Le numérique au service du développement

Grâce à la numérisation, les citoyens ordinaires et les pays pauvres ont l’occasion de lancer leur propre développement intrinsèque au lieu d’attendre d’être «invités» par les pays développés.

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Le numérique au service du développement

Publié le 19 août 2017
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Par James Shikwati.
Un article de Libre Afrique

Le développement est présenté comme étant un monopole de la sphère-Nord. En conséquence, si le Sud, en particulier l’Afrique voulait en profiter, il faudrait qu’elle y soit d’abord invitée. Cette approche a donné lieu à un certain état d’esprit chez les experts, cartels et monopoles internationaux, favorisant les récits apocalyptiques au sujet de l’Afrique.

La bonne nouvelle vient de la numérisation ; ce processus de déplacement du monde physique dans le cyberespace perturbe ces anciennes notions et permet aux acteurs du monde entier de s’engager de manière proactive dans les marchés déjà établis. Le Kenya est un tel pays en Afrique qui a su bien mobiliser la numérisation pour stimuler son économie.

Le secteur informel au Kenya

Le Kenya et, par extension, les pays d’Afrique subsaharienne se développent sur une large base d’activités économiques informelles et une mince couche du secteur formel. Le secteur informel du Kenya est vaste et dynamique et représente 95% des entreprises opérant dans le pays.

Le pays bénéficie d’environ 7,4 millions de micros, petites et moyennes entreprises, avec seulement 20% (1,56 million) autorisées à opérer officiellement. La vaste base informelle offre seulement des possibilités au développement du sous-emploi et de l’affaiblissement de la productivité car elle contribue à moins de 25% du produit intérieur brut du pays.

Les plateformes de numérisation offertes par Internet et par les téléphones portables ont toutefois débloqué le potentiel du secteur informel qui, autrement, serait resté invisible et non bancable.

Rôle des plateformes numériques

Ce secteur bénéficie désormais de plateformes mobiles comme le M-PESA utilisé par 31 millions de Kenyans (58% de la population adulte du Kenya) grâce à ses 144 000 agents répartis dans tout le pays. On estime que 25% des flux de PIB du Kenya passe via les plateformes d’argent mobiles numériques.

Les plateformes de numériques ont permis au gouvernement du Kenya d’élargir sa mobilisation des ressources intérieures par l’intermédiaire de l’I-Tax gérée par Kenya Revenue Authority.

Le Trésor public du Kenya a levé 5 millions de USD grâce à une obligation d’infrastructure appelée M-Akiba («Akiba» est le mot équivalent en Kiswahili pour épargner) qui permet aux Kenyans ordinaires d’acheter des obligations d’État d’un montant de 30 USD.

Révolution dans le secteur bancaire

La plateforme M-Akiba a révolutionné le secteur bancaire en permettant aux citoyens ordinaires d’acheter directement des obligations d’État qui rapportent 10% d’intérêt sur les économies, rivalisant ainsi avec les systèmes bancaires traditionnels rigides. Par ailleurs, il est à noter que l’approche du gouvernement pour offrir et rendre compte de ses prestations de services aux citoyens a été également numérisée.

Grâce aux TIC, les innovateurs ont été rémunérés pour développer des applications qui répondent aux besoins de l’éducation, de la santé et de l’énergie. Il y a vingt ans, il fallait plusieurs mois pour relier les familles des zones rurales avec leurs homologues des zones urbaines.

Il fallait attendre à un terminal de bus en espérant tomber sur un proche afin d’envoyer de l’argent et des messages vers les zones les plus reculées. Grâce à la numérisation, cela est maintenant traité en quelques secondes.

Le rôle des TIC

Les blocs économiques régionaux de l’Afrique et l’ensemble du continent ont maintenant l’occasion de se connecter aux marchés pour une plus grande prospérité par les TIC.

Le monde numérique est en train de « dévorer » littéralement la réalité physique par la manipulation, la communication et le stockage de la réalité physique en chiffres ou morceaux binaires. Le monde numérique a créé une « jungle intelligente » analogue à une jungle africaine équatoriale typique avec ses menaces et ses opportunités.

Il faut avoir les outils et les connaissances de sécurité pour naviguer dans une jungle pleine d’animaux sauvages désireux d’avoir un repas. Les plateformes numériques telles que les moteurs de recherche et les médias sociaux offrent des menaces et des opportunités similaires nécessitant des compétences de navigation et des outils de sécurité.

Le monde du choix individuel

La capture et le stockage des cyber-empreintes des individus révolutionnent le monde du choix individuel puisqu’il relègue quelque peu le choix aux systèmes d’intelligence artificielle.

Ainsi, les TIC ouvrent de nombreuses opportunités aux pays en développement en les intégrant au marché avec la plus grande simplicité. Grâce à elles, les forces qui maintiennent les pauvres dans une posture de domination sont rompues.

Les forces telles que les croyances culturelles (en particulier celles concernant les femmes) ; l’impunité et le mauvais environnement juridique ; les régimes de droits de propriété ; la faible gouvernance ; les relations sociales et les systèmes commerciaux et financiers mondiaux favorisant les chaînes de valeur établies sont perturbés par un accès accru aux opportunités via la numérisation.

Grâce à la numérisation, les citoyens ordinaires et les pays pauvres ont l’occasion de lancer leur propre développement intrinsèque au lieu d’attendre d’être «invités» par les pays développés.

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Créer un compte Tous les commentaires (1)
  • « Le développement est présenté comme étant un monopole de la sphère-Nord. »

    Le développement est un fait résultant d’une évolution interne, pas d’une décision déléguée à des tiers extérieurs. Personne d’extérieur ne décide de développer un pays ou pas.
    C’est bizarre ce besoin de s’affirmer en tapant sur les autres.

    Sinon, d’accord sur le fait que c’est une belle opportunité pour l’Afrique, et à pas cher, tout comme pour la santé.

  • Les commentaires sont fermés.

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