La jeunesse, victime de l’État-providence

La jeunesse fait l’objet de toutes les attentions de l’État. Résultat, le tirage au sort pour accéder à l’université, le chômage massif des jeunes, et une liberté culturelle sous surveillance.

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La jeunesse, victime de l’État-providence

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 24 août 2017
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Un article de l’IREF.

La jeunesse fait l’objet de toutes les attentions de l’État : tout bachelier a accès à l’université, tout est fait pour favoriser les emplois jeunes et, dernière mesure en date, un Pass culture. Résultat de cette bienveillance de l’État : le tirage au sort pour accéder à l’université et le chômage massif des jeunes. Quant au Pass culture, va-t-il réellement permettre le libre choix ou faudra-t-il se plier aux priorités étatiques ?

Permettre l’accès de tous à l’université conduit au tirage au sort

Les hommes de l’État utilisent les techniques de l’État-Providence pour manifester leur intérêt pour la jeunesse. Mais il faut se méfier des cadeaux de l’État. « Timeo Danaos et dona ferrentes », « Je crains les Grecs, même quand ils font des cadeaux » : les jeunes devraient retenir la leçon du cheval de Troie. Un exemple à la Une de l’actualité cette année concerne l’accès de tout bachelier à l’université. Tout bachelier « a droit » à faire les études supérieures de son choix.

Ce cadeau est empoisonné. Tout le monde n’est pas apte à faire n’importe quelles études ; le taux de réussite des bacheliers de certaines filières est quasi-nul à l’université. Cela se traduit par un échec majoritaire au cours de la licence, d’où un surcoût pour le contribuable ; ceux qui ont été induits en erreur deviennent aigris. En outre, certaines filières n’ont pas de capacité d’accueil suffisante, d’où un tirage au sort des heureux élus. Le piège des largesses étatiques s’est refermé sur eux.

Certes, il est question pour l’an prochain de multiplier les incitations et de conseiller des prérequis, l’important étant de ne pas prononcer le mot tabou de sélection. Tant que l’on n’osera pas, par démagogie, recruter les étudiants sur des critères de compétence, le « cadeau » de l’accès pour tous restera empoisonné.

Les emplois aidés conduisent au chômage

Un autre exemple de l’État « bienveillant » est fourni par le marché de l’emploi. Tous les gouvernements affirment leur priorité pour l’emploi des jeunes. Mais aux « meilleures conditions », donc pas question de déroger au SMIC, même pour ceux qui n’ont ni formation, ni expérience. Or, à ce tarif-là, beaucoup d’entreprises n’embauchent pas ces jeunes.

Qu’à cela ne tienne, l’État providence veille. D’où la mise en place d’emplois aidés, de contrats d’insertion, d’emplois d’avenir et autres emplois-jeunes, dont le vrai coût est masqué par l’aide de l’État, donc du contribuable, et qui concernent souvent le secteur non marchand : faux prix du travail ou faux emplois suivant les cas !

Le résultat est ruineux, mais surtout il ne résout en rien durablement l’emploi des jeunes. Tous les pays qui pratiquent cette politique ont un sur-chômage des jeunes, en France comme dans le sud de l’Europe. Le taux de chômage des jeunes est en moyenne de 18,7 % dans la zone euro (le double de celui de l’ensemble de la population active, 9,1 %). Il est de 21,4 % en France, de 39,2 % en Espagne, de 35,4 % en Italie ou de 23,4 % au Portugal. Ce taux très élevé diminue dans les pays qui font des réformes, comme l’Espagne, et beaucoup moins dans un pays comme la France, qui multiplie pourtant les emplois aidés.

En revanche, les pays qui favorisent l’alternance et privilégient la liberté du marché du travail, comme l’Allemagne, ont un taux de chômage des jeunes au plus bas (6,7 %). Vouloir masquer le chômage par les emplois aidés ou prétendre qu’un jeune sans formation peut être payé au même niveau que les autres revient à exclure ces jeunes du marché du travail et à accroître le chômage. Faut-il être surpris, quand on préfère l’assistanat au lieu d’inciter les jeunes à travailler et à se prendre en charge.

Le Pass Culture accroît la dette que les jeunes devront rembourser

Le Pass culture, annoncé en août par la ministre de la Culture pour 2018, obéit-il à la même logique ? 500 euros, distribués à tous les jeunes le jour de leurs 18 ans, pour favoriser leur accès à la culture. L’intention est louable. On peut cependant s’interroger sur l’opportunité d’une telle mesure, à un moment où la dette publique est au plus haut et où l’urgence est de réduire les dépenses : 400 millions, ce n’est pas rien. Comment réduire le déficit avec des dépenses nouvelles ? Comme toute dépense supplémentaire creuse les déficits, donc la dette, on transfère sur la génération qu’on prétend aider le coût de la dépense, qu’il leur faudra combler au moment de rembourser la dette. Faire des cadeaux aux jeunes en leur envoyant la facture des années après est peu convaincant.

Le Pass Culture ne donne pas de liberté si l’État, par ses subventions, fixe les priorités culturelles

Sur le fond, à quelle logique obéit cette mesure ? Aider les jeunes à accéder à la culture, mais quelle culture ? En France, elle est largement financée par l’État, qui choisit ce qu’il veut soutenir. Il contribue à créer l’offre, selon ses propres critères, puis, par le Pass culture, prétend donner aux jeunes une liberté de choix, qu’il a lui-même limité par les aides publiques à la culture. Le ministère, qui n’a pas arrêté encore les détails de la mesure, envisage aussi d’orienter les jeunes dans la « bonne direction » (celle fixée par le ministère) en les obligeant à choisir un autre domaine que celui qu’ils auraient choisi en premier. Le ministère parle d’un équilibre à trouver entre les choix individuels et la nécessité d’une diversification des achats. Une liberté bien surveillée donc !

Certains pays, comme les États-Unis, obéissent à une logique différente : pas de ministère de la Culture, mais un financement essentiellement assuré par des fondations. Le Pass culture pourrait avoir un sens si, comme dans les techniques de bon scolaire, le choix était totalement libre, le ministère cessant de subventionner l’offre directement : les choix libres des « clients » détermineraient les priorités. Sinon, on a le risque d’une culture d’État… Mais il est peu probable que ce gouvernement se désengage de son aide directe à l’offre culturelle.

Ajouter un Pass culture à l’aide publique aux institutions culturelles est contradictoire, car on prétend offrir une liberté dans un domaine où l’État affiche ses propres priorités. Commençons donc à libérer la culture de l’emprise des choix arbitraires des bureaucrates, et on pourra s’interroger ensuite sur la nécessité d’un Pass culture.


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  • L’État choisit ce qu’il veut soutenir,
    L’État affiche ses propres priorités… C’est le chemin le plus court vers la pensée unique.

  • Article intéressant, merci.

    Il manque toutefois un élément important selon moi, la dette:
    Qui va devoir rembourser un jour les montants colossaux empruntés chaque année par l’Etat? La jeunesse, victime de l’Etat providence donc.

  • Tous ces avantages pourraient être accordés sous forme de prêts remboursables. Ca ne coûterait que quelques % au contribuable, et la sortie du système d’aides actuel qu’on y gagnerait vaut bien ces quelques %. On pourrait même faire valoir aux socialistes qu’en obligeant les jeunes à rembourser quand ils veulent quitter le pays, on éviterait de voir nos richesses partir avec eux.

  • Les emplois « aidés » ne coulent pas, hélas ! que les jeunes. Intéressant qu’Edouard Philippe en prenne soudain conscience. Cela fait tout de même trente ans que ces sous-emplois existent sous divers acronymes, et qu’ils ont façonné un lumpen-proletariat dont il n’y a pas lieu de s’honorer. Réaction sidérante des syndicats, qu’on attendrait sur le terrain de la revendication contre la précarité, les mi-temps subis, les sous-salaires, l’exclusion sociale et les processus de marginalisation engendrés par ces contrats de travail jetables. Normal ! Leur clientèle, les fonctionnaires, s’accommodent très bien de ces sous-salariés sous-payés à faire leur boulot harassant. Et les maires puisent ainsi une main d’oeuvre pas chère qui leur permet de tricher sur le taux de chômage de leurs communes.
    Dommage qu’on ne demande jamais leur avis aux principaux intéressés…

  • Le tirage au sort dans les universités vient de ce que l’on « donne » le bac à trop d’incapables qui devraient être en apprentissage. Avec une notation honnête, il y aurait plein de places vides dans nos unviersités.

  • Une citation latine (même éculée) demande une orthographe correcte : « ferentes » avec un seul « r ».
    😉

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