Janet Yellen : « Il n’y aura plus de crise financière »

En prétendant qu’il n’y aura plus de crises financières, il se pourrait que Janet Yellen ne parle que de son bilan à la tête de la Réserve Fédérale américaine.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Janet Yellen by International Monetaru Fund(CC BY-NC-ND 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Janet Yellen : « Il n’y aura plus de crise financière »

Publié le 17 juillet 2017
- A +

Par Sébastien Laye.

Il est bon que le peuple ne comprenne pas notre système bancaire et monétaire, car si c’était le cas, je pense qu’il y aurait une révolution avant demain matin.

assénait en son temps Henry Ford. L’Histoire ne lui a pas donné raison cependant, tant s’en faut : héros des temps économiques modernes depuis le début de ce siècle, les banquiers centraux paraissent désormais ivres de leur propre pouvoir et de l’idée selon laquelle ils pourraient entraver la survenue de toute crise financière, ayant sauvé les économies mondiales d’une nouvelle Dépression et d’une déflation généralisée des actifs depuis 2008.

L’étonnante prédiction de Janet Yellen

Alors même que les doutes s’accumulent au sein de la communauté financière sur la solidité de ce redressement post crise de nos économies, et notamment sur les risques de bulles financières insoutenables sur fond de valorisations stratosphériques des actifs,  Janet Yellen s’est permis une surprenante prédiction il y a deux semaines à Londres (comme en écho aux déclarations triomphantes de Greenspan en 2000 et Bernanke en 2007, quelques mois avant des déflagrations financières) :

Irais-je jusqu’à dire qu’il n’y aura plus de crises financières ? Cela serait aller trop loin, mais nous sommes beaucoup plus en sécurité ; j’espère- et je pense- qu’il  n’y aura pas d’autres crises financières de nos existences.

Parlait-elle de sa propre existence (elle a 70 ans), de celle de son audience ? Chaque banquier central réitère une vision optimiste de son propre bilan au terme de sa mission (Janet Yellen ne devrait pas poursuivre un nouveau mandat en 2018) et on se souviendra à ce sujet du fameux Greenspan Put qui était censé juguler toute chute des marchés….

En effet peut être qu’il n’y aura pas dans le futur proche de crise similaire à celle de 1930 ou même de 2008 (encore que pour moi l’hypothèse non pas d’une nouvelle crise, mais d’un soubresaut de celle de 2008, artificiellement cautérisée par les banquiers centraux, est plausible au cours des deux prochaines années), mais au cours des trente dernières années on recense tout de même 11 épisodes de crise survenant avec une inévitable normalisation monétaire et une entrée en récession.

L’intervention risquée des autorités monétaires

En réalité, le désordre monétaire règne depuis la fin des années 1990. Incapables d’accepter la fin de l’hyper croissance de cette période, les autorités monétaires ont porté à bout de bras l’économie américaine après le 11 septembre, créant des bulles spéculatives en 2003-2007, puis depuis 2012.

Le problème vient de ce que les nécessaires normalisations monétaires concomitantes (hausse des taux et dans le cas actuel très particulier, fin des achats de titres financiers par les autorités monétaires) à des survalorisations des prix des actifs, loin d’entrainer de simples récessions, précipitent les crises de crédit et les épisodes de correction violente du prix des actifs (actions, obligations, immobiliers).

Là ou Janet Yellen voit une situation sous contrôle et maîtrisée, nombre d’économistes ne voient que neuf années de reflation qui ont permis d’éviter une déflation généralisée en 2008 et de croître à nouveau même sous un régime sous -optimal.

Mais à force de repousser l’inéluctable correction du prix des actifs, les banquiers centraux prennent le risque de manipuler les mécanismes naturels de découverte des prix des actifs, exposant ainsi le monde à un nouvel épisode de crise financière.  Chaque année qui s’écoule depuis 2015 nous expose à un risque croissant de choc financier, alors que cette période d’expansion sera la seconde la plus longue de l’après-guerre fin 2017.

Janet Yellen rassure sur son propre bilan

Il faut relire à ce sujet les travaux de l’économiste Minsky sur l’hypothèse d’instabilité financière comme état fondamental de nos économies modernes : Minsky montre comment les périodes d’apparente stabilité, quand les banquiers centraux pensent fournir le juste degré de liquidité au système économique, ne sont qu’illusions et masquent en réalité la multiplication des comportement spéculatifs et les prémisses d’un retournement violent : souvent la réalité de l’euphorie monétaire est exposée par un début de récession cyclique ou une hausse des taux.

En prétendant qu’il n’y aura plus de crises financières, il se pourrait que Janet Yellen n’ait voulu que tirer le bilan de son action à la tête de la Réserve Fédérale avant un départ ainsi pré-annoncé. Mais il se pourrait également qu’elle n’ait pas compris toutes les leçons de l’histoire économique des vingt dernières années.

Voir les commentaires (15)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (15)
  • Yelen est-elle autre chose qu’une marionnette ?

    La situation économico-financière planétaire est plus qu’alarmante, suicidaire. Et elle est ignorée de beaucoup … de gens supposés cultivés.

    Mais les quelques pour cents de Terriens qui possèdent plus de 90 % des richesses concrètes ou artificielles (fausse monnaie légale !) de la planète s’en sortiront, eux.

    Quoiqu’il en soit il n’y aurait plus – pour combien de temps ? – que VGE pour répondre devant la justice (qui ne mérite pas sa majuscule) de la trahison criminelle des intérêts de la partie pauvre croissante du peuple de France pour le moins avec le décret du 3 janvier 1973.

    • Le décret du 3 janvier 1973 permet aux banques de gratter le lingot, mais il n’est pas responsable de l’augmentation de la masse monétaire.

    • Vous devriez prendre des cours d’économie avant d’écrire! Ce sont les taux bas, les émissions démentes de monnaie, la dette des USA, de la Chine et de la France, la bulle de la bourse. Le décret ne concerne que l’or, donc rien à voir.

  • Elle a vraiment pondu cette ânerie ❓

  • Nous vivons dans un système ba

  • Nous vivons dans un système basé sur le crédit à taux quasi nul en raison de la politique des banques centrales. Ce système est favorable aux débiteurs (les Etats) et défavorable aux créanciers (les épargnants). Il serait temps que les banques centrales cessent d’intervenir aussi lourdement et laissent la marché déterminer les taux d’intérêt?

  • Votre article nous intéresse beaucoup … mais elle ment ! Il faut voir la politique non-stop du QE, que Draghi mène à la BCE, le comportement irresponsable de certaine grandes banques de l’UE – par exemple la Deutch Bank qui a des ennuis, possède 30 fois le budget de la communauté Européenne -… pour être inquiet pour nos petites économies !

  • nous savons bien que ces gens là sont dans le déni de la réalité ; et puis , vous la voyez aller claironner le contraire de ce qu’elle dit ? du moment qu’elle pense qu’il n’y aura plus de crise financière , on peut être certain qu’il y en aura une ; reste à savoir quand elle se déclenchera ;

  • Sauf que le génie Obama a doublé la dette américaine et hollande sérieusement aggravé celle de la France. Que la planche à billet continue de tourner, ce qui provoque une bulle boursière, qui va fatalement exploser tôt ou tard. Donc prenez garde et adopter des mesures pour sauver votre argent car la crise financière se rapproche!

    • @ Virgile
      Oui, mais non! Maintenant, la BCE achète les obligations d’états, états qui ne rembourseront leurs dettes que pour en créer de nouvelles (comme en France), sous forme d’obligations qui elles rapportent des intérêts, actuellement faibles, mais qui augmenteront, selon le bon-vouloir des mêmes banques centrales, raison pour laquelle, il est sain qu’un pays n’emprunte pas plus de 60% de son PIB annuel.

      Avant que la France ne rembourse sa dette, en fait, aux mains de la BCE, elle aura rapporté, par sa cascade d’obligations à taux divers (ils ne resteront pas à 0 très longtemps, plus en intérêts à taux divers, que le capital même! Donc c’est, en théorie, rentable, tant que la France ne peut fabriquer des € sans contrepartie!

      Les banques commerciales font de même: si A dépose 10 €, elle prête 100 €, avec un intérêt pas nul du tout et avec garantie!

      Pour finir, ce sont bien les citoyens qui paient tous ces jeux d’argent, sans consentement préalable sinon votre signature à votre banque!

      Oh vous ne devrez théoriquement plus payer des impôts pour renflouer les banques: ce seront les clients et leur confiance qui payeront (ou leurs dépôts en espèces ou en titres).

      C’est plus clair?

  • « Il est bon que le peuple ne comprenne pas notre système bancaire et monétaire, car si c’était le cas, je pense qu’il y aurait une révolution avant demain matin.

    assénait en son temps Henry Ford. L’Histoire ne lui a pas donné raison  »
    .
    il est vrai que de plus en plus de gens comprennent la création monétaire mais il n’est pas vrai, et de loin, que tout le monde comprend la création monétaire.
    Ceux qui la comprennent n’ont pas de raison matérielle de faire la révolution.

    A quand un système monétaire sain et durable ?

    • @ nibor
      À mon avis (et ce n’est que mon avis personnel) maintenant qu’on peut faire plus confiance aux vendeurs de voitures d’occasion (avec sélection, évidemment) puisqu’il y a au moins une assurance-garantie de 6 mois, en général, par contre, toute confiance dans une banque « commerciale » doit rester suspicieuse! Les banques ne sont plus crédibles! Quant à Mario Draghi, un Italien avec un visage pareil, …!

      • « Quant à Mario Draghi, un Italien avec un visage pareil, …! »
        Juste un homme parmi les hommes. Pas très intègre ou corrompu aurait suffit 😉
        .
        Par le truchement du vote, nous avons en théorie » le pouvoir » d’impulser pour un système monétaire sain et durable.
        Dans les faits, on connait la musique: vote à portée locale et non mondiale, représentants politiques corrompus ou ignorants ou impuissants dans le meilleurs des cas face à la masse ignorante ou corrompue.
        Ajoutez à cela la masse des votants, ignorante du système monétaire et bancaire, plus l’apathie ou la corruption de ceux qui le comprennent. =>Rien ne change.
        .
        Il faut être honnête, même moi qui suis révolté par le système bancaire et monétaire, isolé, sans représentant défendant cette révolte, pas le caractère à être moi même un représentant, qui ne suis pas à plaindre matériellement dans ce système bancaire et monétaire, me voilà un révolté apathique !
        Ma foi en l’homme et dans le progrès me fait espérer qu’une masse critique de gens conscients s’accroîtra et rendra le système bancaire et monétaire actuel insupportable aux yeux de tous.
        La prédiction d’ Henry Ford se réalisera. La révolution peut être douce, ce ne sont que des règles de jeu à changer, personne a mettre au bout d’une pique, même si l’envie taquine…
        .
        Ma ligne directrice, un monde sain et durable, condition sine qua non à l’épanouissement de la liberté, implique déjà d’être conscient de ce qui n’est pas sain et pas durable: une grosse responsabilité didactique de la part de ceux qui savent concernant le système bancaire et monétaire.

  • c’est exact il n’y aura plus de crise financiaire et comme l’a indiqué jacques attali ,il y aura une femme qui succedera a macron! il parlait bien sur de ..;; nabilla !

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
3
Sauvegarder cet article

Un article de Ryan McMaken

Selon l'indice Case-Shiller, les prix des logements ont augmenté de 44 % depuis février 2020. Il ne s'agit bien sûr que d'une moyenne, et certains marchés ont connu des augmentations de prix bien plus importantes. Toutefois, même sur les marchés immobiliers de l'Amérique moyenne, où les prix sont censés être plus raisonnables que sur les côtes, les prix ont grimpé en flèche.

À Cleveland, par exemple, l'indice a augmenté de 40 % depuis le début de 2020. Au cours de la même période, l'indice a augmenté ... Poursuivre la lecture

L’immigration génère des titres dans l’actualité en raison du passage d'une loi sur le sujet. Après débats, les deux tiers du Parlement ont voté pour la loi sur l’immigration… des mesures visant à resserrer les conditions d’entrée dans le pays.

L’arrivée de migrants occupe les gouvernements et les médias.

Geert Wilders, qui promet le blocage de l’immigration, prend le pouvoir aux Pays-Bas. Au Royaume-Uni, le Premier ministre, Rishi Sunak, a promis une campagne pour réduire le nombre d’immigrants de 300 000 par an. Et en Italie, ... Poursuivre la lecture

Un article de l'IREF.

En janvier dernier, dans un entretien accordé au Journal du Dimanche, le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, annonçait la fin du « quoi qu’il en coûte ».

L’examen parlementaire en cours des projets de loi de finances de fin de gestion pour 2023, et de loi de finances pour 2024 montrent à l’inverse que, loin d’être fini, le « quoi qu’il en coûte » se poursuit. Et ce en dépit d’un goulet d’étranglement appelé à se resserrer du fait de l’aggravation de la charge de la dette dans les prochai... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles