L’alternance libérale est-elle possible en 2022 ?

Le libéralisme aurait intérêt à se constituer en parti pour mieux se faire connaître et réapparaître dans le débat public.

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L’alternance libérale est-elle possible en 2022 ?

Publié le 23 septembre 2017
- A +

Par Francis Pérani.

Le paysage politique a été bouleversé lors des dernières élections présidentielles et législatives. Un parti start-up, LREM a fusionné les socialistes réalistes, les centristes, et les gaullistes autour d’un programme étatiste modéré qui ne refuse pas l’ouverture au monde.

Le FN comme La France Insoumise sont des alternatives reposant sur un interventionnisme plus extrême et non compatible avec la mondialisation ni l’Europe. Les socialistes et les républicains non ralliés n’ont plus ni espace ni avenir politique puisqu’ils occupent le même terrain idéologique que le majorité actuelle. Mais où est l’alternative libérale et en quoi consisterait-elle ? 

Quelles que soient les alternances, la France reste un pays profondément socialiste

Tout le monde pourrait s’entendre sur un diagnostic commun : la France est endettée pour presque 100% de son PIB. Son déficit budgétaire est d’environ 20% par an depuis longtemps, ce qui creuse sa dette. Ses prélèvements obligatoires sont quasiment les plus élevés au monde autour de 46% du PIB.

Il en résulte que son économie est pilotée à plus de 50% par des instances étatiques plus ou moins directes. La France est donc bien un pays socialiste dans sa structure, et ce quel que soit le nom que se donnent les partis au pouvoir successifs.

Un pays socialiste pense que l’État est plus intelligent que la société et qu’il peut piloter l’économie par le biais de quelques cerveaux bien faits et coordonnés centralement. Il est fondé sur une redistribution massive par laquelle tout le monde cherche à vivre aux dépens de tout le monde, selon la formule de Frédéric Bastiat.

Il donne l’illusion que l’État dispose d’une manne de services gratuits en cachant du mieux qu’il peut la contrepartie en impôts, actuels ou différés. Sa différence avec le communisme c’est qu’il ne cherche pas à contrôler directement la totalité de l’économie, il maintient un minimum de liberté, voire de libéralisme, par réalisme, et pour avoir quelque chose à partager.

Le cru 2017 de la France socialiste est plus subtil médiatiquement. Il joue mieux des symboles, utilise mieux les techniques modernes de marketing politique qui ont fait leurs preuves lors des élections et des présidences d’Obama.

Il est aussi plus intelligent et cultivé comme un dépassement du style bling bling des années 2007-2012 et du style « normalitude sous la pluie » des années 2012-2017. Il est rafraîchissant parce qu’il met en avant la France plus jeune et plus ouverte sur le monde. Au-delà des images, ce cru socialiste est aussi plus réformiste. C’est son intelligence de réformer à la marge le système pour mieux le conserver mais c’est aussi là que réside sa faiblesse majeure. 

En quoi est-ce un problème de ne pas faire de réformes libérales ?

Les réformes homéopathiques qui créent déjà beaucoup de polémiques et protestations ont la faiblesse de ne pas avoir d’impact sur la situation économique du pays et particulièrement son taux de chômage et son déficit commercial qui sont les symptômes d’un décrochage de compétitivité typique d’une économie socialiste en économie ouverte. Le gouvernement actuel permet à la France de ne pas décrocher complètement mais seulement de continuer à décliner lentement et imperceptiblement.

Ne pas faire de vraies réformes pose un problème de statut ou d’opportunités manquées. La France s’empêche de devenir un grand pays d’exportation, sans chômage, regorgeant d’innovations et avec des citoyens plus riches. Cette occasion est manquée tous les cinq ans faute de programme et de parti.

L’autre problème c’est l’aggravation de la dette. La dette s’accumule pendant des dizaines d’années jusqu’au point de non-retour qui finit généralement mal. La Révolution française est née d’un problème de dette accumulée et insoluble. La France se rapproche de l’Italie et de la Grèce de ce point de vue et elle hypothèque ses générations futures qui devront vivre avec des contraintes colossales de remboursement léguées en héritage.

À quoi ressembleraient de vraies réformes libérales ?

C’est dans le fond assez simple : moins d’État. Il ne s’agit pas de modifier son mode d’intervention en ajustant telle ou telle répartition ou subvention pour mieux l’orienter vers telle ou telle clientèle électorale.

Il s’agit plutôt de privatiser tout ce qui peut l’être. Les privatisations ont beaucoup d’avantages : elles éliminent à la source les activités déficitaires de l’État tout en rapportant de l’argent lors de la vente de l’activité, ce qui permet de rembourser le capital de la dette.

Évidemment, ce terrain des privatisations est plein de tabous pour un pays socialiste comme le nôtre. Cela va à l’inverse de tout ce qu’on fait instinctivement et qui consiste à étatiser. Mais hors des tabous, il ne faut pas s’interdire de penser à une école intégralement privatisée, de la maternelle à l’université, à une recherche privée financée par des dons et des entreprises, à des assurances chômage, retraite, maladie privées et non obligatoires.

L’autre volet d’un programme libéral consiste à libérer réellement l’économie en éliminant de la loi ce qui concerne l’organisation des activités économiques pour le laisser à la discrétion de la société civile, des entreprises et de la concurrence.

Plus de salaire minimum, ni de temps de travail maximum, ni de jour interdit au travail (dimanche), ni de limites du temps de travail. L’Europe aide déjà beaucoup la France à ouvrir à la concurrence ses marchés (train, poste, aérien, etc.). La France peut aller plus loin.

La fiscalité baisserait alors drastiquement en signe d’un retour de l’économie entre les mains des individus. De là, la compétitivité des entreprises bien moins taxées se trouverait renforcée et l’exportation repartirait de plus belle.

Le bilan au bout de cinq ans ressemblerait à un pays plus riche, sans chômage, plus libre et responsable.

Le libéralisme est-il utopique en France ?

On pourrait le penser, aucun parti ne représentant ce courant qui était pourtant assez puissant au 19ème siècle. Les grandes guerres du 20ème siècle ont détourné la France de sa trajectoire libérale. D’autres pays ont subi les mêmes tendances mais ont réussi depuis à retrouver le chemin de la liberté.

Le libéralisme aurait intérêt à se constituer en parti pour mieux se faire connaître et réapparaître dans le débat public. Il est aujourd’hui une coloration que certains étatistes se donnent pour se différencier et apparaître comme plus sérieux, surtout à droite. Mais il n’est pas représenté comme tel, sauf par quelques éditorialistes sans poids politique.

Le libéralisme n’est pas pour autant utopique. Il est le moteur bien réel qui permet de nourrir l’État tous les jours. Tous ceux qui travaillent et consomment le pratiquent au quotidien et en apprécie les bienfaits sans le savoir.

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  • quand les politiques changent d’orientation…c’est pour garder leurs avantages.
    ex: si vous êtes élu et que vous changer d’étiquette politique ..demissionner de son mandat et se représenter. ..
    puisque vous ne représenter plus le parti ou vous avez été élu. ..c’est logique !!!

  • Fillon était libéral. Je ne suis pas ce que font les LR en ce moment, mais il me paraît probable qu’ils reproposent un candidat libéral pour 2022. On verra bien.

    • Fillon avait un programme libéral, mais il n’était pas libéral, il avait juste choisi le programme qui lui paraissait adapté aux circonstances.

    • @ jujubibi
      Oui, bon! LR est un vaste ensemble d’individus éparpillés « à droite ». Et Fr.Fillon n’y a pas obtenu un large soutien courageux et dynamique lors de ses mésaventures (dues à une certaine imprudence intéressée, quand même, bien d’accord!). Donc le parti n’était pas « solidaire et uni » derrière son champion des primaires qui ne se répéteront sans doute pas. Or, déjà ses concurrents ne croyaient pas ses réformes faisables: la droite reste évidemment étatiste et à 100%, oligarchique!
      Voyez ce qu’E.Macron obtiendra difficilement pour ses « réformes »: les sondages vous diront alors si les électeurs suivent ou se retrouvent en nombre derrière un J.L.Mélenchon, incapable de relever la France.

  • S’il est certain que la France devrait être le pays le plus riche d’Europe, il a fallu 40 ans d’étatisme plus ou moins forcené pour en arriver au point de déliquescence de ce pays, partiellement aux mains des frères musulmans, antichambre du terrorisme.
    Le formatage des cerveaux est tel que du libéralisme sera peut-êtrepossible après une nouvelle énorme crise…en 2042 ou 2054.

  • L’alternance libérale est théoriquement possible en 2022, mais il faudrait d’ici là que les libéraux se construisent non pas un parti, mais une stratégie de prise du pouvoir. Macron a montré que le parti n’avait pas d’utilité en lui-même, et l’opinion ne verrait dans un parti libéral que la réunion de ceux qui veulent piocher impunément dans le pot de confitures. Pour triompher, les libéraux doivent au minimum comprendre que les Français ne sont pas des socialistes innés et invétérés, et que la réponse aux sondages peut facilement être inversée si l’on pose les questions sous la bonne forme. Les Français sont en revanche à mon avis très attachés à éviter et réprimer les abus, et très prompts à penser que leur prochain rêve de se livrer à tous les abus imaginables si on lui en laisse l’occasion, ce qui est peut-être vrai dans le monde politico-médiatique, mais n’est pas du tout la caractéristique de votre prochain lambda que vous croiserez dans la rue. Il en découle que le slogan libéral du « moins d’Etat » est voué à l’échec. Les slogans libéraux doivent être bâtis autour de la responsabilité individuelle, seule à permettre d’accéder à la liberté, et de la sanction implacable pour ceux qui chercheraient à se défausser de cette responsabilité. Ils doivent également restaurer la valeur de fraternité — on n’abandonne pas son frère au bord du chemin, et on maudit celui qui le ferait — et ramener à sa juste place, celle des transferts librement consentis par les cédants, la solidarité envers ceux dont la fratrie est défaillante.
    Les Français acceptent l’omniprésence de l’Etat et des règles parce qu’ils craignent les abus. L’Etat entretient ce sentiment par ses petits laxismes quotidiens, les médias le stimulent par des dramatisations (le risque n’est pas nul si vous mangez quotidiennement plus de 12 oeufs au fipronil, donc on interdit le fipronil au lieu de mettre sous tutelle les irresponsables qui penseraient que la liberté consiste à pouvoir manger 12 oeufs par jour et accuser le gouvernement de ne pas les avoir protégés des conséquences). Si les abus étaient punis, vous verriez, j’en prends le pari, les Français reprendre avec fureur leur liberté vis-à-vis de l’Etat pour tout le reste.

    • Je pense de plus en plus que l’objectif d’un parti ou d’un mouvement libéral ne doit pas être d’arriver au pouvoir à court ou moyen terme, ce qui serait d’ailleurs impossible démocratiquement au regard des 70 ans de propagande Gaullo-Communiste sur la sécurité sociale et les services publiques, mais de trouver sa place médiatiquement et culturellement dans l’opinion avec des exemples concrets et populaires afin d’ébranler les dogmes de la gauche. Les politiciens professionnels suivront avec le temps.

    • Macron a été élue sur un programme flou qui laissait penser qu’on pourrais tout faire et son contraire « en même temps ». Un vrai libéral ne pourra pas avoir ce type de discourt populiste donc sa tâche sera beaucoup plus difficile. macron n’est qu’un populiste du centre qui a jouer sur son age, une tête de gendre idéale et la disqualification de tous les autre candidats pour réussir.

      • @ Laurent
        Pas d’accord! Vous n’êtes pas « obligé d’aimer » E.Macron mais il n’est pas très honnête de ne pas reconnaitre « son pari impossible » comme un succès!

        Il a, je crois, l’intention de gouverner, bien plus que son prédécesseur et de réformer, et se voit plus en Ch.De Gaulle, qu’en Fr.Hollande bis. On verra bien si il cède « à la rue », ce qui m’étonnerait, mais si c’est le cas, je suis prêt à remettre mon point de vue en cause!

        Sinon, il ne s’est jamais dit « libéral »!

  • Non ,c’est impossible , avec la mondialisation personne n’a intérêt à ce que la France soit libérale.il fallait le devenir après la libération, maintenant c’est trop tard.

    • Comme dit le proverbe il n’est jamais trop tard pour bien faire. il n’y a pas d’exemple au monde de pays ayant choisi la liberté même tardivement pour qui cela n’a pas été favorable. Bien sur il y aura des perdants (les fonctionnaires évidemment) mais pour l’immense majorité cela représentera un grand pas en avant.

    • @ reactitude
      Quand vous dites « personne n’a intérêt à ce que la France soit libérale », vous voulez dire aucun Français?

      Ils vivent tous d’avantages et d’inconvénients, suivant leurs degré de recherches en droits et devoirs! C’est bien cela (la socialisation de la société) qu’il faut changer pour aller vers un libéralisme: avec autant « d’allocataires » et de fonctionnaires, bonne chance!

  • C’est tout le système monétaire international qui a été privatisé depuis une centaine d’années, et c’est le cartel qui le dirige qui fait et défait les lois au gré de ses intérêts. Cher auteur de cet article, rendez vous service en prenant conscience du fait que vous attaquez un des derniers contre-pouvoir à la main-mise de ceux qui avancent à mots-couverts en faveur de leurs intérêts et qui sont prêts à mettre à bas tout ce qui va à son encontre, l’Etat compris, quoi qu’on puisse penser de lui, y compris et à juste titre en mal. Les générations de libéraux se suivent et leurs illusions se ressemblent. Toujours. Signé : un ancien libéral.

  • Je ne crois sincèrement pas possible l’émergence d’un parti libéral en France. Les gens sont trop à côté de la plaque pour en comprendre le sens, l’intérêt, et la vertu. A cela, il faut rajouter l’activisme des parasites en place qui n’ont de cesse que de déformer la réalité. Un nouveau mouvement qui ne serait pas socialiste, et vous avez toute la panoplie de discours anti ultra libéral, anti facho, anti raciste, etc. Ce pays est simplement foutu. Trop de gens se complaisent dans ce système qui consiste à ce que quelqu’un d’autre bosse à leur place. Trop de gens ne voient pas cette réalité. Trop de gens n’envisagent pas d’autre réalité. Marianne porte un collier de tiques bien juteux autour du cou et elle se pavane comme s’il s’agissait d’une rivière de diamants.

  • E Macron n’a pas été élu pour réformer et encore moins pour changer le système. Il a été élu pour maintenir le système à flot. Pour cela les « réformes » se feront à la marge. Or, pour redresser la France ce sont des réformes qui touchent aux fondements même de cet état socialiste. La première , car elle conditionne l’avenir:réformer l’éducation nationale en donnant le chèque scolaire qui permettra aux parent de choisir la meilleure école, le meilleur établissement. Remettre la sélection en place pour permettre une meilleure orientation des enfants. La Suisse est un modèle, s’en inspirer. Laisser les directeurs recruter leur équipe. Etc., Etc. Privatiser tout ce qui peut l’être(Renault, EDF, les aéroports, les ports, Air France, Etc.)Libéraliser le rail en mettant la SNCF en concurence.Revoir le code du travail tel qu’il existe en Suisse. Mettre en concurence le sécurité sociale. Permettre la retraite par capitalisation. Supprimer les régimes spéciaux et laisser une part de retraite par capitalisation (voir le Chili). Supprimer le statut de la fonction publique. Faire élire les juges (tous à gauche) par les citoyens.Fermer l’ENA et l’école Nationale de la magistrature. Les libéraux peuvent se mettre d’accord sur un tel programme en l’étalant sur deux ou trois mandats. Mais reste le problème de l’immigration massive sur lequel les libertaires ne veulent pas de changement, contrairement aux conservateurs qui veulent y mettre fin. Tout cela pour dire que je ne vois pas dans un pays où les libéraux et la droite sont ultra minoritaires comment parvenir au pouvoir. Seule une crise énorme pourrait secouer l’édifice socialiste. Aucun régime socialiste profond comme en France, n’a été mis en cause à la suite d’élections. Seul un effondrement peut amener un autre régime. Or, le système actuel peut perdurer longtemps.

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