Retour aux sources de la Britpop avec Oasis

Il y a 20 ans Oasis marquait l’histoire du rock’n’roll avec la sortie de son deuxième album : « (What’s the Story) Morning Glory ? ». Retour sur un album phare des années 1990.

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Retour aux sources de la Britpop avec Oasis

Publié le 5 octobre 2017
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Par Pierre Schweitzer.

Dans la carrière mouvementée du groupe Oasis – aujourd’hui séparé depuis près de 10 ans – la sortie de Morning Glory marque sans aucun doute un pic en termes de succès, d’excès, et d’influence sur le reste de la scène musicale.

Formé en 1991-92 dans la région industrielle ravagée de Manchester, le groupe Oasis est avant tout l’alliance entre les frères Gallagher, alors dans leur vingtaine et dont les espoirs de réussite se limitent au football ou à la musique.

Liam est une grande gueule vantarde, mais possède un vrai talent vocal et un charisme impressionnant. Son aîné Noel ferait presque figure de sage à côté, même si le compositeur ne manquera pas de défrayer la chronique britannique.

Entrée fracassante sur la scène rock

Repérés en 1993 par un patron de label indépendant écossais, Creation Records, Oasis sort rapidement de la période de galères pour signer un contrat de six albums dont le premier, Definitely Maybe, marque leur entrée fracassante sur la scène rock en 1994 avec le mélange de mélodies plus pop que rock, et des couches de guitares électriques bruyantes qui accentuent au contraire l’aspect rock’n’roll.

Les principaux concurrents de l’époque – Blur, Suede, Radiohead, etc. – sont éclipsés par les nouveaux venus aux dents longues, qui battent le record de l’album le plus vendu en semaine de sortie.

Les attentes sont donc très fortes et le groupe ne prend quasiment pas de pause après une longue période de tournée, décidant de rapidement sortir son deuxièmes opus, enregistré en seulement 15 jours. Sortir deux albums en deux ans était plus courant à l’époque, mais tout de même.

Premier single

Choix peu courant pour l’époque, Oasis sort un single plusieurs mois avant la sortie de l’album, avant même son enregistrement. Some Might Say (clip ci-dessous) est leur premier single numéro 1, et renforce encore l’attente qui se crée autour du groupe.

L’avant-sortie est également marquée par la « Battle of Britpop », soit la rivalité restée célèbre entre Oasis et Blur, volontiers opposés par la presse comme les prolétaires du Nord contre les gosses de riches du Sud. Blur décide de sortir son single Country House le même jour que Roll With It d’Oasis (clip ci-dessous), alimentant le débat sur lequel chaque britannique doit désormais avoir un avis (pour l’anecdote, c’est Blur qui l’emportera sur ce single mais Oasis écrasera ses rivaux en termes de ventes d’albums). Lorsque (What’s The Story) Morning Glory ? sort enfin le 2 octobre 1995, le succès est colossal et fait passer le groupe de sensation « indie » à superstar auprès du grand public. Un succès que beaucoup attribuent autant au comportement du groupe et à l’engouement de la presse qu’à la qualité musicale proprement dite. Quoiqu’il en soit Oasis arrive au bon endroit au bon moment : alors que les années 1990 avaient démarré avec la vague Grunge, il était inévitable qu’un autre mouvement prenne le relais, et quel meilleur endroit que l’Angleterre pour succéder à Seattle ? Tout comme Nirvana était arrivé sur un terrain largement préparé par Soundgarden, Alice in Chains et quelques autres, Oasis s’impose comme le groupe le plus populaire d’un mouvement qu’ils n’ont pas réellement initié.

Musicalement, ce deuxième album se distingue du précédent par un aspect moins brut, plus acoustique par moments, ce qui peut en partie expliquer l’élargissement à un public global. C’est le cas de chansons comme Wonderwall (ici en vidéo, leur plus grand tube à ce jour, et une des rares chansons à être interdites de jeu dans certains magasins de musique, lassés de l’entendre pour le 250.000ème fois), Cast No Shadow, She’s Electric (probablement le titre le plus faible de l’album), ou Hey Now!.

Don’t Look Back in Anger, l’autre grand tube, chanté par Noel. En effet l’aîné se réservera toujours un grand titre sur l’album, sorte d’impôt royal du compositeur qui avait le don d’énerver son frère. Ce titre a refait la une des médias après l’attentat de Manchester dont il est devenu l’hymne cathartique, notamment pour son interprétation par la Garde Républicaine avant un France-Angleterre cette année.

Toutefois il serait injuste de parler d’un album lisse et taillé pour la radio, puisqu’on retrouve la patte sonore bruyante du groupe sur des titres moins connus comme Morning Glory ou Champagne Supernova qui s’étend sur pas moins de 7 minutes. La voix de Liam est alors à son meilleur : façonnée par l’expérience intense du premier album, et pas encore trop abîmée par l’alcool, la drogue et la cigarette. Rien à retenir des paroles cependant, car dans une veine typiquement anglo-saxonne le groupe a toujours assumé de faire passer celles-ci au second plan, se concentrant sur la musique. Si les Beatles ont accepté l’absurdité des paroles dans I Am The Walrus, c’était une caution suffisante pour leurs héritiers autoproclamés. Il se dégage une ambiance générale de l’album qui pour une raison impossible à définir précisément, sent les années 1990. On relèvera enfin les similitudes de plusieurs chansons avec des titres déjà connus, ce qui coûtera des procès et de l’argent au groupe, mais contribuera à faire parler de lui.

 

 

Si la musique d’Oasis ne respire pas la rébellion par tous les pores, comme cela pouvait être le cas des Guns’n’Roses ou de Nirvana, le style de vie du groupe n’en est pas moins excessif et tranche singulièrement avec ses gentilles mélodies.

Polémiques sans fins

La bière remplace l’eau, les bagarres sont une distraction comme une autre, les polémiques une seconde religion, et la soudaine richesse du groupe (le mp3 attend en embuscade, mais il n’est pas encore là) permet même de remplacer la colle à sniffer par de la cocaïne qu’on consomme sans modération.

Liam Gallagher est le Peter Doherty de l’époque, et comme pour ce dernier, ses frasques précipitent l’implosion du groupe. Sans presque aucun repos depuis 1994, Oasis tournera dans le monde entier jusque fin 1996, des concerts marqués par diverses bagarres entre frères, des annulations, le départ de deux membres du groupe dont l’un reviendra rapidement, et des absences intermittentes de Liam ou Noel.

L’explosion en vol

Il n’empêche que l’Angleterre est à leurs genoux, et les concerts de Maine Road (le mythique stade de Manchester City, club de coeur de ces fans de football) ou encore Knebworth Park en 1996 resteront dans l’histoire. 2,5 millions de billets furent demandés pour Knebworth, alors que « seulement » 250.000 personnes pourront voir le groupe en deux soirées consécutives.

Si le groupe échappe de peu à la séparation définitive fin 1996, la suite de leur carrière marquera un déclin progressif en popularité et en succès critique, bien qu’il demeure très populaire dans l’absolu jusqu’à son explosion en vol en 2008 juste avant un concert qui devait avoir lieu en France au festival Rock-en-Seine.

Ultime bagarre

Une énième bagarre éclate entre les deux frères aux gros sourcils, et Liam commet l’irréparable : il fracasse une des guitares préférés de son frère. Depuis plusieurs années ils ne se se retrouvaient déjà plus que sur scène et en répétitions, désormais ce ne sera même plus possible.

Tandis qu’une réunion un jour ou l’autre fait peu de doutes, Liam et Noel poursuivent dans les années 2010 leurs carrières respectives : en solo pour Noel qui s’apprête à sortir son troisième album, et avec Beady Eye pour Liam, puis en solo avec un premier album qui sort la même année que celui de son frère.

À respectivement 45 ans et 50 ans, ces deux-là se provoquent toujours, particulièrement Liam dont la prose n’a rien à envier à celle de Donald Trump sur Twitter

Au-delà de ses qualités encore débattues, il est en revanche indiscutable que (What’s the Story) Morning Glory ? fut au rock britannique des années 1990 ce que Nevermind de Nirvana fut au grunge, ou Never Mind the Bollocks des Sex Pistols fut au punk.

Son influence se fait encore sentir dans des groupes des vagues suivantes tels que The Libertines, The Vines, The Killers, et de très nombreux artistes actuels. Si vous ne le connaissez pas encore c’est une lacune dans votre culture rock, et si vous le connaissez il est urgent de le réécouter pour fêter dignement son anniversaire !

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