Emmanuel Macron, chef des armées low cost

Le chef de l’État assiste ce 14 juillet au défilé traditionnel de l’armée français en compagnie de Donald Trump. Seulement, l’annonce des coupes budgétaires écorne son image au point de voir le chef d’État major menacer de démissionner.

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Emmanuel Macron, chef des armées low cost

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 14 juillet 2017
- A +

Par Frédéric Mas.

Emmanuel Macron était attendu en matière de défense : dans le contexte de la lutte anti-terroriste, il avait dans un premier temps, par certaines déclarations et nominations, rassuré militaires et experts de la défense.

La promotion de Jean-Yves Le Drian semblait aller dans le bon sens, tant l’homme est respecté par son sérieux et sa réelle implication sur le terrain.

Les déclarations du nouveau président avaient aussi suscité l’espoir d’un abandon du néoconservatisme au sommet de l’État, cette aspiration d’une partie de la classe dirigeante à s’aligner systématiquement sur les positions étatsuniennes en matière de politique étrangère, quelqu’en soit le coût matériel, militaire et humain.

Emmanuel Macron n’avait pas lésiné sur la communication, n’hésitant pas à visiter et se faire prendre en photo à bord d’un sous-marin lanceur d’engins (SNLE).

La désinvolture d’Emmanuel Macron

Seulement, les paroles et les actes ne seront semble-t-il pas suivis d’effets. Les réseaux sociaux ont abondamment relayé le propos de Macron assimilant la lutte contre le terrorisme à celle contre le réchauffement climatique.

En posant l’équivalence entre les deux sujets, il a révélé auprès du public avec quelle désinvolture il allait traiter les deux sujets, finalement ravalés au rang d’éléments de communication publique.

Après avoir annoncé l’objectif d’un budget de défense augmenté à 2% du PIB d’ici 2025, Bercy vient d’annoncer que finalement, la baisse effective de 850 millions votée en 2017 par le parlement serait maintenue.

Ceci revient à faire payer aux armées le prix des OPEX au Sahel et au Levant, à les sous-financer et à laisser se dégrader un appareil militaire déjà malmené depuis des années, le tout en situation de guerre contre l’État islamique.

Ce double discours de l’Élysée appelle deux remarques, l’une générale, touchant aux activités régaliennes de l’État, l’autre plus circonstanciée, touchant à l’opportunité d’affadir notre puissance militaire aujourd’hui.

L’atteinte au régalien

Dans un État obèse, les incitations à croître viennent des clientèles démocratiques et des bureaucraties, qui agissent comme des groupes d’intérêt plus efficaces que tout élément extérieur à l’État lui-même.

Plus l’État s’estime légitime à intervenir en dehors de ses activités régaliennes, plus les sollicitations pour augmenter les budgets se multiplient et plus les incitations pour changer ses priorités pèsent.

Comme l’a observé Pierre Servent1, en France, la défense a été sacrifiée pour maintenir le modèle social en l’état.

Pour des arrangements politiciens à court-terme, nous sommes en train de sacrifier notre appareil de défense, tout comme nous négligeons les autres activités régaliennes, en particulier la police et la justice, qui passent bien après la sacro-sainte redistribution étatique et la protection sociale.

Mobiliser les réservistes pour des opérations du maintien de l’ordre, intégrer l’état d’urgence au droit commun au détriment du juge judiciaire, éviter de repenser la législation pénale ne sont en fait que des symptômes.

Cette mauvaise allocation des ressources, qui trouve son origine dans un État devenu léviathan jusqu’à perdre de vue ses missions essentielles, est beaucoup plus grave qu’une simple question de gestion des dépenses publiques.

L’effacement programmé de l’Otan

Mécaniquement, cet effacement de l’appareil militaire rend la France plus dépendante de son allié américain, et accentue son intégration stratégique au sein de l’Otan. Là où Macron était attendu pour sa rupture avec ses prédécesseurs, il fait du Sarkozy sous couvert de De Gaulle.

Seulement, la situation n’est pas la même. Donald Trump a exprimé plusieurs fois son désir de désengager les États-Unis de l’Europe, et donc de cornériser l’Otan pour effectuer des coupes budgétaires.

En d’autres termes, miser sur la puissance militaire de l’Otan au moment où son chef militaire semble vouloir la reléguer au musée n’apparaît pas comme une idée très brillante, pour parler par euphémisme.

À un moment où Donald Trump exhorte l’Europe entière à se doter d’un appareil militaire moins dépendant du Grand Frère américain, Bercy en profite pour s’amarrer plus encore à son dispositif militaire présent sur le sol américain.

Bien entendu, les dépenses publiques doivent être maîtrisées, et il faut rendre à la société civile les libertés que l’État central s’est octroyé.

Seulement, les arbitrages budgétaires de Bercy, qui négligent le régalien au profit des plus gros bénéficiaires de notre modèle social finissant, reflètent l’ambition réformiste très low cost du gouvernement actuel.

 

  1. Pierre Servent, Extension du domaine de la guerre, Ed Robert Laffont, 2016.
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  • Qui a scié les barreaux de l’échelle sur laquelle Macron à grimpé? François Hollande! L’exigence de Bercy est idiote, mais il appartient aux politiques de trouver une solution. Une souscription nationale, comme notre histoire en a connu quelques exemples, serai un début de solution.

  • macron veut le rétablissement du service militaire ; cout : entre 2 à 10 millards d’euro par an ; bonjour les économies…….

  • Diminuer le budget publicitaire de notre industrie militaire n’est pas forcément une mauvaise chose

  • Une armée effectivement nécessaire.

    Mais si tu veux la paix, ne sois pas le complice de ceux qui gagnent déjà ne serait-ce que beaucoup de sous avec la guerre souvent motivée par la volonté de continuer à contrôler les puits de pétrole.

    En étant actionnaires des usines d’armements, des sociétés de prêts de mercenaires, voire des entreprises de reconstruction de ce que leurs armes ont détruit.

    • Encore une énorme stupidité. Il est inutile de contrôler les puits de pétrole quand il suffit d’acheter le pétrole aux producteurs, qui ont besoin d’argent. Ils sont dépendant de leurs clients, lesquels ont un vaste choix de pays producteurs!

  • Tout ça pour avoir trois bonnes guerres socialistes.
    La première avec l’ennemi extérieur connu des français de souche seulement, mais pas des élites boboisants parisiens.
    La deuxième, avec la 5 ème colonne présente sur tout le territoire de la métropole, ainsi qu’en Allemagne, ainsi qu’en Belgique, ainsi qu’en Hollande, ainsi qu’en Angleterre.
    On n’avait pas de pétrole, mais on avait la bombe qu’ils disaient.
    Et bientôt, on aura plus de bombes, elles seront « transféraient discrètement » aux « européens de Bruxelles » et on n’aura plus d’or, puisque Jupiter sera obligé de « recevoir » le FMI et la CE à sa table pour négocier son budget insincère.
    Donc, une troisième guerre financière comme d’habitude avec les socialistes.
    Et après, on s’étonnera des votes populaires patriotes.

    • Français de souche ? C’est quoi ? À combien de quartiers de francisation peut-être être qualifié de français de souche ? Un parent français ? Les deux ? Et eux-mêmes…?

  • Mr Macron ne peut faire comme s’il n’était pas au courant de l’état de la France en fin de quinquennat « Hollande ». A défaut cela signifie qu’il ne faisait absolument pas son « job » à l’époque.
    « Membre du Parti socialiste entre 2006 et 2009, il est nommé secrétaire général adjoint au cabinet du président de la République française auprès de François Hollande en 2012, puis ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique en 2014, alors qu’il est encore inconnu du grand public. »
    Depuis le début de ce quinquennat l’on assiste à une continuité dans la « com », suffisamment bien faite pour que les plus crédules de nos compatriotes se « laissent avoir ».
    Mais en pratique…presque le vide « sidéral »,malgré une assemblée à ses ordres ce que l’on constate c’est la continuité non assumée dans l’immobilisme et dans la « synthèse » Hollandienne improductive, dans la non prise en compte des réels problèmes majeurs de notre pays…incompétence ? « Je m’en foutisme ? » Narcissisme de cet homme qui occulte tout le reste ?
    Le recentrage sur le régalien s’impose pour réduire les dépenses sans aliéner la puissance et le rôle de l’état dont la Défense qui ne peut se « sous-traiter » pas plus au privé qu’à l’Europe.
    La France n’a pas changé de cap et fonce vers le mur.

    • Encore ce matin lors du défilé j’ai entendu un journaliste le comparer à Bonaparte! Les français sont tombés sur la tête. D’ailleurs si Macron se prend pour Napoléon, il faut l’enfermer à Saint Anne!

      • @ Virgile et @ bien d’autres!

        Je ne suis pas sûr qu’E.Macron ne soit « qu’en tort »:

        * Il a hérité non seulement de 5 ans de Fr.Hollande, d’un budget « insincère » à revoir,

        *d’une dette en croissance continue et

        *d’une situation désespérante, vu le nombre ridicule de secteurs où l’action de l’état (l’exécutif comme le législatif) s’est montré médiocre!

        Devant une situation pareille,

        * la première volonté d’un chef d’état « responsable » est de retrouver la possibilité (et donc les moyens, y compris financiers) de mener une politique, quelle qu’elle soit, ce qui nécessite des économies plus strictes et/ou une fiscalité plus gourmande!

        * Fr.Hollande a bien développé le côté fiscalité, passant la main à E.Macron, avec un budget « insincère » et quelques pièges financiers mal camouflés.

        * L’austérité (appelons les choses par leur nom!) doit forcément commencer par diminuer l’imbécilité devenue traditionnelle de compter sur la dette pour compléter le budget prévu et dépassé depuis le 15/12, puis le 15/11 ou le 15/10!

        * Un budget systématiquement dépassé (donc un bilan « dans le rouge ») n’est pas un mode de vie viable!

        * C’est logiquement le premier souci d’E.Macron (sauf à dire comme Fr.Fillon que la France est « en faillite », ce qui ne serait pas très habile!).

        * Donc oui, toute économie de chaque ministère peut y contribuer: la France, fière de son arme nucléaire, coûteuse autant qu’inutilisée, si pas inutile, ne court pas de grands risques pour le moment

        * alors qu’elle se mêle de beaucoup de choses avec ses 13 spots dans le monde où elle a amené des troupes, bien sûr « pour aider les populations » (vaut mieut le dire vite!).

        * D’autre part si le chef de « la Grande Muette » a menacé, E.Macron n’a pas attendu pour lui répondre et le remettre à sa place!

        * La France a bien tenté maladroitement (vu les résultats) de vendre les Rafales de Mr Dassault alors que maintenant les armées se cotisent pour acheter des drones de plus en plus utiles et bien moins chers, donc prioritaires!

        De plus, il se charge de D.Trump pour lui expliquer qu’il a raison mais que pour l’instant, il doit s’occuper d’économie pour que la France puisse consacrer 2% de son PIB à sa défense , ce qu’il prêche à ses collègues européens, en espérant que la France leader européen de la défense du même nom fasse oublier aux partenaires, que sa gestion ne tente même pas d’adapter sa gestion aux « critères du pacte de stabilité et de croissance », pourtant le B, A, Ba d’une gestion responsable, victime de 30 ou 40 ans d’efforts politiques refusé: personne n’est dupe ni d’accord pour payer « pour la France » (la Grèce a bien « vendu » le Pirée!).

        Encore faut-il que D.Trump se satisfasse du défilé du 14/07 et de la visite du Panthéon (où il avait vraiment l’air de s’emm …) pour se laisser convaincre: c’est pas joué d’avance!

        Je rappelle aux lecteurs de Contrepoints qu’E.Macron n’a jamais dit qu’il ferait une révolution brutale et purement libérale. Il n’est pas le plus suicidaire au nom d’une théorie appliquée (domaine régalien pur et dur), strictement, dans aucun pays-membres européen de l’U.E.

        Le libéralisme n’oblige pas à la naïveté! Les principes, c’est bien, le réel, c’est là où l’on vit! Si vous commenciez par avoir un parti libéral, en France, avec des élus, ce serait un début!

        Je n’espère même pas ainsi interrompre le « bashing », en ces pages, contre votre dernier président élu par une large majorité, confortée à l’assemblée nationale, et qui ne se proclame pas « libérale » selon les critères du libéralisme théoriques des lecteurs de Contrepoints.

        • On ne peut contester la légitimité de l’élection qui a mis au pouvoir Mr Macron.
          En revanche, on ne peut pas plus nier que seuls 16% des inscrits ont voté pour lui…donc d’ici à parler de « large majorité » je trouve que c’est vraiment excessif.
          Donc Mr Macron a tous les outils, compte tenu de la large majorité de gouvernement que la Vème république autorise avec une « large minorité de 16% », pour agir. C’est comme cela, mais cela devrait le rendre plutôt modeste vis à vis des Français.
          En matière de Défense parler de défense Européenne est tout aussi illusoire que de demander à l’Allemagne d’embaucher des Européens au lieu de faire venir des migrants, ou qu’elle partage son excédent budgétaire avec les autres membres de l’EU.

          • la légalité de l’élection de monsieur Macron, sans doute.
            Sa légitimité en tant que chef de l’Etat, il ne l’a pas encore gagnée (et c’est mal parti, sans surprise de la part de quelqu’un qui n’a jamais rien prouvé).

  • Je rectifie ma réaction de ce matin: la diminution du budget des armées de 850 millions d’euros résulte d’un vote de l’Assemblée Nationale, du temps de ….François Hollande! Bercy ne fait que son boulot, tandis que François Hollande, et sa majorité….auraient pu prévoir. Ils s’en sont manifestement lavés les mains.

    • Et comment se fait-il que les militaires n’aient pas signifié leur « désaccord » à ce moment là. Publiquement puisque ce serait l’AN qui ait « validé » cette diminution de crédit.
      Donc, dans cette histoire, le militaire fait mine de se révolter alors qu’il savait, le politique fait mine de ne pas comprendre la raison de la révolte, alors qu’il était un « connaisseur très informé » de cette « disparition de crédit militaire », et l’ancienne AN peut « oublier » ses votes, vu qu’elle a été renouvelée.
      On notera quand même le discours mensonger du Jupiter aux OPEX au Mali dès son intronisation, leur disant: « Je ne vous abandonnerai pas …. »
      Alors, à cause de tous ces mensonges de la part des politiques, la France risque de recueillir les cercueils d’OPEX n°21 à 39. 39 comme l’age du nouveau Jupiter.

  • Mais vous ne comprenez pas! C’est le sel, le poivre l’oignon et les raisins de la république!
    Vous vous sentez en sécurité? Ca veut dire qu’on a dépassé l’objectif et donc on va faire un petit downsize.

  • avec la fin de l’état d’urgence à partir de novembre , 250 000 migrants attendu chez nous ( valeur actuelle ) ; macron va devoir prendre en compte ce fait et renforcer la sécurité dans notre pays ; était il au courrant ? que prévoit il pour assumer leur arrivé ?

  • Je viens de lire 1 dossier encore + incroyable de Vincent Brousseau sur le site de l’UPR : https://www.upr.fr/actualite/france/se-cache-derriere-projet-euro-nukes-dossier-etabli-vincent-brousseau
    *(sic) *mettre subtilement la main sur notre force de frappe en créant une prétendue « bombe nucléaire européenne » (« Euro-nukes » en anglais). Ce hold-up militaire et technologique étant bien entendu commis avec l’approbation bruyante, en France, des idiots utiles de la « construction européenne ». La France pourrait consentir à cause de la charge budgétaire que représente pour elle sa propre force de dissuasion, dans le contexte de notre appartenance à l’euro qui nous plonge dans des restrictions budgétaires toujours plus sévères. L’Allemagne qui n’a pas le droit de posséder la dissuation nucléaire en tant qu’Etat Allemand, pourrait voir contourner cette interdiction en temps qu’Etat membre de l’UE ?…

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