La France Insoumise veut-elle préserver le financement opaque des syndicats ?

Sous couvert de lutter pour l’indépendance syndicale, la France Insoumise tient à préserver un système opaque de financement.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Demonstration for a fiscal revolution by philippe leroyer(CC BY-NC-ND 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La France Insoumise veut-elle préserver le financement opaque des syndicats ?

Publié le 16 juillet 2017
- A +

Par Eric Verhaeghe.

Les ordonnances sur le Code du travail ont un mérite : elles abordent des sujets maintenus tabous jusqu’ici, comme le chèque syndical. Cette invention de Claude Bébéar, alors président d’Axa, visait à structurer le dialogue social en abondant le salaire par un montant équivalent à une cotisation syndicale. Libre au salarié de choisir le syndicat qu’il souhaite ainsi soutenir.

Dans l’esprit d’un Bébéar, il s’agissait d’encourager l’engagement syndical et de favoriser l’adhésion aux organisations. Les enjeux étaient bien connus : plutôt que d’avoir des syndicats croupions financés par des détournements de fonds ou des pratiques régulièrement contestées (notamment dans des comités d’entreprise comme Air France, EDF ou  la SNCF), mieux valaient des syndicats financés de façon transparente et au service d’une cause commune.

La France Insoumise et les magouilles syndicales

Selon un contresens complet dont seule la France Insoumise à le secret, Alexis Corbière, député mélenchoniste du 93 (par ailleurs attaqué sur sa domiciliation dans un logement social de la Ville de Paris), a produit de superbes post-vérités en expliquant que le chèque syndical… expliquait l’affaire UIMM.

Or, si le chèque syndical a vu le jour, c’est bien pour rendre inopérantes des pratiques comme celles de l’UIMM à l’époque. Si les employeurs versaient des sommes en liquide aux organisations syndicales, c’était en effet pour combler un déficit de financement par ailleurs. Pendant de nombreuses années, les patrons se sont engouffrés dans cette brèche pour mettre en balance la signature d’accords avec le financement des organisations.

Le chèque syndical permet précisément de sortir de ces pressions. Il assure aux organisations syndicales des financements décidés par les salariés sans intervention des employeurs.

Manifestement, sous couvert de lutter pour l’indépendance syndicale, la France Insoumise tient à préserver un système de magouilles où les employeurs peuvent faire pression sur les syndicats de salariés.

Sur le web

Voir les commentaires (7)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (7)
  • Il faudrait même aller plus loin, rendre obligatoire l’adhésion à un syndicat de son choix, et lier l’application d’une « avancée » à la signature du syndicat à un accord. Un syndiqué mécontent n’aurait pas comme seul choix d’en changer, mais aussi de participer à une action en justice contre « son » syndicat.
    Actuellement, un certain syndicat ne signe jamais un accord national, car ses adhérents bénéficient du travail positif fait par les « autres ».

  • Je ne comprends pas l’intérêt de cet article : L’auteur, que j’apprécie par ailleurs, découvre que nos syndicalistes ainsi que la France insoumise, ne sont qu’un ramassis de vieux marxistes bloqués dans les années 1970 et la lutte des classes. Nous ne sommes pas en Allemagne ou en Suède. Quand les « libéraux » français comprendront-ils que la France, pays latin, révolutionnaire (dans le mauvais sens du terme), jacobin et centralisateur est irréformable de manière pacifique ? !

  • Pourquoi nos entreprises déjà surimposées devraient en plus donner de l’argent pour que leurs salariés se syndiquent?! En France, on ne sait donc pas trouver de solution qui ne passe pas par un gaspillage supplémentaire d’argent (des autres) ?
    Il suffirait de supprimer tous les financements publiques directs ou indirects des syndicats. Ceux-ci n’auraient plus que les cotisations de leurs membres ou des dons ce qui les rendraient beaucoup plus à l’écoute des problèmes de la base.

  • Deux choses :
    Cet élu à un discours confus qui laisse présumer une clarté d’esprit absente et une idéologie absolue.
    Ensuite, un article de Loi qui,laisserait au salarié le choix de son syndicat aux frais de l’employeur est une monstruosité ! Si le salarié veut se syndiquer, où il veut, qu’il le fasse à ses propres frais, sans passer par la comptabilité de l’employeur. C’est une question de dignité et de responsabilité.
    Ah, une troisième chose : aucune obligation de se syndiquer ne peut être admissible : c’est une contrainte hors de propos pour l’essentiel des salariés français, d’autant plus que seules les 5 grandes centrales « représentatives » récupéreraient, j’en fais le pari, le « droit » à percevoir cette manne.
    Financement exclusif sur les cotisations, obligation de déposer les comptabilités auditées chaque année, et application stricte de la Loi de 1998 !

  • Eric, il est temps de prendre des vacances !

  • Bien sûr puisque on sait, le procès condamnant le PCF et le Comité d’entreprise d’EDF, aux mains de la CGT, pour détournement de fond, que les insoumis sont des corrompus qui vivent aux crochets des français, comme les autres partis!

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Par Patrick Aulnas.

Les cagnottes destinées à aider les grévistes font toujours la Une de l’actualité en cas de conflit de longue durée. Les interminables grèves de la SNCF et de la RATP de décembre 2019 n’échappent pas à la règle.

Ainsi, la CGT aurait recueilli plus d’un million d’euros de dons réalisés par presque 20 000 personnes. Ces chiffres apparaissant dans la presse sont à prendre avec d’infinies précautions. Personne ne connaît le mode de calcul ni la méthodologie de recueil de ces informations.

Ces cagnottes ne ... Poursuivre la lecture

Par Nicolas Lecaussin. Un article de l'Iref-Europe

Depuis le 1er janvier 2015, une contribution patronale aux organisations syndicales a été mise en place au taux de 0,016 %. Elle apparaît sur la fiche de paye et s'ajoute à la vingtaine d’autres charges patronales. Le gouvernement oblige donc les salariés du privé à financer des organisations syndicales qui non seulement ne les représentent pas mais, en plus, défendent les privilèges du secteur public et s’opposent systématiquement à la moindre tentative de ... Poursuivre la lecture

0
Sauvegarder cet article

Par Éric Verhaeghe.

[caption id="attachment_260038" align="aligncenter" width="640"] Pierre Gattaz by Cyril Attias(CC BY-NC-ND 2.0)[/caption]

 

Le 9 mai dernier, une opération de bonneteau sur le financement des syndicats a eu lieu, passée totalement inaperçue. Elle donne l’occasion de refaire un point sur l’état du sujet aujourd’hui.

Les syndicats avant la loi du 5 mars 2014

Jusqu’à la loi du 5 mars 2014, les organisations syndicales, qu’elles soient salariales ou patronales, se finançaient comment elles le p... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles