4 mythes concernant les droits sociaux

Les entreprises sont des structures dont la finalité est de fournir des produits ou des services ayant une utilité pour un nombre suffisant de consommateurs. Elles ne sont pas le lieu où « faire du social ».

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4 mythes concernant les droits sociaux

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 24 octobre 2017
- A +

Par Nicolas Pantel.

Un certain nombre d’idées reçues, de mythes et de fantasmes évoquent la capacité pour les employés d’une entreprise de soutirer des «droits sociaux» à leur employeur, contre sa volonté et sans conséquence. Il est temps de démystifier ces croyances et de passer, enfin, à l’âge adulte.

Les congés payés n’existent pas

Congés payés. L’oxymore aurait du nous mettre la puce à l’oreille : personne ne nous paye pour partir en vacances.

La plupart des salariés sont convaincus d’être rémunérés pour 52 semaines de travail, dont 5 de congés payés. Il ne s’agit en réalité pas de congés payés, mais de congés forcés avec baisse de salaire.

Soit un individu A employé par l’employeur B. B est capable de vendre à ses clients la production de A pour un montant de 1100 € hebdomadaire. Une fois ses charges déduites, B peut rémunérer A à hauteur de 1000 € par semaine.

Dans l’absolu, A est donc rémunéré 52 * 1000 = 52000 € par an.

Mais la loi impose à B de payer 5 semaines de congés à A, qui ne produira plus qu’à hauteur de 47 * 1100 = 51700 €. Impossible pour B de payer les 52000 € normalement dus. Il va donc continuer à rémunérer A au même tarif, soit 47 * 1000 = 47000 € par an, mais simplement lisser ce salaire sur l’année entière.

A est donc rémunéré 47000 € par an, soit environ 900 € par semaine, avec 5 semaines de congés « payés ». A est content, il a acquis un droit social aux dépens du patron … en échange d’une perte de salaire de 10 %.

Les congés payés ne sont donc que des congés forcés s’accompagnant d’une baisse de salaire. Il en va bien sûr de même pour les 35h payées 39, les tickets restaurant payés par l’employeur et autres mutuelles santé payées par l’entreprise.

Les cotisations patronales n’existent pas

De la même façon, si A est payé 1500 € nets mensuel pour son travail, sa rémunération est décomposée comme suit (source gouvernementale) :

– 1500 € nets de cotisations sociales (mais pas d’impôt, TVA, TIPP, etc.)

– 2601 € de salaire complet, dont 456€ de cotisations « salariales » et 645 € de cotisations « patronales »

Dit autrement, B est prêt à débourser la somme de 2601 € par mois en échange du travail de A. Ce que celui-ci fait ensuite de son salaire complet ne le regarde pas. Qu’il décide de l’encaisser en entier ou de le découper en « salaire direct » de 1500 € et « salaire différé » de 1101 €, ne change rien pour l’employeur.

En revanche, le salaire différé est important pour ceux qui le collectent et le gèrent à la place de A.

L’impôt sur les sociétés n’existe pas

En réalité, ce sont les sociétés elles-mêmes qui n’existent pas. Elles ne sont que des abstractions juridiques qui permettent de cloisonner la comptabilité personnelle et professionnelle des propriétaires de cette société.

Une société, c’est la représentation abstraite des interactions entre 5 types d’acteurs, tous de type « individu humain » sauf le dernier :

  • Les propriétaires
  • Les fournisseurs
  • Les clients
  • Les employés
  • L’État

Quand l’un des acteurs s’arroge une part plus importante des bénéfices, par exemple lorsqu’une taxe ou un impôt doit être « payée par l’entreprise », elle est en réalité payée par un ou plusieurs des autres acteurs. Les propriétaires étant ceux qui décident de qui va payer, il est rare que ce soient eux-mêmes.

Dans un contexte de concurrence, les prix demandés aux fournisseurs sont déjà négociés au plus bas, et ceux demandés aux clients au plus haut. Ne restent que les salariés qui, à court ou à long terme, par des baisses ou des gels de salaire, seront ceux qui règlent la note.

Les entreprises ne font pas du social

Les entreprises sont des structures dont la finalité est de fournir des produits ou des services ayant une utilité pour un nombre suffisant de consommateurs. Elles ne sont pas le lieu où « faire du social », et toute contrainte en ce sens finira toujours par se rééquilibrer par un coût pour les salariés qui en profitent. Chaque avancée sociale se paye, de manière invisible et indolore, par une baisse de salaire.

Voir les commentaires (14)

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  • Belle démonstration!
    Autre façon de le dire: « There is no such thing as a free lunch »

  • « Les propriétaires étant ceux qui décident de qui va payer, il est rare que ce soient eux-même »
    Si l’état décide d’augmenter le salaire ou les charges de mon employée, et que mon chiffre d’affaire n’augmente pas, c’est bien moi, sur mon bénéfice, qui vais payer la différence.

    • A court terme et si vous n’avez pas de levier sur vos clients et fournisseurs, c’est exact.

      En revanche, vous n’augmenterez peut-être pas (ou moins) les salariés présents à l’avenir ou procéderez a un ajustement de rémunération vis a vis de ceux que vous recruterez.

  • Droits sociaux consistant à empêcher le porte monnaie du salarié de se remplir…avec la complicité des syndicats …et toute cette maffia , il faut appeler un chat un chat, en profite largement .

  • Et après ils osent parler de « préservation du pouvoir d’achat », voire de l’augmenter. Quelle blague ! Juste pour cet exemple, l’Etat « laisse » magnanimement 57% au salarié sur ce que l’employeur aura déboursé au total. En plus, le taux de prélèvement change avec le salaire que l’employeur voudrait verser. Pour un salaire brut de 2000€, le salarié toucherait 1534€ et l’employeur verserait au total 2638€, l’Etat laisserait 58%. Pour un smic (1480€ bruts) tout simple, l’Etat laisse 67% au salarié. Pour 3000€ brut, l’employeur devra lacher 4205€, l’Etat laisserait 54,9% pour qu’il touche 2312€ nets.

  • « Il en va bien sûr de même pour les 35h « payées 39 », les tickets restaurant « payés par l’employeur » et autres mutuelles santé « payées par l’entreprise ». »
    C’est un peu moins vrai pour les 35h payées 39h. Le passage est 35h ne s’est pas accompagnée d’une chute de salaire immédiate. Il a en réalité été compensée, d’une part, par une augmentation de la productivité du salarié, et d’autre part, par une relative stagnation des salaires. Comme Rome, cela ne s’est pas fait en un jour.
    Idem pour le passage aux 39 h et à la 5ème de CP, sous Mitterrand.
    Il serait intéressant de savoir comment s’est « négociée » la mise en place des congés payés en 36, bien que l’irruption de la seconde guerre mondiale a considérablement rebattu les cartes, rendant probablement impossible une explication linéaire.
    NB : ce qui est intéressant de noter, dans l’autre sens, c’est que les partisans du sens inverse, comme Fillon, prévoyaient un passage à 39 h sans augmentation de salaire…

  • « En réalité, ce sont les sociétés elles-mêmes qui n’existent pas. Elles ne sont que des abstractions juridique qui permettent de cloisonner la comptabilité personnelle et professionnelle des propriétaires de cette société. »
    Hum… A ce compte-là, on peut aussi prétendre que l’argent n’existe pas car il n’est qu’une construction intellectuelle reposant sur la confiance qu’on donne à un bout de papier… Ce qui ouvre de ce fait des perspectives vertigineuses sur l’existence même du capitalisme dont on tresse pourtant les lauriers depuis plusieurs jours sur ce site… Le capitalisme, l’ami imaginaire de Contrepoints ?

  • « Elles ne sont pas le lieu où « faire du social »
    Argument purement péremptoire. C’est oublier qu’il existe de l’entreprenariat social ou que la forme juridique d’une société ne se réduit pas à la SA/SARL.
    Et au sein de ces dernières, c’est oublier que le capitalisme a aussi besoin, pour un meilleur rendement du capital, de profiter de salariés en pleine forme et motivés. Cela suppose de ne pas considérer leur bien-être comme une donnée négligeable. Bonheur au travail, management bienveillant sont des notions à laquelle viennent assez naturellement, et de plus en plus, les entreprises qui ont compris l’intérêt qu’elles pouvaient en tirer.

    • des notions auxquelles

    • je crois qu’il faut ne pas trop se focaliser sur des détails le fait est que ce que ne voit pas le salarié avec les droits sociaux c’est que c’est bien lui qui les » paye » mais surtout ce n’est pas lui qui le décide et tout est fait d’abord et avant tout pour laisser croire à un salarié que le patron est l’ennemi .

  • A Chicotier et RT376
    Le contrat de travail indique un salaire brut, donc l’augmentation des charges est bien payée par le salarié qui voit, de fait, son salaire net réduire. Il suffit juste de comparer les taux sur les petites lignes. D’ailleurs les charges augmentent tous les ans (de pas grand’chose certes) et selon les entreprises, soit votre net réduit, soit l’entreprise compense et c’est donc votre brut qu’il augmente.
    C’est bien pour cela que l’état veut faire le prélèvement des impôts à la source, rapidement vous ne sentirez plus les augmentations, tout comme vous ne sentez pas les hausses des charges sur votre salaire.

    • alors c’est le salarié qui paye les charges mais il faut préciser que les charges sont aussi un impôt redistributif sinon il est bien naturel de payer pour sa retraite ,santé, assurances diverses é ou je ne sais quoi..c’est autre chose de payer pour la retraite des autres la santé des autres etc..et ce sans liberté de choisir.

      On prétend protéger les travailleurs en leur prenant certaines liberté de choix qui d’ailleurs peut aboutir à la perte de l’emploi ou l’impossibilité de pretendre à en trouver un.

      • le mythe est celui de la solidarité des travailleurs et des chômeurs . Le mythe est que le marché du travail n’existe pas et pour obscurcir ‘cette évidence on se construit un système de pensée complexe…qui s’adosse sur une bureaucratie du même bois.

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