Écriture inclusive : ces profs tombés sur la tête

On est tombé sur la tête et certains professeurs peuvent légitimement faire douter de leur bon sens quand celui-ci est aussi gravement obéré par une idéologie faussement progressiste qui mêle tout dans tout.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Écriture inclusive : ces profs tombés sur la tête

Publié le 10 novembre 2017
- A +

Par Philippe Bilger.

Après l’écriture, la grammaire « inclusive » (Le Monde). 314 enseignants, du primaire, du secondaire et du supérieur, ont signé un manifeste dans lequel ils disent avoir cessé – ou s’apprêter à le faire – d’enseigner cette règle de grammaire méprisable résumée par cette formule « Le masculin l’emporte sur le féminin ».

On n’écrirait plus « les garçons et les filles sont gentils » mais « gentilles ». Bouleversement, cataclysme qui feraient de la grammaire un nouveau champ de bataille et désigneraient, dans la prétendue guerre des sexes, un autre vainqueur. Mon dieu, quelle fulgurante avancée et comme l’avenir serait radieux !

On a les dérisoires et inutiles révolutions qu’on peut.

Frédéric Vitoux a démontré lumineusement que l’introduction de l’écriture inclusive serait une régression puisqu’elle communautariserait les deux sexes en supprimant le neutre (Le Figaro).

Idéologie faussement progressiste

On est tombé sur la tête et certains professeurs peuvent légitimement faire douter de leur bon sens quand celui-ci est aussi gravement obéré par une idéologie faussement progressiste qui mêle tout dans tout.

Qui mélange la dignité humaine et l’exigence d’égalité, dans leur traduction profonde, authentique, sociale et quotidienne, avec des principes d’écriture et de grammaire relevant d’un formalisme qui a fait ses preuves et n’a pas empêché de très grands écrivains féminins d’offrir à l’admiration de magnifiques livres qui témoignaient bien plus en faveur de l’éclatante et nécessaire égalité des sexes que la torture aberrante infligée à l’orthographe et aux accords conventionnellement admis.

Qui peut une seconde, sauf à être détourné de l’essentiel par des combats picrocholins, être persuadé que ce masculin l’emportant sur le féminin par commodité révèle forcément dans l’existence, dans le fil des jours et les attitudes communes, une scandaleuse emprise d’un sexe sur l’autre et la dictature insupportable de l’homme prétendu fort sur la femme crue faible ?

L’illusion du réformisme linguistique

Même si cette règle de grammaire relevait, dans l’arbitrage qui a été opéré, d’un pouvoir supérieur prêté à l’homme, pense-t-on sérieusement que c’est en déconstruisant nos schémas classiques et notre manière d’écrire et d’accorder que le futur fera surgir une condition humaine où l’homme et la femme, sans être les mêmes, seront traités avec la même considération ?

Je crois qu’au contraire, ces apprentis sorciers, ces enseignants fatigués d’enseigner, épris d’originalité et proposant une révolution démagogique, vont se perdre par leur ridicule « suivisme » et leurs outrances.

Car il convient à tout prix, pour eux, de s’inscrire dans l’effervescence à la longue lassante de ces dernières semaines où la femme qui dit ne pas avoir été harcelée est perdue pour la cause féministe ! J’espère que ces foucades, ces provocations ridicules seront de nature à réveiller la multitude indifférente ou endormie afin qu’elle ne regarde pas passer devant elle, sans broncher, sans s’émouvoir outre mesure, ces absurdités.

L’absurdité est-elle inclusive ?

Je l’espère mais je n’en suis pas sûr. C’est le vice de notre modernité et le risque de son implacable rouleau compresseur que de nous entraîner dans un torrent où, pour résister à l’innommable ou au trop bête, il faut presque être doué d’un courage exceptionnel. Tant il est voluptueux par paresse ou par faiblesse de se laisser prendre par un flot rêvant d’être dominant et qui, à force de complaisance multipliée, pourrait bien le devenir.

L’absurdité est-elle « inclusive » ? Faudra-t-il bientôt supprimer de notre langue les idées, les concepts, les noms communs au féminin au prétexte que, renvoyant à des contenus négatifs, ils ne pourraient être qu’au masculin ?

S’il convient de choisir, je n’hésite pas. Je me rangerai du côté de l’orthographe et de la grammaire pour les défendre.

Je ne serai pas le seul.

Sur le web

Voir les commentaires (10)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (10)
  • Un argument de plus pour le chèque éducation et l’école libre.

  • 314 crétins ont eu leur quart d’heure de célébrité, et il s’est trouvé un torchon — l’Immonde, mais qui s’en étonnera ? — pour participer à cette pantalonnade.
    Combien de temps encore faudra-t-il subir ces dérisoires et grotesques « combats » de la post-modernité ?

  • Le gauchisme culturel dans toute sa splendeur……..

    • @ Bernard
      « Gauchisme », c’est vite dit! Je n’oublierais pas trop vite que toute réforme dans une matière entraîne aussi beaucoup d’ « activités » … économiques!

      C’est l’ouverture de classes de remise à niveau pour les professeurs organisées par qui? C’est aussi la course pour éditer cette première grammaire (en plusieurs volumes), largement distribuée, don achetée, avec royalties pour les auteurs, dans le respect de la propriété intellectuelle pour les auteurs! C’est mieux que le loto!

  • Si « ON » commençait par apprendre le français ….. de base …. avant de se masturber la cervelle en quête de notoriété aléatoire
    Dites à nos journalistes radio ou télé que les formes interrogatives existent encore et ras le bol des anglicismes qui font ….. « branché »

  • Non, le bidule est utile…
    si une femme signe une connerie de une « professeure de français », elle aura un moyen supplémentaire de disqualifier tout contradicteur…vous critiquez mon texte car il a été écrit pas une femme…
    Il est quand même incroyable qu’on prétende assurer la promotion d’égalité des sexes en amplifiant les possibilités de discrimination..
    Il y a des féministes qui ne sont que le négatif au sens photographique des machistes. A bas la dictature sauf si je suis dictateur…
    pathétiquement con.

  • Ce sont les mêmes qui se plaignent du recul de la langue française dans le monde.
    Ne serait-ce pas le même type de malades mentaux qui a décidé de dire « quatre vingt dix huit » au lieu de rester logique et de dire « nonante huit » ?
    Ce n’est pas en la compliquant encore plus qu’on la rendra attractive, n’est-il pas ?

  • Il fut un temps où beaucoup plus de profs auraient souscrit à cette niaiserie. Les temps sont durs pour les idéologues gauchistes.

  • En France, le ridicule ne tue pas !
    L’écriture inclusive ? Je l’ai découverte récemment… et j’avoue en être perplexe ! C’est vraiment poussé l’absurdité à l’extrême et je pèse mes mots. Par cette idéologie exprimée dans ce charabia, la communication avec les autres pays francophones sera, à la longue, impossible sans y joindre un dictionnaire ! Pensez-vous que les Belges, les Suisses ou les Québécois, pour ne mentionner qu’eux, vont s’accorder à cette nouvelle lubie ? La France va devenir un pays d’illettrés, elle l’est déjà en partie par l’orthographe phonétique qui se propage sans vergogne. Quant aux éditeurs, s’ils ne publient pas le même ouvrage en écriture inclusive et académique, ils n’exporteront plus les livres faute de non-vente, à moins que leurs proses académique ne s’adressent – dans le futur – qu’à un public restreint… et je passe sous silence les remarques ironiques de nos voisins francophones.
    Notre belle littérature française sera-t-elle jetée aux orties pour une idéologie gauchiste des plus stupide ? Car le fin mot en est l’égalitarisme des sexes. Quoi de plus obtus ? Lorsque les femmes auront admis qu’elles sont différentes des hommes, qu’elles ont un rôle spécifique à jouer, elles auront fait preuve de bon sens et de respectabilité. Arrêtons ce mimétisme débile ! Car pousser le féminisme au point de malmener la belle langue française, (elle l’est déjà suffisamment par tous les anglicismes qui s’y glissent), relève du crétinisme et, n’en déplaise, ridiculise la femme.
    Poussons le clownesque de l’égalitarisme : à quand les hommes enceintes ?

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Les auteurs : Nathalie Sayac est Professeure des universités en didactique des mathématiques, directrice de l’Inspe de Normandie Rouen-Le Havre, Université de Rouen Normandie. Eric Mounier est Maitre de Conférences en didactique des mathématiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

 

Mardi 5 décembre 2023, communiquant sur les résultats des élèves français à l’enquête internationale PISA, le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal a proposé de réviser les programmes de primaire pour y adopter progress... Poursuivre la lecture

L’Éducation nationale se trompe d’objectif en favorisant la mixité sociale et la réduction des inégalités plutôt que le niveau de connaissances. En effet, la dégradation du niveau général est nuisible à tout le monde et réduit l’égalité des chances en nivelant par le bas.

Depuis la publication en avril de mon article « L’éducation nationale se trompe d’objectif », sont arrivés les résultats de la dernière enquête PISA, qui confirme la catastrophe, et le plan Attal qui tente d’y pallier.

Ce plan vient tout juste d’être annoncé, on ... Poursuivre la lecture

Si j’étais ministre de l’Éducation nationale, de surcroît un jeune ministre pouvant aspirer à devenir, un jour, président de la République, je déclarerais vouloir supprimer le ministère de l’Éducation nationale dans sa forme actuelle, et vouloir lui substituer une autre organisation qui relève le niveau des élèves français dans les comparaisons internationales, mais surtout qui permette de réduire de manière drastique les inégalités sociales en matière d’éducation. La légitimité d’une telle décision est affichée au fronton de nos bâtiments publi... Poursuivre la lecture
Voir plus d'articles