Le système de santé américain tue, l’européen encore plus

On justifie généralement l’adoption d’un système de santé collectivisé de type européen par les décès qu’il permet d’éviter, mais les chiffres ne le confirment pas.

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Le système de santé américain tue, l’européen encore plus

Publié le 8 novembre 2017
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Par Mahdi Barakat.
Un article de la Foundation For Economic Education

L’argument moral en faveur d’un système de santé universel est simple : si davantage de personnes reçoivent des soins médicaux, on aura moins de décès évitables à déplorer.

Si un tel système, avec payeur unique notamment, débouche sur une mortalité en baisse, alors il devient à l’évidence le choix moral qui s’impose. Des hommes politiques comme Bernie Sanders vont encore plus loin en affirmant que la réduction de la couverture santé gouvernementale lancée par le parti Républicain tue effectivement des gens.

Et si la gauche se trompait lourdement ?

Et pourtant, que dirait-on si l’on disposait de preuves montrant que davantage de gens mourraient dans le cadre d’un système de santé universel que dans celui qui prévaut aujourd’hui aux États-Unis ? Que dirait-on si, selon les standards de la gauche, le système américain se révélait moins tueur que le système européen moyen ?

Considérons le nombre de personnes décédées par manque de soins médicaux aux États-Unis. Le sujet est fortement polémique et les estimations varient de 0 à 45 000 décès par an.

Le dernier chiffre est évidemment celui que les progressistes aiment citer. Bien qu’il soit plus que douteux, admettons pour les besoins de la discussion que les décès annuels aux États-Unis soient inférieurs d’environ 45 000 si tous les Américains ont une assurance-santé décente.

Et maintenant, retournons la question : combien de personnes meurent dans les autres pays en raison des déficiences de leur système de santé ? Et combien mourraient aux États-Unis si nous avions des résultats de traitement similaires à ceux des autres pays ?

Les systèmes de santé collectivisés coûtent des vies

Une étude du Fraser Institute intitulée L’effet des temps d’attente sur la mortalité au Canada estime que

entre 1993 et 2009 au Canada, l’augmentation des temps d’attente pour les soins médicaux nécessaires a pu provoquer entre 25 456 et 63 090 décès supplémentaires chez les femmes, la valeur moyenne étant de 44 273.

Si l’on procède à des ajustements pour tenir compte du nombre d’habitants (les États-Unis en ont environ 9 fois plus) cette moyenne monte à 400 000 décès supplémentaires estimés chez les femmes sur une période de 16 ans.

En d’autres termes, si les États-Unis souffraient de la même hausse de mortalité que le Canada en raison de l’augmentation des temps d’attente, on y observerait 25 000 décès féminins supplémentaires par an. Un système qui affecte les femmes de façon aussi disproportionnée ? Très progressiste.

Le cas des AVC

Examinons maintenant le résultat des traitements. Selon le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), les accidents vasculaires cérébraux (AVC) sont la cause de plus de 130 000 décès par an aux États-Unis.

Cependant, le taux de mortalité à 30 jours d’un AVC y est significativement plus bas que dans tous les autres pays de l’OCDE à l’exception du Japon et de la Corée. Les données de l’OCDE suggèrent que les taux européens ajustés par l’âge et le sexe se traduiraient par des dizaines de milliers de décès additionnels aux États-Unis.

Si l’Amérique avait le taux de mortalité à 30 jours du Royaume-Uni, par exemple, nous pourrions nous attendre à 38 000 décès de plus chaque année. Pour le Canada, ce nombre serait de l’ordre de 43 500. Et ceci ne vaut que pour les décès se produisant dans le mois qui suit l’attaque, lesquels ne représentent que 10 % des décès liés à un AVC.

On retrouve ce résultat dans les données sur la mortalité globale des AVC : aux États-Unis, pour 1000 AVC qui se produisent chaque année, on compte environ 170 décès liés à un AVC.

Ce dernier nombre monte à 250 au Royaume-Uni et 280 au Canada. Étant donné qu’aux États-Unis, le nombre annuel d’AVC est de 795 000, l’écart de mortalité lié à un AVC est faramineux. Mais ne vous attendez pas à ce que NPR (audio-visuel public des États-Unis) vous propose une émission bien larmoyante sur un Canadien victime d’un AVC qui aurait pu survivre dans un hôpital américain.

Les taux de survie au cancer

De la même façon, les taux de survie au cancer sont considérablement plus élevés aux États-Unis que dans d’autres pays. Examinez ces données citées par le CDC. Elles viennent de l’étude CONCORD qui fait autorité sur les taux internationaux de survie au cancer. On constate que les États-Unis dominent tous les autres pays pour les formes de cancer les plus mortelles.

Si l’on ramène les taux de survie donnés par le CDC pour chaque forme de cancer à leur contribution dans la mortalité globale du cancer, on déduit que le taux de survie du Royaume-Uni produirait 72 000 décès supplémentaires par an aux États-Unis. Ce nombre serait de 21 000, 23 000 et 31 000 en se basant sur les taux de survie du Canada, de la France et de l’Allemagne.

Comment sauve-t-on des vies ? D’abord, bien sûr, grâce aux excellents résultats des différents types de traitements médicaux qui sont souvent l’apanage des États-Unis. Ensuite, il ne faut pas oublier toutes les vies sauvées chaque année dans le monde grâce aux innovations médicales que le dynamisme des marchés américains rend possibles.

Selon la logique « Le système de santé américain tue », toute augmentation des impôts, en pesant sur la productivité et donc en ralentissant le rythme de l’innovation, équivaut à tuer – une conclusion à l’évidence absurde.

Le débat sur la santé a été mal cadré par des démagogues

Je suis le premier à le reconnaître, notre système de santé est loin d’être optimal. Entre autres préoccupations, l’augmentation des coûts de santé a certainement besoin d’être contrôlée et l’assurance contre le désastre de la maladie devrait être beaucoup plus abordable.

Mais les mesures exigées par Sanders et consorts ignorent complètement les déficiences massives qui sont la marque des systèmes de santé universels collectivisés.

Ils entonnent en permanence la complainte des 45 000 vies enlevées chaque année par l’avidité des dirigeants des compagnies d’assurance et leurs amis du Congrès américain, mais restent totalement ignorants du fait que les systèmes européens qu’ils fétichisent sont moins humains selon leurs propres termes.

Si nous devons qualifier Paul Ryan de tueur pour avoir coupé dans les dépenses de Medicaid, nous devons logiquement recourir à la même expression pour tous les politiciens qui se font les avocats des systèmes de santé européens – vous savez, ces systèmes dont les résultats signifient des dizaines de milliers de morts en plus aux États-Unis chaque année. Paul Ryan est peut-être champion olympique de l’homicide involontaire, mais Bernie Sanders n’est pas loin de battre le record du monde.

Une traduction de « If American Healthcare Kills, European Healthcare Kills More » par Nathalie MP pour Contrepoints.

 

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  • c’est assez coton de compter comme ça… Le premier constat est que comme les américains n’ont aucune raison d’avoir un état de santé similaire aux européens dues aux conditions de vie différentes , les comparaisons ne vont pas de soi.
    Il faut être certain en outre que les statistiques sur les maladies sont fiables, si une personne décede j’ignore si les investigations sont poussées pour toujours connaitre les causes du déces.
    ce que les chiffres cités semblent montrer est que le système de soin est meilleur ..si vous êtes soigné..et encore… il faut comparer ce qui est comparable. Sorts de patients similaires entrant dans le système de soin.

    Au point de vue humanitaire ce qui compte est le sort des gens qui ne peuvent pas se payer de soins. Alors soit si dans un pays vous leur donnez des soins et pas dans un autre vous pouvez attribuer presque tout décès à ce manque de soin. Mais la personne animée d’un dessein collectiviste une fois une aide médicale attribuée à ces gens dira qu’il est injuste que les soins ne soient pas aux m^me niveau que ceux des plus riches….

    Qu’est ce qui est à la base de cela?
    C’est l’idée qu’un tiers puisse évaluer vos besoins de soins de façon objective et que ce n’est pas à vous de faire le choix de votre mode de vie et d’en payer les conséquences via vos primes d’assurances maladie.

    Le premier pas vers la collectivisation entraîne la collectivisation totale… si vous perdez la responsabilité et le contrôle sur vos soins, vous perdrez le contrôle sur votre mode de vie.

    assureur vous dira qu’en raison de votre mode de vie vous paierez tant… le collectiviste vous imposera un mode de vie..ou sanction…

    Alors quels sont les paramétrés important..la population des gens ne pouvant se payer une assurance de santé couvrant leurs besoins, sauf que le besoin de soin est non clairement défini..et que ça implique de dire non pas les besoins..mais les besoins des autres qui peuvent se les payer sauf que ça entraîne de proche en proche à un alignement sur les soins que peuvent s’offrir les plus riches… tout le monde pareil…
    Non seulement la jambe cassée sera soignée pour le plus pauvre mais dans les condition optimales existantes ..ou bien..c’est une souffrance et une injustice imposée aux plus pauvres…

    je n’ai pas la solution pour les plus pauvres.
    Mais si on ne peut pas définir les besoins de santé la collectivisation n’a pas de base « objective » et conduit à des dérives.

    Il y a aussi un aspect moral…je veux être solidaire avec le type honnête victime d’un coup du sort mais j’ai plus de mal à me sentir solidaire d’un type qui fait le choix de la marginalité voire de ne pas faire d’effort pour gagner sa vie en comptant sur les autres pour payer pour lui.
    Prenez un zadiste qui de fait se place hors société mais qui au moindre bobo ira à l’hôpital que par choix il refuse de payer…

    Bon..bien sur si jamais on pouvait définir un besoin de soin minimal, alors une société qui est organisée de telle façon que le nombre de pauvres soit grand .ne peut être un exemple…

    les pauvres bénéficient de l’argent des des riches par charité et non par solidarité.

    SI la collectivisation de la santé entrave la prospérité générale de l’économie alors…la collectivisation « tue »…

    • Il paraît qu’aux USA, quand vous appelez les urgences, on commence par vous demander votre numéro de carte bleue. Ca fait beaucoup jaser en France. En France, où quand vous appelez, on vous demande l’âge du patient, et où on le laisse crever discrètement s’il est « trop vieux ». Chacun ses critères, ou plutôt chacun ses hontes, et il vaudrait mieux parfois régler les choses chez soi avant de critiquer les autres. Cela dit, l’article se fonde sur les taux de survie à un certain délai après un grave accident de santé, et ça caractérise la qualité « technique » du système médical et non sa qualité « sociale ». Quand on fréquente les hôpitaux français et qu’on a un certain niveau de culture médicale et de bon sens, on ne peut qu’avoir des doutes sur le niveau des soins prodigués. Le pire est que rien n’indique que ça demanderait globalement plus d’efforts et de financements pour être bien meilleur, juste une organisation intelligente.

  • Les USA ne me semblent pas être le meilleur exemple pour votre article, surtout quand on voit que c’est le pays occidental avec l’espérance de vie la plus faible.

  • On lit dans les blogs US les problèmes financiers que leur posent le moindre ennui de santé, la compléxité des assurances et des franchises.
    La sécurité que me donne le système français, l’assurance d’être soigné pour un coût personnel souvent très faible même sans mutuelle, est pour moi un service d’une valeur inestimable.
    Bien que globalement libéral je trouve que le système français offre un rapport coût/avantage de qualité.

    • Le système français, libéral ? vous fumez quoi ?

    • La question que vous posez est celle de ce qui est considéré comme un avantage. Il est clair que si l’on compte en se basant sur la satisfaction d’avoir vu un médecin sans avoir eu à payer (ou seulement des broutilles), la France est largement devant. Bien entendu, ce médecin ne vous sauvera pas aussi probablement que si vous aviez été aux USA, mais après tout, si vous mourez heureux…

    • Mais il vous coûte plus cher, car vous avez seulement l’impression qu’il est gratuit, mais ce n’est pas du tout le cas. Vous payez par vos cotisations et impôts, sans compter la retenue sur votre salaire car votre employeur y contribue également. Vous êtes le type même du pigeon qui se fait plumer par les socialos mais ne s’en rend pas compte!

  • LOL !

    Un article de la Foundation For Economic Education, affiliée au Charles Koch Institute créé par les frères Koch, deux des personnes les plus riches du monde (Koch Industries), rois du pétrole, et même pas cotés en bourse .

    Faut pas s’attendre à des déclarations d’amour envers quelque système que ce soit autre que « d’abord ma gueule, celle des autres après…les avoir essorés ».

    Ah oui, l’objet de la Foundation For Economic Education est l’éducation économique des futurs leaders selon les principes du parti libertarien américain. Re LOL.

    A mettre à la poubelle sauf à aimer se faire manipuler.

  • Une réalité statique: le coût de la santé rapporté au PIB reste nettement plus élevé aux States qu’en Europe, pour des résultats comparables.
    Une réalité dynamique: la qualité des soins baisse partout à cause de la formation en baisse des acteurs de santé et de la bureaucratisation universelle de plus en plus démotivante.

    • bah le prix des soins est ce qu’il est… et la santé des gens est ce qu’elle est..
      la question est du point de vue de l’humanité comment faire pour donner aux pauvres des soins..minimaux…

  • Tous les pays européens ne sont pas sur le même système, il me semble que certains systemes comme en Hollande fournissent un niveau de satisfaction superieur au système français et beaucoup moins cher… l’Europe retrouverait du sens a accepter de comparer les systèmes pour prétendre en conserver le meilleur…une convergence technocratique mais qui aurait l’avantage de depolitiser les sujets comme l’education, la justice, la santé. ?.

  • Propagande étasunienne d’une officine spécialisée dans cette activité : rappelons que la santé coûte beaucoup plus cher dans ce pays qu’en Europe tout en  » laissant crever  » les plus pauvres.

    Dieu sait s’il y a de choses à corriger dans le système français ; mais ce n’est pas des États-Unis dont il faut s’inspirer. Le sujet est trop sérieux pour se contenter de  » faire les poubelles  » de l’Oncle Sam  » qui a toujours raison  » : il y a plusieurs dizaines de pays modernes, notamment en Europe (pas que l’UE), à étudier ; mais cela suppose de se donner du mal au lieu d’encenser servilement et aveuglément l’Empire et aussi de connaître d’autres langues que l’anglo-étasunien pour voir comment fonctionne le système en Allemagne ou au Danemark, par exemple… sans parler de la Suisse qui est partiellement francophone, ce qui facilite les recherches.

    • « tout en » laissant crever » les plus pauvres. »

      Ça serait bien d’avoir une référence qui nous donnerait plus d’information que de vagues suppositions.

  • Piste de réflexion très intéressante. Pourquoi n’avons pas nous droit à ce genre d’article dans les médias mainstream? Ah oui, les médias mainstream sont avant tout des entreprises à but lucratif dont l’objectif est de faire du pognon avant de bien informer.

    • Là, vous parlez de la propagande de cette officine étasunienne ?

    • Probablement parce que les medias mainstream (c’est moi, où je sens un petit fumet complotiste à la lecture de ce genre de propos ?) ne sont pas encore assez bêtes pour gober n’importe quoi…

      • Les médias mainstream française sont maintenus en survie artificielle par les subsides de l’Etat. On ne critique pas la main qui vous nourrie.

  • Nous sommes les meilleurs au monde parce que nous sommes américains et que nous sommes libéraux !
    Voilà un bon résumé de cet article surréaliste, à la fois juge et partie.
    Au fait, pour les maladies nosocomiales, ça donne quoi ? 75000 morts aux States par an. En France, c’est 4000. Faites le calcul par rapport aux populations respectives…
    On est meilleur que vous, na na nère !
    Bref, ces comparaisons morbides sont à la fois pitoyables et sans objet. Et probablement sans aucun rapport avec le degré de libéralisme injecté dans le bazar…

  • @jean roule. Les stat chez nous sont bidons. Quand on connait le niveau de gestion de nos hôpitaux ce n’est pas étonnant. Comme reconnu dans cette étude les maladies nocosomiales ne sont simplement pas notées dans les dossiers.
    http://www.hcsp.fr/explore.cgi/ad382729.pdf

  • Les commentaires sont fermés.

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