La France et l’Italie rattrapées par leurs dettes publiques

L’Italie et bientôt la France sont rattrapées par leurs dettes publiques. La dernière entourloupe monétaire qui mijote pour reculer la faillite est la « monnaie fiscale ».

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La France et l’Italie rattrapées par leurs dettes publiques

Publié le 14 août 2017
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Par Simone Wapler.

« Nous faisons le compte-rendu d’une conférence importante sur l’avenir de la dette italienne qui s’est tenue hier à Rome et a fait la une de l’actualité italienne ce matin ». Eurointelligence, 4 juillet 2017.

Dans cette note, Eurointelligence se pose la question de savoir si l’Italie se dirige vers une restructuration de sa dette. C’est une première qu’un Parlement européen tienne une discussion sur ce sujet et sur la compatibilité avec l’euro d’une dette publique trop lourde.

Entre autres thèmes débattus, celui d’une « monnaie fiscale » : des coupons émis par l’État italien que les gens pourraient utiliser en paiement de leurs impôts. C’est une mesure sur laquelle avait travaillé en son temps Yanis Varoufakis.

Je sais que beaucoup de gens considèrent Yanis Varoufakis comme un génie de la finance et se pâment sur ses écrits. Pour ma part, je le considère – pour bien avoir étudié ses actions – comme un manipulateur retors.

La « monnaie fiscale » n’est pas une solution à la dette mais permet d’enfumer encore un peu plus longtemps. Rappelons que la seule solution, quand on dépense trop et que les dettes s’accumulent, consiste à dépenser moins.

Comme nous allons probablement entendre de plus en plus parler de « monnaie fiscale », voici les principes de cette nouvelle panacée monétaire.

D’abord une définition par les promoteurs de la monnaie fiscale :

« Toute créance, privée ou publique, que l’État accepte de détenteurs pour les décharger de leurs obligations fiscales, soit sous la forme d’une remise d’impôt ou pour régler (payer) l’État.

La monnaie fiscale n’est pas une monnaie à cours légal et peut ne pas être convertie comme monnaie à cours légal par l’État. Cependant, elle est négociable, transférable à des tiers et s’échange sur le marché. » « Fiscal Money » to End the Unending Crisis, Biagio Bossone and Marco Cattaneo1.

Perplexe, cher lecteur ? Je vous comprends. Moi aussi.

Pour mieux comprendre, vous devez adopter la mentalité dominante des défenseurs de ce genre d’idée : la monnaie ne peut être QUE crédit (dette).

La monnaie n’est jamais marchandise, ou encore – horreur et abomination – de l’or ou de l’argent. Ce serait beaucoup trop contraignant. Car voyez-vous, la dette peut s’émettre en quantité illimitée ; tant que les gens croient qu’elle sera un jour remboursée, ils l’acceptent.

La monnaie n’est QUE dette et la meilleure monnaie est celle qu’émet l’État. La reconnaissance de dette d’un État est supérieure à toute autre monnaie pour la simple et unique raison que l’État a comme garant les contribuables et qu’il peut faire usage de la « violence légale » pour les faire payer.

Si, vous, vous vouliez émettre des dettes en quantité illimitée, il faudrait bien vous trouver de sources de revenus illimitées et avouez que c’est difficile… Mais pour l’État (qui ne veut que notre bien) ce n’est pas un problème.

La « monnaie fiscale » est donc une monnaie que l’État émet pour le règlement des impôts en parallèle avec la monnaie qui a actuellement cours, l’euro.

Vous voyez dans cette définition que l’État « accepte » cette monnaie de « détenteurs » qui ont à acquitter des impôts.

Mais c’est l’État qui a émis cette monnaie ! Comment les détenteurs l’ont-ils donc obtenue en premier lieu ?

Si vous reformulez, l’arnaque devient plus claire : l’État paye en « monnaie fiscale » mais vous avez aussi le droit de le payer (ou de payer quelqu’un d’autre) en « monnaie fiscale ».

Reprenons :

Lorsque l’État doit payer quelque chose à quelqu’un, il émet sa monnaie fiscale.

Par exemple, votre entreprise qui a fourni un service à l’État reçoit de la monnaie fiscale plutôt qu’un règlement en euro. Ensuite, si votre entreprise doit payer l’État, ou l’URSSAF, ou l’assurance-maladie des employés… elle le règle avec cette monnaie fiscale.

Autre exemple : vous recevez une prestation sociale (votre pension de retraite ou une indemnité de chômage) en monnaie fiscale et vous allez payer vos impôts sur le revenu avec cette monnaie fiscale.

Comme vous le voyez, cela résout un problème épineux : l’émission de monnaie fiscale est laissée à la libre appréciation du gouvernement émetteur. Gageons donc que des tombereaux de monnaie fiscale circuleront. Les gens voudront s’en débarrasser au plus vite.

Exercice pratique pour tout simplifier : remplacez dans le paragraphe ci-dessus monnaie fiscale par monnaie de singe.

Aujourd’hui, l’Italie, ou la Grèce sont dans l’Europe comme l’Illinois ou Porto Rico dans les Etats-Unis : des États sans possibilité de création monétaire illimitée, des États à qui la faillite par hyperinflation est interdite.

Mais la monnaie fiscale permet d’y arriver. Youpiiii.

Aujourd’hui :

  • Le système bancaire italien est insolvable ;
  • Le taux de chômage des jeunes est de 37 % ;
  • La dette de l’État italien représente 130 % du PIB de l’Italie ;
  • La « croissance » de l’économie italienne est de 1,2 % (croissance bidon par des dépenses publiques non-financées) ;
  • La Banque centrale européenne rachète la dette d’État italienne.

Comme vous le voyez la « monnaie fiscale » permet de résoudre élégamment le dernier point !

Mais je ne voudrais pas donner l’impression d’être europhobe ou de tirer à boulets rouges sur l’Italie ou Varoufakis.

En France aussi, la dette va nous rattraper malgré notre président marcheur-parleur.

À moins que nous n’ayons pour vocation à devenir un pays communiste, l’État ne possède pas le PIB d’un pays.

Exprimer la dette publique en fonction du PIB est donc une tromperie.

L’État dispose de recettes fiscales (nos impôts).

Le déficit doit donc s’exprimer en proportion de la recette fiscale.

Dans notre douce France, pays de l’art de vivre au modèle social que le monde nous envie mais que personne ne copie, les chiffres sont les suivants pour 2016 :

Recettes nettes fiscales (2016) : 284,1 Md€ déficit (2016) : 75,9 Md€ Déficit : 26,7 %

Pour 2017, les chiffres ne sont pas encore définitivement arrêtés.

Recettes nettes fiscales (prévisions) : 292,3 Md€ Déficit (revu par la Cour des comptes) : 78,3 Md€ Déficit : 26,8 %

Attention… Respirez un bon coup… En marche !

Cette présentation plus honnête vous permet de constater qu’il faudrait augmenter nos impôts de plus de 26 % pour avoir un budget équilibré.

L’autre solution serait évidemment d’avoir un débat approfondi sur les dépenses publiques, leur justification, leur bien-fondé et dans quoi sabrer d’abord.

Pour le moment nous n’avons que des belles paroles sur l’amélioration de l’efficacité de l’État concernant ceci ou cela par des bricolages.

Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici

  1.  Biagio Bossone est consultant financier à l’international et président du Groupe de Lecce sur la gouvernance financière mondiale. Marco Cattaneo, président de CPI Private Equity, travaille dans le private equity et les transactions de crédit structuré, en tant que conseiller et investisseur principal.
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  • Ou le retour du système de Law, des assignats etc.
    Décidemment, l’histoire bégaye.

  • « Rappelons que la seule solution, quand on dépense trop et que les dettes s’accumulent, consiste à dépenser moins. » – Si l’etat ne payer pas des interets sur ces « emprunts » (comme « avant l’eu ») et on augmentait les taxes sur les gros benefices qui filent actuellement vers panama et londres etc, pour les hyper riches – il me semble qu’il y a au moins deux solutions…

    • Ce n’est pas parce que l’Etat taxera plus qu’il depensera moins.

    • Les gros bénéfices fuient car ils sont spoliés en France! Lorsque les impôts sont outranciers, le contribuable fuit ou dépense moins, ce qui ralenti l’économie, donc la création de richesse, augmente le chômage ce qui augmente les frais d’indemnisation! Bref perdant-perdant. Mais nos abrutis de français sont incapables de comprendre un raisonnement aussi simple! Ils préfèrent accuser les riches de fuir.

    • Et pourquoi ils filent vers des cieux plus cléments ?
      Probablement parce-que qu’à l’autre extrême des soit disant « paradis fiscaux » il y à aussi des enfers fiscaux.
      dont la France qui, il faut peut-être le rappeler est en seconde position de ces derniers.

    • En gros, vous aimeriez des barbelés aux frontières :mrgreen:

      • Sur le modèle des checkpoint-Charlie.

        • Quand on parle fiscalité et concurrence fiscale, il y a toujours un gauchiste qui se croit inventif en refaisant le mur de Berlin tout en critiquand le le mur de Trump. Des lumières ces cocos vous dis-je…

    • Si l’Etat cesse de payer des interets les preteurs cesseront de prêter. Étant donné que l’Etat dépense 26% de plus que ce qu’il prélève c’est la faillite quasi immédiate. Les fonctionnaires ne sont plus payés bonjour la pagaille…

    • Et d’une ce n’est pas depuis l’UE que l’état paie des intérêts sur sa dette mais depuis qu’il est en déficit depuis 1974.

      Ce que vous ne paieriez pas en intérêts, vous le paieriez en dévaluation : il y a 60 ans 1CHF≈1FF et maintenant 1CHF≈1€≈6.50FF.
      La dévaluation n’arrange que ceux qui ont des dettes et elle appauvrit le peuple : cf le Zimbabwe, le Venezuela ou l’Argentine.

  • pour l’instant , les dépenses publiques , macron s’en fout ; il est en vacance , et puis sa principale préoccupation c’est de déréguler le marché du travail ; En clair , moi qui n’est aucune connaissance du métier de kiné , rien ou presque ne m’interdira de pratiquer ce métier …..; vous voulez être charcutier ? coiffeur ? plus besoin de diplôme ; beau merdier en perspective ….et pendant ce temps , la dette……..

    • Le marché régulera : un coiffeur dont chaque cliente ressort avec un coupe mulet teinte en vert ne fera pas commerce longtemps.

    • Et pourtant votre garagiste n’a pas besoin de diplôme pour s’installer… et personne n’en meurt. Le diplôme est un protectionnisme que défendent ceux qui sont dans la place pour empêcher les autres d’entrer… et vous, vous les aidez !

  • La monnaie fiscale ou monnaie régalienne est une vieille idée …. libérale : Celle de récuser le monopole de l’Etat en matière monétaire.

    Elle découle de l’analyse que toutes les crises économiques et monétaires sont dues à l’implication de l’Etat : il est impossible de faire cohabiter dans une seule monnaie la circulation de dettes (l’activite économique) et la génération de crédits (l’activité de l’Etat)

    L’Etat n’a pas d’argent, il ne peut en aucune façon contracter des dettes, n’ayant aucun revenu ou actif : il ne peut que taxer d’une façon ou d’une autre : maintenant ou plus tard : c’est à dire émettre des crédits : de la monnaie marchandise.

    • @ Stéphane Boulots
      Oui, enfin, la monnaie fiscale est une monnaie-papier, adossée à une autre monnaie-papier (l’€) adossé à « la confiance »: Good Luck! (Sans compter que l’inflation nous pend au nez et derrière, la récession! Achetez, achetez! Tout bien réel et durable vaut plus que votre compte en banque!)

      • Non justement, l’idée est de ne pas lier la monnaie fiscale et l’euro. Il est clair que cette monnaie sera inflationniste pour les pays ne maitrisant pas leur budget.

        • Forcément puisqu’il y aura 2 monnaies, une juste potable, et une de singe.

        • @ Stéphane Boulots
          La monnaie fiscale sera bien libellée dans « une devise », donc en €. Vous parlez des « pays ne maitrisant pas leur budget »: Italie, Grèce élargissement à la France. Qu’en pense la BCE et les pays partenaires qui se sont assainis?

          • @mikylux

            Non, la devise seea nationale et donc differente de l’euro.

            Les gauchistes maintiennent que comme cette devise sera « meilleure » que l’euro, c’est en gros une sortie de l’Etat de l’euro.

  • Monnaie fis… fis… monnaie quoi ❓

    Ah oui, monnaie fistale : ce mot semble prendre en fRance 🙂

    • Fisc, de fiscus, panier percé de jonc ou d’osier, qui donne aussi faisselle, un récipient à parois percées de trous.

      Tout un symbole 🙂

  • 248 milliards de recettes et un budget national voté, ce qui est permis de claquer donc, à 1200 milliards l’année dernière. Soit 4.22 fois plus que ce que leur rentrée d’argent. Des escrocs.

    La « Monnaie fiscale » vaut donc autant que du P.Q. Pour le moment, le P.Q n’est pas notre monnaie nationale.

    • A mon avis, si Méluche passe en 2022, il vaudra mieux faire un gros stock de PQ rapidement 🙂

      • @MichelC
        Vu ce que nous prépare Macron, je pense qu’on peut commencer bientôt à stocker. A stocker comme pour un effondrement de la normalité.

  • Et ça c’est que les dépenses de l’Etat, mais il faut tout compter i.e les collectivités, la Sécu et d’autres machins. On arrive alors à quelque chose comme 1236 milliards pour les dépenses et 970 pour les rentrées donc il faut trouver dans les 266 milliards pour équilibrer (chiffres 2015). Facile. Remarquez : la proportion reste la même (environ 27% de déficit) donc toutes les administrations gèrent aussi bien.

  • l’état est à sec , mais les députés ne paieront plus de CSG sur leur frais de mandat ; cout pour l’état , donc nous , 16 millions d’euros ;

  • Pendant ce temps Natacha Polony l’ idiote utile du socialisme de droite accuse Airbnb de piller la France…http://www.lefigaro.fr/vox/economie/2017/08/11/31007-20170811ARTFIG00182-natacha-polony-airbnb-et-les-quarante-voleurs.php

  • la politique est l’art de chercher des ennuis,de les trouver,d’en donner un diagnostic erroné,puis d’appliquer les mauvais remèdes.
    SIR ERNEST BENN..

  • Juste une petite mise au point.
    Une créance peut bien être considérée comme une marchandise.
    La dette est bien une création monétaire très utile à l’économie. Aucun besoin d’État là-dedans. On peut parfaitement modéliser la dette et l’endettement en tant que création monétaire à partir d’un groupe de 10 personnes privées, l’un prêtant de l’argent aux autres à ses risques et périls.

    • @alcodu
      Cest là tout le problème : l’Etat n’a pas d’argent, il n’a que ce qu’on lui verse, qu’on lui confie. Il se sert de nous comme garant/caution, sans notre avis ni consentement.
      Une dette est utile si elle est remboursée au prêteur. Pour être une marchandise, il faut qu’il y ait échange gagnant entre les deux parties. Le but d’un prêteur est avant tout de récupérer sa « mise » et les intérêts. S’il ne récupère rien, il n’y a pas d’échange gagnant pour le prêteur. N’importe quel créancier ne prêterait plus d’argent à un mauvais payeur. D’ailleurs, l’Etat lui-même ne supporte pas les mauvais payeurs.

  • D’un autre côté, payer mes impôts en monnaie de singe, finalement, ça m’irait très bien 😉

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