La droite est-elle encore capable de penser l’État ?

La droite peut-elle encore penser l’État dans des termes adaptés au monde contemporain ? Les événements des derniers jours laissent extrêmement sceptiques sur cette possibilité.

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La droite est-elle encore capable de penser l’État ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 14 novembre 2017
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Par Éric Verhaeghe.

Alain Juppé songerait à une liste commune avec En Marche pour les élections européennes. Le discours de la Sorbonne a marqué favorablement notre ancien Premier ministre. On ne sera guère étonné de cette connivence entre macroniens et orléanistes sur la question européenne, ce mantra de l’establishment français.

On se souvient aussi d’autres points communs. Juppé est celui qui a le mieux étatisé la Sécurité sociale pour la sauver, en créant les lois de financement de la Sécurité sociale. Macron poursuit la même oeuvre étatiste en absorbant d’un coup le RSI et l’assurance-chômage. Son prochain quinquennat, s’il a lieu, sera consacré à l’absorption des retraites complémentaires.

Cette croyance naïve dans la nécessaire étatisation de tout ce qui n’est pas une entreprise au sens propre, et cette conviction qu’il faut sans cesse restreindre le champ de l’activité privée dans la société française, sont bien le fil rouge qui traverse l’orléanisme français.

Ce n’est pas cette droite-là qui produira le choc d’initiative dont la France a besoin. Elle continuera à entrelacer toute réforme avec l’expansion permanente de la sphère publique.

Wauquiez et l’obsession étatiste

Hormis le « conservatisme », Laurent Wauquiez n’a guère de désaccord de fond avec Alain Juppé. Autrement dit, les deux compères devraient se retrouver sur la question de l’État et de son rôle dans la société française. La droite sociale appelle ouvertement à la force de l’État, contre-balancée, paraît-il, par la justice sociale.

Tout le monde sait avec quoi riment ces mots : pression fiscale, services publics en goguette et usines à gaz incessantes pour étatiser ce que le marché peut faire.

Le Front National prolonge le mouvement

Nul besoin d’épiloguer sur l’aversion du Front National au libéralisme. Disons même que, s’il est un parti en France où le mot « libéral » est vécu comme une attaque ou un dénigrement, c’est dans les troupes de Marine Le Pen.

On ne comptera donc pas sur le Front National pour restaurer des marges d’initiative individuelle que la technostructure, qui contrôle les Républicains, conteste à la société civile.

Dans ce grand mouvement orwellien qui parcourt la droite française, le Front National sera un bon élève.

Le libéralisme orphelin de la droite

Ce qu’on appelle la recomposition macronienne s’apparente donc ici, surtout, à une reprise en main du discours politique par une idéologie étatiste. On se souvient du choc prôné par Fillon, avec de fortes baisses de dépenses publiques.

Décidément, ce spectre s’éloigne, et on voit mal qui, à droite, pourrait le faire revenir.

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  • C’est parfaitement résumé. Et quelque part, la situation française est encore pire pour les libéraux-conservateurs dont je fais partie : que ce soit sous l’angle du libéralisme, ou sous l’angle du régalien et de la défense de la nation comme entité indépendante, il n’y a juste personne pour représenter nos idées.

    Le seul qui avait fait quelques pas dans cette direction était Fillon, on voit le sort qui lui a été réservé, y compris dans son propre « camp ». D’un autre côté, il aurait été tellement seul une fois au pouvoir qu’il aurait probablement dû abandonner son programme.

    • Je suis d’accord. Maintenant il faut appliquer le principe de destruction créatrice pour les partis politiques qui ont aussi le droit de mourir dans la dignité.

      • @GN
        Bonjour,
        « … les partis politiques qui ont aussi le droit de mourir dans la dignité. »
        Leur disparition doit se faire par un effondrement sur eux-mêmes, ou une explosion, dans un couinement ridicule. Ils ne méritent pas de mourir dans la dignité : ils n’en ont aucune.

      • Dans l’indignité vous voulez dire, car c’est tout ce qu’ils méritent pour avoir ruiner ce pays!

        • @ Virgile (@ STF, @ GN et @ BrunoJ)

          Que je sache, le « Parti Libertarien » n’est né en en France qu’en 2016, seul à se dire « libéral », n’a toujours pas un élu! Comment vouloir qu’il ait de l’influence?

          La « théorie doctrinaire », c’est bien mais ça ne suffit pas à convaincre, surtout à rebrousse-poil dans un « état-providence » installé depuis pas mal de temps!

          La politique est un « monde », pas une théorie, c’est du concret, pas toujours propre, pas forcément logique, peu rationnel, c’est un combat où tous les coups patents ou très bien camouflés, directs et surtout indirects et complexes, sont permis tant qu’ils ne sont pas connus du public (et de la presse, française ou étrangère!).

          Et s’allier à la « droite la plus bête du monde » n’est pas forcément la meilleure tactique, quand on voit comment elle a laissé (si pas collaboré) à la « liquidation » de Fr.Fillon lors de la campagne présidentielle.

    • @BrunoJ
      Bonjour,
      « il aurait été tellement seul une fois au pouvoir »
      Le problème est là : nous accordons au chef de l’Etat « Le Pouvoir ». C’est d’ailleurs pour cela qu’ils se marchent sur les pieds les uns les autres. Or, le Pouvoir est au Peuple. Le chef de l’Etat n’est que le réprésentant de ce Peuple pas son « leader ». Le président n’est que chef du Pouvoir Exécutif et de l’Administration. Cela ne se passe pas ainsi, je suis lucide.
      Le problème des libéraux est que dans libéral il y liberté, et le sens de cette liberté est très négatif de nos jours : quelqu’un de libre est quelqu’un qui fait ce qu’il veut, sans se préoccuper d’autrui, sur lequel il marche.
      Je suis d’accord avec vous quant au libéralisme et votre angle régalien-défense, et j’y ajouterais la séparation des Pouvoirs en ce sens que l’Exécutif ne pourrait proposer, et encore moins passer, une loi, et ne contrôlerait pas le Judiciaire par un Ministère.

      • « le Pouvoir est au Peuple » … ça ne veut absolument rien dire, ce n’est qu’une mascarade : le Peuple, ça n’existe pas, c’est personne, c’est juste un argument démagogique qui signifie en gros : « les pauvres petits opprimés qui ont Aaaabsolument besoin de l’Etat nounou pour les protéger des Méééchants » (Méchants = monde de la finance, patrons voyous, licenciement boursiers, dumping social, mondialisation, réchauffement climatique etc…)

      • Que la première association d’idées à « liberté » soit « de faire le mal impunément » est un problème pour toute la société française, et pas seulement pour les libéraux. Les non-libéraux devraient y réfléchir…

        • Les articles 3 et 4 de la DDHC de 1789 sonnent le glas du libéralisme en France ; la liberté ne consiste absolument pas à « faire tout ce qui ne nuit pas à autrui »

          La liberté n’absolument rien à voir avec « nuire » : la liberté, c’est la responsabilité.

    • « la situation française est encore pire pour les libéraux-conservateurs dont je fais partie » absolument d’accord – les orléanistes sont historiquement (au XIX) la seule expérience libérale Française.

      Ceci dit, je pense qu’il y a un fossé de plus en plus grand entre les partis et les gens : je ne reconnais absolument pas Juppé comme ayant une quelconque légitimité orléaniste.

      • @ Stéphane Boulots
        Avez-vous entendu A.Juppé se réclamer de « l’orléanisme »? Moi, pas!

        Et je crois que la majorité des Français s’en moque éperdument de ces sempiternelles références aux passé: déjà à l’époque et depuis lors, l’orléanisme s’oppose au Bourbons d’Espagne ou aux bonapartistes …. et on en est à la Vième République: alors? L’avenir, c’est demain, pas hier!

    • Libéral-conservateur… on dirait un oxymore !

  • Une dictature de droite ou de gauche ou du centre reste une dictature..y a t il un seul démocrate en France le restant une fois au pouvoir et est-ce qu’une république francaise peut être démocratique en mettant son président dans un palais entouré de gardes républicains , symbole de la séparation du peuple et de l’état ?

    • La démocratie telles que pratiquée aujourd’hui n’est qu’une forme de dictature, la dictature de la majorité. Ce qui est important ce n’est pas le mode de scrutin ou comment sont élu/désigné ceux qui gère l’état mais comment est défendu le droit et en particulier les droits fondamentaux tel que la liberté et la propriétés.

      • La démocratie a été inventée par l’aristocratie Athénienne pour museler les meneurs de la plèbe (thètes) en leur offrant des emplois fictifs symboliques grassement rémunérés.

    • @ reactitude

      Poser la question est y répondre!

  • Ca vous étonne ?
    Le vrai libéralisme, celui qui n’est pas qu’économique, ne peut foncièrement pas être de droite, en tout cas, pas de la droite française telle qu’elle existe depuis des décennies.

    • Bref, la gauche française qui n’est pas libérale économiquement, et la droite française, qui ne l’est qu’économiquement, ont été balayées en mai 2017.
      Ca, c’est plutôt réconfortant. On verra bien où ça nous mène.

      • Balayé par la social-démocratie, c’est à dire le socialisme 2.0

        Ni la gauche, ni la droite n’ont jamais été libérales que se soit économiquement ou socialement et ce depuis le 2° empire. Ce pays est un des derniers au monde à reposer sur la dialectique matérialiste : il nie foncièrement l’individu

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