Au secours, le gouvernement lance la French Fab !

Après une French Tech dont on se demande encore à quoi elle sert, le gouvernement lance la French Fab tout aussi concrète et indispensable...
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Au secours, le gouvernement lance la French Fab !

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 4 octobre 2017
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Après la flamboyante réussite de la French Tech mondialement connue dans toute la France, le frétillant gouvernement d’Édouard Philippe ne pouvait en rester là. C’est sans doute pour cela que Bruno Le Maire, l’actuel ministre de ce qui reste d’économie et de finances en France, s’est auto-désigné pour lancer une nouvelle idée aussi surprenante qu’indispensable : la French Fab.

Quelque part, c’était logique et dans la droite lignée de ce qu’on a connu jusqu’à présent : la french touch est reconnue dans le monde entier, nos élites s’époumonent à faire croire que la french tech se fait connaître pendant que la french tax conquiert les coeurs et les portefeuilles français avec un appétit vorace. Il n’était que temps que la french fab face son apparition.

Le « Fab » n’est pas pour « fabuleux » — encore qu’avec Bruno Le Maire comme pilote, aucun superlatif n’est à écarter — mais le résultat mûrement réfléchi en quatrième vitesse par un gouvernement tout frétillant à l’idée de réaliser la vision du Grand Homme à la barre ; Emmanuel Macron, pendant sa campagne, avait en effet déclaré :

Je veux faire de la France une Startup Nation. Une nation qui pense et bouge comme une startup.

Sans doute les centaines de nouvelles pages de lois qui s’amoncellent dans les différents codes français participent-elles de cet esprit « startup », version officine notariale en surchauffe ? En tout cas, le petit Bruno a bien compris sa feuille de route : il va falloir startuper un peu tout ça et la French Fab est l’occasion ou jamais.

Concrètement, cette French Fab veut fédérer toutes les entreprises industrielles, de la TPE à la multinationale en passant bien sûr par les « acteurs du développement local », c’est-à-dire les officines de l’État et leurs sprinklers à pognon, en ce compris Bpifrance, cette institution dont on se rappellera avec sang-froid que si elle crame notre pognon, c’est pour la bonne cause. Ou presque quasiment pour ainsi dire.

Encore plus concrètement et au-delà du joli coq bleu, logo représentant cette French Fab dans une déclinaison rudement originale du coq rose de la French Tech, il semblerait que cette initiative soit une campagne de promotion et, de façon plus ou moins liée, qu’un fonds d’innovation doté de 10 milliards d’euros sera lancé dans la foulée.

Histoire de donner un peu de corps à tout ça, le soldat Bruno s’est tout de même donné un peu de mal en trouvant quelques défis à relever : l’innovation (sourire), la baisse du coût du travail (gloussements), la cohérence des filières (rires), la formation (rires francs) ou la compétitivité fiscale (rires massifs, crampe de mâchoire, crise cardiaque, AVC). Il est en effet difficile de rester de marbre à l’évocation de ces différents domaines dans lesquels l’État et ses petites interventions ont largement montré leur capacité à créer du chaos et de l’abomination.

L’innovation a rarement bénéficié des coups de pouce de l’État qui agit plutôt comme un perturbateur en réorientant, généralement sans finesse, le capitalisme vers ce que ses hommes ont cru déceler comme tendance ou bon plan. Le fait est que l’innovation, la vraie, surprend toujours et surtout les institutions gouvernementales, qui ont bien du mal à s’y adapter.

La baisse du coût du travail est une arlésienne qu’aucun gouvernement n’a jamais attaqué de front. Les remèdes sont connus (libérer les différents monopoles assurantiels, redonner des latitudes aux entreprises en matière d’emploi et de licenciement…), les idéologues aux aguets et les syndicats toujours le doigt sur le briquet de l’allume-barbecue pour les merguez-parties qu’ils déclencheront avec ou sans préavis. Bref, peine perdue.

La cohérence des filières n’a jamais été ni le fort des institutions étatiques, ni même dans ses attributions. Seul le marché est apte à déterminer, par voie de la réussite ou de la faillite des projets, quelles filières doivent être favorisées, et comment. Le seul fait que l’État veuille avoir son mot à dire est parfaitement grotesque et se traduit en France par pléthore des lignes de TGV non rentables, un Concorde à la casse, un minitel rigolo ou d’autres tentatives qui n’ont fait rire qu’un temps.

Quant à la formation ou la compétitivité fiscale, il n’y a que de rares domaines où l’action des hommes de Bercy a été aussi néfaste. La formation en France est devenue la véritable source de financements occultes des syndicats et la compétitivité fiscale se traduit, jour après jour, par une véritable compétition des services de Bercy à celui qui trouvera qui la nouvelle taxe, qui la nouvelle accise, qui la nouvelle ponction libératoire assassine dont il faudra agonir le contribuable, le salaud d’entrepreneur ou le riche possédant. Bref, on peut le dire : cette histoire de formation ou de compétitivité fiscale, c’est de la grosse blague.

En fait, de façon super-plus-concrète, cette French Fab, au-delà du pins rigolo, c’est un peu la même chose que la French Tech : un truc-machin qui sent bon la marinière blanche à rayures bleu marine et un magnifique effet d’annonce qui enrobe plus ou moins habilement… un grand courant d’air chaud comme nos énarques savent si bien en produire à la fin de repas plantureux. Mais cela fait parler les rédactions qui, il faut bien le dire en épluchant les quelques articles qui y sont consacrés, sont bien en peine de définir précisément ce que cette appellation recouvre exactement.

Une fois le voile levé, et compte tenu du retentissant succès de la French Tech dont tout le monde se contrefiche éperdument outre-France, on sait déjà que cette French Fab aura bien du mal à imposer quoi que ce soit dans quelqu’esprit que ce soit.

Mais pour le soldat Bruno, peu importe : la French Fab, c’est d’abord et avant tout la perspective de briller devant les caméras, ne fut-ce qu’un instant, l’idée de monter un truc tout neuf et de laisser sa petite crotte sa grandiose empreinte dans le paysage fiscal français et, qui sait, de faire « mieux » ou « aussi bien » que Montebourg avant lui.

C’est ça, l’essentiel. Non ?
—-
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  • Heu , on a des nouvelles du bilan financier de BPIfrance ?
    En 5 ans d’existence tous ses investissements d’avenir ont dû aboutir à de merveilleux bénéfices grâce à des startups devenues des entreprises mondialement connues !

    • Le problème des avances remboursables de la BPi, c’est qu’il faut… les rembourser! Et souvent au moment ou on a besoin de cash pour financer la croissance…

  • «Le Maire, non seulement vous êtes grand, mais en plus vous êtes con!», lui a asséné son sergent lors de son service militaire, de son propre aveu. Certains ne vieillissent pas!

  • C’est tout notre monde politique! De la com, encore et toujours, arrosée avec l’argent des impôts des contribuables. Pour un seul résultat; encore davantage de gaspillage!

  • “Petite crotte” .. Collector! Merci!

    Cuistre minuscule nauséabond dont l’unique surprenante qualité est la stratosphérique opinion qu’il a de lui même . Ségolène en mec
    FABulous waste of space.

    • « Ah, qu’en termes galants, ces choses-là sont mises! »
      Même
      Marcvs Portivs Cato (« Censorivs ») manquait de pareille audace.
      Que proposez-vous?

  • Comment d’écrire la connerie en humour, j’ai bien ri.

  • nos « compatriotes », H16, moi mêmes , avons le gout des jeux de mots, calembours…Nos politiques aussi!
    C’est bien utile pour masquer leur vacuité.
    Les socialistes et leur nouvel oripeau écologiste sont champions des trouvailles langagières sans référence à un réel notoire.
    Les as de la formule… Le politique à action étatique, laïcisé quelque peu du socialisme, n’aura pas manqué de conservé une velléité creative en se payant de mots en plus de ses émoluments;

  • Alors, vraiment…. pourquoi élisons-nous autant de gens décevants??

    • Dites-nous, vous, car moi je n’ai pas voté pour eux.

    • @Hugo von Graffenberg
      Bonjour,
      Bruno LeMaire n’a pas été élu, il a été nommé par le Grand Homme élu à la barre du rafiot France.
      Aucun de ces prêcheurs obtus ne me représente et ne vaut la peine que je me déplace pour participer à un jeu truqué. De ce jeu truqué découle la tromperie sur la démocratie. Comme il n’y a pas de démocratie, il n’y a que de la déception.
      Le Pouvoir Exécutif , n’est QUE exécutif, il n’a pas à faire/passer/changer les lois pour s’arranger, ni à se mêler de régler la vie des gens, ni à les punir.

      • @STF: « Comme il n’y a pas de démocratie, … »

        Le problème de mon modeste point de vue est au contraire qu’il y a bien trop de « démocratie »: Cela s’appelle la dictature de la majorité des jaloux et fainéants aux dépens d’une sous-population compétente et laborieuse tout juste bonne à se faire déchiqueter.

        • @mc2
          Bonsoir,
          Il n’y a pas de « trop de démocratie ». En France il n’y en a pas du tout. Toutes les lois auxquelles nous sommes soumis sont pondues et votées par des individus, quelques fois moins de 10, qui n’y sont pas soumis. Comme au bon vieux temps de la Monarchie, où le Roi édictait les lois auxquelles les sujets devaient obéir. Tout comme à cette époque, une loi peut changer pour arranger le pouvoir en place. En ce sens, j’aime bien l’idée utopique de J-J Rouseau : le Peuple propose et vote les lois auxquelles il se soumet.
          Ce que vous appelez « dictature de la majorité des jaloux et des fainéants » est ce qu’on appelle socialisme. Le socialisme excècre la démocratie, et le « Peuple » dont il se sert comme excuse, mais en a besoin pour exister, vivre (confortablement) puis prendre le pouvoir en douceur, afin de ne pas passer pour une dictature de « droite ».
          « Trop de démocratie », de mon humble point de vue, serait que l’Assemblée Nationale et le Sénat soit dissouts, fermés, que chaque décision nationale passe par référendum et que le Président, représentant le plus haut des citoyens en respectent les résultats. A la limite, on garderait un gréfier pour recevoir les propositions de lois du Peuple, et les soumettre au vote.

          « Art. 16. Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n’est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution. » DDHC 1789.

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