Progressivité de l’impôt : l’escroquerie morale

L’impôt sur le revenu progressif représente un sommet de l’immoralité politicienne dans les démocraties occidentales du début du XXIe>/sup> siècle. Il permet de jouer sur l’exacerbation de la convoitise généralisée pour obtenir des voix aux élections.

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Progressivité de l’impôt : l’escroquerie morale

Publié le 28 novembre 2017
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Par Patrick Aulnas.

L’impôt progressif sur le revenu est un gigantesque piège pour tous les citoyens. Ce piège fonctionne parfaitement depuis un siècle, et personne ne sait comment s’en libérer.

Le principe relève des travers propres au politique : créer l’illusion de la justice par une arithmétique élémentaire. Le mécanisme technique est simple et compréhensible par tous : le taux d’imposition augmente avec le revenu. La participation des riches est donc supérieure en pourcentage à celle des pauvres.

 

La supercherie politicienne

Les riches, peu nombreux, renâclent. Mais les pauvres, beaucoup plus nombreux, applaudissent. Ils pensent évidemment bénéficier ainsi de services publics payés par les riches. Rien n’est plus faux. L’impôt progressif sur le revenu ne constitue pas la principale recette de l’État, loin s’en faut.

Ainsi, en France il rapportait 70 milliards en 2014 soit 24 % des recettes de l’État et 7,3 % du total des prélèvements obligatoires. Le fonctionnement de l’État-providence doit donc très peu à la progressivité et beaucoup à la proportionnalité. La TVA et la plupart des taxes sur la consommation sont proportionnelles à la dépense et elles représentent 15 % des prélèvements obligatoires.

Quant aux cotisations sociales, il s’agit d’une masse énorme de 54,4 % des prélèvements obligatoires (521 milliards d’euros en 2014) calculée à peu près proportionnellement à leur assiette (salaire, bénéfice, etc.).

La supercherie, entretenue à dessein par les politiciens, parfaitement relayés par les médias, consiste à faire croire, ou à laisser penser, que l’État-providence est largement financé par l’impôt progressif sur le revenu.

 

L’IR progressif, outil au service de la démagogie

Les politiciens tiennent en effet à la progressivité comme à la prunelle de leurs yeux. Elle autorise toutes les promesses électorales, et il est très difficile de vérifier leur véracité du fait de la technicité de la matière. Le principe de la progressivité est simple, mais évidemment le diable se cache dans les détails.

Manipulation du barème ou du quotient familial, réductions et crédits d’impôt, abattements sur le revenu imposable sont reçus avec béatitude par leurs bénéficiaires. Ils s’imaginent faire une excellente affaire.

En vérité, ce sont les gouvernants qui raflent la mise. Le petit cadeau d’impôt sur le revenu sera compensé par une mesure fiscale beaucoup plus opaque. Mais les candidats aux élections auront bénéficié des voix résultant de la crédulité de l’électeur moyen. Le politicien accumule du pouvoir en accordant en contrepartie un avantage fiscal illusoire.

La politique fiscale de François Hollande fut à cet égard particulièrement caricaturale. Après avoir massivement augmenté de nombreux impôts en 2012 et 2013, il se lance ensuite dans une opération séduction avec des baisses ciblées de l’impôt sur le revenu visant sa clientèle électorale, c’est-à-dire les revenus faibles ou moyens. 45 milliards de hausses d’impôts divers seront ainsi « compensés » par 6 à 7 milliards de baisse d’impôt sur le revenu.

Manœuvre classique de politicien sans vergogne, qui cette fois a échoué. L’homme n’a même pas pu se représenter.

 

Impossible d’en sortir !

Il est devenu presque impossible de sortir de ce système pervers en France. Pourquoi ? Parce que de plus en plus de contribuables sont exonérés d’impôt sur le revenu. Environ 50 % des foyers fiscaux acquittaient cet impôt en 2012, contre 42,3 % seulement en 2016. La démagogie hollandaise a joué à plein pendant cinq ans.

Les 58 % de foyers fiscaux exonérés d’impôt sur le revenu n’ont donc aucun intérêt à une quelconque modification du système. Si un candidat à la présidence de la République proposait une flat tax à un ou deux taux pour remplacer l’impôt sur le revenu il n’aurait aucune chance d’être élu puisque plus de 58 % des électeurs seraient persuadés d’y perdre.

En vérité, rien ne permet d’affirmer que les contribuables exonérés y perdraient en termes de redistribution publique. Tout dépend de l’effet redistributif global de l’énorme masse des prélèvements obligatoires (958 milliards) et des dépenses publiques (1226 milliards). L’impôt sur le revenu n’en représente qu’une infime partie (70 milliards). Mais médias et politiciens taisent soigneusement cette vérité.

 

L’impôt sur le revenu progressif, un sommet du machiavélisme politicien

Nous sommes bel et bien dans un piège que nous ont tendu les politiciens de gauche voici déjà bien longtemps. Après quelques essais des Jacobins sous la Convention, c’est Joseph Caillaux, politicien français du parti radical, qui introduisit au début du XXe siècle l’impôt sur le revenu à caractère progressif.

Dès lors, la gauche a voué un véritable culte au concept de progressivité. Le mécanisme induit une inimaginable complexité technique que seuls les bons connaisseurs de la fiscalité peuvent appréhender.

La complexité conduit à une opacité qui sert la cause des politiciens. Le machiavélisme sous-jacent à l’impôt sur le revenu progressif constitue un modèle historique qui sera certainement étudié comme tel par les générations futures.

Songez donc :

  1. La doxa socialiste présente la progressivité de l’impôt comme l’acmé de la justice fiscale. Elle permettrait d’atteindre un idéal social par la redistribution des revenus et des patrimoines. Selon cet idéal, les revenus et les patrimoines ne devraient pas être gérés par les particuliers mais par l’État représenté par ses politiciens et sa technostructure. En augmentant le taux marginal supérieur jusqu’à 100% (proposition Mélenchon) et en multipliant les tranches, nous nous rapprocherions de cet eden fiscal. Un petit revenu résiduel resterait à la libre disposition des citoyens, tout le reste serait beaucoup mieux géré par les décideurs publics.
  2. La pratique s’inspire de la doxa sans, bien entendu, pouvoir tout à fait l’atteindre. Dans la vie réelle, l’impôt sur le revenu progressif permet de faire progresser l’interventionnisme public par une multitude de petites mesures ciblées. Tout candidat à une élection peut ainsi se réclamer du progrès social payé sur fonds publics en se faisant le héraut de tel ou tel crédit d’impôt, abattement sur le revenu, exonération et mille autres gracieusetés qui germent en permanence dans le cerveau des fiscalistes. Le message sous-jacent, jamais énoncé, toujours suggéré, est que « les autres », paieront, c’est-à-dire ceux qui ne votent pas en faveur du candidat. « Votez pour moi, vous aurez des cadeaux payés par ceux qui votent contre moi ».

 

L’impôt sur le revenu progressif représente donc un des sommets de l’immoralité politicienne dans les démocraties occidentales du début du XXIe siècle. Il permet de jouer sur l’exacerbation de la convoitise généralisée pour obtenir des voix aux élections.

Il induit une mentalité d’assisté chez les citoyens qui attendent d’être pris en charge par l’État. Il fait reculer toujours davantage la liberté en collectivisant une partie croissante des revenus, désormais à la disposition des gestionnaires publics.

 

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  • Si on regarde l’ensemble des prélévements obligatoires en France, toutes les études montrent qu’ils ne sont pas progressifs : ils sont même régressifs. http://www.revolution-fiscale.fr/le-systeme-actuel/un-systeme-regressif

    Comme le montre l’article, l’impôt sur le revenu c’est 70 sur 958 milliards, et 54% de ces 958 sont liés à la sécu, donc directement redistribué sur le principe assurantiel.

    • Bonjour Tigrou
      La courbe de Picketty a été démontée ici même, et les impôts sont proportionnels ET l’état rajoute un surcouche d’IR avec un taux marginal de 45%.
      45% une paille.

      • Il y a que l’IR qui est progressif, et il ne represente plus grand chose sur la totalité des impôts, même si ceux qui ont beaucoup de revenus tendent à voir que celui-ci, c’est le plus visible, on reçoit la fiche chaque année. Si je ne suis pas forcément d’accord sur les solutions apportées par piketty, ses Stats ne sont pas contestables, et d’autres économistes ont démontré la même chose dans la plupart des pays occidentaux, pays « libéraux » compris.

        • L’ISF est progressif. La TH dont les faibles revenus sont exonérés est donc progressive. La redevance audiovisuelle idem. Les réductions sous conditions de ressources sont des impôts progressifs.
          Quant à Piketty, ses stats sont incontestables, la signification biaisée qu’il leur fait porter est une vaste opération de propagande idéologique ultra-orientée. La signification idéologiquement neutre de ces stats est totalement différente, tous ceux qui ont compris ces chiffres le savent.

          • Bien sûre, mais ces impôts ne rapportent rien par rapport à toutes les taxes sur la consommation, et taxes sur les sociétés (à ce jeu c’est encore pire si on regarde la courbe de progressivité entre PME et multinationale). Or, plus on gagne d’argent, plus on épargne, moins on consomme. L’épargne étant beaucoup moins taxée que les revenus du travail. Si les revenus de l’épargne étaient consommés ça ne poserait aucun problème, mais au bout du compte, ils s’accumulent pour finir en majorité transmis par héritage (qui n’est autre que l’assistanat familiale, qui revient au même que l’assistanat étatique : une société figée).

            • « Plus on gagne d’argent, plus on épargne, moins on consomme.  » idée reçue totalement fausse – la consommation est fonction du patrimoine, absolument pas du revenu.

        • Je vois que vous ne lisez pas mes posts.

          En moyenne l’IRPP est peu de chose.. mais pour ceux qui sont dans la tranche marginale (j’en parle en connaissance de cause) cela fait mal.

          D’un point de vue individuel, le seul qui compte, quand vous avez déjà 1/3 d’impôt sociaux et qu’en plus vous devez payer 45% sur ce qu’il reste, vous arrêtez de travailler (66%x55%=36%).

          Et je ne parle pas des impôts invisibles.

          Quand vous êtes dans la tranche de 45%, en général, vous ne restez pas passif, et vous en avez les moyens (vous n’êtes pas un receveur d’ordres mais un donneur d’ordres).

    • Pour faire simple, les études qui prétendent que les prélèvements ne seraient pas progressifs appellent « prélèvements » un solde intermédiaire virtuel ne tenant pas compte des reversements. Ca donne ainsi des arguments aux partisans du déni et de l’amalgame, mais ça ne résiste pas à l’analyse un peu intelligente.

    • Bien sur que l’impôt est régressif pour les plus hauts revenus ? Vous croyez quoi ?

      Que les rares personnes qui ne sont pas maintenues en servitude par la socialie et sa bande de profiteurs et d’idiots utiles vont se laisser plumer sans rien faire ?

      C’est un effet direct du monde sans justice créé par le socialisme : les (très rares) qui ont encore les moyens d’agir sur leur destin ont depuis longtemps compris que le seul et unique moyen de conserver leur liberté est de se servir sur le dos de ceux qui leur ont déclaré la guerre, qui prônent depuis des années la dictature et l’élimination des autres à leur profit !

      Vu que la grande masse vote bêtement pour un avenir d’esclave pauvre et sans avenir, franchement il n’y a aucune raison d’avoir pitié pour les croissants.

      Mettez en place votre « révolution fiscale », je ne demande pas mieux : quand il n’y aura plus aucun riche en France, peut être que les millions de gens « d’en bas » finirons par comprendre que ceux qui servent à engraisser les Piketty, Friot et autres fils Fabius et que l’on maintient dans la servitude, ce sont eux.

  • Entièrement d’accord avec cette condamnation de la progressivité de l’impôt, non seulement pour les raisons techniques et politiques invoquées dans l’article, mais plus encore en raison de ce qu’elle signifie consubstantiellement : l’impôt pratiqué au niveau français (en réalité le taux de 54,4% cité dans l’article est le taux de recettes globales de l’Etat et non celui des seuls prélèvements obligatoires dont le taux n’est « que » de 43%, record du monde quand même..) n’est plus une simple contribution à la solidarité nationale, il est une véritable punition des « riches » quasi définitive puisqu’incluse dans la mécanique fiscale. Plus grave encore, que signifie l’impôt progressif ? Il signifie que plus tu gagnes, plus tu es puni ; donc plus tu travailles, plus tu mets en œuvre tes talents et ta compétence, plus tu fais des efforts, y compris profitables à la société, et plus tu es puni ! l’impôt progressif, en plus d’être l’impôt des envieux qui punit ceux qui gagnent plus que toi et les oblige à redistribuer a priori (cet a priori est d’ailleurs insupportable puisqu’il sanctionne avant même l’usage des fonds que tu gagnes !) de manière autoritaire et automatique leurs gains, est aussi l’impôt des mauvais élèves et des fainéants qui ne supportent pas meilleurs qu’eux, l’ensemble tirant le pays vers le bas puisque de surcroit, ceux qui en ont assez de nourrir les incapables finissent par les abandonner à leur médiocre sort en quittant le pays.

  • Il faut aller jusqu’u bout de l’exposé, et poser les questions qui fâchent.
    Quels sont les idiots qui ont permis de maintenir un tels système et qui ont voté pour le Président de la Corrèze, puis pour son fis politique ?
    La réponse : quelques millions de français.
    Ce qui prouve que le mal est profond, et qu’il est urgent de trouver un vaccin contre la c…….

  • L’utilité marginale du revenu étant dégressive, et la taxe sur ce revenu progressive, le système décourage la création de richesse a partir d’un moment.

  • Progressif l’impôt ????? Pas du tout !
    Une minorité paie un maximum et les autres encaissent…

    Je trouve par ailleurs anormal que les prestations familiales et autres ne soient pas considérées comme un revenu car c’est bel et bien un revenu !

  • Pris isolément, tout impôt peut avoir du sens.
    C’est le cumul de tous les prélèvements obligatoires qui pose problème par l’interaction avec les taxes et les contributions complexifiée encore avec la progressivité, les abattements, les exonérations.
    Du coup le débat public tombe à plat lorsqu’il ne porte que sur l’assiette d’un seul impôt , on l’a vu récemment avec l’ISF.
    Il faudra un jour remettre à plat l’ensemble des prélèvements obligatoires.

  • « La supercherie, entretenue à dessein par les politiciens, parfaitement relayés par les médias, consiste à faire croire, ou à laisser penser, que l’État-providence est largement financé par l’IR progressif. »

    Oh, je crois que plus personne n’est dupe ! Tout le monde sait aujourd’hui que l’IR ne représente pas la principale ressource de l’Etat.
    Simplement, il est devenu très difficile de se dépêtrer de cette histoire, car, comme indiqué dans l’article, passer à une flat tax car cela aurait un effet dommageable pour tous ceux qui ne le paient pas aujourd’hui.
    Aujourd’hui, si l’on devait recréer l’IR, on ne le rendrait pas progressif. Il est une anomalie dans la fiscalité française, qui privilégie partout la taxe/impot/redevance à pourcentage unique.
    Peut-être qu’un jour, il subira le sort de la TH : tout ce qui est trop complexe, trop illisible, trop irréformable a vocation à disparaître…

  • « La participation des riches est donc supérieure en pourcentage à celle des pauvres. »
    En fait, stricto sensu, meme un flat tax est un impot « progressif » puisque meme dans ce cas, plus les revenus sont élevés, plus l’IR est elevé.

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