Petite Brume, de Jean-Pierre Rochat

La dégringolade d’un paysan confronté à la ruine et à la vente de ses biens.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Petite Brume, de Jean-Pierre Rochat

Publié le 11 novembre 2017
- A +

Par Francis Richard.

Comment on tue les paysans ? On les étouffe sous des tâches administratives, informatiques, sous les règlements, les contrôles, les contrôleurs, les inspecteurs…

Jean Grosjean, quarante-cinq ans, a été mis en faillite. Et il raconte son dernier jour sur Terre, un mardi 12 avril où sont mis aux enchères publiques son chédail et son bétail.

Car comment ce paysan suisse, instinctif et craintif, peut-il survivre après que tout ce qui a fait sa raison de vivre va être vendu en un jour et que ce qu’il doit payer va le manger tout entier : Même mes organes vont être mis en vente.

La dégringolade

La dégringolade s’est déroulée sur trois ans, à partir du moment où sa femme Frida l’a quitté pour un autre, plus disponible de son temps, et s’en est allée avec lui et les enfants vers d’autres cieux, au Canada.

Jean n’a rien compris au film quand elle le lui a annoncé sans ménagement : Je suis resté sur place, une espèce d’autisme, je me suis relevé mais ça marchait pas, j’avais plus de jambes.

Frida est partie non sans l’avoir dépouillé au préalable : elle réclamait la moitié de tout ce que nous avions en commun. Normal, plus une pension, plus les frais, plus les frais des frais…

S’en sortir

Elle emportait aussi avec elle son savoir-faire : c’était elle qui s’occupait des finances, clairvoyante elle équilibrait notre budget, elle remplissait ces formulaires électroniques qu’on nous balance sans cesse.

Jean a espéré s’en sortir. Pendant longtemps il y a cru, mais il a reçu le coup de grâce quand ses frères et sa sœur lui ont réclamé leur part du gâteau de l’héritage des parents : ça m’a définitivement couché.

Il en veut à mort à ses créanciers qui auraient pu s’entendre pour [le] laisser vivre : leurs couteaux sur ma gorge m’ont saigné à blanc…

Petite Brume, jument brune, sera vendue en fin d’après-midi, en dernier : elle hennit quand je passe devant l’écurie, un petit hennissement haut perché, presque inaudible pour les novices du langage chevalin.

La vente aux enchères est assurée par le vendeur vedette que les offices des poursuites du pays s’arrachent, Elias Schwartz, aidé dans sa tâche par deux jolies animatrices, Irina qui compatit et Chloé qui le snobe.

A prix !

Tout au long de cette douloureuse journée, Jean Grosjean entend un cri : À prix ! qui précède chaque vente de machine ou d’animal et qui le blesse : Cet à prix me jette dans la fosse aux lions et me bouffe…

Jean Grosjean est bien décidé. C’est pourquoi il a gardé son arme de poing. Et Jean-Pierre Rochat lui fait dire au début de son roman : Mourir maintenant pour ne pas avoir à tuer ceux qui m’ont offensé. 

Peut-être Irina saura-telle l’en dissuader. Car elle a de solides arguments pour lui faire croire à un monde meilleur : son beau cul m’enlève bien des soucis et il parvient à positiver quand il met ses mains sur ses seins :

Ce sont mes porte-bonheurs, et les siens aussi, puisque dans mes mains ils se sentent bien aussi… 

Petite Brume, Jean-Pierre Rochat, 116 pages, éditions d’autre part

Voir le commentaire (1)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (1)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Dans Woke fiction - Comment l'idéologie change nos films et nos séries, Samuel Fitoussi* élabore une critique libérale du wokisme et de son impact sur le monde du cinéma et de la série. Un entretien réalisé par Baptiste Gauthey, rédacteur en chef de Contrepoints.

Contrepoints : Bonjour Samuel Fitoussi. Dans les dernières années, de nombreux essais politiques ont été publiés sur la question du wokisme. Pourquoi avoir choisi d’écrire sur ce sujet, et qu’est-ce qui fait l’originalité de votre ouvrage ?

Passionné de cinéma,... Poursuivre la lecture

pile de romans
0
Sauvegarder cet article

Un article de Human Progress

 

Le trente-quatrième Centre du progrès est Kyoto pendant la période Heian (qui signifie paix) (794-1185 après J.-C.), un âge d'or de l'histoire japonaise qui a vu l'essor d'une haute culture caractéristique consacrée au raffinement esthétique et à l'émergence de nombreux styles artistiques durables. En tant que siège de la cour impériale, Kyoto était le champ de bataille politique où les familles nobles rivalisaient de prestige en parrainant les meilleurs artistes. Cette compétition courtoise a... Poursuivre la lecture

0
Sauvegarder cet article

Par Christophe Jacobs[1. Christophe Jacobs vit en France et travaille comme consultant en communication pour des entreprises commerciales et culturelles. Il est l’auteur de traductions de textes d’inspiration libérale (Garet Garrett) et amateur de sculpture. Il a été durant plusieurs années agent pour l’artiste allemand E. Engelbrecht dont l’œuvre monumentale s’est inspirée largement de la philosophie Jungienne.]

Le but de ce compte rendu n’est pas de dévoiler tous les détails de l’œuvre mais suffisamment pour montrer en quoi des inqui... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles