L’irrésistible et navrante schiappatisation du Président Macron

En inventant le délit d'outrage sexiste, le président Macron se ridiculise et déforce la fonction présidentielle. Pire, il se schiappatise vigoureusement...
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L’irrésistible et navrante schiappatisation du Président Macron

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 29 novembre 2017
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Dans cet océan de vacuité qu’est l’actualité du moment, dans laquelle il devient quasiment impossible de lire un article de presse sans immédiatement s’infliger une tempête de facepalms retentissants, des petits grumeaux d’absurdité rigolote font régulièrement surface pour nous rappeler que la politique française ne se bâtit pas seulement sur des actions stupides. Parfois, elle se construit aussi autour de déclarations idiotes.

On découvre en effet, entre deux consternations moyennes, qu’à l’occasion de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes, Emmanuel Macron – notre président au sourire Pepsodent™ – a annoncé la prochaine création d’un « délit d’outrage sexiste » punissant le harcèlement de rue dans le prolongement direct des actuelles discussions visant à pénaliser les comportements lourdingues, l’impolitesse crasse et les mauvaises manières. Au passage, on rappellera que les tentatives de viols, violences, atteintes sexuelles et intimidations sont déjà largement pénalisées, ce qui permet d’affirmer calmement qu’avec cette nouvelle fournée de petits textes juridiques pas piqués des hannetons, notre société progressiste et permissive trottine tout droit vers de nouveaux sommets législatifs à côtés desquels le code Napoléon tiendra lieu d’album de coloriage pour enfant défavorisé.

Pour faire bonne mesure, l’idée géniale a été immédiatement touittée par l’équipe de communication du président, permettant à la fois de montrer qu’il se préoccupe de ce sujet d’importance capitale et de faire l’affichage ostentatoire de toute la fermeté dont il est capable pour punir les impétrants :

Youpi, il était temps, la France, les 3.5 millions de chômeurs, les générations futures accablées de 2000 milliards d’euros de dettes, les entreprises et les contribuables croulant sous les taxes et les impôts, les citoyens englués dans les sparadraps et le sentiment d’insécurité, les étudiants sans diplômes et les retraités sans pension, tout ce monde et le reste se réjouissent d’avance qu’on s’occupe enfin de ce problème si prégnant.

Grâce à l’action ferme et déterminée du président Macron, l’impolitesse et les sifflets seront pourchassés hors du territoire. Enfin, pourchassés, c’est vite dit. Disons qu’ils seront surtout verbalisés. Parce qu’en fait de délit d’outrage sexiste, on aura surtout droit à une infraction et donc une amende correspondante.

Et encore puisqu’il faudra pour cela que la maréchaussée (largement évaporée des endroits où elle serait utile pour n’être plus guère présente qu’à l’affût de l’automobiliste) soit présente et se décide à verbaliser. Quand on voit le succès global d’application de certaines autres lois du même acabit (voile, burkini, j’en passe) et votées, coïncidence étonnante, avec la même volonté de coller niaisement à l’actualité sans prendre le moindre recul, on sait déjà que tout ceci va se terminer comme le reste, à savoir dans les poubelles de l’Histoire et l’arrière-cour des codes de lois illisibles.

Au-delà de cet aspect pratique déjà gratiné, notre président Pepsodent™ semble aussi oublier qu’il va être particulièrement complexe de faire concrètement valoir ce nouvel « outrage sexiste ». Ce que certains qualifieront clairement d’outrage passera sans mal pour d’autres pour une simple remarque. Et de toute façon, la charge de la preuve de culpabilité restera bien à l’accusation outragée, contrairement à ce que semble croire le défenseur des Droits qui n’a pas trop bien relu son petit Dalloz comme en témoigne le tweet suivant :

Bref, encore une fois, on assiste – avec, soyons honnête, un brin d’amusement peu étonné – à la sur-banalisation navrante de la fonction présidentielle. S’il est vrai qu’avec sa Léonardisation, le président Hollande avait abaissé le niveau si bas que plus rien ne pouvait arriver de réellement pire, Macron montre ici qu’il a appris des meilleurs : en emboîtant le pas à sa Marlène de Secrétaire d’État, il semble décidé à se schiappatiser dans une frétillance d’actions périphériques qui, encore une fois, déforcent une fonction présidentielle de plus en plus risible.

Et en dehors de ces petites bulles d’air tiède à la surface d’une actualité vidissime, comme Hulot qui ne sert décidément à rien (la pantalonnade récente du glyphosate montre l’étendue du gouffre intellectuel dans lequel il barbote avec une aisance innée), Schiappa ne sert pas plus, ni la cause féministe, largement dévoyée ces dernières années, ni même celle d’une lutte contre l’insécurité de certains quartiers dont les femmes sont les premières victimes.

Du reste, mon propos n’est ici pas seulement de dire que toutes ces fadaises niaiseuses sont parfaitement éloignées des préoccupations réelles des Français, ni même que le Défenseur des Droits ne semble pas savoir ce qu’est la présomption d’innocence, mais aussi que Schiappa a en fait le même rôle dans ce gouvernement que Taubira ou Vallaud-Belkacem dans le précédent : c’est le supplément d’âme progressiste, le grigri sociétal de la gauche qui sert à polariser et cliver histoire de bien montrer qu’on est progressiste et dans le Camp du Bien, peu importent le coût pour les libertés publiques, les dérives en matière de droit qu’elles entraînent, l’abaissement de la fonction présidentielle et le délitement complet de la parole politique qui ressemble de plus en plus à du verbiage de gamin trop gâté.

La République une et indivisible a laissé place à la République multiculturelle, bigarrée, inclusive, festive, citoyenne et aussi divisible que possible pour mieux régner. Pour les citoyens, on peut réellement douter que ce soit un mieux. En revanche, pour le président et sa clique, pas de doute… Ça marche !


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  • La police de la parole est en route…
    L’impossibilité pour l’accusé d’apporter des éléments contraires fera condamner un paquet d’innocents….

  • « Nous créerons le délit d’outrage sexiste verbalisable immédiatement avec un montant dissuasif. »

    Selon certains le gouvernement Macron progresse doucement vers le libéralisme de manière à ne pas choquer les français baignant « douillettement » dans le socialisme.
    A quoi cela sert-il, alors, de rajouter des couches de socialisme stérile ? Car dans ce tweet, je discerne bureaucratie pesante, justice engorgée, taxes fleurissantes, et surtout absence de régalien pour appliquer l’ordre.

  • Un défenseur des droits qui jouit à l’idée d’un renversement de la charge de la preuve … C’est pas piqué des hannetons.

  • « Nous créerons le délit d’outrage sexiste verbalisable immédiatement avec un montant dissuasif. »
    Je pense que c’est pour bizuter les jeunes recrues de la police municipale quand elles devront patrouiller Porte de La Chapelle et qu’il faudra exiger l’amende dissuasive à un groupe de migrants en transite vers Calais.

  • ou se niche le harcelement ! Une petite mamie s’est vu infliger une amende car elle tenait à payer ses impôts par chèque

  • Bonjour,
    « Se taire est aussi une violence », et je salue les femmes qui osent témoigner ouvertement des violences subies dans la rue, au travail, sur le palier …
    Des sessions de sensibilisation sont nécessaires pour saisir : « qui es-tu violence ». Les classements sans suite des plaintes pour harcèlement et agressions physiques sont intolérables … les agresseurs et harceleurs ne sont pas poursuivis ni donc condamnés. Décadence non pas seulement d’une société mais d’une civilisation ! Pourquoi donc ces comportements existent ?

    • comme toujours. on a tous les outils nécessaires, pas la peine d’en créer de nouveau. suffit juste d’utiliser l’existant.

  • 1984 est en route dans le Meilleur des Mondes!

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