Macron v. Mélenchon : LFI n’est pas LREM

LREM n’est pas LFI. L’une et l’autre sont inconciliables sur le fond et la forme. Le retour de la tradition et le rêve de l’inédit.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Mélenchon By: Blandine Le Cain - CC BY 2.0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Macron v. Mélenchon : LFI n’est pas LREM

Publié le 11 août 2017
- A +

Par Philippe Bilger.

Il y a des sigles qui sont devenus très vite familiers au citoyen.

La France insoumise (LFI) avec Jean-Luc Mélenchon, La République en Marche (LREM) avec Catherine Barbaroux et Richard Ferrand, dans le sillage du président Macron.

Pour opposer une majorité massive à une opposition minime, quantitativement parlant, le débat intellectuel et politique n’en est pas moins passionnant entre ces deux forces inégales.

Organisation et pluralisme

La vie démocratique confronte l’une et l’autre à une réflexion sur le plan de leur organisation et du respect de leur pluralisme. En gros comment faire pour que la hiérarchie n’écrase pas la base, que la liberté de celle-ci soit sauvegardée et que la bureaucratie et son appareil n’étouffent pas les promesses qui présidaient à leur création ?

Il est déjà intéressant de constater à quel point les démarches sont antagonistes.

LREM reste dans un registre classique et la fronde qui est née contre ses responsables concerne « un manque de démocratie » qui aurait dû imposer l’annulation du scrutin organisé, du 23 au 30 juillet, pour le vote des statuts.

Une trentaine d’adhérents regroupés dans le collectif « La démocratie en France » ont déposé un recours en référé à cette fin mais ils ont été déboutés par le tribunal de Créteil au motif qu’ils n’étaient pas fondés sur ce sujet à intervenir procéduralement ainsi.

En revanche ils ont obtenu gain de cause sur le délai de convocation aux membres, qui devait être d’au moins un mois et qui avait été réduit à quinze jours. De sorte que le vote électronique du 30 juillet devra être reporté à la mi-août.

Contestation interne

Cette contestation interne n’est pas négligeable mais elle relève d’un processus qui ne se rapporte pas au fond mais seulement à la forme.

Ce sont les modalités qui ont été mises en question et apparemment au sein de LREM la volonté d’associer tous les adhérents n’est pas allée jusqu’à imaginer une structure sortant de l’ordinaire, une décentralisation poussée et un partage du pouvoir.

Pour résumer schématiquement, nous sommes dans une configuration qui est redevenue traditionnelle, conservatrice, après une campagne présidentielle qui avait brillé par son originalité, son quadrillage à la fois spontané et efficace de la France et la qualité improvisée de ses réseaux.

Pensée collective pour LFI

Pour LFI, nous sommes à l’évidence dans un parti qui a pour ambition de se distinguer sur tous les plans, et d’abord celui de son organisation et de sa pensée collective.

Une approche en quelque sorte révolutionnaire dont le principal objectif est de tenter de casser les inévitables hiérarchies, la lente et fatale emprise des chefs sur les membres en élaborant un système qui laisserait le programme à l’abri de toute contestation, privilégierait les initiatives locales et individuelles et, comme l’explique Jean-Luc Mélenchon, « se soucie d’être inclusif et collectif davantage que formellement « démocratique » (Le Monde).

Frontalement, LREM et LFI manifestent à quel point leurs perspectives sont dissemblables.

« Conservatisme » et gauchisme

La première ne veut rien bouleverser et, après des espérances de renouveau, a retrouvé avec bonheur les chemins partisans usuels, y compris sur le plan parlementaire.

Les dissidences font peur et on craindrait, pour peu que surgisse une authentique et pertinente contradiction, le risque d’une débandade qui mettrait à mal le caporalisme destiné à valider à tout coup les projets de loi.

La seconde est attachée à une vision « gauchiste » et essaie de la traduire à l’Assemblée nationale par des discussions et délibérations internes, l’ostensible modestie d’un Jean-Luc Mélenchon et la mise en lumière de quelques députés qui, même célébrés, lisent leur texte quand leur chef, lui, n’en a pas besoin.

LFI, même dominée par le nombre, avec un FN effacé, est parvenue à exister face à LREM.

L’une et l’autre décidément inconciliables sur le fond et la forme. Le retour de la tradition et le rêve de l’inédit.

LREM n’est pas LFI.

Sur le web

Voir les commentaires (5)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (5)
  • Se prénommer  » La France insoumise  » est déjà un mensonge puisque dans ce parti ils sont tous soumis à une idéologie politique.

  • La France Insoumise … pour mieux la … soumettre ❗

  • Si les deux partis sont incompatibles. J’aimes pas LREM et Macron mais je trouve insultant de les comparer à Mélenchon et lFI. Mélenchon est un extrémiste dont s’il arrivait au pouvoir on pourrait sérieusement craindre pour la démocratie. S’il arrivait au pouvoir, il ruinerait la France et risquerait fortement de mettre en place un état autoritaire. Mélenchon a une sérieuse tendance à admirer les dictatures et régimes autoritaires (Venezuela, Cuba, Russie,…).
    Parlez à un électeur de LFI (qui ressemble plus à une secte qu’à un parti politique) et vous seriez effrayé par leur niveau d’ignorance.

  • Par bien des aspects LFI est plus proche du FN que de LREM. La politique est un fer de cheval les extrêmes ont énormément de similitudes.

  • Les positions ou les décisions collectives n’existent pas, et résultent du ralliement du groupe à l’avis d’un seul ou de quelques uns.
    L’abus d’une fiction n’en fait pas une vérité.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
7
Sauvegarder cet article

Notre nouveau et brillant Premier ministre se trouve propulsé à la tête d’un gouvernement chargé de gérer un pays qui s’est habitué à vivre au-dessus de ses moyens. Depuis une quarantaine d’années notre économie est à la peine et elle ne produit pas suffisamment de richesses pour satisfaire les besoins de la population : le pays, en conséquence, vit à crédit. Aussi, notre dette extérieure ne cesse-t-elle de croître et elle atteint maintenant un niveau qui inquiète les agences de notation. La tâche de notre Premier ministre est donc loin d’êtr... Poursuivre la lecture

Le fait pour un gouvernement de solliciter et d’obtenir la confiance de l'Assemblée contribue à la prévisibilité, la stabilité et la sincérité de l’action publique, et cela devrait être reconnu comme indispensable.

Le 30 janvier dernier, Gabriel Attal a prononcé son discours de politique générale, sans solliciter la confiance de l’Assemblée, avant qu’une motion de censure soit soumise, puis rejetée le 5 février. Le gouvernement Attal, comme le gouvernement Borne avant lui, a donc le droit d’exister, mais sans soutien de la chambre.

... Poursuivre la lecture
8
Sauvegarder cet article
« Je déteste tous les Français »

Le 3 février dernier, un immigré malien de 32 ans, Sagou Gouno Kassogue, a attaqué au couteau et blessé grièvement des passagers de la Gare de Lyon. Finalement maîtrisé par l’action conjuguée des passants, des agents de sécurité et des membres de la police ferroviaire, l’homme en garde à vue a été mis en examen pour tentative d’assassinat aggravée et violence avec armes aggravée.

Les premiers éléments de l’enquête dévoilés par le préfet de police de Paris révèlent les discours conspirationnistes d’un in... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles