Partir en vacances, pourquoi pas, mais pourquoi ?

En avril, vous devez déjà avoir bouclé sur internet vos vacances d’été, sous peine de n’avoir rien à dire à votre entourage. Pas facile quand on est indépendant…

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Partir en vacances, pourquoi pas, mais pourquoi ?

Publié le 12 août 2022
- A +

Par Gabrielle Dubois.

J’ai peur des conversations sur les vacances

Certains appréhendent Noël : revoir une famille avec laquelle on a un passé et un présent plein d’amour mais aussi de non-dits et de contentieux…

Moi, j’appréhende les conversations au sujet des vacances…

Il semblerait que l’on se doive de partir en vacances, activité stérile qui consiste à ramener cinq cents photos qui ont déjà été prises cinq millions de fois. Car si l’on ne part pas, c’est qu’on est soit trop pauvre (et quelle faute avons-nous commise pour l’être ?), soit un esprit dérangé qui ne voit pas l’intérêt de cumuler les destinations sur son passeport.

Personnellement, je suis un peu les deux.

 

Partir ou ne pas partir, là est la question

En février, le Français revient du ski. Malheur à celui qui n’a pas le nez rouge ou brun et la seyante marque blanche des grosses lunettes !

Vous voilà pris pour un pauvre, on vous fuit à toute jambe, sait-on jamais si cet état ne serait pas contagieux ?

Ou bien quelque envieux vous taxera de riche snob si vous affichez un décolleté joliment hâlé au bureau ; quelle chance avez-vous de pouvoir vous offrir des vacances au soleil d’une île paradisiaque ?

Mais surtout, surtout, n’avouez jamais que vous n’aimez pas le ski et que rien que l’idée de dévaler une pente habillé comme cosmonaute ou un lutin vous indiffère, voire vous déplaît totalement. Non, vous, vous avez préféré marcher sur une plage grise et déserte, sous un ciel plombé, à une heure de chez vous, et vous vous êtes régalé.

Malheur, dans ce pays, à l’électron libre qui assume ses choix !

 

Départ obligé sous peine d’étiquette antisociale

En avril, vous devez déjà avoir bouclé sur internet vos vacances d’été, sous peine de n’avoir rien à dire à votre entourage.

Seulement, quand on est un indépendant qui essaye tant bien que mal de boucler, non ses loisirs, mais son chiffre d’affaires, vacances.com ou voyages.com restent des illusions et il ne reste qu’à se rabattre sur entreprise.com. Mais ça, c’est une autre histoire !

On a quand même le droit de rêver et on lâche sans y penser : « Moi, j’irais volontiers en Écosse ! » Ne jamais, jamais, laisser échapper une telle phrase, car vos auditeurs entendent : « Je vais en Écosse. » Puis ils demandent quand vous partez, puis si vous en êtes déjà revenus !

Eux ont payé à l’avance leur voyage au Canada ou en Espagne, pourquoi pas vous ? Et comme vous n’avez toujours rien à annoncer pour vos vacances d’été, on hésite : êtes-vous un idiot incapable de s’offrir des vacances ou un antisocial ?

Il ne vous reste qu’une seule solution : disparaître, vous absenter des réseaux sociaux en juillet et en août, débarrasser votre ville de votre présence importune.

 

Comment on devrait partir

Mais si votre chiffre d’affaires bouclé le 30 juin vous permet quatre jours de vacances, ah, ça, bien que vous n’ayez rien préparé six mois à l’avance, vous êtes prêts ! À vous la montagne verte et bleue débarrassée des skieurs !

Vous voilà parti, voyageur vierge de toute émotion suggérée à l’avance par votre agent de voyage, de toute idée de chemin à avoir foulé de préférence parce que la vue sera belle au prochain virage.

Vous voilà parti, voyageur à l’esprit ouvert à tout ce qui viendra du dehors, beauté de la nature ou mœurs pittoresques.

Vous voilà parti, voyageur à l’humour assez fin pour rire d’une journée de pluie ou d’une phrase idiote que vous aurez tentée en langue étrangère.

Heureux vous partez en vacances de vous-même, laissant chez vous confort, habitudes, idées…

Heureux, vous ne partez pas en vacances : vous partez à la découverte d’autres lieux et d’autres gens, à la découverte de vous-même.

Gabrielle Dubois est écrivain. Vous pouvez la suivre ici

Article publié initialement le 10 août 2017

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  • en France , si tu n’as pas une rolex à 50 ans c’est que t’as raté ta vie ; en France si tu n’as pas réussi ta vie , tu n’es rien , et si tu pars pas en vacances c’est que tu es fauché ou anti social…..les rares fois ou je suis parti quelques jours , je n’ai rien préparé à l’avance , je suis parti sur un coup de tête et je suis toujours arrivée dans des endroits tout à fait charmant ; ça ce sont de vrai vavances ; partir à l’aventure …..

    • Pareil..
      De plus presque tout le monde part aux mêmes moments, aux mêmes endroits, pour faire les mêmes choses voire revoir les mêmes personnes. Bon ça va une fois ou deux mais perso ça me gonfle vite fait.

    • Je n’avais pas perçu qu’il existait des vraies et des fausses vacances.
      Peut-être une vision trop néo-libérale !

  • Vacances, vacance, vacuité ; Vide dans lequel s’engouffre des foules de moutons suivistes en veulerie bèlante et simultanéité attroupie.

  • J’avais 2 collègues de travail qui se haïssaient. Ils se sont retrouvés dans le même hôtel aux Baléares …

  • En France on adore penser que les autres vous jugent. Qu’ils vous méprisent si vous n’êtes pas riches.
    On a tort et raison à la fois.
    Raison car oui tout le monde passe son temps à juger les autres et à se demander comment les autres nous jugent.
    Tort car la faute impardonnable aujourd’hui en France c’est d’être riche et pire encore, si on l’est, de vivre luxueusement.

    Mais le vieux fond chrétien mal compris fait penser et dire que les fiches sont privilégiés et les pauvres discriminés.

    Avez vous jamais vu un endroit d’où les pauvres sont rejetés, ou on rejette ceux qui n’ont pas de Rolex ? (Je ne parle pas de milieux sociaux, c’est tout autre chose et tout riche que vous soyez on pourra vous repousser à l’ANF, quand un pauvre descendant d’un baron de Charlemagne sera accueilli à bras ouverts). Par contre les endroits où les riches ne sont pas bienvenus sont courants.

  • Excellente réflexion sur le matérialisme et la société de consommation de masse et des loisirs (qui n’ont rien à voir avec le capitalisme, ou le libéralisme bien au contraire mais sont issu de la sociale-démocratie) : en gros si vous avez certains moyens financiers mais que vous n’en profitez pas à fonds en produits de consommation débiles ou en vacances « à la modes » vous passez pour un timbré et êtes rejeté à la fois par les salariés « riches » qui ne comprennent pas que vous ne profitiez pas de votre argent, et les salariés « pauvres » qui vous reproche d' »amasser » : ….désolé mais une profession libérale n’a pas sa retraite payée par les autres, ça oblige à une certaine responsabilité…mais aller faire comprendre ça à la masse de salariés français totalement lobotomisée par des décennies de congés payés et de « sécurité sociale » et autres « acquis sociaux » !

  • De tous ceux qui n’ont rien à dire, les plus intéressants sont ceux qui se taisent.

  • Avatar
    jacques lemiere
    12 août 2022 at 8 h 05 min

    Je dois dire que je me sens obligé de préciser que je ne pars pas en vacances car je suis radin pas militant décroissant .

  • Mouais… Je ne ressens pas du tout cette pression. Dans quel milieu vit l’auteur ?
    En province, les gens partent moins en vacances que dans les grandes villes comme Paris, car on a déjà mer, montagne, ou campagne à proximité… Quant à répondre à la question de l’auteur :  » pourquoi ? » : Pour ma part, j’aime bien partir car on change notre routine et ça oxygène l’esprit !

  • Partir en vacances ? Moi, je VIENS en vacances, je retrouve les lieux et les amis de mon enfance, je refais le plein d’énergie pour être plus efficace ensuite. Ca n’est pas parce qu’on aime son boulot qu’on s’y sent chez soi comme dans la maison familiale…

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