Par Johan Rivalland.
Clarissa
Une fois de plus, à travers ce roman, Stefan Zweig parvient à nous surprendre.
Nous surprendre, pour commencer, par la qualité de son style. À la fois simple, proche et incisif, qui permet de révéler, d’une manière qui paraît presque évidente, le caractère profond des personnages et leur psychologie la plus intime.
Avec une précision chirurgicale (selon une expression en vogue). Jusque dans l’évolution de celle-ci, puisque nous suivons ici un personnage depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte, dans des univers et avec des préoccupations différents et à la fois forcément liés, à travers le vécu du personnage.
La force du destin qui vous emporte
L’enfance un peu amère et pleine de la frustration de la mère disparue et du père absent, qui laisse sa fille au couvent ; l’éducation rigoureuse et le désir de bien faire pour plaire au père ; la découverte tardive mais tout en retenue de l’altérité après un relatif repli sur soi, le départ du couvent, l’ouverture au monde, au travail puis à l’amour.
Et l’emportement dans la guerre, celle de 1914-1918, vécu comme une force inexorable qui vous dépasse et vous dépossède de tout ce que vous vous croyiez attaché, à commencer par votre liberté (d’être, de penser, de se déplacer, d’agir, de rester avec qui on désire vivre).
La guerre et les détresses qu’elle engendre
Une évocation puissante de la guerre, de la folie humaine, du caractère fragile de la vie en société telle qu’on la connait et la conçoit, voire des psychologies humaines, qui peuvent s’avérer surprenantes lorsque les circonstances ordinaires ne sont plus.
Et la détresse humaine, celle de la femme aimante, qui se voit séparée malgré elle de l’être chéri par les circonstances de la guerre, confrontée à des situations déchirantes, telles que je me garderai de relater, pour ne pas gâcher tout l’intérêt de cette histoire, au sujet de laquelle j’espère ne pas avoir déjà trop dit.
La fragilité de la liberté
Une belle source de réflexion, un bel hommage à tous ces petites gens oubliées qui ont vécu et souffert à l’époque de la Grande guerre et, à travers elle, de toutes les guerres.
Mais aussi une évocation effrayante de la fragilité de notre monde et du caractère très relatif de notre liberté, aussi fort puisse-t-on y être attaché.
Un roman intense, où s’exprime à merveille tout le talent extraordinaire et le génie de Stefan Zweig.
Stefan Zweig, Clarissa, Le livre de poche, avril 1995, 187 pages.
Je suis en train de lire » Clarissa ».. j’approuve.. » beau livre », déphasant, » surprenant » ou intéressant parce que l’on apprend comment cela se passait à cette époque, trés belle écriture…voyage dans le temps.
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