Bitcoin : les mauvais arguments de papy Tirole et oncle Stiglitz

En prenant position contre Bitcoin avec de bien piètres arguments, Tirole et Stiglitz montrent une compréhension fort partielle de ce phénomène unique.
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Bitcoin : les mauvais arguments de papy Tirole et oncle Stiglitz

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 1 décembre 2017
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Ah, décidément, sale temps pour Bitcoin. En l’espace de quelques jours, la monnaie cryptographique a eu le privilège de connaître une montée stratosphérique, suivie d’une descente assez raide et de la critique négative de deux poids lourds de l’économie, Joseph Stiglitz d’un côté et Jean Tirole de l’autre.

Pas facile d’être une cryptomonnaie par les temps qui courent.

Il faut dire qu’avec la récente explosion du cours du Bitcoin, qui est passé en un an de moins de 1000€ à plus de 9000€, cette monnaie cryptographique a tout ce qu’il faut pour déclencher, une nouvelle fois, les petites remarques acides de ceux qui, n’y comprenant généralement à peu près rien, s’empressent pourtant d’émettre un avis péremptoire jugeant que tout ceci n’est pas très sérieux. Et cette semaine, outre quelques chroniqueurs comme Jean-Marc Daniel qu’on a connu nettement mieux inspiré, notons les récentes saillies de deux prix Nobel d’économie, à savoir Stiglitz qui a sobrement demandé à ce que le Bitcoin soit banni, et Tirole qui, à l’occasion d’une tribune dans le Financial Times, s’est ouvertement inquiété de la montée en puissance de cette cryptomonnaie.

Avec cette demande aussi loufoque que liberticide, Stiglitz n’étonnera pas grand-monde. Ce n’est pas la première fois que le prix Nobel s’enlise gentiment dans les remarques parfaitement antilibérales, et cette fois-ci n’échappe pas à la règle : pour le vieil universitaire, Bitcoin n’existe et n’a de valeur que parce qu’il permet de mener des activités financières illicites, d’échapper à l’impôt et à la régulation. Et comme l’augmentation récente du prix emmène avec elle des hordes de petits épargnants, il semble évident que la bulle, lorsqu’elle éclatera, effacera des mois de gains fous, ruinera ces épargnants et sèmera la désolation dans des familles entières.

Moyennant quoi, l’interdiction semble pour Stiglitz une solution toute trouvée. Le pauvre homme, ne sachant probablement pas trop se servir d’internet, n’a pas reçu le mémo : la Chine, bien plus totalitaire qu’Oncle Sam, n’est pas parvenue à interdire la cryptomonnaie. On s’interroge sur la méthode qu’il faudra employer très concrètement alors que, petit à petit, les monnaies numériques (Bitcoin en tête) s’insinuent un peu partout et se dispensent progressivement de tout point unique d’échange – pour information, des sites sans serveur central et sans autorité centralisatrice permettent à présent d’échanger les cryptomonnaies et les monnaies étatiques entre elles, ce qui rend difficile toute tentative d’attraper les individus concernés par l’échange…

Plus tristement, du côté de Jean Tirole, on retrouve un peu les mêmes appréciations.

Si – et on peut l’en remercier – le prix Nobel français n’est pour sa part pas favorable à une interdiction pure et simple comme le propose le brave Joseph S., il n’en laisse pas moins largement percevoir son plus grand scepticisme sur l’avenir de cette monnaie… Pas tant sur son parcours que sur sa réelle utilité : pour lui, il s’agit d’un actif « sans valeur intrinsèque » puisqu’il n’y a pas de réalité économique derrière, que rien ne protège les particuliers et les acteurs financiers d’un éventuel effondrement, et rejoint son copain Joseph lorsqu’ils concluent tous les deux que ce machin-truc numérique n’a pas de « rôle social ».

Évidemment, venant de la part de ces économistes, il sera très mal venu de balayer d’un geste rapide en disant qu’ils n’y comprennent rien.

C’est probablement en partie exact sur le plan purement technique, mais quelques éléments restent cependant pertinents : ainsi, les remarques sur l’absence de valeur intrinsèque ne sont pas totalement infondées dans la mesure où une monnaie, pour exister, doit absolument s’appuyer sur les échanges qu’elle est censée permettre. Or, tout porte à croire que Bitcoin n’a certainement pas atteint la masse critique d’utilisation auprès des individus dont n’importe quelle autre monnaie dispose, imposée qu’elle est par un État et disposant en cela d’un monopole arbitraire. De ce point de vue, la valorisation du Bitcoin représente bien plus un vœu, un pari sur un avenir tout à fait incertain qu’un jour, peut-être, les cryptomonnaies remplaceront tout ou partie des échanges monétaires actuels. Et comme tout vœu, tout pari, il y a bel et bien une énorme part d’inconnu qui peut justifier la tirade sur l’absence de valeur intrinsèque.

En revanche, ni Tirole ni Stiglitz n’ont, semble-t-il, analysé le phénomène au-delà du récent engouement parfaitement artificiel, émotionnel et presqu’entièrement motivé par l’avidité pure qui occupe les marchés actuellement. Et cette absence (assez consternante de la part de ces universitaires pourtant renommés) est d’autant plus visible lorsqu’ils évoquent les autres problèmes du Bitcoin et des cryptomonnaies.

Ainsi, l’absence de protection des acteurs financiers et des particuliers n’est pas un handicap, mais bien une fonctionnalité directe et désirée par ces monnaies. C’est bien l’introduction de ces mécanismes de « protection », exclusivement du fait de l’État, qui a largement perverti le capitalisme tel qu’il devrait être pour le transformer dans l’abomination économique qui gangrène toute notre société actuellement. C’est en effet le fait que les banques soient devenues, de facto, too big to fail qui a permis de créer un capitalisme sans faillite, avec à la clef la formation de métastases financières cancéreuses bien plus dangereuses que ces faillites, à l’instar d’une morale d’où tout péché et toute punition seraient absents qui transforme ceux qui la pratiquent en véritable démons incapables de contrôler leurs pulsions les plus basses.

C’est bien le fait d’empiler des masses de réglementations et d’interdictions du profit par des sources simples et visibles qui a poussé les opérateurs de marché, pour retrouver des marges de manœuvre ainsi que des sources de profit, à créer des outils financiers toujours plus complexes au point de rendre certains montages totalement opaques et particulièrement toxiques. Or ces réglementations et ces interdictions n’ont pas été trouvées sous le sabot d’un cheval mais sont la résultante directe de l’action de l’État.

C’est bien par le fait d’avoir systématiquement « protégé » le petit épargnant que l’État l’a totalement mis à la merci des banques : en lui enlevant progressivement toute responsabilité puis toute possibilité d’étudier exactement le bilan de ces banques, en rendant ce dernier incompréhensible, en imposant de surcroît à ces épargnants de passer par ces banques, en lui interdisant de retirer ou de déposer (pour son bien, fut-il dit !) trop d’argent liquide d’un compte, on a tout fait pour attacher fermement un client à une banque en lui ôtant toute envie de devenir maître de sa propre épargne. Bilan : lorsque (et pas « si ») l’une ou l’autre banque fera une faillite retentissante, personne ne l’aura vu venir, personne n’aura les moyens de mettre ses économies à l’abri et l’État s’assurera que la misère sera répartie également entre tous. Youpi, quelle belle protection !

Autrement dit, cette absence de protection des acteurs financiers dont les cryptomonnaies « souffriraient » est en réalité une absolue nécessité, un rappel (éventuellement douloureux) que la prise de risque ne s’accompagne pas toujours d’un succès flamboyant, qu’une faillite est toujours possible et que l’État n’a pas à veiller au bon sommeil de tous et chacun avec l’argent des autres. Ceci ne semble effleurer ni Stiglitz, ni Tirole, au contraire même.

Quant au rôle social, on s’interroge ardemment sur celui que nos économistes veulent absolument faire tenir à la monnaie puisque Tirole va jusqu’à s’offusquer, au travers de ces cryptomonnaies de malheur, de sa privatisation. Parbleu ! Où va-t-on si la monnaie devient battue par des individus indépendants et pas par un État dont tout indique (historiquement) qu’il saura toujours faire mieux que le marché ! Où pourrait-on aller si l’impression de billets à la volée, comme jadis pendant la République de Weimar, ou il y a quelques années au Zimbabwe, ou comme actuellement au Venezuela, l’État ne peut plus cracher du papier monnaie comme d’autres des assignats ? Comment diable l’État trouverait des « ressources supplémentaires » (selon Tirole) s’il ne peut plus spolier l’épargnant avec de l’inflation ? Où irait le monde si, subitement, la réserve fractionnaire et toutes ses dérives (argent dette et bidouillages comptables empilés les uns sur les autres) venaient à disparaître, si l’inflation n’existait plus comme cette période au XIXème siècle où la croissance n’a jamais été aussi forte, si les individus pouvaient échanger librement entre eux, en abaissant drastiquement le coût des transactions (tendance, qui, au demeurant, ne s’est pas démentie depuis le début de l’Histoire) ?

Franchement, à part risquer l’enrichissement des plus pauvres et un progrès humain considérable, on se le demande !

Alors oui, bien évidemment, Bitcoin est dans une bulle : tout le monde et son chien veut y investir, c’en devient comique. Et bien évidemment, ceci imposera une saine correction. Peut-être même (probablement, en fait) Bitcoin sera détrôné de sa position et de nouvelles monnaies cryptographiques prendront sa place. Mais de grâce, Joseph, de grâce, Jean, laissez faire le marché, l’inventivité de l’Homme et la force des individus libres. Ils ont survécu à bien plus rude que les subprimes, la crise de 1929 ou même la bulle des Tulipes, et n’ont que faire de vos rodomontades.


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  • « pour lui, il s’agit d’un actif « sans valeur intrinsèque » puisqu’il n’y a pas de réalité économique derrière »

    Attendons tranquillement que G, A, F, A ou M, voire B, A, T ou X l’accepte(nt) (ce qui ne saurait tarder à mon avis) et on va bien rigoler sur sa non valeur intrinsèque.

    • C’est encore plus simple que ça. Quelle est la « valeur intrinsèque » de l’euro…? Du dollar…?

      • Uniquement la confiance qu’on lui accord, ça n’arrête là. Il suffit d’une série d’évènement ou d’un évènement majeur pour que cette confiance s’envole et réduise la monnaie à sa valeur d’utilité (i.e. celle du papier sur lequel elle est imprimée).

      • Tout à fait, même l’or n’a qu’une valeur intrinsèque toute relative et bien inférieure à sa valeur de marché. La monnaie est une convention et sa valeur parfaitement arbitraire. par contre la valeur d’une monnaie par rapport à une autre c’est autre chose. Si l’once d’or valeur 1$ à un moment et qu’elle en vaut 1000 aujourd’hui c’est bien que le dollars ne vaut plus grand chose et que l’inflation à travers le gonflement de la masse monétaire à complétement détruit sa valeur. Le bitcoin n’est pas manipulable par les état (ou par quiconque) donc sa valeur ne peut que monter par rapport à des monnaies de singe tel que l’euro et les états auront beaucoup plus de mal à le contrôler que l’or.

    • En l’an 2000, on nous affirmait que l’or n’avait pas de valeur intrinsèque autre que la fabrication de bijoux.

      • Oui et la fabrication de bijoux, c’est concret. La valeur intrinsèque du bitcoin, c’est le travail des mineurs qui ne sert à rien d’autre qu’à assurer l’intégrité de la blockchain et donc du service bitcoin. C’est très énergivore et donc très coûteux… Le prix de frais de transaction va monter en flèche…

  • Ca ne m’étonne pas de la part de Stiglitz, mais je suis un peu triste pour Tirole.
    Et ça confirme hélas ce qu’il m’arrive de dire en petit comité quand je me lâche : à part quelques exceptions, les gens qu’on appelle économistes ne comprennent rien à l’économie.

    • @ Gérard Dréan
      L’économie n’est qu’une « science HUMAINE »: or dès que vous introduisez « l’humain » dans l’équation, le résultat en devient hypothétique et dépendant de ce facteur humain et de son comportement: éventuellement utile pour éclairer des faits passés, l’économie restera contingente du facteur humain dans l’avenir prévisible à 50/50! Ce qui ne fait pas taire les économistes prodigues en conseils et prédictions.

      • Pour pouvoir coller à l’économie l’étiquette de « science », les soi-disant économistes en évacuent l’humain et toute l’incertitude qui va avec. C’est bien pour ça que leur discours est sans rapport avec la réalité. Seuls ceux qui partent du constat que l’économie est une science de l’action humaine (CF L v Mises) méritent d’être écoutés.

  • En quoi le Bitcoin diffère-t-il des espèces? Que ce soit au moyen de billets ou de pièces , on peut acheter et vendre anonymement entre pairs. En fait, les transactions en Bitcoins, c’est l’équivalent du marché noir mais virtuel.

    • C’est un marché libre, il n’y a rien de clandestin ou immoral à ne pas demander la bénédiction de l’Etat pour faire une transaction.

      • Oui je partage cet avis, mais néanmoins le prix de l’anonymat est beaucoup trop cher. Inabordable pour des transactions modiques.

    • Toutes les transaction sont enregistrés et visibles par tout le monde. Il n’y a aucune opacité.

      • Pour garder un parfait anonymat, il faut choisir un clé privée à chaque nouvelle transaction, ce qui augmente encore le nombre de transactions nécessaires pour faire un simple échange et donc coutent de plus en plus en cher en frais de transaction.

    • @ Mariah
      Il y a bien une différence: pas de billet, pas de pièce! Si vous gardez des billets (« sous le matelas ») : vous retrouverez la même somme mais pas une valeur diminuée, après 1 an. Si vous aviez des bitcoins « sur internet » le 1/1/2017, vous en auriez le même nombre mais la valeur a été multipliée par 10 (sans garantie pour l’avenir)!

      • Comme si pour les monnaies physiques il n’y avait pas d’inflation, pas de variation de cours, rien…
        La même somme, oui, mais la même valeur ? Vraiment ?

  • Le problème du bitcoin est sa demande en énergie. Le concept de preuve de travail est le moyen que Bitcoin Core utilise afin d’assurer l’intégrité de la blockchain en se passant d’une haute autorité. C’est de plus en plus gourmand en puissance de calcul.
    Ce qui fait que les frais transactions seront de plus en plus onéreux et que seulement les grosses transactions seront rentables à long termes.
    La valeur du bitcoin repose principalement sur le travail des mineurs, on peut facilement le vérifier en analysant le cours du bitcoin et l’indice de difficulté (difficulté a faire grandir la chaîne). On voit clairement que la valeur suit cet indice avec quelques jours de retard et beaucoup moins l’offre et la demande.

    • Ce qui fait que les transactions sont onéreuses est la limitation du nombre de transaction dans un bloc, c’est tout.
      L’énergie dépensée n’a qu’un lien très faible avec le nombre de transaction mais un lien bien plus fort avec ce qu’il faut mettre pour sécuriser un réseau mondial d’échange. C’est un pouième de ce que les banques traditionnelles sur les monnaies traditionnelles utilisent (sans y parvenir, du reste).

      • La limite des 1 méga a été revu. Le système se régule pour qu’un bloc soit ajouté toutes les 10 minutes (peu importe sa taille) et l’indice de difficulté croit malgré tout. Ce qui indique que la puissance croit et cela à la même vitesse que la valeur du bitcoin.
        Les mineurs choisissent en priorité ceux qui offrent les plus gros frais de transaction et c’est logique. Les transactions gratuites ont de moins en moins de chance de passer.
        De plus comme les transactions ne sont pas annulables, lorsqu’elle s sont dans le pool en attente, c’est argent est bloqué…
        Bref pas terrible pour le e-commerce.

        • Quand je regarde les crypto-monnaies, il me semble que le bitcoin est en train de prendre la place d’étalon monétaire bien plus que de moyen d’échange. Dans cette logique, à terme, les transactions sur le bitcoin pourraient ressembler plus à de la compensation qu’à de l’utilisation marchande.

          • C’est pour ça que le bitcoin est considéré par certain que du « digital gold »

            • Le problème est que l’avenir du bitcoin en valeur refuge est très incertain. Il n’y a rien de concret. L’or est réel et même si il sert principalement à faire des bijoux, il gardera une grande valeur tant que les gens trouveront ce métal beau. Un fichier binaire qui contient des hashs, bof bof comme beauté…

    • Hum, c’est là l’un des arguments anti-bitcoin massivement utilisé par les escrologistes: le Bitcoin serait l’un des plus gros pollueurs de la planète. Étrange tout de même que l’on ne le compare jamais avec Google et ses 2 millions de serveurs ou de AWS et son 1,5 million de serveurs.

      • Les chiffres sont là et cette énergie couteuse sert juste à assurer le fonctionnement du système, elle ne produit rien d’autre. De plus, la tendance ne pourra pas s’inverser sinon la chaine deviendrait falsifiable. La rémunération intrinsèque des mineurs étant décroissante par principe, le prix des transactions ne peut être que croissant et à grande vitesse…

    • Et vous ne pensez pas que les échanges de monnaie « classique » sont énergivore? les milliers de banques, de système informatiques, les millions d’employés, de comptables, financiers, toutes les banques centrales autre comité, haute autorités etc…ça ne consomme rien? Et je ne parle même de la fabrication, du stockage et du traitement des pièces, billets et chèques…
      je suis près à parier que le gestion des monnaies chrypto ne consomme pas plus d’énergie que les monnaie traditionnelle et sans doute même beaucoup moins.

      • Le système VISA cosomme beaucoup moins pour un nombre de transaction beaucoup plus important. Un billet peut passer de main en main plusieurs fois avant d’être détruit. Pour les bitcoins chaque échange est très énergivore.

        • « Le système VISA cosomme beaucoup moins pour un nombre de transaction beaucoup plus important »
          Pas d’accord. Pour pouvoir fonctionner, le système VISA utilise un système bancaire très coûteux en énergie, argent et moyen humain. Le sytème VISA réduit à son informatique ne sert à rien.

          • Tu plaisantes ? Le système VISA n’a pas besoin de tourner à 12,253,644.18 TH/s.

            • Je ne parlais pas de Taux de Hachage . Le système VISA est certes moins coûteux en énergie électrique, en performance et matériel informatique. Cependant, il ne peut exister seul. Il n’est qu’une interface entre banques (acheteur/vendeur) servant à échanger de l’argent. Il ne génère rien, ne stocke rien et n’enregistre rien en lui-même. Il doit est adossé à un système bancaire « matériel » nécessitant personnel, locaux, lieux d’échange et de stockage de monnaie…etc Ceci a un coût humain, matériel, énergétique et donc financier. Sans parler des fraudes, vols et erreur inhérents à ce système, ce qui a un coût également.
              Le Bt génère, échange sécurise, stocke et enregistre tout en même temps. Et semble exempt de fraude pour l’instant (on verra ensuite…).
              Si vous voulez comparer le coût énergétique de deux systèmes, comparez-les dans leur intégralité càd avec tout ce qui leur est nécessaire pour fonctionner.

              • Aujourd’hui, le système bitcoin est loin de pouvoir exister seul. Pour cela, il faudrait qu’il soit capable de gérer l’ensemble des transactions électroniques et liquides mondiales. Il couterait beaucoup plus cher que l’ensemble des banques…
                Pour la sécurité, des failles avec bitcoin ont déjà été exploitées et pour les autres comme c’est un système anonyme on ne les connait pas, il n’y a pas de recours judiciaire possible.
                De plus bitcoin fait confiance à un algorithme qui n’a pas de preuve formelle mathématique de sa non vulnérabilité. Si SHA tombe, le système s’écroule instantanément.

                • « Aujourd’hui, le système bitcoin est loin de pouvoir exister seul. Pour cela, il faudrait qu’il soit capable de gérer l’ensemble des transactions électroniques et liquides mondiales. »
                  Non, vous ne parlez pas de la même chose: avec « exister seul » vous entendez être capable de gérer l’ensemble du système des échanges monétaires mondiaux. Il est évident que pour des raisons structurelles propres au système Bt, il n’en a pas (encore) la capacité et ce n’est pas son but.
                  Dans mon commentaire « exister seul » entend un système qui n’a besoin que d’un support informatique et internet, de mineurs et de qq externalités qui servent d’interface avec les monnaies fiat. Le système visa n’est qu’un système d’échange interbancaire qui n’existe que parce qu’il y a des banques. Les crypto-monnaies n’ont pas besoin de système Visa.
                  Quant à affirmer que si le monde entier fonctionnait avec les crypto-monnaies et avait abandonné les monnaies-fiat, cela coûterait plus cher que le système actuel avec les banques, c’est une affirmation gratuite. La concurrence joue également son rôle entre crypto-monnaies avec le même effet que pour n’importe quel produit.

                  « c’est un système anonyme on ne les connait pas, il n’y a pas de recours judiciaire possible. »
                  Parce que les recours judiciaires avec les banques… lol. Pour des broutilles d’erreurs informatiques, passe encore. Si une banque fait faillite avec vos économies, vous pouvez vous asseoir sur le recours judiciaire. Et ne comptez pas sur le « Fonds de garantie des dépôts et de résolution » pour vous rembourser: avec 3.4 milliards d’Euros en stock, elle est très loin de pouvoir couvrir la faillite d’une seule banque de taille moyenne.

                  « un algorithme qui n’a pas de preuve formelle mathématique de sa non vulnérabilité. »
                  Exact. Par contre, les banques ont déjà, et à de multiples reprises, fait preuve de leur vulnérabilité.

                  • Je partagerais votre avis si pour exister le système bitcoin pouvait exister sans le système monétaire classique ou du moins en étant complément déconnecté de celui-ci. Hors la plupart des machines de minages s’achètent en euros.

                    Concernant les recours juridiques, la loi nous protège quand même contre les arnaques même si , je vous l’accorde, ce n’est pas parfait. Protéger ses bitcoins c’est difficile, le commun des mortels, n’étant pas expert en sécurité informatique, fait donc appel à des plateformes qui s’apparentent à des banques. On risque donc de retomber dans un système classique qui coûtera plus cher du fait des frais de minage.

                    Et je le répète, bitcoin core (et la plupart des clones) font confiance à 2 algorithmes sans preuve, SHA2 et ECDSA si un des deux tombe la totalité s’écroule et pas seulement un système fermé qui peut être mis à jour rapidement et donc minimiser ses pertes. C’est le problème de mettre tous les œufs dans le même panier.

        • @ Jean_Luc
          Les frais de transaction ne sont pas nuls, pour les usagers de Visa, ni pour le fournisseur ni pour le consommateur et la sécurité n’est pas aussi assurée qu’avec le bitcoin.

          • Oui il y a aussi des frais avec Visa c’est vrai. Si on regarde la chaine en ce moment le bloc trouvé est à 12.5 BTC (rémunération intrinsèque) plus les frais (en moyenne 1.5BTC en ce moment pour 2000 transactions) ça fait cher les frais ! Et cette rémunération intrinsèque va baisser.
            Et c’est normal, la consommation pour bitcoin core est juste énorme donc les frais de fonctionnement sont très couteux.

            • Pour le moment, ceux qui installent des fermes de minage amortissent leurs frais et leur fonctionnement à des vitesses record, mais je veux bien croire que ça ne durera pas. D’autres cryptos et d’autres utilisations de la blockchain pourraient néanmoins profiter de ces investissements si le bitcoin s’écroule. On pourrait aussi adapter ces fermes à la production de chaleur urbaine par exemple, et quoi qu’en disent les écolos, le coût de l’énergie reste très faible et les économies d’énergie un principe plus masochiste qu’impératif pour l’avenir de l’homme.

              • Oui vous avez raison sur un point, il vaut mieux miner en hiver ou dans un pays froid. Par contre en été ou dans un pays chaud…

  • Bravo pour cette analyse, à le fois profonde et percutante!

  • les monnaies « officielles » étant privée de valeur intrinsèque depuis l’abandon de la convertibilité dollar/or les avis de ces deux économistes sont absurdes , alors que c’est justement l’évolution des systèmes monétaires ainsi que l’avènement de la société numérisée qui autorise des expériences comme le bitcoin , réaction naturelle à la défiance devant les monnaies. Cependant le crash du bitcoin est une probabilité très envisageable …

  • Le débat sur la valeur intrinsèque des choses est le comble de la stupidité chez les économistes qui sont, fort heureusement, incapables de la définir de manière intelligible. Quand ils dissertent sur la valeur intrinsèque, posez leur simplement la question : combien ? Puis, exprimez votre désaccord. Pas besoin d’argumenter. Il suffit de ne pas être d’accord avec eux pour que leur valeur intrinsèque imaginaire disparaisse comme l’eau dans le sable.

    Aucun bien, aucun objet, aucun service, n’a de valeur intrinsèque. Un bien acquiert une valeur au moment de l’échange volontaire entre les parties. C’est uniquement parce qu’il est volontairement échangé qu’un bien obtient une valeur. Sans échange, pas de valeur.

    S’il existait le moindre bien avec une valeur intrinsèque, ce serait une catastrophe absolue, parce que l’échange perdrait sa fonction principale et essentielle de découverte de la valeur réelle des choses. L’économie, et l’humanité avec elle, disparaîtraient instantanément.

    L’économie doit être vue comme l’espace. Il n’y a pas de point fixe, pas de valeur absolue, pas de valeur intrinsèque. Tout est en mouvement, perpétuellement. Il n’existe pas de point de référence absolu. Il n’existe que des forces relatives, attirance, répulsion…. équilibre temporaire évoluant en permanence vers l’équilibre suivant.

    La valeur intrinsèque des choses n’existe pas. C’est une illusion.

    • Tout à fait, le point fixe est un mythe, l’équilibre n’existe pas, jamais, nulle part, mais c’est rassurant de se créer un monde illusoire

  • Autant Stiglitz ne m’étonne pas, on a connu Tirole plus lucide.

    Sur le sujet de la valeur intrinsèque, le bitcoin et les monnaies d’états sont tout deux basés sur la confiance.
    Ce qu’il faut comprendre quand ils utilisent ce terme de « valeur intrinsèque » c’est :

    « L’État utilisera son monopole de la violence pour protéger sa monnaie ».

    Et ils considèrent cela une bonne chose, c’est là que divergent nos opinions.

    J’ai aussi entendu l’argument que l’Euro était entre autre soutenu par l’économie française, le bitcoin n’était soutenu par rien.
    C’est je pense une erreur de perspective. Le bitcoin étant une monnaie mondiale (la première), celui-ci est soutenu par l’économie mondiale.

    • La stratégie d’un prix Nobel est sans nul doute régie plus par son désir de préserver sa réputation que par la poursuite des analyses qu’il a menées il y a des lustres et qui lui ont valu sa récompense. Or personne ne relève les déclarations antérieures des Cassandre quand tout va bien, mais à l’inverse, avoir soutenu un concept qui s’effondre peut ruiner une carrière.

  • J’admire la répartie et la culture économique de Jean Marc Daniel, mais son avis sur le bitcoin témoigne de sa méconnaissance du sujet.
    C’est dommage, c’est l’un des rares en France qui est suffisamment critique des Banques Centrales pour en comprendre l’intérêt.
    Car non, le bitcoin ce n’est pas l’anarchie.

  • Tout le monde possédant des Picasso ont intérêt de dire que c’est un grand peintre…si j’ai un bitcoin , je ne critique pas le bitcoin.
    C’est une monnaie perverse !
    Dans la réalité , un Picasso ne vaut rien ,pas plus qu’un bitcoin ou un euro.tout dépends de ce que les gens en pensent…..a tort ou a raison…..ce sont deux objets spéculatifs ..à vos risques et périls.

  • Décidément ce sujet fait couler de l’encre. Et pourquoi ne pas simplement laisser les évènements suivre leur cours ? Personnellement je n’aimerais pas être payé avec une monnaie n’ayant pas un minimum de stabilité. Et je comprends aussi qu’un producteur de biens dont le bénéfice ne représente que quelques pour cent par an par rapport aux capitaux investis n’aient pas envie de jouer au casino avec une monnaie pouvant varier subitement de 100 % et plus.
    On peut bien sur imaginer une couverture de ce risque pour rendre les fluctuations tolérables. Il suffirait que des assureurs accumulent pour le couvrir des masses de créances sur des biens réels en face des bitcoins que leurs possesseurs déposeraient sur leur compte. Et bien sur si le risque de fluctuation est de 100%, il faut 10 fois plus de réserves que s’il est de 10% !
    Ces assureurs seraient ils alors très différents d’une banque centrale ? Et des intervenants aussi massifs ne seraient il pas une proie toute trouvée pour des états avides de taxer et de réglementer ?
    Bref je n’y crois pas et je pense que le mieux et de laisser faire (sauf lorsqu’il y a des opérations criminelles) jusqu’à ce que cela s’écroule spontanément.

    • Vous soulevez un point intéressant avec l’effet de la volatilité sur les transactions pratiques. C’est en cela que l’apparition de futures sur le bitcoin, qui permettront au commerçant de se couvrir (bien qu’on pense en général que les futures ne sont qu’un instrument de spéculation, ce sont des outils de couverture) pourrait changer la donne.

      • Je connais mal le fonctionnement des futures mais il me semble que dans un contrat à terme, l’acheteur doit apporter en garantie une partie de la valeur de ce qu’il achète. Cette garantie peut être modeste si les fluctuations attendues sont faibles mais si elles sont fortes, il faut nécessairement une très forte garantie. Cela peut devenir rédhibitoire dans un système avec de très grosses variations de prix. On a alors deux choix possibles : soit réduire le commerce pour réduire le risque, soit accepter qu’il y ait de temps à autres un krach majeur. Ces deux choix ne me semblent pas très séduisants !
        On en revient donc au problème des fluctuations du pouvoir d’achat de la monnaie. Pour amortir ces fluctuations il faut un lien avec les objets physiques que la monnaie permet d’acheter. Le système de la création monétaire concomitante à la création d’un objet physique (ou d’un projet sérieux dont le préteur a de bonnes raisons de croire qu’il conduira à des créations d’objets physiques supplémentaires) assure ce lien. Et dans ce système, le créateur de la monnaie garde des droits sur l’objet physique jusqu’au moment où l’emprunteur rembourse son prêt. Comme toute la monnaie en circulation correspond alors à un objet physique échangeable sur les marchés, le détenteur de monnaie n’a pas à craindre que la valeur de cette monnaie s’effondre puisque le détenteur de la monnaie est en fait le possesseur potentiel (défaut = mise en vente de la garantie) indirect du bien qui a servi de garantie à l’ouverture du crédit initial.
        Le système ne marche bien sur que si la banque créatrice de monnaie s’assure qu’elle ne prête pas à un client sans garantie et sans projet sérieux. C’est à mon avis le travail essentiel d’un banquier de ne créer de monnaie qu’à bon escient et c’est grâce à cela qu’une économie peut se développer en allouant les capitaux aux meilleurs endroits. Qui assurerait cette fonction dans un système de type bitcoin ?

        • Si vous êtes commerçant, et que vous recevez des bitcoins, avec les futures vous pourrez :
          – revendre vos bitcoins sur le marché à terme, à un cours d’autant plus voisin du cours instantané que les taux d’intérêt sont proches de 0.
          – acheter une option de vente, c’est à dire le droit mais non l’obligation de revendre vos bitcoins à l’échéance au prix fixé. Vous payez une prime, mais vous êtes sûr de limiter vos pertes au montant de cette prime si le bitcoin baisse. Le coût de cette prime est tel que statistiquement, vos gains quand le bitcoin monte équilibrent les primes que vous payez.
          – vendre une option d’achat, ce qui offre une prime quoi qu’il arrive, mais vous laisse seul assumer les pertes si le bitcoin baisse.
          Vous pouvez bien sûr panacher ou adopter des stratégies plus complexes. L’important est que le marché des futures étant régi par l’offre et la demande, il est à espérance mathématique nulle, donc à des frais minimes près, il vous permet d’échanger gratuitement votre bitcoin fluctuant contre une valeur stable. Certes, si vous êtes gérant de pizzéria, c’est un peu compliqué, mais si vous êtes vendeur de meubles sur internet, par exemple, vous pouvez dorénavant accepter les bitcoins sans être pénalisé par leur volatilité.

      • Les futures sur le bitcoin, en réintroduisant un tiers de confiance dans le processus, sont contradictoires avec la philosophie du bitcoin qui prétend pouvoir s’en passer.

    • @ JCB
      Sachant qu’un bitcoin détenu le 1/1/2017 valait 1 000 € et qu’il a passé la barre des 10 000€, je ne tiendrais pas le même discours: ce n’est plus une « monnaie »: aucune « monnaie » n’a gagné 1 000% en moins d’un an, que je sache!

      • Ca n’est pas forcément une monnaie qui gagne 1000%, ce sont peut-être d’autres monnaies qui perdent 90%.

        • C’ est une histoire de taille de marché ,combien de dollars combien de bitcoins ?
          Il’suffit qu’un blaireau avec quelques bitcoins pour faire basculer la côte , pour le dollar le blaireau a besoin de milliards !

          • La Fed peut effectivement créer des dollars par milliards. Mais je ne prétends pas encore que ce soit un blaireau qui la commande.

  • à ne jamais oublier : toute bien ou monnaie n’ a de valeur que celle que que tu lui accordes …. ne pas oublier que le sucre a été une monnaie , et ce , dans un temps pas si éloigné que cela

  • Bitcoin, monnaie écolo? – Jacques Favier
    Des élements de réponses pour répondre aux détracteurs du bitcoin et au gouvernement et autres officines.

  • Le Bitcoin est-il une bulle? https://blog.francetvinfo.fr/classe-eco/2017/12/02/le-bitcoin-est-il-une-bulle.html
    Article intéressé, mesuré ne prenant pas partie

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