Geek, la revanche

Le geek est partout et depuis les années 50, une partie de la population mondiale se reconnaît dans ce mouvement qui ne se revendique pas comme tel.

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Geek, la revanche

Publié le 8 décembre 2017
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Par Farid Gueham.
Un article de Trop Libre

« Cette sous-culture technophile constituée de jeux vidéos de supers héros et science fiction est aujourd’hui la culture prédominante de la jeunesse occidentale. Longtemps raillé pour son manque de cool, sa passion obsessionnelle pour l’information, pour l’informatique, son inaptitude à l’égard du sexe opposé, le geek a pris sa revanche ». 

La réhabilitation du geek

 Au-delà de la réhabilitation d’une image, Nicolas Beaujouan auteur de Geek, la revanche, fait l’apologie d’un groupe, d’une appartenance intergénérationnelle aussi forte qu’indéfinissable :

qu’est-ce qu’un geek au fond ? À en perdre le sommeil, j’ai cherché une définition simple, tâche d’autant plus insurmontable que les geeks sont désormais nombreux et très divers. Au risque de paraître réducteur, mais puisqu’il faut se lancer, je peux avancer que le geek est un éternel adolescent pour qui, grandir en abandonnant ses rêves est une trahison. Il est un adorateur technophile et popculturel, vouant un culte païen à des dieux de papier, de pixels et de pellicule. 

Le geek est partout et depuis les années 50, une partie de la population mondiale se reconnaît dans ce mouvement qui ne se revendique pas comme tel. Tantôt professeurs d’école, banquiers ou postiers, ils dirigent des entreprises, hantent le web, sont dominants sans revendiquer leur appartenance à une confrérie. Ils sont geeks.

Le geek à travers les âges

Mais c’est dans les années 60-80 que le geek se construit une identité, parfois proche de la caricature : « chemisette, bretelles, Gomina. Bon élève, féru de sciences, ce looser aux yeux des sportifs et des jeunes filles en fleurs se voit affublé d’un surnom injurieux : le geek », souligne Nicolas Beaujouan.

Pierre angulaire au panthéon geek, la figure de Tolkien et ses trois volumes du seigneur des anneaux en 1954. Dix ans plus tard, entre 1963 et 1970, Jack Kirby et Stan Lee donnent naissance au super-héros dans sa forme contemporaine : les X-men un groupe de personnages dotés de supers pouvoirs dont les aventures seront publiées sous forme de comics books par Marvel dès 1963.

La série américaine Star Trek perdus dans l’espace est lancée la même année et dans les années 70, les War Games, jeux stratégiques militaires, laissent place dans le salon des parents, aux jeux de rôle tels que les médiévalo-fantastiques Donjons et Dragons.

À l’addiction au jeu s’ajoutent l’isolement et la sédentarisation d’adolescents qui s’abrutissent, deviennent obèses et se replient dans leur monde imaginaire.

On comprend aisément que le niveau haut de gamme des produits culturels proposés ne pousse pas geekus prime à sortir de chez lui : il n’aime tant rien que rester des heures à lire et à rêver d’autres mondes possibles. 

 Le geek et ses avatars, essai de typologie

De la culture geek collective émergent des pratiques et des sous groupes plus spécifiques tels que les nolife, le nerd, le fanboy, le cosplayer, le rôliste, le gamer, le hackerl’otaku ou encore le geek chic.

Des groupes qui constituent à la fois des archétypes sociaux et des tendances dans lequel chaque groupe peut s’affirmer dans des degrés divers.

Le nolife garde son fauteuil ou son lit comme le peuple de Rohan le gouffre de Helm. Consacrant 90% de son temps disponible à jouer en ligne au MMOR-PG et au FPS (des jeux de rôles, le nolife est le maître du réseau, et de la matrice.

Quant aux fanboys et fangirls, ils représentent cette catégorie de geeks obsessionnels, collectionnant les produits dérivés, d’une série, d’un personnage ou d’une marque. Le cosplayer considère le déguisement comme un art à part entière. Contraction de costume et de player, il est celui qui « joue à se déguiser ». La tendance compte plusieurs dizaines de milliers d’adeptes à travers le monde.

Enfin le hacker représente également une communauté emblématique, que Nicolas Beaujouan identifie comme un « informaticien contre-culturel ».

Bref, Mac Gyver s’est mué en Lisbeth Salander (l’héroïne de la trilogie Millénium).

Du défenseur acharné de la neutralité du web à l’activisme politique des Anonymous en passant par le cynisme vulgaire de Kim Dotcom ( de l’ex-site de téléchargement illégal  MegaUpload), la communauté hacker ressemble plus à une confrérie humoristique de théoriciens du chaos qu’à une caste soudée au programme idéologique infaillible. 

Littérature : le patrimoine geek

La littérature est le socle de la culture geek : le geek, de nature curieuse, assume et revendique sa nature technophile, mais il n’en demeure pas moins un défenseur actif des valeurs qui constituent son patrimoine.

Dans son parcours de lecteur, le jeune geek s’imprègne d’univers qui dessineront bientôt la carte d’un territoire commun, des Empires de la Lune à la géométrie de Flatland, de la Terre du Milieu jusqu’à la cité de R’Iyeh des romans d’Howard Phillip Lovecraft. 

Le panthéon littéraire geek possède également ses thèmes récurrents, aux origines parfois lointaines : les premiers repères de cette littérature remontent à l’antiquité égyptienne avec la légende d’Osiris et Le Livre des morts, à l’antiquité grecque avec la bataille des Thermopyles, ou romaine avec Remus et Romulus, mais aussi dans les récits nordiques du Nibelungenlied ou de la légende du Roi Arthur.

Le geek way of life : vivre geek, du soir au matin

Avec humour et ironie, Nicolas Beaujouan cultive la caricature du « geek way of life », un art de vivre décalé, privilégiant le confort, le pratique ou le rapide, au beau et au bon.

Peu ou pas reconnu pour ses talents ou ses goûts culinaires, il serait faire offense au geek de ne pas admettre sa parfaite connaissance de la junk food internationale et l’excellence de son classement scientifique des fast-foods.

L’histoire du geek est aujourd’hui grand public : vieille de près de quarante ans, la communauté influence et irrigue abondamment la culture dominante, au-delà des caricatures et des étiquettes.

Contrairement aux catégorisations hâtives des sociologues et publicitaires, le geek n’est pas un consommateur passionné refusant de sortir de l’âge tendre, répondant au schéma des fameuses générations X et Y.

Pour aller plus loin :

–       « Quel geek êtes-vous »lefigaro.fr

–       Documentaire Arte « Le monde virtuel des cosplayers »arte.tv

–       « L’étonnant parcours du hacker de sciences po », Le Monde.fr

Sur le web

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  • Cette définition est tout à fait juste. Atteint du complexe de Peter Pan, passionné de science-fiction, de BD, de science et de technique, tel est le vrai geek.

    • @ Virgile
      Oui, bof! Quel geek a demandé qu’on réduise en mots tout ce qu’il est?
      Le retour aux citations de grands auteurs ( français, ça va sans dire!) ou à des références empruntées (hors contexte) à des « autorités supposées autorisées », sont totalement insuffisants pour définir un groupe d’individus a priori respectables!!

  • Les commentaires sont fermés.

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