Pour Macron, le retour sur Terre est douloureux

Jupiter tombe de l’Olympe, Macron tombe de son piédestal politique et médiatique après une suite d’erreurs politiques.

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Emmanuel Macron-Avril 2016 by Gongashan(CC BY-NC-ND 2.0)

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Pour Macron, le retour sur Terre est douloureux

Publié le 21 juillet 2017
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Par Marc Suivre.

« Cent dieux sont impuissants contre un seul Jupiter »
La Fontaine fable X du Livre XII L’écrevisse et sa fille

Comme pour Thomas Pesquet, le retour sur Terre d’Emmanuel Macron se fait dans la douleur. Finie l’ivresse de la douce apesanteur, dans laquelle baignait notre Président poupin depuis son élection, pourtant pas si triomphale, du 6 mai dernier. Afin de donner le change, le voilà qui se pousse du col et se donne des allures de Dieu.

Et pas n’importe lequel : Jupiter, rien de moins. Cependant, choisir une référence à la mythologie romaine n’est pas sans risque quand on porte le nom du premier traitre de l’histoire impériale. La Roche Tarpéienne est toujours proche du Capitole comme disaient les Tribuns.

Jupiter Chrysostome

Tout auréolé de sa victoire sur l’Hydre de l’Erne : la bête immonde au ventre aussi fécond que l’inventivité d’un Inspecteur des Finances en matière de création de nouvelles taxes, notre nouveau Dieu s’est choisi Jupiter pour symboliser son ambition.

Las, les choses ne sont jamais aussi simples qu’on les rêve ; les chemins de roses et les fleuves de miel peuvent soudain se transformer en ronciers et autres torrents de vinaigre.

Il faut dire que Jupiter n’est pas seul dans le Panthéon céleste. D’autres divinités interagissent avec son Auguste Majesté et elles ne sont pas toutes, tant s’en faut, subjuguées par sa plastique avantageuse et sa légende dorée sur tranche.

Tout avait pourtant bien commencé. Sa jeunesse et son profil grec, lui avaient valu les louanges des conteurs mystiques, ces lointains descendants d’Homère appelés aujourd’hui journalistes.

Les histrions ne tarissaient pas d’éloges sur leur nouveau héros, appelé à remplacer l’Odin méridional que s’étaient donné nos cousins d’outre-Atlantide, il y a de cela 8 ans. Il faut dire que la comparaison avec l’immonde Loki qui lui a succédé était des plus flatteuses, pour notre jeune Dieu.

Même le boulet œdipien qu’il se traîne à longueur de sommets internationaux paraissait ne pas lui peser. Comme si Junon/Rhéa s’effaçait devant la toute puissance et l’admiration qui irradiaient de la personne de son époux divin.

Sur la scène internationale on ne voyait que lui, reléguant les BouddhasVishnouThor et autre Shinto au rang de divinités subalternes. Il pouvait tout dire (et surtout les pires conneries), tout glissait sur lui comme l’eau sur les plumes d’un canard.

À l’instar de Midas, tout ce qu’il touchait se transformait en or… jusqu’à ce qu’il rencontre le principe de réalité.

Jupiter à terre

Et ce principe prit, justement, les traits peu avenants d’Herfioture, la bien nommée Valkyrie « qui paralyse le guerrier ». Sa voisine de l’est lui rappela aimablement, mais fermement qu’il convenait de respecter les critères du traité d’Épidaure, instaurant le sesterce unique que Saturne (Chronos) avait, en son temps, bien imprudemment signé.

Après les lendemains qui chantent, le temps des matins chagrins arrivait. C’est ainsi qu’Hermès, son ministre en charge de l’ager publicus (57 % du Produit Divin Brut, tout de même !) a commencé les manœuvres en vue de rogner sur les belles promesses qui n’engagent (comme chacun le sait) que ceux qui écoutent trop avidement la Pythie.

Notons que le « brave » homme est polyglotte et communie, aussi bien, dans le culte que dans la culture des rudes Valkyries. Culture qui, comme chacun le sait, est faite de rigueur et d’ascètisme budgétaire.

Flanqué de son acolyte en charge du fiscus publicus : Judas de Tourcoing, il fait régner la terreur dans l’Olympe et martyrise budgétairement les Dieux et demi-dieux qui le compose.

Issu du même ichor dont on fait les Titans de Bercy, Jupiter ne pouvait que céder aux chants langoureux des sirènes des Finances. De la lumière des trompettes de la gloire, il passa ainsi aux ombres des cymbales du renoncement.

Si bien qu’en campant la toute-puissance, le père des Dieux organisait en réalité son impuissance et bientôt son ridicule. Timeo Danaos et dona ferentes (Je crains les grecs et les présents qu’ils font), et sa presse homérique chérie se fit soudain l’écho des sombres protestations de Vulcain.

Jupiter minus

Le fabriquant des foudres de Jupiter se trouvait, en effet, fort marri par ses annonces de coupes budgétaires. Lui qui pensait avoir obtenu de son divin patron des assurances, si ce n’est de joyeuses libations à venir, du moins des jours plus fastes, se sentit d’un coup cocu (ce qui est une habitude très vulcanienne).

C’est que les besoins en fulgurances célestes sont, hélas légion (si l’on peut dire). Au sud de la Mare NostrumOum (Astarté, pas le dauphin), Moloch et les autres dieux sanguinaires s’agitent furieusement.

Les temps où le paisible Mithra faisait régner la Justice dans le croissant fertile sont bien loin. Il est temps de réagir vigoureusement et les prétoriens avaient cru pouvoir compter sur Jupiter après les Valls hésitations de l’ère Bacchus, pour ce faire.

Il faut dire que l’heure est grave, même les adeptes de  se mettent à venir jusque dans nos bras égorger nos fils et nos compagnes.

Ce n’est donc pas vraiment le moment de venir paraitre compter ses éclairs, comme un vulgaire pâtissier.

Le courroux du Dieu forgeron fut donc à la hauteur de sa réputation et c’est en des termes fleuris qu’il exprima son ire, devant une commission de quarts de dieux de l’Assemblée nationale.

Pour privée qu’elle fût, la charge n’en portât pas moins car la Presse moins servile qu’à l’accoutumée s’en emparât. La fureur de Jupiter fut à la mesure de son désarroi, prît qu’il fût en flagrant délit de mensonge.

Crucifiant le valeureux soldat sur la via Apia, il s’en fut, le 14 juillet, paradant comme un coq devant les soutiers de Vulcain, au plus grand amusement de Loki et Vénus qu’il avait conviés à venir admirer sa gloire et à qui il donnait maintenant, le spectacle de son ridicule.

Au final, ne trouvant pas de général pour remplacer VulcainJupiter se rabattit sur un centurion d’appareil, tout juste fait primipile.

Casser le thermomètre ne diminue pas la fièvre. Nos armées ne peuvent pas être les variables d’ajustement des réformes que l’énarchie ne veut pas entreprendre. On n’envoie pas des hommes au combat, en leur comptant chichement les moyens de le mener à son terme.

Point n’est besoin de paraître sanctifier les lanceurs d’alertes pour exécuter un chef militaire, dont le seul souci est celui de la sécurité de ses hommes. En agissant ainsi, Jupiter s’est déconsidéré auprès des troupes.

Et lorsque Macron perd le soutien des prétoriens, la chute n’est plus qu’une question de temps. La gestion prudentielle des privilèges de la Nobilitas ne peut se faire au détriment de la sécurité du Populus. Le fiscus publicus doit donner aux Légions le pouvoir de faire triompher leurs Aigles.

À défaut, Jupiter redeviendra Préfet et finira probablement comme Quintus Naevius Cordus Sutorius Macro, son célèbre homonyme de la fin du règne de Tibère. Et nous, nous hériterons de Caligula…

Sur le web

 

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  • Il n’ était pourtant guère très compliqué de s’apercevoir que Jupiter n’était qu’un Eole de vent mauvais

  • Je suis triste : Contrepoints verse de plus en plus dans l’antimacronisme primaire. Cet article n’a aucun intérêt, n’est même pas spirituel… Hélas, même Jupiter ne peut rien faire devant ce genre de fadaises !

    • Entre l’adoration et l’anti-macronisme il y a une marge, chère madame. Vous oubliez que nous sommes en démocratie où les abus de pouvoir sont interdits. Macron a bafoué en l’occurrence les pouvoirs du parlement qui se renseignait sur les conséquences de son revirement, alors qu’il avait promis de porter à 2% les budget militaire. De plus nous sommes des libéraux qui n’admettent pas le despotisme!

    • Un véritable chef ne se déclare pas comme tel.

  • sa plastique avantageuse…..j’ai ouï dire que quelques dames avait voté macron  » parce qu’il est jeune et qu’il est beau…….et qu’il sent bon le sable chaud hein pendant qu’on y est….il va sans dire que si l’élection d’un dirigeant s’apparente à un coucours de beauté notre jupiter n’est pas prête de déquaniller son divin postérieur du trône …..

  • Texte plutôt bien ciselé, alors que le « boulet oedipien » n’est probablement pas la moindre explication du comportement.

    Finira-t-on par plaindre le Jupiter déchu, s’il n’appuie pas un jour proche sur LE bouton, puisqu’il est aussi le chef du « bouton » ?

    Existe-t-il trois ou quatre graphologues français indépendants dans la mesure où cette science est sérieuse et quelque peu prédictive ?

    • texte qui se limite à une longue litanie de noms de divers dieux et dont je ne suis pas parvenu à lire la totalité.
      l’auteur est donc cultivé. mais, et alors ?
      mais je réponds sur la graphologie : ce n’est pas une science sérieuse, c’est une pseudo-science exercée par des charlatans.

  • Bof, j’ai eu mal aller jusqu’au bout, Contrepoints mérite mieux.

  • Quos vult perdere Jupiter dementat.
    « Pour privée qu’elle fût, la charge n’en portât[sic] pas moins car la Presse moins servile qu’à l’accoutumée s’en emparât[resic]. »

  • Juste pour dire que « Shinto » n’est pas le nom d’une divinité.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Shinto%C3%AFsme

  • Article jubilatoire surtout lorsque l’on a étudié la mythologie latine et/ou grecque ainsi que la mythologie germanique, ou encore que l’on aime Wagner! J’adore!

    • Mais moins jubilatoire quand on a étudié l’orthographe et la conjugaison :
      « Pour privée qu’elle fût, la charge n’en portât[sic] pas moins car la Presse moins servile qu’à l’accoutumée s’en emparât[sic]. La fureur de Jupiter fut à la mesure de son désarroi, prît[sic] qu’il fût[sic] en flagrant délit de mensonge. »

  • Article humoristique qui en rendra certains chagrin.
    Cela me remplit de joie 🙂

  • Bonjour, vous dites « La charge n’en portât pas moins car la presse s’en emparât, il fût prît en flagrant délit de mensonge ».

    Comme vous le savez, « QVOS PERDERE VVLT IVPITER DEMENTAT ». Et l’exquis Donald Trump énormément surexcité, déclare au new york times (((ennemi de l’Iraq et de la France))) qu’un million de parisiens se sont massés au Champ de Mars pour l’apercevoir à table au milieu des étoiles!?!?!?!?!?!? « SVNT SVPERIS SVA IVRA » conclurait Emmanuel……. Kant.

    • … … Kant qui le tenait d’Ovide qui le tenait de sources grecques, etc. « Les dieux ont leurs lois » qui les libèrent des lois réservées aux hommes ordinaires. Sauf que les hommes qui se prennent pour des dieux n’en sont pas et que les lois qu’ils nous imposent pour s’en affranchir les rendent illégitimes.
      D’où l’expression « Illegitimi non carborundum ».

      Merci à l’auteur pour son réjouissant article. Car, plutôt qu’en pleurer, nous préférons rire parfois de la farce qui se joue à la tête de notre pays pour le désarmer.
      D’où l’appel : « Aux armes, citoyens! », etc.
      Nous n’avons pas le choix de la guerre, mais celui des armes, et le rire en est une parmi d’autres.

  • Joli texte, mais je n’y ai rien compris. Mais ça ne devait pas être l’objectif…

  • Oui, bon. Tout ça pour dire que s’auto baptiser Jupiter, ça fait un peu péteux.

  • Article amusant.
    Depuis le début de l’aventure on nous tanne de « Jupiter » et « jupiterien » pour parler du Président Macron, preuve que les médias classiques suivent bien les directives de communication qu’on leur donne, et bien là nous avons un article qui pousse la comparaison ridicule jusqu’au bout.

    Oui cela peut paraître comme une litanie pénible, un étalage de culture, mais l’exercice n’est pas plus stupide que de comparer systématiquement notre président au Dieu des Dieux. Et pourtant c’est ce que font la plupart des médias sans que l’on voit le moindre commentaire d’article du genre « la comparaison entre Président Macron et Jupiter que vous faites dans l’article est totalement inappropriée ».

    Donc merci pour cet article qui nous renvoie le grotesque de la situation médiatique présente en pleine face. Et la comparaison à Bacchus est bien vue.

  • Les commentaires sont fermés.

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