Brexit : l’apocalypse aura-t-elle vraiment lieu ?

Beaucoup d’idées fausses circulent sur le Brexit. En réalité, la prospérité d’un pays ne dépend pas de son appartenance ou non à l’Union européenne.

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Brexit by Duncan Hull(CC BY 2.0)

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Brexit : l’apocalypse aura-t-elle vraiment lieu ?

Publié le 3 septembre 2017
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Par Ferghane Azihari.

La décision d’une majorité d’électeurs britanniques de sortir de l’Union européenne (UE) a ouvert un nouveau front médiatique dans tous les pays européens. Partisans et opposants à l’UE s’affrontent depuis plus d’un an pour imposer dans les médias leur interprétation des conséquences politiques et économiques du Brexit.

Au Royaume-Uni, les partisans de Bruxelles avertissent que l’incapacité du gouvernement de Theresa May à sécuriser des liens étroits avec l’UE aboutirait à une catastrophe. Ces derniers espèrent secrètement susciter suffisamment de crainte et de regret chez les électeurs pour déclencher un nouveau référendum. Les sécessionnistes cherchent de leur côté à dissimuler l’asymétrie qui caractérise les négociations en cours ainsi que l’absence de stratégie cohérente du côté britannique tout en promettant que la sortie de l’Union européenne ne peut déboucher que sur des résultats positifs quoi qu’il arrive.

Le combat est sensiblement différent sur le continent. Les partisans de l’intégration politique du continent européen se plaisent à déceler partout des signes de ralentissement de l’économie britannique. Qu’importe d’ailleurs si celle-ci est en meilleure santé que la plupart des économies continentales, à commencer par celle de la France. Leur but est de faire du Royaume-Uni un exemple, et de convaincre les électeurs européens que les Britanniques sont en train de payer un lourd tribut afin d’éviter tout risque de « contagion ». Les mouvements eurosceptiques encouragent quant à eux leur pays à s’inspirer du Royaume-Uni et ont donc tout intérêt à embellir la situation alors que rien n’est encore joué.

Pourquoi la sortie du Royaume-Uni est insignifiante

Ces postures contradictoires ont le défaut commun d’accorder à l’Union européenne une influence trop importante sur la santé d’un pays. Les eurosceptiques imputent à Bruxelles la quasi-totalité des problèmes nationaux tandis que leurs adversaires clament au contraire que l’appartenance à l’Union européenne est une condition indispensable à la prospérité d’un pays. Malheureusement pour tout le monde, la question de la bonne ou de la mauvaise santé d’un pays ne dépend pas de son appartenance à l’Union européenne.

L’essentiel des facteurs politiques qui conditionnent le succès ou l’échec d’une économie sont encore largement nationaux. L’État-nation reste – qu’on le veuille ou non – l’acteur principal de l’économie. C’est lui qui détient principalement le pouvoir de réglementer et de taxer. C’est donc lui qui détermine si une économie croît ou décline selon la qualité de ses politiques publiques. C’est pourquoi il existe, dans la Zone euro, des économies en bonne santé (Luxembourg) et en mauvaise santé (Grèce) tout comme il existe à l’extérieur de l’Union européenne des économies performantes (Suisse) ou déclinantes (Russie).

La sortie du Royaume-Uni ne signifie donc pas grand-chose pour la santé de l’économie britannique. Tout dépend en réalité de la future stratégie du gouvernement. Theresa May va-t-elle profiter de la sortie de l’UE pour embrasser une politique économique plus libérale et ouverte aux échanges internationaux ?

Ou va-t-elle, au contraire, multiplier les concessions à la frange xénophobe de l’électorat anti-européen, en émettant davantage de restrictions commerciales contre les travailleurs et les opérateurs étrangers ? Le premier scénario serait économiquement favorable tandis que le second précipiterait le Royaume-Uni vers le déclin.

Quelle stratégie post-Brexit pour le Royaume-Uni ?

Le Royaume-Uni se dirige-t-il vraiment vers le protectionnisme ? Rien n’est encore certain. Beaucoup de commentateurs assimilent la sortie de l’Union européenne à la volonté de se couper des échanges internationaux. Cette interprétation, très populaire dans la presse française, est cependant erronée et interprète les controverses britanniques à la lumière des querelles hexagonales sur les questions européennes.

Une telle assimilation est trompeuse. Il existe très peu de similitudes entre le traitement britannique et français des enjeux européens. Au Royaume-Uni, les bénéfices du libre-échange et de la mondialisation sont généralement admis. Les principales formations politiques que sont le parti travailliste et le parti conservateur ont déjà fait savoir qu’ils ne souhaitaient pas réintroduire de nouvelles barrières commerciales. Il en va presque de même pour le parti UKIP si l’on fait abstraction des politiques migratoires.

Reste à savoir si ce programme sera effectivement mis en oeuvre. Theresa May semble en effet vouloir conditionner une politique libre-échangiste à la conclusion d’accords commerciaux au lieu de mettre en oeuvre une stratégie d’ouverture unilatérale. Compte tenu de la volonté d’un certain nombre d’États de rendre le divorce coûteux sur le plan politique et commercial de la lenteur habituelle des négociations commerciales, la mise en oeuvre du slogan de Theresa May, Global Britain, n’est certainement pas pour demain.

Pour plus d’informations de ce genre, c’est ici.

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  • ils veulent quitter l’Europe.. .pas de problème. .
    DE toute manière ils n’ont jamais adhéré sauf pour les avantages…tournons la page …

    • Ah bon? Parce que les français eux n’ont pas adhéré pour les avantages? La Grande Bretagne a été à l’origine de l’industrialisation de l’Europe, et du monde. C’est un pays essentiel auquel nous devons l’invention des droits de l’homme, de la démocratie moderne et du libéralisme! C’est plutôt la France le boulet de l’Europe, qu’elle met en danger avec sa dette lorsque les taux seront remontés!

      • @ Virgile

        L’article qui se pique de mettre en lumières des idées fausses commence très mal en livrant une vision 100% française de la situation:
        – « majorité d’électeurs britanniques »: bon ce n’était pas 2/3!
        – « nouveau front médiatique »: c’est vite dit, en France, un peu, et depuis longtemps; chez quelques apprentis tyrans, à l’est, c’est possible, pour les autres pays c’est bien moins évident!
        – « Partisans et opposants à l’UE s’affrontent » Où ça?
        – « pour imposer dans les médias leur interprétation des conséquences politiques et économiques du Brexit »: Ah bon? Premières nouvelles! Dans la plupart des pays, on en est plutôt à une construction européenne plus rapide, surtout politiquement pour mieux assumer la compétition économique mondiale, la France restant un boulet à ce sujet!
        – « l’incapacité du gouvernement de Theresa May à sécuriser des liens étroits avec l’UE aboutirait à une catastrophe » : aux Britanniques à se débrouiller pour leur avenir, l’U.E. protégera l’intérêt de ses pays membres!
        – « Les sécessionnistes (quel terme! des « sudistes »?) cherchent de leur côté à dissimuler (???) l’asymétrie qui caractérise les négociations en cours ainsi que l’absence de stratégie cohérente du côté britannique tout en promettant que la sortie de l’Union européenne ne peut déboucher que sur des résultats positifs quoi qu’il arrive » (audacieux!)

        • « Qu’importe d’ailleurs si celle-ci (= économie britannique) est en meilleure santé que la plupart des économies continentales, à commencer par celle de la France » : la France est évidemment le contre-exemple européen, en rupture avec les courbes économiques européennes!
          – « faire du Royaume-Uni un exemple, et de convaincre les électeurs européens que les Britanniques sont en train de payer un lourd tribut afin d’éviter tout risque de « contagion » » : vous connaissez d’autres pays tentés?
          – « Les mouvements eurosceptiques encouragent quant à eux leur pays à s’inspirer du Royaume-Uni et ont donc tout intérêt à embellir la situation alors que rien n’est encore joué » : sans doute mais qui et où?
          – « Ces postures contradictoires ont le défaut commun d’accorder à l’Union européenne une influence trop importante sur la santé d’un pays »: de fait, l’U.E. n’est pas un pouvoir « en soi », ce sont bien les relations entre pays dans l’U.E. qui aide ou pas l’économie de chacun d’eux avec les facilités construites ensemble.
          – « Les eurosceptiques imputent à Bruxelles la quasi-totalité des problèmes nationaux »: c’est typiquement français de faire de « Bruxelles » ce bouc-émissaire facile déchargeant la France de toutes ses irresponsabiltés! Tenter d’imposer à d’autres votre « Lumière » indispensable aux barbares répandus dans l’Univers, est un mythe franco-français qu’un étranger brosse dans le sens du poil quand il va vous demander ce que vous ne pourrez plus lui refuser sans démériter face à ce mythe! C’est devenu un classique!
          – « L’essentiel des facteurs politiques qui conditionnent le succès ou l’échec d’une économie sont encore largement nationaux. L’État-nation reste – qu’on le veuille ou non – l’acteur principal de l’économie »: Ben oui: l’excellence de l’outil n’aidera jamais l’ouvrier qui ne sait comment s’en servir judicieusement!

          Et donc, personne n’a intérêt à ce que le Royaume Britannique s’écroule mais hors U.E., l’U.E. n’aura pas le souci de sa « santé », si elle n’y trouve aucun intérêt! Normal, non?

  • Bonne analyse, avec beaucoup d’objectivité, nous attendons de voir si nos bureaucrates de Bruxelles sont plus enclin à faire avancer le reste de l’Europe ou à punir les anglais.

    • @ crunch
      « objectivité »: cfr ci-dessus;
      « Les bureaucrates de Bruxelles » (moins nombreux qu’à Paris 34 000, à Bruxelles, 55 000 à Paris)
      Et non! Punir Londres et la Grande Bretagne n’est pas un objectif, se faire rouler dans la farine non plus!

      Votre conception de l’Union Européenne est un peu simpliste!

  • Il y a tout de même un fait, c’est que la manie réglementaire de l’UE cause des problèmes à l’économie des pays membres. Sans cette réglementation délirante la croissance serait moins atone!

  • Si on résume l’article, quitter l’UE n’est pas catastrophique mais quitter le marché unique l’est. Dans ce cas, rester dans l’UE est le meilleur accord possible et le peuple britannique n’est pas dupe, ils ne partiront pas. Pour mes amis français, j’ai un lien intéressant et instructif qui montre que l’UE n’a rien à cacher.
    http://ec.europa.eu/budget/index_fr.cfm

  • oui … toutefois il faut ausi rappeler que le brexit est une transition…qui, un peu comme un déménagement , coûte cher pour diverses raisons..
    Imaginons que ça ne change pas grand chose… ça aurait couté quand m^me..

    • @ jacques lemiere

      La Grande Bretagne n’a jamais été un pays-membre « normal » ou en tout cas « banal » de l’ Union Européenne mais par contre une véritable emmerdeuse, strictement intéressée et opportuniste, comme d’habitude de « my money back » au refus de participer à l’ €, en freinant à mort sur toute intégration politique: la Grande Bretagne est « out », tant mieux: elle ne manquera pas, vu son jeu « à la carte », pas fiable et trop proche et obéissante, des U.S.A.

      Comment se passera la rupture: on verra bien! Ce sera un compromis, forcément. Personne n’aura intérêt à ne pas trouver de solution même si ça démangera les Britanniques d’abandonner le navire sans payer leurs dettes, comme d’habitude, en bon commerçant pas vraiment « libéraux »!

  • Je ne lis pas dans le marc de café mais je ne pense pas que cela aura des conséquences sérieuses sur l’avenir de la GB de ne plus être dans le marché unique UE. Les Pays de l’AELE-EFTA ne s’en portent pas plus mal ; la preuve ! Asselineau s’explique sur la sortie de lUE … https://www.youtube.com/watch?v=FJOoEivCqg8&t=5s

    • L’AELE, organisme à la base crée par la Grande Bretagne dans une vaine tentative de concurrencer l’UE, qui a perdu plus de la moitié de ses membres depuis sa création et ne compte plus que trois membres. Ceux-ci sont tous associés à l’Union Européenne et sont membres du marché commun et à ce titre cotisent au budget européen, reconnaissent la libre circulation des ressortissants européens et appliquent l’essentiel des normes UE.
      Si les Britanniques veulent ce statut, ils seront accueillis à bras ouvertes, puisque cela revient à faire comme avant, mais sans droit de véto.

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