Un indicateur fiable d’inflation bouge

L’inflation s’apprête-t-elle à l’emporter sur la déflation ? Notre indicateur semble prouver qu’un retournement majeur est en train de se produire.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
thermomètre credits calina olavarria (licence creative commons)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Un indicateur fiable d’inflation bouge

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 21 octobre 2017
- A +

Par Simone Wapler. 

Comme vous le savez, les banques centrales et les gouvernements ont un besoin désespéré d’inflation.

Non pas parce que ce serait un signe de bonne santé économique, comme le serinent les économistes à leur service. Simplement parce que l’inflation permet de ronger leurs dettes et de tondre le contribuable sans même qu’il s’en aperçoive.

L’inflation – une hausse des prix généralisée, sans valeur ajoutée – n’est pas une bonne chose pour le pouvoir d’achat du citoyen ordinaire ; le capitalisme honnête est déflationniste : il fait baisser les prix par le jeu de la concurrence et des gains de productivité.

Mais comme vous le savez, cher lecteur fidèle et patient, nous ne vivons pas dans un système de capitalisme honnête mais dans le créditisme.

Les débuts du créditisme (1971, fin des accords de Bretton-Woods et rupture du lien entre le dollar et l’or) furent difficiles. Les gens étaient sceptiques concernant cette monnaie purement fiduciaire. Les pays producteurs de pétrole augmentèrent brutalement leurs prix. Une énorme inflation s’empara des États-Unis et contamina le monde.

Les indices d’inflation gouvernementaux sont inutiles

Pour convaincre que la monnaie adossée à rien était bonne, que la dette d’État adossée à des contribuables dociles valait autant que de l’or, les gouvernements s’employèrent à tricher sur les mesures d’inflation. Les « paniers » comportaient des choses d’utilité contestable mais dont le prix avait le mérite de baisser, comme la balle de ping-pong en France, mais oubliaient ou minimisaient des choses dont le prix s’envolait.

De manipulation en manipulation, les États sont aujourd’hui pris à leur propre piège : les indices officiels indiquent que l’inflation est sous contrôle alors que quiconque peut constater que ses dépenses (dont beaucoup sont de plus en plus contraintes et obligatoires) augmentent.

Cependant, malgré 10 ans de création monétaire inédite, stupéfiante, renversante, bouleversante, le niveau d’inflation n’est pas celui des années 1971-1980. Cette création monétaire reste cantonnée aux actifs financiers et à l’immobilier. Imaginez cela comme une immense retenue d’eau (après tout, on parle bien de « liquidités »).

La création monétaire représente pourtant presque 40% du PIB mondial, la plus gigantesque masse de liquidité jamais créée dans l’Histoire.

Si le barrage psychologique cède, si un peu de ces liquidités commence à ruisseler dans le reste des activités économiques, l’inflation sera à la hauteur de la création monétaire qui l’a précédée : gigantesque, échevelée, inouïe…

Comme les États sont surendettés, relever les taux sera impossible. Ce sera une fuite éperdue devant la monnaie, la plus grave crise monétaire de tous les temps.

Pour le moment tout est calme, aucune liquidité ne paraît suinter le long d’une fissure du barrage. Vraiment ?

Un instrument adapté pour anticiper l’inflation

Mais quel instrument de contrôle avons-nous puisque les mesures ont été faussées ?

Pour répondre à cette question cruciale, mon collègue américain Graham Summers propose un indicateur simple.

Sa thèse est la suivante.

Une hausse du prix des bons du Trésor à long terme est un indicateur de crainte de déflation. Les investisseurs en achètent lorsqu’ils pensent que l’économie va ralentir et ils veulent parquer leur argent en sécurité.

La hausse du prix des bons du Trésor américain indexés sur l’inflation est un indicateur de crainte d’inflation. Les investisseurs en achètent pour protéger leur argent lorsqu’ils pensent que l’inflation va décoller.

Pour ces deux instruments, négociés quotidiennement par des millions d’intervenants, il existe deux trackers : TLT pour les bons du Trésor à long terme et TIP pour les bons du Trésor indexés sur l’inflation.

Le ratio TIP sur TLT vous indique donc le sentiment de M. le Marché quant à l’inflation. S’il monte cela indique que les gens veulent se protéger contre un retour de l’inflation. S’il baisse c’est que les gens veulent au contraire se mettre à l’abri d’une baisse généralisée des prix.

Trois précisions à ce stade :

  • Cet indicateur est plus qu’un « sentiment » ; il indique là où des millions d’investisseurs institutionnels mettent vraiment leur argent.
  • Il est nouveau : pas d’antériorité avant 1971.
  • Il est évidemment bien plus avancé que l’évolution des relevés de prix et des différents indices officiels.

Un mouvement tectonique commence ?

Voici ce que note Graham :

Depuis 2011, le système financier a été dans une tendance largement déflationniste. C’est pourquoi le pétrole et les autres matières premières, les marchés émergents et les métaux précieux ont baissé durant cette période. Les actions américaines constituèrent une exception, les quantitative easing ayant fait monter leur prix. 

Cette tendance est en train de se retourner pour la première fois de la décennie. Si cela se confirme, c’est un mouvement tectonique du système financier. 

Voici un graphique à long terme qui reproduit ces propos. Le canal bleu matérialise la chute de cet indice inflation.

Maintenant, voyons un graphique à plus court terme. Il indique que les intervenants de marché privilégient désormais le scénario de l’inflation.

Le barrage serait-il en train de se fissurer ?

Dans l’affirmative, c’est maintenant que vous devez vous protéger, vous aussi. Vous connaissez la méthode, cher lecteur : l’or qui n’est la dette de personne et a toujours su conserver sa valeur dans ces cas-là.

Car n’oubliez pas : la méthode « hausse des taux » ne pourra pas être mise en œuvre pour lutter contre la déferlante inflationniste. Nous aurons une crise des monnaies fiduciaires.

Et si vous cherchez un effet de levier, à engranger des plus-values lorsque tout le monde sera lessivé, là aussi, nous avons la solution. C’est maintenant qu’il faut placer votre mise, pas quand le barrage aura déjà cédé.

Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit

Voir les commentaires (4)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (4)
  • si vous voyez un signal de hausse de l’inflation en 2017, alors, il y avait aussi un signal de hausse en 2013. signal qui s’est révélé être faux… pourquoi le signal de 2017 serait il plus juste que celui de 2013 ?

  • Et comment ces « indicateurs de sentiment » peuvent-ils avoir un pouvoir prédictif dans des marchés raisonnablement efficients ?

  • « à plus court terme. Il indique que les intervenants de marché privilégient désormais le scénario de l’inflation. »

    Non. Depuis le début de l’année il baisse justement, c’est donc l’inverse. Mince, pas très vendeur pour l’or…

  • Le décrochage de l’étalon OR n’est qu’une étape dans la dématérialisation de la monnaie après la monnaie métallique à valeur pondérale suit la monnaie métallique à valeur faciale (décrochage) puis le billet papier, puis….

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
6
Sauvegarder cet article
Inflation et plus-value dans l’immobilier

En règle générale, les calculs du prix de l’immobilier publiés dans les journaux et revues, ou cités sur les sites internet ou les chaînes de radio-télévision sont effectués sans tenir compte de l’inflation. Les interprétations des résultats qu’ils présentent n’ont guère de sens.

La hausse des prix de l’immobilier est de toute évidence incontestable, mais il est nécessaire de rétablir une mesure rationnelle et réaliste de cette augmentation.

Cette mesure est déduite de deux indices défin... Poursuivre la lecture

3
Sauvegarder cet article

Un article de Ryan McMaken

Selon l'indice Case-Shiller, les prix des logements ont augmenté de 44 % depuis février 2020. Il ne s'agit bien sûr que d'une moyenne, et certains marchés ont connu des augmentations de prix bien plus importantes. Toutefois, même sur les marchés immobiliers de l'Amérique moyenne, où les prix sont censés être plus raisonnables que sur les côtes, les prix ont grimpé en flèche.

À Cleveland, par exemple, l'indice a augmenté de 40 % depuis le début de 2020. Au cours de la même période, l'indice a augmenté ... Poursuivre la lecture

Dans une interview récente, Manon Aubry, tête de liste La France insoumise (LFI) pour les élections européennes de 2024 a déclaré :

« L'austérité, le tout-marché et le libre-échange amènent le chaos. [il faut] rompre avec le libre-échange, l’austérité et le tout-marché pour imposer le protectionnisme, la solidarité et les biens communs ».

Elle, et plusieurs Européens, croient que le marché libre est à l'origine des problèmes mondiaux. La solution réside dans plus de concentration de gouvernance fiscale et financière à Bruxelles ... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles