éolien, cela nous amène à environ 300 GW installés ; et avec du solaire, il faut presque 450 GW de puissance totale. Rappelons qu’actuellement le nucléaire représente 63 GW sur un total de 131 GW installés. Ce stockage sera fait avec des STEP. Enfin le réseau doit pouvoir encaisser les 300 à 450 GW totaux et cela conduit à doubler les coûts d’infrastructure.

Par ailleurs, il faut tenir compte de la différence de durée de vie des différents moyens de production, et des coûts d’installation qui diffèrent également selon l’option choisie.

Les résultats sont éloquents, pour ne pas dire effrayants :

« Là où 600 milliards d’investissements sont suffisants pour fournir à la France sa consommation d’électricité actuelle pendant un siècle si le choix se porte sur le nucléaire, il faut investir environ 4000 milliards d’euros sur un siècle (soit deux années de PIB actuellement) avec un système 100 % éolien + stockage, et 7000 milliards sur un siècle (soit 3,5 années de PIB actuellement) avec un système 100 % solaire + stockage. »

Jean-Marc Jancovici précise que les Allemands qui ne produisent aujourd’hui qu’environ 20 % d’électricité intermittente ont investi entre 300 et 500 milliards selon les estimations.

 

30 % du budget des ménages consacrés à l’électricité

L’électricité 100 % ENR coûterait donc six à huit fois plus cher.

Ce qui veut dire que l’électricité qui représente aujourd’hui moins de 5 % du budget des ménages français pourrait représenter 30 % de celui-ci. Et même davantage encore, selon Jean-Marc Jancovici, qui estime qu’il faudrait aussi payer l’électricité des entreprises incluse dans le coût des produits et services.

Jean-Marc Jancovici, qui défend l’idée qu’il faut se débarrasser des énergies carbonées pour lutter contre le réchauffement climatique, et qui est membre du conseil scientifique de la Fondation pour la Nature et l’Homme de Nicolas Hulot, affirme qu’une analyse rationnelle de la situation commanderait « d’arrêter demain matin de mettre le moindre euro supplémentaire dans l’éolien et le solaire ».

Il va même jusqu’à dire que, « pour conserver une électricité décarbonée une fois les réacteurs actuels mis hors service [NDLR : du fait de leur obsolescence], la meilleure idée est donc… de refaire du nucléaire ».

Sur le web

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  • Ce calcul est intéressant et futuriste, une électricité à 1 euro le kw entraînera obligatoirement l’auto consommation. à moins de l’interdire cela signera la fin du monopole de l’état sur l’énergie et de l’une de ses principale source de financement. Les emprunts verts ne pouvant pas être rembourser ,cela signera aussi la fin de l’etat….ou le début d’une dictature totale…n’est-ce pas le rêve de tout écologiste ,contrôler votre vie , et évidement des politiques ?

    • Ce qui m’ennuie chez janco , c’est l’affirmation de la nécessite d’une politique énergétique ou de l’intervention de l’etat.
      Parler du prix de l’électricité quand l’état agit sur le production et le consommation de façon non marginale et par de multiples moyens parfois indirects me pose problème.
      Il n’y pas d’évidence sur les buts d’une politique energetique …
      Par exemple TOUT le monde ne veut pas électricité la moins chère possible..

      • Que ceux qui la veulent plus chère fassent des dons à leur fournisseur d’électricité et laissent les autres consommer bon marché en paix !

      • @ jacques lemiere et @ reactitude

        Il devient difficile de croire à la parfaite et objective neutralité de ce site sur ce sujet particulier d’électricité produite par les centrales R.E.P. françaises alors que d’autres nations, pas plus stupides, ne suivent pas le même chemin. Il doit bien y avoir des raisons. Pourtant les articles en faveur d’un mix énergétique brillent par leur absence!

        L’étude proposée, anticipative (déjà, méfiance!), considère l’avenir, « toutes choses restant égales par ailleurs », ce qui est déjà rarement constaté!

        Dans un pays voisin de la France, il a été constaté qu’une facture d’électricité rétribuait l’énergie pour 22%, le reste rétribuant le réseau, les taxes, le bénéfice du fournisseur et de ses actionnaires … , toutes choses sans doute bien légitimes! … mais pas « la vraie marchandise »!

        Qui dit que ce n’est pas là qu’il y a des économies à faire?

        Par l’histoire, la distribution d’eau et d’électricité s’est organisée en sociétés intercommunales, a priori, sans but lucratif, ce qui n’empêche pas que, selon la commune concernée, la facture peut augmenter du simple au double!!!

        Cette étude-là va permettre, elle, de remettre un peu d’ordre là où manifestement, il en manque!

        Pour le reste, oui, la fin du monopole EDF étatique, qui a gobé Areva, il faudra encore démontrer une concurrence capable de diminuer le prix du kwh fourni!

        Mais il n’est pas du tout anti-libéral de créer son électricité familiale par la voie qu’on choisit: ce devrait même être plaisant.

        Stocker l’intermittent, même sur quelques jours (quand les centrales nucléaires s’arrêtent des semaines si pas des mois!) sera de moins en moins un problème- voir

        https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwjmv_T-347YAhVQF8AKHcjRA2IQFggnMAA&url=https%3A%2F%2Ffr.wikipedia.org%2Fwiki%2FGraph%25C3%25A8ne&usg=AOvVaw3rK7xWyd8ghoxr0qu8_YyH

        ou
        https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwirzMOl4I7YAhWiB8AKHeE6DLwQFggnMAA&url=http%3A%2F%2Fwww.energiestro.fr%2F&usg=AOvVaw0s1N3tR5st60kJQyxeVEZv

        un redécouvreur de la motricité des anciens « girobus », et Français, pourtant!

        Je ne suis franchement pas un expert du tout mais dans dans tout procès, j’apprécie que les deux parties puissent s’exprimer, en jouant, mal, ici, « l’avocat du diable »!

  • Jean-Marc JANCOVICI est l’un des rares écologistes sérieux, parce qu’il a d’incontestables connaissances technologiques … Il est clair qu’il a parfaitement raison …
    Ce qu’il ne dit apparemment pas, c’est que les nouveaux réacteurs nucléaires seront conçus avec les technologies actuelles, infiniment plus performantes que celles des années 1960-1970, et donc nettement plus sûrs et performants …
    Cela durera au moins jusqu’à la vraie maîtrise industrielle de la fusion nucléaire, au cours du XXIe siècle – et sans doute de la généralisation ensuite de « petits » réacteurs à fusion quasiment capables d’alimenter une installation locale. Nous sommes loin des chimères écolos, loin d’être prouvées, du reste, si on raisonne « de la mine à la mine », en tenant compte de la durée de vie des équipements éolien et solaire, de leur « empreinte carbone » en tenant compte des problèmes de stockage et de matières premières y afférents …

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