La gestion active est morte ! Vive la gestion active !

La gestion active telle que nous la connaissons aujourd’hui va disparaître car elle doit se transformer. Elle doit prendre ses distances au plus vite avec l’univers des ETF au risque de se faire phagocyter.

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La gestion active est morte ! Vive la gestion active !

Publié le 23 septembre 2017
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Par Régis Yancovici.

Il y a des disparitions dont il faut se réjouir en tant qu’investisseur. Le succès croissant des ETF, ces fonds indiciels cotés et peu coûteux, transforme profondément le paysage de la gestion.

Il s’agit véritablement d’une révolution dont nous ne mesurons pas encore toutes les conséquences. La gestion dite « active » promet de faire mieux qu’un indice de référence en utilisant diverses méthodes basées sur la macro-économie, une connaissance approfondie des entreprises, l’analyse graphique…

De son côté, les ETF promettent « simplement » une réplication quasi-parfaite d’un indice.

Évolution de l’offre ETF

On aurait pu imaginer que gestion active et passive cohabitent paisiblement. Si cela a été le cas avant la crise de 2008, ce ne l’est plus pour deux raisons. L’offre ETF a évolué ces dernières années. La couverture du marché est complète.

Pour ainsi dire, tous les indices, qu’ils soient larges ou pointus, ont un ou plusieurs ETF qui les « trackent ». Mais c’est surtout l’émergence du Smart Beta qui constitue une concurrence frontale pour la gestion active.

Les ETF Smart Beta permettent d’accéder à des styles de gestion, comme la « value » (sociétés sous-valorisées), le « momentum » (titres dont la dynamique haussière est forte)… de manière transparente et peu coûteuse. Elle constitue en réalité une systématisation du travail réalisé par un gérant de fonds actif qui d’une manière explicite ou implicite possède une exposition à un ou plusieurs de ces styles.

Victimes des avancées technologiques

L’ironie de la situation vient du fait que de nombreux gérants actifs cherchent à tirer profit des avancées technologiques, de l’automatisation pour créer de la performance. Ils en sont maintenant la victime.

Mais la gestion active a également sa part de responsabilité dans son déclin. Depuis les années 1980, elle s’est concentrée sur la performance relative à un indice plutôt qu’une performance raisonnable adaptée à l’investisseur.

Elle s’est focalisée sur la performance de court terme en sacrifiant, sans le vouloir, celle de long terme pourtant attendue par la plupart des investisseurs. Elle a alimenté une concurrence ridicule afin d’apparaître favorablement dans des classements scrutés fébrilement par des investisseurs ayant besoin de justifier leur choix. Elle s’est benchmarkée.

Collision des univers de la gestion

Afin de ne pas s’écarter des indices, elle s’est affadie. Enfin, elle a cherché à systématiser sa gestion. On peut le comprendre. Le meilleur moyen de convaincre un investisseur d’acheter une gestion active est qu’il pense que les bonnes performances passées ont été obtenues grâce à une méthodologie éprouvée et sont donc reproductibles.

C’est pourtant très rarement le cas. Les investisseurs oublient trop vite que « les performances passées ne sont pas garantes des performances à venir » comme le rappelle l’AMF (Autorité des Marchés Financiers).

Finalement, les deux univers de la gestion active et passive se sont rapprochés pour entrer en collision. Les frais élevés du premier et l’avantage de la cotation en continu du second ne laissent pas de doute sur l’issue du choc. Déjà, les alertes sont nombreuses.

Niveau d’alerte maximum

Aux États-Unis, la décollecte de la gestion active a dépassé les 1.000 milliards USD en 10 ans, alors que la gestion indicielle collectait 1.400 milliards USD. Le mois dernier, la société de gestion américaine Turner Investment (540M$ sous gestion) rachetait une société de gestion d’ETF (Elkhorn Capital Group) pour abandonner son activité historique de gestion active.

Cette semaine, Goldman Sachs lance une nouvelle gamme d’ETF Smart Beta dont les frais de gestion sont de 0.09 % (!), plus bas, même que de nombreux ETF classiques. Cela a incité Moody’s a considérer cette initiative comme un « événement de crédit négatif » pour les fonds de gestion active.

La gestion active telle que nous la connaissons aujourd’hui va disparaître car elle doit se transformer. Elle doit prendre ses distances au plus vite avec l’univers des ETF au risque de se faire phagocyter.

Il va lui falloir se différencier, retrouver un ADN fort et présenter des performances éloignées de celles des indices. Elle devra prendre le risque de décevoir l’investisseur pour le séduire de nouveau. Les investisseurs doivent le comprendre.

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  • Les ETF ont surtout l’avantage de faire pratiquement disparaître les frais et taxes sur les arbitrages. Le jour où ils auront tué la concurrence, les frais et taxes se reporteront sur les ETF dont les détenteurs seront piégés. Tout l’art est donc de prévoir quand les fiscs feront la rotation, et de préparer une alternative.

    • MichelO,
      Je ne partage pas votre regard.
      Le coût des arbitrages sur les ETF sont les mêmes que sur d’autres supports cotés.
      En revanche, ils ont des frais de gestion bien plus faibles que des OPCVM de gestion actives. Mais leur intérêt va bien au-delà.

  • Les commentaires sont fermés.

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