Saint Fisc et Saint Keynes : les deux clés du Paradis

La Grèce est la preuve que dette publique et multiplicateur keynésien ne mènent pas au paradis économique mais à la faillite. Pourtant, l’expérience se prolonge.

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Saint Fisc et Saint Keynes : les deux clés du Paradis

Publié le 29 juillet 2017
- A +

Par Simone Wapler.

Cette semaine, la Grèce a réussi à emprunter 3 Mds€ sur cinq ans au taux de 4,625%. C’est une réussite selon les médias.

C’est exact. Qu’un pays notoirement corrompu, qui trafique sa comptabilité publique, qui est incapable d’équilibrer son budget et dont la dette n’a pas été honorée à trois reprises en six ans puisse trouver des prêteurs est vraiment une réussite.

Racheter de la dette

Pourquoi la Grèce emprunte-t-elle ?

Pour racheter de la vieille dette, nous indique Les Échos :

« Athènes souhaitait racheter les obligations émises en 2014, en échange de nouveaux titres de dette. Objectif : rallonger la maturité de sa dette en offrant des titres arrivant à échéance en 2019 contre des titres à échéance 2022. Et à un taux moindre. Il y a trois ans la Grèce avait emprunté à un rendement de 4,95% contre 4,625% mardi. »

C’est la classique cavalerie : on emprunte pour rembourser un emprunt. Quand les taux baissent, tout va bien… et comme les banques centrales œuvrent pour que les taux baissent, tout va bien.

Le multiplicateur keynésien

Mais pourquoi, initialement, un État s’endette-t-il au lieu de solliciter ses contribuables ?

Ah là là, malheureux ignare et mécréant… Vous ne connaissez pas le miracle de Saint Fisc et la multiplication selon Saint Keynes ?

Le miracle de Saint Fisc transforme de l’argent privé, laid et sale, acquis en exploitant des pauvres et des faibles, en bon argent public. L’argent privé est purifié lorsqu’il est pris par les hommes de l’État et devient argent public distribué par les hommes d’État.

L’escroquerie de l’intérêt commun

L’argent public est forcément bon car il est dépensé dans « l’intérêt commun ».

Cette manipulation des esprits portée à la hauteur d’un mythe est sans doute l’opération de subversion la plus réussie des 20 derniers siècles par les hommes de l’État. L’argent privé corrompt, l’argent public soulage. C’est pourtant rigoureusement le même, mais qui s’est transformé en se bonifiant par le miracle de Saint Fisc.

Théorie de la révolte fiscale – Enjeux et interprétation – Ou pourquoi la révolte fiscale n’aura pas lieu, Serge Schweitzer et Loïc Floury

Ce mythe, cher lecteur, est déjà, en soi, magistral. Le mythe fondateur du code d’Hammurabi – qui faisait du roi un dieu et instituait une classe d’esclaves – est, en comparaison, pipi de sphinx.

Le « miracle » keynésien

Mais ce mythe moderne fut encore raffiné par Saint Keynes. L’argent public crée plus de richesse que l’argent privé. C’est ce qu’on appelle le « multiplicateur keynésien ».

Si l’État investit 1 €, son retour sur investissement sera supérieur à celui des personnes privées.

Ainsi l’État n’est pas obligé de ponctionner violemment des contribuables. Il peut simplement emprunter puisque son retour sur investissement sera toujours positif. Tandis qu’un misérable entrepreneur isolé, poursuivant ses coupables intérêts égoïstes peut se tromper. Il peut faire faillite, son retour sur investissement peut être négatif.

Les keynésiens définissent le coefficient multiplicateur comme le rapport entre une variation des dépenses publiques et la variation consécutive du revenu global. C’est ce qui justifie les « politiques de relance » financées par l’emprunt.

Le multiplicateur keynésien repose aussi sur la croyance étrange selon laquelle « la consommation enrichit ». Si les gens ne consomment pas assez, il suffit de leur distribuer de l’argent (créé à partir de rien, pris à d’autres, emprunté, peu importe…) ce qui combattra dépression économique et chômage.

Hélas, hélas, les faits sont têtus même si les bricolages statistiques peuvent faire illusion un certain temps.

Ce graphique vous montre combien de dollars de dette publique il faut dépenser pour obtenir 1 $ d’accroissement du PIB de l’économie américaine.

En 2016, 3 $ de dette publique produisent seulement 1 $ de croissance…

Après 65 ans d’expérimentation on pourrait conclure que le concept de multiplicateur keynésien est de la foutaise, une escroquerie, erroné.

Mais de telles conclusions contrarient de nombreux intérêts. Ceux de la Parasitocratie. Chez nous en France, politique du logement, politique énergétique, TGV, politique industrielle… Comment voulez-vous financer tout cela si vous doutez des miracles de Saint Fisc et du multiplicateur de Keynes ?

Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici

 

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  • « You made my day ». Article oh combien salutaire dans ce monde où le mensonge est érigé en vérité d’évangile.
    De plus votre humour est décapant. Le « pipi de sphinx » est une trouvaille digne de Pierre Dac.
    Merci, Madame Wapler.

  • Sans illusions, uniquement de réalité, l’humanité pourrait elle vivre?

    • @ Pyrrhon
      À votre question, je répondrais: « non! ».
      La sagesse populaire dit que tant qu’il y a de l’espoir, il y a de la vie. Or aucun raisonnement ne peut justifier un espoir, sans devenir une exigence rationnelle!

      L’espoir concerne l’avenir que rien ne garantit, alors que la mort, comme nous le savons bien, nous attend tous!

      Un état peut emprunter à des taux moindres que ceux du marché car l’état est réputé ne pas faire faillite (Grèce incluse) alors que même votre propre banque utilisera vos dépôts avant de faire faillite: c’est aujourd’hui officiel au-delà, d’habitude, des 100 000 €, par personne physique ou morale, tous comptes confondus, garantis par votre état, sans doute!

      Les banques commerciales sont donc devenues moins fiables que les vendeurs de véhicules d’occasion, puisque maintenant, une assurance couvre habituellement l’achat 6 mois.

      Sinon, un état doit emprunter quand il construit, par exemple, un ouvrage d’art qui servira dans l’avenir tant aux professionnels plus facilement accessibles qu’aux privés pour facilité leurs déplacements.

      Le tout est que l’utilité soit évidente, le marché bien ficelé, le résultat effectif dans le temps et au prix convenu, et le capital remboursé grâce à l’amélioration économique provoquée.

      • Un autre miracle !

        /* Le tout est que l’utilité soit évidente, le marché bien ficelé, le résultat effectif dans le temps et au prix convenu, et le capital remboursé grâce à l’amélioration économique provoquée. */

        Un État (une mafia qui a rėussi) est par principe incapable de rivaliser en efficacité avec l’activité libre du secteur privé. Même en faisant abstraction de la corruption, même composé de saints altruistes, un État ne peut pas résoudre la question de la priorité de l’allocation des ressources car il est insensible au mécanisme de pertes et profit.
        Ce mécanisme est indispensable pour effectuef un classement rationnel de l’allocation des ressources.
        Les mauvaises allocations résultent en un gaspillage, puni par des pertes. Les bonnes allocations sont récompensées par un profit.
        La planification gouvernementale ne répondant qu’à des critères politiques et non économiques, la réponse pertes/profits est ignorée et seul un gaspillage peut en résulter.
        Ludwig Von Mises, The problem of economic calculation.
        Et c’est sans mentionner le noeud éthique de l’usage de la force.

        • @ Zer
          Je ne nie en rien la théorie libérale développée sur Contrepoints et basée souvent sur les meilleurs auteurs du genre. (Je garde ma critique, venant de la différence entre la théorie et la pratique dans la réalité pour une autre occasion.)

          Par contre, je nie l’utilisation de ces principes libéraux dans la pratique politique française actuelle comme chez la toute grande majorité de la population française actuelle!

          Vous pouvez le regretter mais la politique ne peut s’attendre à un changement rapide des mentalités, ni au niveau du pouvoir, ni à celui de la population.

          Il faut donc faire avec ce qui existe, en attendant!

          • Je ne suis pas résidant français, je ne peux commenter les détails.
            Mais quel que soit le pays, il est tout de même envisageable, et recommandé, d’orienter progressivement la politique dans le sens du relâchement de son emprise sur les populations.
            Réduire l’emprise de l’État, au lieu de l’agrandir. Sans révolution.
            On peut faire avec ce qui existe et comparer certains pays d’Amérique du Sud comme le Vénézuela et le Chili si l’on souhaite des données empiriques et une méthode pragmatique.
            Faire avec ce qui existe n’exonère pas de s’adosser à la théorie.

  • Bref ! La Grèce fait comme Madoff, elle paye les intérêts avec l’argent de nouveaux emprunts. Cela s’appelle de l’escroquerie, et nos journalistes économiquement incultes, d’ailleurs sur tous les plans, trouve cela merveilleux et présentent cela au public comme une panacée!

  • Les commentaires sont fermés.

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